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EAN : 9782491147143
96 pages
Marie Barbier (05/11/2021)
4.1/5   5 notes
Résumé :
Suède, XIXe siècle. Fabian, jeune négociant stockholmois, doit songer à se marier. Il décide de mettre à profit son séjour à la paroisse de Grönhamn pour Noël, et exhorte sa parente et complice de toujours, Henriette, à faire de même.
Par lettres interposées, les jeunes gens déroulent leurs hivers respectifs. Pour Fabian, les jours à la campagne s’écoulent au rythme des activités rituelles : patins sur glace, fêtes de village, réunions en petit comité,
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai apprécié ce court roman, que j'aurais plutôt qualifié de nouvelle, voire de conte, même s'il ne comporte pas d'éléments fantastiques, mais serait plutôt dans le genre réaliste sentimental.
Fabian, jeune homme aisé, fils d'un négociant de Stockholm, doit passer les fêtes de Noël à la campagne, chez un ami de jeunesse de son père. le but qui lui est fixé, et qu'il accepte, est de revenir avec le nom d'une fiancée : oui, son père ne veut que d'une belle-fille née à la campagne, solide et bien éduquée pour faire une femme à la hauteur. Toutefois, sans savoir encore véritablement ce qu'il veut, Fabian s'aperçoit vite que ce prototype ne lui convient pas vraiment. En un échange de 13 lettres avec sa fidèle amie Henriette, qui de son côté passe les fêtes à Stockholm, il nous conte ses déboires.

L'archidiacre de Grönhamn a deux filles en âge d'être mariées, et en un furtif marivaudage, entre scènes de fêtes villageoises et de patinage sur la glace, Fabian cherche à savoir laquelle des deux est la plus digne de devenir son épouse, sans qu'aucune ne parvienne à remporter son adhésion, et même pire : il finit par ne plus supporter leurs défauts, après avoir eu l'impression de faire le tour et d'avoir cherché à plaire à ses potentiels beaux-parents. Mais la campagne, la musique de la campagne, la religion de la campagne, heurtent ses goûts. Ici, ce qui aurait pu être un roman à la Jane Austen, une idylle bucolique (dans la neige) comporte quelques scènes amusantes et ironiques, où Fabian se sent décalé et peine à s'harmoniser avec l'ambiance rupestre. Lui qui peut se montrer assez imbu de sa personne se moque en fait de lui-même, tout en commençant à mieux entrevoir avec quel genre de jeune fille il se verrait bien vivre.

De son côté, Henriette le déçoit un peu, car ayant elle aussi pour mission de se trouver un fiancé, elle ne parle que d'une amie anglaise qui passe son temps avec elle, plaît beaucoup en société mais fait peu d'efforts pour retenir les hommes, et se conduit plutôt comme une jeune fille sage, décourageant les entreprises hardies de ses soupirants. Araminta May est bien plus intéressante qu'elle-même, et Henriette ne veut parler que d'elle et de ses réussites, ses parties de cartes et ses promenades en traîneau...

Almqvist est considéré comme un écrivain romantique, il m'a pourtant paru avoir du recul par rapport à ce modèle ; d'une part, le récit est plus souvent drôle et léger qu'alourdi d'émotions - même, Fabian souhaiterait plus de retenue encore chez les gens qui l'environnent ; d'autre part, il se moque du goût romantique pour les chansons du folklore suédois, et l'"identité suédoise". C'est en tout cas un récit de circonstance qui se lit en un clin d'oeil, et qui met dans l'ambiance des fêtes, avec feu dans la cheminée, biscuits et bière de Noël !
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La pierre angulaire d'une littérature hors pair. Passionnant, aux multiples signaux, « Araminta May ou Une visite au presbytère » est un chef-d'oeuvre qui mérite le piédestal dans cette juste-née collection Pépites des Éditions Marie Barbier.
C'est une chance inouïe de lire ce récit fin mais dense, grave et malicieux. Intuitif et avant-gardiste pour l'époque cette du dix-neuf siècle en Suède.
Ce classique est une myriade d'échanges épistolaires entre Fabien, un jeune homme homme de bonne famille et Henriette sa cousine germaine et confidente. Fabien a un devoir à honorer. Selon les voeux de son père, il se doit de trouver une prétendante et se marier.
Henriette lui envoie des signaux. Elle glisse subrepticement dans ses missives des noms de femmes et délivre le quotidien de ces dernières et ce qu'elle ressent. Elle s'amuse, il réagit.
Les missives sont le kaléidoscope d'une jeunesse en proie aux conventions sociales. Et dans un même tempo chercher la perle rare est la preuve d'un libre-arbitre avéré.
Fabien observe les femmes qui gravitent autour de lui. Les diktats d'une époque affûtée aux faux-semblants sont criants. Carl Joan Love Almqvist est un marionnettiste. Ses protagonistes bousculent les codes. Les lettres tourbillonnent et dévoilent une profondeur intrinsèque quasi solaire. Qui est cette anglaise Araminta May dont Henriette dévoile l'aura ?
L'échange romanesque est subtil, pétillant, audacieux. L'intelligence aiguë et élégante, Henriette anime son art épistolaire et en joue à merveille.
« Araminta May ou Une visite au presbytère » est un canevas qui excelle les désirs cachés. Les pudeurs du silence, celui de l'amour. le plein hiver en Suède immensément pictural et captivant. Existentiel et chaleureux, ce feu de cheminée de 1838, dans le glacé d'une période où les choix étaient prédestinés est une référence. Traduit avec brio du suédois et introduit par Elena Balzamo.
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De prime abord, cela peut sembler une charmante mais insignifiante bluette. Mais à y bien regarder, ce texte empreint d'ironie et d'humour vache, est un miroir sans concession sur les relations sociales, qui dénonce habilement l'hypocrisie des mondanités. Toutes proportions gardées, et si l'on met de côté la chute (qui ne rend pas du tout justice au texte), la relation épistolaire entre Fabian et Henriette n'est pas sans me rappeler celle autrement plus célèbre entre Valmont et Madame de Merteuil. La correspondance entre Fabian et Henriette, faite de franchise, dénonce le faux-semblant des relations mondaines, et le marché des jeunes femmes à marier, dont il faut vanter les qualités comme une marchandise. L'un se morfond lors d'un séjour à la campagne, tandis que l'autre enchaine les réceptions dans la capitale. Mais dans les deux cas, ils ont ce regard froid et lucide qui leur permet de décrypter les sous-entendus. En revanche, j'ai trouvé la chute maladroite, voire mièvre, alors que le reste du texte est particulièrement acerbe.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Si seulement elles venaient à Stockholm, elles finiraient par être présentables, par me ressembler, écris-tu. Tout à fait ! Un monsieur si parfait et qui connaît si bien ses qualités ferait des miracles ; c'est pourquoi je pense que tu peux choisir n'importe laquelle comme objet de la transformation miraculeuse et de la magie toute-puissante.

Page 57.
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J'avais entendu dire que les natures authentiquement religieuses possèdent le don de la parole convaincante ; mademoiselle Hedda, au contraire, s'étranglait à chaque phrase - le contraire de l'inspiration.

Page 67.
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Après chaque strophe, monsieur Zakrison venait vers moi pour me donner des renseignements sur la musique, comment elle était faite, en quoi elle - et elle seulement ! - exprimait l'essence de ce qui est suédois, la suédoisité en concentré, et pourquoi celui qui ne la ressentait pas profondément n'était pas un vrai Suédois. Alarmé, je me disais que je devrais sans tarder transférer, moyennant de bonnes lettres de change, mes futurs capitaux à Hambourg ou à Liverpool, car jamais je ne serais un Suédois dans l'acception de mademoiselle Karin et de monsieur Zakrison, aucun doute là-dessus.

Page 62.
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Je n'aime guère ce genre de remarques - ah, si seulement les vieilles personnes pouvaient s'abstenir de faire des insinuations qui n'ont d'autre raison que les illusions qu'elles se font elles-mêmes !

Page 47.
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Sans mériter d'éloges pour son jeu, le violoniste faisait pourtant preuve de bonne volonté.

Page 19.
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