AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Cécile Alduy (23)


Dans cette "guerre culturelle" assumée, Éric Zemmour utilise les mots comme des armes. Et d'abord contre la langue elle-même. Au-delà des thèmes et des thèses explicites, tirés d'un corpus d'extrême droite nationaliste, autoritaire et xénophobe sans grande originalité, il fait violence au langage même. Insidieusement, il sape notre bien commun et notre capacité à penser. Or son discours est contagieux. Il structure les débats, s'insinue dans les conversations, conditionne le dicible et le crédible, et se diffuse sur une surface médiatique et politique sans précédent. (12)
Commenter  J’apprécie          50
Ses textes regorgent d’un vocabulaire identitaire, ethnique, racial ou religieux, et ces notions sont allègrement confondues par amalgame au fil des pages : « juif » est le 16e adjectif le plus utilisé dans ses livres (plus que « social » ou « économique »), mais ce sont aussi « arabe » (37e), « blanc » (39e), « catholique » (40e), « musulman » (41e) qui sont surreprésentés. Tout ceci parsemé de stéréotypes raciaux dans le plus pur style colonial : Obama est « élégant, distingué, racé. Un corps de félin ». D’Omar Sy il souligne le « corps musclé et félin, [le] sourire béat, [le] regard vide » ; d’Assa Traoré la « tignasse de jais ».
Commenter  J’apprécie          40
Le monde d’Éric Zemmour est celui de la violence : « guerre », « mort », « ennemi », « peur », « armes », « combat » saturent ses textes. « Guerre » est le troisième nom le plus utilisé dans ses livres – une place exorbitante qui distingue le candidat à l’élection présidentielle de 2022 de tous les autres acteurs politiques.
Commenter  J’apprécie          30
Depuis plus de quinze ans, il propage non seulement des thèses et des idées d’une rare violence, mais une langue qui porte en germe la possibilité du pire. Une langue qui nous habitue à voir des « races » plutôt que des personnes, des « étrangers » plutôt que des enfants, des ennemis plutôt que des concitoyens.
Sous sa plume, le sens des mots se brouille, les concepts politiques se dissolvent ou s’inversent, l’ironie attaque comme un acide les valeurs humanistes. La torsion des mots et de l’histoire y est la norme. L’obsession raciale omniprésente. Éric Zemmour alterne l’abject et le grotesque pour nous engluer dans la révulsion viscérale et la jouissance sadique et abolir toute possibilité de réflexion.
Son manichéisme identitaire nous conditionne à une logique d’affrontement, tandis qu’une dramatisation apocalyptique fabrique une France alternative. Ses récits ont la puissance explicative du mythe et nous plongent dans un état de sidération. La langue, essorée de sa capacité à nous faire penser, écouter et débattre, devient un instrument de perversion antidémocratique.
Commenter  J’apprécie          30
Chez Zemmour, Pétain c’est de Gaulle et de Gaulle c’est Pétain. Les phrases enlacent les deux hommes au gré de figures de comparaison et d’union : « Pétain comme de Gaulle » (sept fois), « tous deux », « De Gaulle après Pétain ».
Jusqu’à la contamination de leurs noms. Au moment de conclure son chapitre sur de Gaulle, vainqueur en 1944, l’auteur lâche : « C’est la grande inversion. Nous sommes en 1940, mais à l’envers. Pétain est de gaullisé, de Gaulle est pétainisé ».
Commenter  J’apprécie          20
Zemmour passe son temps à raconter des histoires, au sens propre comme au figuré (…) la fable et la propagande
Commenter  J’apprécie          20
Car ce que le polémiste veut accréditer, c’est l’idée d’une « guerre civile qui vient ». Une « guerre civile » que la langue d’Éric Zemmour veut nous habituer à penser comme « une guerre des races ». L’autre singularité lexicale d’Éric Zemmour est en effet son obsession pour la notion de « race ». Sur les sept principaux essais qu’il a publiés depuis Le Premier Sexe en 2006 jusqu’à 2021, il emploie plus de 135 fois ce mot qu’il qualifie lui-même de « tabou suprême ».
Commenter  J’apprécie          20
En choisissant le mode narratif pour avancer ses thèses, en repliant l’Histoire sur la nature, Éric Zemmour les soustrait à la discussion et présente des opinions comme des vérités.
Commenter  J’apprécie          20
Dans ses chroniques comme dans ses livres historiques, son récit n’est que le paravent d’un discours de propagande.
Commenter  J’apprécie          20
Les livres « d’histoire » d’Éric Zemmour relèvent de l’hagiographie (récit enjolivé des vies de saints et de rois), de l’œuvre à thèse et du roman national. Dans « roman national », expression que revendique l’auteur de Destin français, on retiendra surtout le terme de « roman ». C’est peu de dire qu’Éric Zemmour livre une version romancée de l’histoire de France. De Clovis à de Gaulle, on plonge dans une geste de cape et d’épée qui célèbre une épopée idéalisée de grandeur puis de décadence.
Commenter  J’apprécie          20
Le lecteur [...] se trouve englué dans cette langue qui instille le doute, corrode les savoirs historiques et édulcore les différences entre des positions politiques et éthiques diamétralement opposées. (42)
Commenter  J’apprécie          10
Le règne de l'anecdote permet de capitaliser sur l'aura de véridicité des faits divers relatés : par extension, le texte entier se teinte des couleurs du vrai, comme validé par la présence d'événements vérifiables alors que règnent pourtant la subjectivité et le parti pris. (32)
Commenter  J’apprécie          10
Eric Zemmour a lu, il est cultivé, il est donc sérieux ? Non, il ne l'est pas. Il est paresseux : il fait du copier-coller sélectif et prend des auteurs secondaires douteux comme modèles [...].
[...]
[Le] polémiste a un problème avec le logos comme capacité à penser : la logorrhée oui, la logique, non. (20-21)
Commenter  J’apprécie          10
« Nous sommes les Romains de la décadence ou les aristocrates de la Révolution, et Mohamed Merah et ses pareils sont les barbares et les sans-culottes de notre temps ». Ou comment présager et encourager implicitement une lutte à mort contre « Mohamed Merah et ses pareils », avec toute l’ambiguïté de cette expression (…).
Commenter  J’apprécie          10
Le piège narratif se referme sur le lecteur, happé par une saga palpitante : ce qui est narré a dû arriver, ce qui est bien conté doit être vrai. Peu importe que les sources soient apocryphes, peu fiables ou contestables.
Commenter  J’apprécie          10
Il se contredit et insulte la logique : d’un côté il applaudit les « unions mixtes » entre Gaulois et envahisseurs lorsqu’Ernest Renan note que « les Burgondes, les Goths, les Lombards, les Normands avaient très peu de femmes de leur race avec eux », de l’autre, il s’insurge contre le « culte du métissage » d’aujourd’hui entre Français et « Arabo-musulmans ».
Commenter  J’apprécie          10
L’essayiste annule la contingence historique, replie le présent sur la répétition du passé et condamne à l’avance toute évolution, tout progrès, toute liberté collective ou individuelle de s’émanciper des usages ou des déterminismes — mais aussi tout contre-argument.
Commenter  J’apprécie          10
La mauvaise foi consiste à prétendre que Simone de Beauvoir a publié un "livre misogyne" (dixit Eric Zemmour) après avoir expurgé le texte de sa logique et de sa thèse principale. Au lieu d'engager un dialogue avec l'ouvrage qu'il conteste, d'en réfuter les arguments honnêtement, le polémiste le mutile, le replie dans sa langue à lui. Incapable de penser avec l'autre en cas de désaccord, hermétique à d'autres systèmes de pensée, au lieu de lire, il censure, rature, caviarde. (39-40)
Commenter  J’apprécie          00
[Zemmour] formate son texte pour créer un effet de rationalité et de lisibilité maximal : la grammaire du récit crée le mirage d'une histoire simple et limpide dans ses leçons, voire prédictive. Le présent historique narre les événements comme si nous en étions les témoins. Il s'entremêle au présent de vérité générale qui assène des maximes irréfutables. La syntaxe vaut preuve : l'indicatif, mode du réel et des faits avérés, domine. Le piège narratif se referme sur le lecteur, happé par une saga palpitante : ce qui est narré a dû arriver, ce qui est bien conté doit être vrai. Peu importe que les sources soient apocryphes, peu fiables ou contestables. (34-35)
Commenter  J’apprécie          00
Zemmour forge une langue autarcique, antirépublicaine, qui ne souffre pas l'existence des mots des autres. (30)
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Cécile Alduy (48)Voir plus

Quiz Voir plus

Tintin : 24 Albums - 24 Questions

Dans Tintin au Pays des Soviets, comment Tintin s’évade-t-il de sa cellule de prison ?

En prenant le garde par surprise
En scaphandre
Milou vole les clefs
Il ne d’évade pas, on le libère

24 questions
402 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd belge , bd aventure , tintinCréer un quiz sur cet auteur

{* *}