Catherine Horel

Budapest est d’abord une ville coupée en deux par le Danube : d’un côté Buda, de l’autre Pest. Une ville un peu musée, Buda, marquée par la culture allemande et l’empire des Habsbourg ; l’autre plus moderne, à la fois hongroise et cosmopolite ; mais toutes deux malmenées par l’histoire, passage et frontière entre l’Orient et l’Occident, défendant la culture chrétienne contre l’envahisseur turc au 16e siècle, la langue hongroise et la royauté contre la suprématie autrichienne au temps de l’Empire austro-hongrois, une république hongroise libre contre le pouvoir soviétique au 20e siècle.



Les Magyars ont fondé une principauté en 896 puis en 1001 le royaume de Hongrie qui va durer jusqu'en 1946. Etienne, le premier roi, se convertit au christianisme. Un château est construit à Buda entouré d'habitations. Une importante communauté juive va s'y installer. A la Renaissance Buda est un centre de la culture humaniste. Mais elle connaît un déclin politique après la mort du roi Mathias et tombe aux mains des ottomans.



Les Romains avaient construits des thermes, remis à l’honneur au temps de la présence turque qui dure un siècle et demi. Buda est alors administrée par un pacha. Elle est libérée par l’armée impériale en 1683 et tombe sous la domination des Habsbourg jusqu’en 1800. Pendant deux décennies Buda va se relever de ses ruines et effacer les traces de la présence turque. Pest met un siècle à s'agrandir pour devenir une "seconde Vienne" ou la "Londres du Danube". Tout au long du 18e siècle sont construits des églises, des écoles, des collèges, des universités grâce au retour des Jésuites. Une première imprimerie est fondée en 1724, le commerce des livres se développe ainsi que la presse. On assiste également à la renaissance de la langue magyare.



Au 19e siècle Budapest passe à l'ère industrielle : construction des ponts (Margit en 1876, François-Joseph en 1896, Erzsébet en 1903), d'une voie ferrée, développement des industries, de nombreux hôtels, création d'une banque hongroise. Un tramway voit le jour en 1860, le trafic fluvial s'accroit, Budapest est alors le plus grand port du Danube. Le commerce se développe grâce à une communauté juive importante depuis le 16e siècle. Les loisirs sont nombreux : musique, théâtre, parcs, bains, courses de chevaux, cafés. La lutte pour la langue hongroise continue et des journaux politiques hongrois paraissent. En 1896 est décidée un grande fête du millénaire pour démontrer la continuité historique du royaume de Hongrie. Une grande exposition universelle est organisée. De nouveaux bâtiments, le musée des Beaux-Arts et la première ligne de métro sont construits pour l'occasion.



En 1910 Budapest est la 6e ville d'Europe. Au début du 20e siècle un prolétariat urbain se développe entrainant crise du logement et problèmes sanitaires. Après la guerre et la fin de l'empire austro-hongrois en 1918 une grave crise économique, politique et sociale secoue la Hongrie. Deux terreurs vont se succéder en 1919 : dictature du prolétariat avec Béla Kun, puis coup d'Etat contre-révolutionnaire de l'amiral Horthy, régime autoritaire et antisémite, qui va malgré tout stabiliser le pays jusqu'à la seconde guerre mondiale. En 1944 Budapest va servir de champ de bataille entre les Allemands et l'armée rouge. Elle est au trois quarts détruite et après une période transitoire (1945-1948) les soviétiques prennent le pouvoir pour 40 années de totalitarisme, malgré les efforts d'Imre Nagy pour réformer le pays après la mort de Staline en 1953.



En 1956 la population de Budapest se soulève contre le pouvoir soviétique, la statue de Staline est déboulonnée, Imre Nagy propose de nouvelles réformes, les soviétiques semblent se retirer. Mais c'est pour mieux revenir. Imre Nagy est exécuté en 1958, la répression s'abat sur Budapest jusqu'à la fin des années 60. Ce n'est cependant qu'à la fin des années 80, que le régime à bout de souffle s'effondre enfin. En 1989, un hommage est rendu à Nagy et à tous les martyrs de la révolution. Le rideau de fer entre la Hongrie et l'Autriche tombe.



Budapest bénéficie d'un passé riche et d'une position privilégiée qui en font aujourd'hui une ville attrayante, moderne et dynamique mais dont l'écart s'est creusé avec le reste du pays et les autres villes d'Europe orientale. Elle est une ville clé, au cœur de l'Europe, pour comprendre l'histoire de notre temps. Le livre de Catherine Horel est très complet, très clair et accessible pour les passionnés d'histoire ou pour se mettre dans l'ambiance avant de s'envoler vers Budapest...

La politique hongroise de Vikor Orban est assez mal comprise en Europe occidentale, et Catherine Horel n'est d'ailleurs pas très tendre à son sujet.

Pourtant, son livre, qui n'est pas une histoire de la Hongrie, mais bien une histoire de l'idée nationale hongroise donne les clefs pour s'abstenir de juger trop vite.

Elle nous rappelle combien il peut être difficile d'assumer une histoire qui depuis 500 ans n'est faite que de blessures.

De l'an 1000 à 1308, la Hongrie est un état national, gouverné par une dynastie hongroise assez rayonnante.

De 1308 à 1526, l'intégrité de la Hongrie demeure, mais ses souverains appartiennent souvent à de grandes familles européennes.

En 1526, la bataille de Mohacs fait perdre à la Hongrie sa souveraineté. Un gros tiers est annexée, par l'empire ottoman, un autre tiers prend la forme d'un protectorat turc, et le troisième tiers passe sous domination autrichienne.

En 1699, le Hongrie passe totalement sous domination autrichienne.

Un véritable état hongrois apparait en 1919, suite au traité de Trianon qui fait perdre au pays les deux tiers de son territoire et un tiers de sa population. Il ne dure que 25 ans (avec quelques errements peu avouables), avant l'occupation allemande, puis l'emprise communiste dont elle se libère en 1989.

Alors bien sûr, la Hongrie est assez chatouilleuse en matière de souveraineté. Elle se méfie des étrangers, peut-être à l'excès. Le sujet n'est pas là et je me garderai bien d'exprimer un avis sur un sujet que je connais mal. Mais peut-on condamner un peuple homogène de rêver d'être enfin lui-même, ce qu'il n'a pas été plus de 60 ans lors des 7 derniers siècles? Peut on lui reprocher d'être un peu encombrée par une histoire dont presque tous les héros sont des victimes?

Si le rôle de l'historien est de faire reculer l'ignorance et la caricature, et bien, dans mon cas, C Horel a parfaitement réussi!

Un bon ouvrage permettant de découvrir l'histoire de la capitale hongroise. Françoise Horel, historienne spécialisée dans l'histoire contemporaine, nous relate les grands événements qui ont marqué l'histoire de Budapest. Un seul bémol du à la spécialisation de l'auteure, la période antérieure au XIXème siècle est à mon goût traitée trop rapidement : une dizaine de page est consacrée par exemple à l'occupation turque qui a pourtant durée presque un siècle et demi.

L'Amiral Horty dirigea la Hongrie en tant que Régeant entre 1919 et 1944.



Il prit la tête de la contre-révolution contre les révolutionnaires communistes de Belan Kun eb 1919. Un terreur blanche plus ou moins assumée le porta au pouvoir.



Régent, il empêcha la restauration de Charles 1er lors des deux tentatives de celui-ci. Il comprit bien l'impossibilité d'une restauration des Habsbourgs, contre l'avis des Alliés, des nations voisines, et des Hongrois.

.

Il s'agit alors pour lui de réviser les frontières du Traité de Trianon, au risque de s'allier à l'Italie, et à une Allemagne qui veulent l'entrainer dans la revanche. Profitant des gains territoriaux au profit des Tchécoslovalaques et des Roumains, il devient l'allié réticent des Allemands, entrainé dans la guerre contre la Russie.



Instaurant une politique antisémite favorable au Reich, il essaye de maintenir son pouvoir, en évitant une entrée en guerre. Il empêcha plus ou moins l'extermination des Juifs, après l'occupation allemande de la Hongrie en 1944 et l'arrivée au pouvoir des nazis hongrois.



Exilé en Allemagne puis au Portugal, il échappa aux représailles communistes.

Il est intéressant de lire un livre qui ose enfin enlever les "lunettes" de l'Occident et tente de comprendre la mentalité hongroise, forgée au cours de siècles. Toutefois, la lecture n'est pas facile, car la structure mélange une approche thématique avec une approche chronologique. L'auteur revient donc sur les mêmes évènements plusieurs fois et elle doit rentrer dans les détails pour que ceux qui ne connaissent pas l'histoire de la Hongrie puissent suivre.

300 pages pour résumer l'histoire d'une ville-frontière romaine devenue capitale (avec Vienne) de l'Empire austro-hongrois puis ville surdimensionnée d'un pays réduit tragiquement. 300 pages ça fait pas beaucoup mais Catherine Horel nous livre un travail sérieux et érudit, bien rédigé. Mais – évidemment il y a un mais – je ne vois pas comment ce livre pourrait toucher quelqu'un qui ne connaît pas (très bien) la ville. Les énumérations de constructions/destructions sont intéressantes si les noms des rues, places et autres avenues de la « perle du Danube » vous sont familiers.



Attention, j'ai apprécié la lecture de cette « Histoire de Budapest ». Toutefois j'aurais aimé une plus grande profondeur contextuelle des évolutions de la ville et un approfondissement de certains moments fort de la ville (le siège de Budapest de 1944-45 occupe 4 pages (à ce sujet lire ici).



Je conseille donc ce livre uniquement à celles et ceux qui connaissent la ville et ont une connaissance générale de l'histoire du pays pour pouvoir replacer plus précisément la vie de la ville dans un contexte historique plus large.
Lien : https://penseesdunfrancaisen..