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Citations de Cécile Canut (12)


“La fonction poétique du langage, celle qui permet de symboliser autrement nos expériences, celle qui accorde au sens sa quête hasardeuse, celle qui accorde à chacune et chacun la possibilité de retournements des significations, de parodie, d’ironie, de glissements sémantiques, de mises à distance des mots d’ordre, ne peut que contrevenir en tout point au discours managérial.”
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Les locuteurs ne cessent, collectivement, d’agencer de nouvelles manières de faire et de dire. Là se situe la praxis langagière qui débouche sur des formes de subjectivation. La disposition à donner des indications sur le dire en train de se faire en même temps que l’on parle, ce qui relève donc de la réflexivité permanente du sujet parlant, offre la possibilité à tout interlocuteur d’inventer de nouvelles formes linguistiques. Ces nouvelles formes ne peuvent se cantonner à des inventions lexicales ou phonologiques, certes très prisées par les sociolinguistes : elles portent sur l’ensemble de ce qui fonde la production de sens et le jeu langagier.
Ce double processus que je formule à travers la notion de langagiaire suppose un impératif incontournable : il est impossible de faire l’économie de l’étude des imaginaires des locuteurs sur les pratiques langagières pour comprendre ces dernières. Ce langagiaire qui nous porte vient en contrepoint à la singularité que Dipesh Chakrabarty évoque à plusieurs reprises – laquelle ne s’appréhende jamais par des dichotomies, des différences, des binarités ou du discontinu. Au contraire, elle suppose un jeu permanent entre celle ou celui qui parle et celles ou ceux qui écoutent, constitué d’un agencement opérant entre des fragments de dialogues, de sons, d’intonations, de gestes, de regards, etc.
Le langagiaire a pris du temps à se matérialiser dans ma pensée du langage. Inscrit dans des scènes fondatrices, celui-ci doit se redoubler, se répéter, s’expérimenter de manière toujours singulière. L’élaboration signifiante nécessite de se déporter dans l’ailleurs du langage, cet espace dont l’ordre-de-la-langue ne peut faire un point aveugle : elle ne peut que s’orienter vers cette extrapolation langagière au travers des interstices qui nous permettent d’inventer, de créer, de jouer. C’est l’une des voies de la subjectivation, cette force d’émancipation qui, par petites ou plus grandes touches, nous transforme et transforme le monde dans lequel nous vivons et agissons.
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Elle apparaît comme un enjeu politique majeur, impliquant la création d’organismes institutionnels chargés de préserver sa bonne tenue, et se trouve être requise à chaque fois qu’il s’agit, pour les tenants de la tradition, de mettre à l’ordre du jour le souci du « bon usage » du monde…
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Plus qu’ailleurs, la langue en France a été érigée comme une sorte de marque de fabrique d’un esprit, d’un peuple, d’une nation, d’une histoire ou encore d’une culture
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L’apprentissage de la langue se double de celui des manières de l’adapter aux circonstances, et de la mise à l’épreuve des jugements qu’occasionnent les manquements à la règle
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qu’un certain nombre de dichotomies sont assignées à la langue à partir d’un modèle. Ces dichotomies « concourent à renforcer une hiérarchisation des langues par les biais de locuteurs soucieux d’assigner à la langue des valeurs, des qualités
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Comment cette histoire du langage s’est-elle matérialisée ? De quelle manière les discours et les actes politiques ont-ils abouti à une telle conception des langues africaines, congédiées hors de la modernité ? Pourquoi le français reste-t-il, soixante ans après les Indépendances, la seule langue officielle des pays anciennement colonisés par la France ? Cet ouvrage a pour ambition de parcourir et d’observer les maints détours de « la bibliothèque coloniale » qui a contraint les pays d’Afrique de l’Ouest, que certains nomment encore « francophones » quand bien même le français y est assez peu utilisé, à adopter une conception politique monolingue de la nation. Étonnamment, malgré l’imposition du français comme unique langue officielle (par le biais de l’école notamment) et contrairement à ce qui s’est passé en France, les pratiques langagières africaines n’ont pas disparu. Au contraire, ces pratiques demeurent d’une extrême vitalité et la « glottophagie » déplorée par Louis-Jean Calvet n’a pas eu lieu. Ni dévoration, ni éradication, ni guerre des langues : l’effet de la politique coloniale linguistique a été très différent de celui qui a fait quasiment disparaître les pratiques régionales en France, certes sur une durée bien plus longue et selon des modalités tout à fait différentes. Si les répercussions de la colonisation par la langue sur le paysage sociolinguistique africain n’en restent pas moins fortes, je fais l’hypothèse que la résistance, voire l’indifférence, à l’imposition de la langue coloniale provient d’une conception du langage spécifique aux contextes où les pratiques hétérogènes locales n’ont pas fait l’objet d’une standardisation à valeur hégémonique.
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En France, dans les espaces privés comme publics, il est fréquent d’entendre des manières de parler différentes du français. Pourtant, la fluctuation langagière s’y voit régulièrement dépréciée, qu’il s’agisse des pratiques liées à des spécificités régionales, locales, ou des usages de langues étrangères liés à des appartenances plurielles. « La seule vraie langue de la République est le français », martèlent les défenseurs de la langue-nation à intervalles réguliers, en référence à la constitution française qui, en 1992, a institutionnalisé cette langue comme celle de la République. Si « les langues régionales » demeurent tolérées, puisqu’elles ont été, au cours des siècles, réduites à l’état de folklore, les langues étrangères, et particulièrement les langues des locuteurs issus de l’immigration, sont la cible des plus vifs dénigrements. Qui n’a pas été témoin, dans les transports en commun ou dans les services publics par exemple, de réflexions, ou tout simplement de mimiques d’exaspération, de la part de personnes ne supportant pas que d’autres s’expriment dans des langues africaines ? Ces petits signes du quotidien renvoient directement aux effets d’une politique linguistique à visée strictement monolingue, qui enjoint tout locuteur du français dit « langue maternelle » à relayer sa dimension coercitive, à faire la « police de la langue ». Plus encore, ce n’est pas seulement le français qui constitue la seule marque d’appartenance à la nation, mais la norme prescriptive du français, soit une seule façon de le pratiquer, correspondant au français standard, normé et supposé « neutre ». Cette norme imposée constitue une ligne de partage social entre des personnes dites cultivées et les autres, cette langue étant supposé porteuse de qualités intrinsèques utilisées comme marqueurs de différenciation sociale.
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la mise en ordre de la langue entraine sa dissociation d’avec l’acte de parler, et donc de la parole, autrement dit de l’ensemble de nos pratiques langagières quotidiennes
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La longue homogénéisation du français par l’élite au pouvoir s’est accompagnée d’une justification morale de sa domination
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le sujet doit se muer en un être de rationalité pure, le « je » qu’il utilise est le « je » de sa place dans l’entreprise, un « je » déterminé, conquérant, gagnant
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l’indécision et l’imperceptibilité des voix qui nous traversent et font que nous sommes toujours parlés par l’autre
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