AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Carl Jonas Love Almqvist (7)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Araminta May

J'ai apprécié ce court roman, que j'aurais plutôt qualifié de nouvelle, voire de conte, même s'il ne comporte pas d'éléments fantastiques, mais serait plutôt dans le genre réaliste sentimental.

Fabian, jeune homme aisé, fils d'un négociant de Stockholm, doit passer les fêtes de Noël à la campagne, chez un ami de jeunesse de son père. Le but qui lui est fixé, et qu'il accepte, est de revenir avec le nom d'une fiancée : oui, son père ne veut que d'une belle-fille née à la campagne, solide et bien éduquée pour faire une femme à la hauteur. Toutefois, sans savoir encore véritablement ce qu'il veut, Fabian s'aperçoit vite que ce prototype ne lui convient pas vraiment. En un échange de 13 lettres avec sa fidèle amie Henriette, qui de son côté passe les fêtes à Stockholm, il nous conte ses déboires.



L'archidiacre de Grönhamn a deux filles en âge d'être mariées, et en un furtif marivaudage, entre scènes de fêtes villageoises et de patinage sur la glace, Fabian cherche à savoir laquelle des deux est la plus digne de devenir son épouse, sans qu'aucune ne parvienne à remporter son adhésion, et même pire : il finit par ne plus supporter leurs défauts, après avoir eu l'impression de faire le tour et d'avoir cherché à plaire à ses potentiels beaux-parents. Mais la campagne, la musique de la campagne, la religion de la campagne, heurtent ses goûts. Ici, ce qui aurait pu être un roman à la Jane Austen, une idylle bucolique (dans la neige) comporte quelques scènes amusantes et ironiques, où Fabian se sent décalé et peine à s'harmoniser avec l'ambiance rupestre. Lui qui peut se montrer assez imbu de sa personne se moque en fait de lui-même, tout en commençant à mieux entrevoir avec quel genre de jeune fille il se verrait bien vivre.



De son côté, Henriette le déçoit un peu, car ayant elle aussi pour mission de se trouver un fiancé, elle ne parle que d'une amie anglaise qui passe son temps avec elle, plaît beaucoup en société mais fait peu d'efforts pour retenir les hommes, et se conduit plutôt comme une jeune fille sage, décourageant les entreprises hardies de ses soupirants. Araminta May est bien plus intéressante qu'elle-même, et Henriette ne veut parler que d'elle et de ses réussites, ses parties de cartes et ses promenades en traîneau...



Almqvist est considéré comme un écrivain romantique, il m'a pourtant paru avoir du recul par rapport à ce modèle ; d'une part, le récit est plus souvent drôle et léger qu'alourdi d'émotions - même, Fabian souhaiterait plus de retenue encore chez les gens qui l'environnent ; d'autre part, il se moque du goût romantique pour les chansons du folklore suédois, et l'"identité suédoise". C'est en tout cas un récit de circonstance qui se lit en un clin d'oeil, et qui met dans l'ambiance des fêtes, avec feu dans la cheminée, biscuits et bière de Noël !
Commenter  J’apprécie          243
Sara ou l'émancipation

Une femme, un homme, un bateau. Rien de plus simple comme intrigue, et pourtant, Carl Jonas Love Almqvist en fait un pamphlet féministe sacrément avant-gardiste. Nous sommes en 1838, la Suède est un pays conservateur où le protestantisme a une place de choix dans la vie des habitants – et ce cher auteur sort un roman faisant l’apologie de l’union libre, dénigrant les mariages malheureux où les deux parties se rendent misérables, et contestant la main mise offre aux hommes sur la vie et les biens de leurs épouses. Ce n’est pas étonnant qu’il ait suscité un tollé ! Encore aujourd’hui, quand j’ai lu certains passages, je n’ai pas pu m’empêcher d’être stupéfaite des points de vue incroyablement tranchés du personnage principal.



Sara et Albert ont beau développer de jolis sentiments amoureux pendant leur périple commun, Sara n’en reste pas moins campée sur ses positions, laissant bouche bée ce sergent plutôt ouvert d’esprit, mais absolument pas préparé à tomber sur une femme aussi émancipée ! Petit à petit, alors que le voyage s’éternise, il apprend à la connaître, il découvre ses positions sur la vie conjugale et sur l’amour, il découvre l’entrepreneure derrière la femme, qui gère d’une main de maître un commerce florissant. C’est une situation impensable pour une femme de l’époque, et nous lecteurs accompagnons ce cher Albert dans ses surprises successives.



En plus du discours ouvertement libertaire tenu par Sarah, Carl Jonas Love Almqvist instille avec ironie de nombreuses petites réflexions sur la place des femmes dans la société de l’époque, sur la rigidité entre les classes et les travers de ce cloisonnement sans queue ni tête. Ces petites pointes acerbes rendent le récit amusant et férocement politique, sur de nombreux sujets. Il est absolument incroyable qu’un homme ait eu le culot d’écrire pareil roman au beau milieu du XIXème siècle ! Je ne peux que saluer son audace, dont je me suis délectée à chaque page, et remercier les Editions Cambourakis de m’avoir fait découvrir ce récit atypique.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
Commenter  J’apprécie          90
Araminta May

La pierre angulaire d’une littérature hors pair. Passionnant, aux multiples signaux, « Araminta May ou Une visite au presbytère » est un chef-d’œuvre qui mérite le piédestal dans cette juste-née collection Pépites des Éditions Marie Barbier.

C’est une chance inouïe de lire ce récit fin mais dense, grave et malicieux. Intuitif et avant-gardiste pour l’époque cette du dix-neuf siècle en Suède.

Ce classique est une myriade d’échanges épistolaires entre Fabien, un jeune homme homme de bonne famille et Henriette sa cousine germaine et confidente. Fabien a un devoir à honorer. Selon les vœux de son père, il se doit de trouver une prétendante et se marier.

Henriette lui envoie des signaux. Elle glisse subrepticement dans ses missives des noms de femmes et délivre le quotidien de ces dernières et ce qu’elle ressent. Elle s’amuse, il réagit.

Les missives sont le kaléidoscope d’une jeunesse en proie aux conventions sociales. Et dans un même tempo chercher la perle rare est la preuve d’un libre-arbitre avéré.

Fabien observe les femmes qui gravitent autour de lui. Les diktats d’une époque affûtée aux faux-semblants sont criants. Carl Joan Love Almqvist est un marionnettiste. Ses protagonistes bousculent les codes. Les lettres tourbillonnent et dévoilent une profondeur intrinsèque quasi solaire. Qui est cette anglaise Araminta May dont Henriette dévoile l’aura ?

L’échange romanesque est subtil, pétillant, audacieux. L’intelligence aiguë et élégante, Henriette anime son art épistolaire et en joue à merveille.

« Araminta May ou Une visite au presbytère » est un canevas qui excelle les désirs cachés. Les pudeurs du silence, celui de l’amour. Le plein hiver en Suède immensément pictural et captivant. Existentiel et chaleureux, ce feu de cheminée de 1838, dans le glacé d’une période où les choix étaient prédestinés est une référence. Traduit avec brio du suédois et introduit par Elena Balzamo.
Commenter  J’apprécie          50
Le Joyau de la reine

L'événement central du livre est l'assassinat du roi Gustave III de Suède, en 1792. Mais le personnage central, est un être insaisissable, parfois fille, parfois garçon, sans que les personnes qui le côtoient arrivent à trancher qui il (elle) est. Et qui déclenche infailliblement une attirance et un amour qui n'ont pas de bornes.

Almqvist souhaite écrire une oeuvre totale, mélangeant les genres et les registres. Roman historique, d'aventure, mystique, d'amour.....on peut trouver des éléments qui vont dans tous ces sens. Au niveau de l'écriture, il y une prose classique, des lettres, quelque chose qui ressemble à du théâtre...bref un mélange.

C'est très étonnant, très moderne, même si parfois déroutant.
Commenter  J’apprécie          40
Sara ou l'émancipation

Sara de Carl Jonas Love Almqvist est un court roman qui m’a procuré beaucoup de plaisir le temps d’un après-midi. C’est l’histoire d’une rencontre pleine d’humour et de liberté entre deux jeunes gens qui traversent en bateau des paysages somptueux puis voyagent par la route à travers des villages suédois pittoresques (de Stockholm à Lidköping en passant par Strängnäs, les bassins du Mälar, les prairies de Kungsör, Mariestad...) tout en confrontant leurs conceptions antagonistes du couple et du mariage. Un cadre a priori romantique mais un anticonformisme salutaire et réjouissant qui permet à Sara d’aider Albert à tracer un avenir amoureux tout en évitant les pièges qui condamnent la plupart des couples. C’est que Sara doit une promesse à sa mère malade...



Un style élégant et sobre, des personnages bien caractérisés et un propos philosophique original et ludique qui aurait fait scandale en 1839 d’après le résumé. Probablement davantage pour l’évidence avec laquelle Sara et Albert se désirent et se suivent sans barrières que pour la critique des valeurs du mariage et de la parentalité? Un peu des deux sûrement.
Commenter  J’apprécie          31
Araminta May

De prime abord, cela peut sembler une charmante mais insignifiante bluette. Mais à y bien regarder, ce texte empreint d'ironie et d'humour vache, est un miroir sans concession sur les relations sociales, qui dénonce habilement l'hypocrisie des mondanités. Toutes proportions gardées, et si l'on met de côté la chute (qui ne rend pas du tout justice au texte), la relation épistolaire entre Fabian et Henriette n'est pas sans me rappeler celle autrement plus célèbre entre Valmont et Madame de Merteuil. La correspondance entre Fabian et Henriette, faite de franchise, dénonce le faux-semblant des relations mondaines, et le marché des jeunes femmes à marier, dont il faut vanter les qualités comme une marchandise. L'un se morfond lors d'un séjour à la campagne, tandis que l'autre enchaine les réceptions dans la capitale. Mais dans les deux cas, ils ont ce regard froid et lucide qui leur permet de décrypter les sous-entendus. En revanche, j'ai trouvé la chute maladroite, voire mièvre, alors que le reste du texte est particulièrement acerbe.
Commenter  J’apprécie          10
Sara ou l'émancipation

Je n'avais jamais entendu parler de cet ouvrage ni de son auteur , d'ailleurs c'est lors d'une flânerie parmi les livres en librairie que je l'ai découvert.En l'espèce, le sergent suédois Albert va être interloqué et attiré par le comportement d'une jeune femme.

Il apprendra par la suite qu'elle s'appelle Sara Videbeck , qu'elle a vingt-cinq ans et q'elle voyage seule à bord de l’Yngve Frey , chose étonnante pour l'époque.

Ainsi , la question est celle de savoir qu'elle type de relation va se nouer entre le sergent et la jeune passagère intrépide au sein de ce pays protestant et puritain qu'est la Suède à cette époque?

Pour en savoir plus la suite sur : jessicabouquine.com
Lien : https://jessicabouquine.com
Commenter  J’apprécie          10


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Carl Jonas Love Almqvist (41)Voir plus

Quiz Voir plus

Compléter les titres

Orgueil et ..., de Jane Austen ?

Modestie
Vantardise
Innocence
Préjugé

10 questions
20234 lecteurs ont répondu
Thèmes : humourCréer un quiz sur cet auteur

{* *}