J'ai apprécié ce court roman, que j'aurais plutôt qualifié de nouvelle, voire de conte, même s'il ne comporte pas d'éléments fantastiques, mais serait plutôt dans le genre réaliste sentimental.
Fabian, jeune homme aisé, fils d'un négociant de Stockholm, doit passer les fêtes de Noël à la campagne, chez un ami de jeunesse de son père. le but qui lui est fixé, et qu'il accepte, est de revenir avec le nom d'une fiancée : oui, son père ne veut que d'une belle-fille née à la campagne, solide et bien éduquée pour faire une femme à la hauteur. Toutefois, sans savoir encore véritablement ce qu'il veut, Fabian s'aperçoit vite que ce prototype ne lui convient pas vraiment. En un échange de 13 lettres avec sa fidèle amie Henriette, qui de son côté passe les fêtes à Stockholm, il nous conte ses déboires.
L'archidiacre de Grönhamn a deux filles en âge d'être mariées, et en un furtif marivaudage, entre scènes de fêtes villageoises et de patinage sur la glace, Fabian cherche à savoir laquelle des deux est la plus digne de devenir son épouse, sans qu'aucune ne parvienne à remporter son adhésion, et même pire : il finit par ne plus supporter leurs défauts, après avoir eu l'impression de faire le tour et d'avoir cherché à plaire à ses potentiels beaux-parents. Mais la campagne, la musique de la campagne, la religion de la campagne, heurtent ses goûts. Ici, ce qui aurait pu être un roman à la
Jane Austen, une idylle bucolique (dans la neige) comporte quelques scènes amusantes et ironiques, où Fabian se sent décalé et peine à s'harmoniser avec l'ambiance rupestre. Lui qui peut se montrer assez imbu de sa personne se moque en fait de lui-même, tout en commençant à mieux entrevoir avec quel genre de jeune fille il se verrait bien vivre.
De son côté, Henriette le déçoit un peu, car ayant elle aussi pour mission de se trouver un fiancé, elle ne parle que d'une amie anglaise qui passe son temps avec elle, plaît beaucoup en société mais fait peu d'efforts pour retenir les hommes, et se conduit plutôt comme une jeune fille sage, décourageant les entreprises hardies de ses soupirants. Araminta May est bien plus intéressante qu'elle-même, et Henriette ne veut parler que d'elle et de ses réussites, ses parties de cartes et ses promenades en traîneau...
Almqvist est considéré comme un écrivain romantique, il m'a pourtant paru avoir du recul par rapport à ce modèle ; d'une part, le récit est plus souvent drôle et léger qu'alourdi d'émotions - même, Fabian souhaiterait plus de retenue encore chez les gens qui l'environnent ; d'autre part, il se moque du goût romantique pour les chansons du folklore suédois, et l'"identité suédoise". C'est en tout cas un récit de circonstance qui se lit en un clin d'oeil, et qui met dans l'ambiance des fêtes, avec feu dans la cheminée, biscuits et bière de Noël !