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Critiques de Céline Bentz (98)
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Oublier les fleurs sauvages

Librement inspiré de son histoire familiale, Oublier les fleurs sauvages, premier roman de Céline Bentz nous conte le destin hors du commun d'une jeune femme, Amal, qui va se trouver déchirée entre deux pays. C'est également une plongée très intéressante dans le Liban des années 1980.

L'histoire débute l'été 1984 avec Amal qui vient de terminer sa première au lycée public de Saïda. Elle est la quatrième fille d'une fratrie de sept enfants et vit dans le petit appartement misérable situé à côté de la bananeraie la plus étendue de la ville, les aînés étant partis. Elle est issue d'une famille modeste, mais ses parents Dibba et Ahmad Haddad, bien que limités par leur illettrisme, tiennent à donner à leurs enfants la chance qu'ils n'avaient pas eue et à préserver leur scolarité à tout prix.

Invitée par Abbas, le plus âgé de ses frères, marié à une Française et vivant en Lorraine, à Nancy avec leurs deux enfants, pour venir y étudier, Amal est immédiatement séduite par la proposition et ne rêve plus qu'à ce départ.

Durant cet été, pourtant, elle rencontre Youssef, un beau jeune homme aux yeux vairons, un homme qu'elle n'a pas le droit d'aimer, car il est maronite et elle est sunnite (Les maronites étant les chrétiens catholiques orientaux et les sunnites, le principal courant religieux de l'islam)…

Ayant réussi à se faire admettre en filière scientifique, son voeu étant de devenir pédiatre, elle réussit son Bac en juin 1985. Un autre été au Liban et c'est le départ vers la France.

« Ce qu'il lui revenait de faire était immense, en traçant son chemin, elle devait relever la dignité bafouée des siens et leur prouver enfin que leurs batailles n'avaient pas été vaines, qu'ils n'avaient pas vécu pour rien ».

Ce récit extrêmement touchant nous fait effleurer les blessures éprouvées par ce peuple libanais qui tente de vivre malgré les guerres fratricides qui dévastent le pays, ces guerres qui ont conduit à l'effondrement de la classe moyenne et à une forte paupérisation de la population, ont contraint une partie de la bourgeoisie à l'exil, privant ainsi le pays de ressources humaines et financières importantes. Céline Bentz décrit bien la tension entre les différentes communautés de ce pays où les infrastructures ont été fortement endommagées. Je dois dire que j'ai eu souvent du mal à comprendre tous les tenants et aboutissants de cette guerre très complexe où se mêlent aspects politiques, religieux mais aussi quasi-mafieux.

Le Liban malheureusement en proie à la guerre civile depuis de nombreuses années avec certes, quelques périodes d'accalmie est un pays riche en traditions où la cuisine a une grande place et le talent de l'auteure a été d'intégrer la beauté des paysages à la noirceur de la guerre et à juxtaposer la pauvreté de la majorité à la richesse d'une élite.

Quoi de plus naturel donc, pour cette jeune fille intelligente tout en étant éperdument reconnaissante à ses parents pour les efforts qu'ils ont fait et font pour elle, que d'être tentée par cette liberté qui s'offre à elle, même si elle découvre bien vite le goût amer que recèle l'exil.

Mais son prénom Amal, signifiant Espoir ne lui assigne-t-il pas « cette mission sacrée et intimidante » qu'elle était née pour les racheter ?

Oublier les fleurs sauvages est un roman remarquable et très instructif sur le Liban et l'exil « ce prodigieux écartèlement entre deux langues, deux cultures, deux aires géographiques et deux appartenances ».

Merci à Babelio et aux éditions Préludes pour la découverte de ce roman à la belle couverture !


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Oublier les fleurs sauvages

A Beyrouth, alors que la guerre n'en finit pas d'étendre le champ des ruines et d'endeuiller au quotidien les familles qui vivent au rythme d'un conflit dont les enjeux les dépassent, Ama rêve d'une autre vie, soutenue par ses parents, prêts à vendre leur dernière chemise pour qu'elle puisse accomplir son destin ailleurs. C'est avant son départ pour le pays qui doit lui assurer la réussite qu'elle croise sur son chemin Youssef, riche, beau, mais chrétien, donc ennemi juré !



On partage les doutes, les espoirs de la jeune fille, qui après son succès au bac devra partir vers la France dont elle apprend en urgence la langue ! Pas assez de bases pour tenter d'emblée le concours qui fera d'elle un médecin, elle doit refaire une terminale dans un environnement peu chaleureux, chez une belle-soeur dépressive et distante. Malgré tout, le lien avec son amant libanais se maintient.



L'histoire est prenante et on partage avec interêt ce que fut pour les civils cette guerre de territoire, les impliquant dans ses absurdités, en les touchant personnellement par les risques permanents de perdre un proche ou condamner un enfant à une infirmité majeure pour avoir posé le pied sur une bombe cachée. Impliqués aussi par l'injonction de devoir prendre parti et de ne pouvoir évaluer son prochain qu'en ami ou ennemi selon des alliances fluctuantes et dérisoires.



Le roman est assez court pour parler d'autant de sujets, et on a l'impression même d'une sorte d'accélération d'autant plus importante sur le récit avance. Ainsi le séjour d‘Ama à Paris pendant les années où elle étudie la médecine est balayé en quelques phrases et on aurait aimé en savoir un peu plus sur ce point.



Premier roman instructif et agréable qui aurait mérité un peu plus de développement.



Merci à Netgalley et aux éditions Préludes.









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Oublier les fleurs sauvages

Merci aux éditions Préludes et à Babelio pour ce roman reçu dans le cadre d'une Masse critique privilégiée

Céline Bentz est née d’un père français et d’une mère libanaise et c’est cette dernière qui lui a transmis sa culture, sa langue et son histoire. Ce premier roman aux personnages fictifs est donc fortement imprégné de son histoire familiale.



L’héroïne, Amal, est la sixième des sept enfants des Haddad, famille modeste de Saïda dans le Liban Sud. Élève brillante, elle passe son baccalauréat et ses parents mettent tous leurs espoirs

dans sa réussite. C’est décidé, elle partira à Nancy où vit son frère ainé et y suivra des études de médecine.

Amal est confrontée à la violence qui règne au Liban car l’histoire débute en 1984, en plein cœur de cette guerre civile responsable de nombreuses victimes civiles. Ses parents ont dû quitter le Golan annexé par Israël pour venir s’installer à Saïda dans un pays morcelé. Mais, malgré la guerre et les difficultés économiques, Amal veut vivre sa vie de jeune fille. Difficile lorsqu’on est élevé dans une famille musulmane où l’honneur des filles est un sujet sérieux. Elle croise un jeune homme chrétien, Youssef, dont elle tombe amoureuse. Cet amour interdit, elle doit le cacher à sa famille tout en préparant son départ vers la France. L’exil dans une région froide, auprès d’une belle-sœur dépressive et peu accueillante sera une épreuve pour la jeune fille mais aussi l’occasion de conquérir sa liberté et d’affirmer ses choix.

On s’attache à cette héroïne écartelée entre sa famille, l’honneur et la tradition d’un côté et un amour impossible et une existence plus libre de l’autre.



Dans la première partie de ce roman, l’auteure relate les évènements qui ont parsemé la vie du Liban durant les années 80, éclairant ainsi les opinions, la révolte et les peurs du peuple libanais pris dans les mailles d’une guerre civile complexe et impitoyable. C’est là l’intérêt de ce premier roman dont la faiblesse littéraire et le style sans relief m’ont déçue.

J’ai trouvé la seconde partie qui se déroule à Nancy, moins convaincante et le dénouement, trop abrupt, m’a laissée sur ma faim.

Sans doute ne suis-je pas la lectrice idéale pour ce genre de roman

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Oublier les fleurs sauvages

La famille Haddad est composée de Dibba la mère et Ahmad le père et leurs enfants, notamment Abbas qui s’est installé à Nancy avec sa femme professeur d’italien et ses deux enfants leur fils Yacine, militant actif au parti communiste, les deux filles ainées qui se sont mariées au Liban, Amal, la plus jeune des filles, veut faire des études et enfin le dernier enfant, trisomique.



Les parents ont été sommés de quitter leur maison et leurs terres dont ils ont été expulsés à la fin de la guerre des six jours, ce qui va leur laisser une blessure importante, le père étant obligé d’aller faire le ménage et nettoyer les toilettes pour faire vivre sa famille.



Illettrés tous les deux, Ahmad et Dibba veulent que leurs enfants fassent des études, s’ils en ont les moyens, quitte à trimer pour les aider.



On est en 1984, Amal est en première et va se trouver un travail pour aider la famille, dans une boutique tenue par un homme libidineux qui laisse traîner ses mains partout et la jeune fille est obligée de quitter le magasin. Elle fait la connaissance de Youssef, de confession maronite, dont elle commence à tomber amoureuse alors que leurs religions respectives ne voient pas cela d’un bon œil. Le Liban est en guerre, les rues ne sont pas sûres, les différentes parties ne se font pas de cadeaux, mais Amal s’accrocher et décroche son bac. Elle veut faire des études de médecine à Nancy où vit son frère Abbas et la famille est d’accord, malgré le déchirement, l’éloignement, mais Marie-Rose sa belle-sœur promet de l’aider tandis qu’en échange elle s’occupera des enfants…



Yacine milite de plus en plus activement au parti communiste ce qui le met en danger, et un jour il disparaît, enlevé et torturé…



Malgré sa culpabilité et le sentiment de trahir les siens Amal s’envole vers la France vers une nouvelle vie.



L’auteure nous raconte la difficulté des filles, au Liban, les mariages arrangés et les violences conjugales, les communautés qui peuvent cohabiter mais ne pas s’unir entre elles ce qui ne va pas en s’arrangeant… Elle parle aussi très bien de la pauvreté des gens, de leur chaleur, et de leur générosité : ils n’ont pratiquement rien mais ils se débrouillent par exemple pour faire une diner pour célébrer Amal.



J’ai admiré le courage d’Amal qui part dans un pays dont elle connaît à peine la langue, dans une ville où il fait froid l’hiver et où la magie de la première chute de neige se heurte à la difficulté de tous les jours. Elle réussit à refaire une terminale et passer le bac en France et surtout à faire ses études de médecine avec les difficulté du concours, le numerus clausus, le bachotage, le chacun pour soi des étudiants… Chapeau mademoiselle !



Céline Bentz explique très bien la douleur de l’exil la difficulté de vivre au Liban à cette époque de guerre, avec les bombes, les mines qui estropient des enfants qui jouaient tranquillement, les méthodes utilisées par chaque camp pour terroriser l’autre, les enlèvements.



Cette lecture a fait remonter beaucoup de souvenirs en moi, je me souviens l’enlèvement de Jean-Paul Kaufmann, Michel Seurat et leurs deux autres compagnons, et de l’anxiété qui régnait en France à ce moment-là : tous les soirs aux infos, le JT commençait avec leurs photos et le présentateur disait cela fait tant de jours qu’ils ont été enlevés et on est toujours sans nouvelles ainsi que du combat de Joëlle Kaufmann pour qu’on ne les oublie pas.



J’ai beaucoup aimé ce roman, qui est en fait l’histoire de la mère de l’auteure, si j’ai bien compris, j’ai aimé voir Amal grandir, évoluer, ses relations avec sa famille… C’est tellement difficile de leur dire qu’elle est tombée amoureuse d’un chrétien, qu’elle doit se cacher.



L’écriture est belle, sensuelle, j’avais le cœur rempli par l’odeur des fruits, de la bananeraie, des épices, de la cuisine et de la mer….



Une image qui m’a bouleversée parmi d’autres : Ahmad emmène sa fille au souk pour organiser le repas et lui offre un luth car il sait qu’elle aime la musique, en dépit des privations que cela va entraîner pour la famille.



Je mettrais un petit bémol : la fin est brutale et on ne sait pas ce que devient réellement Amal, on le devine mais j’aurais aimé en savoir plus. Mais, pour un premier roman, c’est réussi et j’espère qu’on aura l’occasion de retrouver l’auteure bientôt.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Préludes qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteure qui rend un bel hommage au Liban.



Si le Liban dans ces années vous intéresse et notamment les otages français, je vous conseille le livre de Marie Seurat, l’épouse du chercheur Michel « les corbeaux d’Alep » où elle évoque tout ce qu’elle a pu faire pour trouver les traces de son mari, les trahisons…



#Oublierlesfleurssauvages #NetGalleyFrance
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Oublier les fleurs sauvages

Céline Bentz signe un premier roman d'une rare sensibilité et joliment écrit avec ce titre très poétique : "Oublier les fleurs sauvages." Elle est le fruit de deux cultures : une mère libanaise et un père français. C'est tout naturellement qu'elle a choisi de s'inspirer librement de son histoire familiale. Nous sommes au milieu des années 1980, au Liban, où la guerre fait rage entre les différentes communautés qui composent ce pays du Cèdre autrefois si prospère. Nous allons suivre le destin d'Amal, jeune fille libanaise musulmane, dont les parents sont pauvres et illettrés. Dans la famille Haddad, il est écrit qu'Amal ira un jour en France, pour poursuivre ses études et devenir médecin. Elle est partagée entre ses envies d'émancipation de jeune fille et le poids des traditions d'une société très patriarcale. La jeune fille sage et pudique va rencontrer Youssef mais en pleine guerre confessionnelle au Liban, vouloir épouser un chrétien quand on est musulmane est proscrit. D'une écriture ciselée et délicate, Céline Bentz tisse les contours d'une histoire complexe, celle d'un Liban plongé dans un conflit qui dépasse les seuls intérêts de ce pays puisque israéliens, syriens, russes, français et américains y jouent chacun leur partition. Amal souhaite être docteur pour ne plus subir le poids de sa condition sociale très pauvre. Un roman traversé par des personnages qui chacun essaie d'échapper aux fils du destin. Un roman sur l'exil, sur la double culture, celle de son pays et celle de son pays d'adoption, en l'occurrence ici la France. Un roman sur la difficile condition des femmes au Liban, proies idéales et victimes toutes désignées dans un pays en pleine guerre. J'ai aimé le sens du récit, la poésie de l'écriture, en apprendre davantage sur cette guerre au Liban, sur le poids de l'exil et cet arrachement que constitue le départ de la terre natale. On s'attache très fortement au personnage d'Amal, à son destin, son idéalisme de jeunesse qui se craquelle sous le double effet de l'exil et de l'amour. Un joli premier roman porté par un souffle certain. C'est à découvrir.

Je remercie très chaleureusement les Éditions Préludes ainsi que Babelio pour cette lecture et leur confiance !
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Oublier les fleurs sauvages

Jolie couverture. Titre plein de promesses. Ça ne suffit évidemment pas et je dois avouer que ma lecture a été plutôt laborieuse… J'ai choisi de lire ce titre un peu par hasard, je n'avais aucune attente particulière et ne suis par conséquent pas déçue. Je suis simplement restée à l'écart de cette histoire que j'aurais voulu aimer davantage. J'ai essayé de comprendre ce qui n'a pas fonctionné. Il y a des passages très denses avec de longs paragraphes qui ne dynamisent pas le récit, il y a une histoire d'amour qui donne à l'ensemble une intensité nouvelle mais qui s'essouffle, il y a une toile de fond historiquement et socialement intéressante mais confusément amenée, il y a cette ode au Liban, à sa chaleur, à ses couleurs et ce sont sans doute les passages les plus charmants, mais l'écriture manque globalement de puissance. J'irais même jusqu'à dire que c'est assez fade. En outre, je ne me suis pas attachée aux personnages et j'ai été particulièrement déçue par le dénouement. Il faut cependant préciser que c'est un premier roman, c'est toujours à saluer. Céline Bentz a certainement encore beaucoup de choses à nous dire sur l'exil et la liberté…


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Oublier les fleurs sauvages

Saïda, Liban.

Nous sommes à l'été 1984, au sud de Beyrouth, au bord de la Méditerranée. On suit la famille Haddad et leurs sept enfants. Ils sont déjà tous adultes. Trois des filles sont déjà mariées, mais malheureuses en ménage. L'aîné des garçons vit en France. Le second est entré dans la résistance libanaise et le plus jeune est handicapé. Il reste Amal, la plus jeune des filles. Jeune lycéenne, c'est elle que nous suivons à travers son histoire, celle de sa famille et celle de son pays, le Liban, à travers les mots de Céline Bentz.



Je remercie les éditions Préludes et Babelio pour cette lecture.



"Oublier les fleurs sauvages" c'est le récit d'une femme qui va échapper à son destin grâce à sa force, son intelligence et sa détermination.



Alors que les jeunes filles de son âge, ailleurs en Europe et dans le monde, ne pensent qu'à sortir et s'amuser, Amal assiste à la guerre civile qui détruit son pays. Le conflit libanais, qui dure quinze ans, est le fruit de tensions dans tout le Moyen-Orient, englobant principalement la Syrie et la Palestine.



Au Liban, ont trouve une grande mixité sociale où se mêlent les populations chrétiennes et musulmanes, c'est aussi une terre d'asile où bon nombre de réfugiés du Moyen-Orient s'installent. Tout ce monde vit ensemble, dans les mêmes villes et les mêmes infrastructures. Pourtant l'entrée en guerre provoque une cassure dans les relations. Les habitants ne se mélangent plus. Les jeunes ne doivent pas se fréquenter.



C'est dans ce contexte social qu'Amal entre dans sa vie adulte. Ses parents, d'origine pauvre, n'ont pas fait d'études et mises tous leur espoir sur elle, souhaitant plus que tout qu'elle accomplisse ses rêves, connaisse l'indépendance et la liberté de choisir son destin.



Amal est une excellente élève. Elle rêve de faire des études de médecine dans le but de devenir pédiatre. Mais, Beyrouth est en train de s'effondrer. Le système scolaire aussi. La seule solution reste l'étranger, notamment la France, pays dans lequel un de ses frères s'est installé. Lorsque la jeune fille réussit brillamment son bac, elle obtient une bourse pour étudier à l'étranger. Une excellente nouvelle pour tous. Une fois qu'elle sera diplômée, Amal pourra revenir au pays et soigner les enfants, victimes de la guerre. Son parcours est ainsi tout tracé. Son départ pour la France, à Nancy, se prépare. Dans les larmes et la joie.



Au fil des pages, Amal exprime le mal du pays, le manque du soleil, le goût des fruits et l'odeur de la terre ainsi que le doux son de l'arabe et la senteur des fleurs sauvages.



Un livre évoquant la femme et la condition féminine au Liban dans les années 1980-1990. On parle de religion, de sexualité, de maternité, et surtout de l'exil de la jeunesse libanaise, face à la contradiction entre le désir de partir vivre dans un pays libre et la peur de ne jamais revenir.



Un roman inspiré de l'histoire familiale de l'autrice qui célèbre la femme, la liberté et la culture du peuple libanais.

Une très bonne lecture !




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Oublier les fleurs sauvages

Céline Bentz, héritière d'une culture orientale transmise par sa mère, a désiré faire revivre une famille, une famille libanaise à l'image de celle dont le sang coule dans ses veines.

Attentive aux souvenirs que sa mère laissait difficilement échapper sur ses propres parents, sur son amie Salima, sur ses frères et soeurs puis sur la guerre qui ravageait son beau pays, elle a combiné ces instants vécus avec son imagination pour nous offrir cette page libano-française pleine de douleurs, de chagrins, de séparations mais aussi de chaleur orientale et d'espoir en l'avenir.



Dans la famille Haddad, Amal a dix-sept ans et pendant les longs congés scolaires de cet été 1984, elle gagne quelques sous chez un tailleur du centre-ville de Saïda. Bien que les aînés aient déjà quitté la cellule familiale, ses parents peinent à vivre correctement dans le chaos ambiant et ils désirent surtout farouchement pouvoir offrir à Amal les études qui lui ouvriront les uniques portes vers la liberté. Ils savent désormais que c'est loin de ce pays enlisé dans des combats incessants, dans un conflit changeant inlassablement de camps et d'intérêts, dans des promesses de pacification jamais tenues et des espoirs toujours déçus, qu'Amal trouvera les bases de son avenir. Elle ira à Nancy, chez son frère et sa belle-soeur, suivre des études de médecine selon son souhait.

C'est donc d'abord au Liban que nous faisons connaissance avec cette famille nombreuse. Les parcours des uns et des autres sont variés mais les filles semblent inévitablement tomber sous le joug de leur mari, au grand désespoir de la mère qui les aime tous profondément. Les parents sont sans fortune, sans instruction et c'est avec leur amour et des sacrifices qu'ils veulent donner toutes leurs chances à leurs enfants, sans toutefois y parvenir pour chacun.

Dans cette première partie, j'ai ressenti une grande frustration au niveau du contexte géopolitique qui est très complexe pour la néophyte que je suis. Les différents évènements secouant le pays sont justes nommés, comme récités, et manquent cruellement d'approfondissements que j'aurais jugé salutaires vu les difficultés à comprendre les motivations des uns et des autres.

Mais revenons à notre jeune Amal qui, au milieu de ses rêves de réussite, tombe subitement amoureuse du séduisant Youssef, un Chrétien, donc un amour annonçant plutôt l'orage, l'antagonisme entre maronite et sunnite. La peur de démériter dans le coeur de ses parents livrera combat avec ses sentiments et son envie de vivre cette passion naissante.



Ce sera ensuite le départ, laisser les siens dans l'inquiétude et les menaces permanentes liées à cette guerre. On ressentira chez Amal ce mélange de déchirement et d'impatience.

L'exil sera bien sûr douloureux même si c'est pour fuir une insécurité gangrenée de peurs et de cauchemars, pour fuir cette guerre sans fin. Même si c'est pour réaliser le désir longtemps ruminé d'accéder à une position sociale que tout le monde lui enviera. Les difficultés s'accumulent pour Amal, autour de la barrière de la langue loin d'être maîtrisée, avec un environnement qu'elle sentira comme oppressant loin de la chaleur de son foyer natal, avec la froideur de sa belle-soeur et les températures glaciales de l'Est de la France.



Le partage entre ces deux cultures, ces deux pays, amèneront inévitablement le sujet des origines, la sensation de trahir peut-être sa patrie dévastée, le sentiment de recouvrir son identité par une autre culture.

L'ascension sur l'échelle sociale reste le seul et l'unique objectif pour sortir du carcan de la condition féminine au Liban qui aurait dû enserrer la jeune fille mais dans ce roman la question du choix se pose ; est-ce celui d'Amal ou celui de ses parents ? Choisit-elle sa vie, son exil ? L'amour maternel peut-il être aussi une mainmise sur son destin ?



L'écriture de Céline Bentz, quoique très bien maîtrisée, est peut-être un peu trop formelle, d'où une sensation de monotonie qui m'a empêchée de saisir pleinement les émotions qui se bousculent chez cette jeune Libanaise. Ce premier roman reste cependant fort immersif dans cet univers libanais des années quatre-vingts, son environnement ravagé par les années de guerre et son réconfort puisé dans des mets savoureux qui égayent les moments difficiles.



Merci à Babelio et aux éditions Préludes pour cette rencontre enrichissante.

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Oublier les fleurs sauvages

Premier roman de Céline Bentz, qui relate la vie d’une jeune femme, Amal, prise entre une bivalence culturelle : de l’Est de la France, à son Liban natal. D’un côté se trouvent la guerre, la violence, la société politique en construction ; de l’autre, l’espoir, les choix, la liberté. Le roman interroge notre place au sein de la société, le poids de la souffrance sociale et celle de l’émancipation. Quelle condition pour une jeune fille dans une société libanaise où la place de la femme est limitée ?



La bivalence d’Oublier les fleurs sauvages se joue sur tous les plans : amour, religion, société, émotions. L’histoire est d’ailleurs entrecoupée d’épisodes qui permettent de contextualiser le quotidien des Libanaises et Libanais, entre la guerre et la révolte, l’engagement et le courage. Ces épisodes offrent au lecteur une fenêtre ouverte sur une région méconnue, trop méconnue sans doute, tant la richesse se découvre à toutes les pages.



Je remercie les éditions Préludes et Babelio pour cette masse critique, et la découverte d'un livre touchant, ambitieux et prometteur pour les prochains romans de l'autrice.

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Oublier les fleurs sauvages

Magnifique !

Magnifique dans le sens où cette toute jeune auteure a su raconter avec brillance, un pan de l'histoire de ses propres ancêtres, de l'histoire libanaise. Comme « un devoir de mémoire », semblable aux livres de Diane Mazloum ; « Beyrouth, la nuit » ou « L'âge d'or », ou d'Amin Maalouf ; « Les identités meurtrières ».

Livres cités par l'auteure à la fin de son roman et que j'ai lu.





J'ai été très ému de découvrir ce beau roman intense, où Céline Bentz m'a semblé avoir eu une autre vie, à une époque où cette diplômée de sciences Po et en lettres n'était pas encore née. Car je fus très vite transporté dans ce Liban des années 1985, dans ce pays si tourmenté, si martyrisé, où vit d'Amal, l'héroïne du roman, et sa famille.



J'ai surtout été très touché par l'authenticité de cette auteure, avec cet acte vrai, celui de plonger dans ses propres racines, afin de les retrouver pour renouer avec elles.

Refaire le chemin à l'envers, celui que nos ancêtres ont emprunté pour arriver un certain jour d'hier, quelque part en France.

Raviver un instant la mémoire de la vie de nos aïeux, pour qu'ils ne tombent pas dans l'oubli avec ce temps immuable qui efface tout sur son passage. Et pour les remercier de tous les sacrifices qu'ils ont été prêts à faire, qui nous permettent aujourd'hui d'exister et de parler d'eux.





Céline Bentz a tout de même fait un travail énorme et remarquable de recherches sur l'histoire géopolitique du Liban. Elle y a inséré de vrais souvenirs familiaux, les reliant ainsi habilement à des récits imaginaires, en greffant subtilement aussi une histoire d'amour.

Sa plume est fluide, percutante parfois et bien maitrisée.



Il est très difficile pour moi occidental, de comprendre ce que fut la situation du Liban à une certaine époque. De comprendre les souffrances que ce pays a enduré, les conflits et les guerres fratricides qu'il a subi. Et surtout la « guerre des camps » qui a ravagé ce pays mais aussi divisé le coeur des hommes, lorsque les forces israéliennes et syriennes se sont retirées aux confins du territoire libanais.





Le roman de Céline Bentz est aussi une recherche d'identité de tout un peuple et de sa jeunesse.

A travers Amal, l'auteur s'interroge sur le rôle et la place que chaque libanaise et libanais doit tenir dans ce pays en pleine guerre et aussi dans l'après-guerre.

Rester pour combattre les injustices et la fatalité. Rester pour sa famille, parce qu'on veut être loyal envers elle. Rester pour ensuite être solidaire à relever un pays. Un Liban qui n'a jamais été une Nation, où tous les « partis » se sont fissurés et n'ont jamais été solidaires entre eux.

Un Liban qui n'offre pas beaucoup de perspective pour un meilleur avenir, car la paix semble encore si fragile.



Ou partir dans un monde meilleur, pour tenter sa chance, pour réaliser une partie de ses rêves dans un pays d'accueil comme la France, à Nancy pour Amal. Partir au risque d'avoir une grande reconnaissance envers ce pays qui lui a permis de s'éduquer et d'étudier.



C'est ce grand tourment et « tiraillement » que vivra la jeune Amal.





Amal aura aussi à vivre cette belle et grande histoire d'amour.

Mais les incorrigibles rêveuses et rêveurs ne savent pas que ces histoires finissent souvent par des tragédies. Que les plus belles histoires d'amour sont souvent aussi impossibles et sans issue.



Comment peut-on aimer et continuer d'aimer, dans un monde empreint de tradition et de religiosité, lorsque chacun des deux êtres a une aspiration différente, un rang social diffèrent, une confession religieuse différente ?

Céline Bentz aura sûrement une réponse à me donner, lorsque je la rencontrerai.





« Oublier les fleurs sauvages » est un roman dont on n'oublie ni les feuilles, ni les pages.

C'est aussi un roman pour se souvenir d'où l'on vient.

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Oublier les fleurs sauvages

Merci à Babelio et aux éditions Préludes pour l'envoi de ce roman. Lorsqu'il m'a été proposé, je me suis empressée d'accepter de le recevoir.



C'est que le Liban est un pays sur lequel j'ai depuis longtemps envie d'en apprendre le maximum.

Enfant, c'était pour moi un pays en guerre permanente et je savais que des habitants le quittait comme ce médecin, collègue de mon père. Et ce, jusque dans les années 90 où j'ai connu en école d'ingénieur des ressortissants libanais. Puis, j'ai croisé des collègues libanais maronites, issus des classes privilégiées, me donnant l'impression que la vie au Liban n'était que luxe et volupté.

J'ai apprécié de pouvoir en avoir une autre vision, de l'intérieur.



Céline Bentz est franco-libanaise et s'est inspirée des bribes qu'elle a collectés de l'histoire de sa mère pour son roman.



Amal, avant-dernière enfant et plus jeune fille d'une famille modeste de sept enfants est une lycéenne brillante en fin de première. Elle s'est vu offrir par son frère et sa belle-soeur Marie-Rose, la chance d'aller étudier en France, elle qui rêve de devenir pédiatre. Ses parents illettrés ont tenu à donner la meilleure instruction à leurs enfants.

Amal qui est sunnite tombe amoureuse de Youssef, maronite. Elle le voit en cachette pendant toute son année de terminale.

Arrive le départ tant attendu en France qui est aussi un déchirement, celui de quitter sa famille et Youssef, le début d'une nouvelle vie, d'une difficile intégration, mais aussi d'un éloignement de son pays.



Sur le fond, ce roman interroge parfaitement sur la notion de choix et de liberté. Vouloir suivre ses rêves oblige Amal à faire le choix de quitter son pays et les siens. Et en cela exerce-t-elle sa liberté ou est-elle contrainte de faire ce que ses parents attendent d'elle après tous leurs sacrifices ?

La situation au Liban avec ces tensions entre factions et religions exacerbe l'attachement aux traditions et rend d'autant plus inacceptable la relation entre Amal et Youssef. A-t-elle la liberté d'aller contre ?

C'est aussi une plongée dans le Liban des années 80. Cependant, malgré les précisions apportées qui restent souvent insuffisantes l'on a bien du mal à comprendre ce qui se joue, les rôles des uns et des autres dans cette terrible guerre civile.

Si la prise de conscience de l'état de son pays et de la manière dont il est vu par des étrangers est parfaitement retranscrit lors du retour d'Amal au Liban, ses sentiments vis-à-vis de la France et l'évolution de son intégration sont passés sous silence, c'est dommage.



Il s'agit d'un premier roman qui souffre de faiblesses sur la forme. Les descriptions de l'état d'esprit des personnages peinent à dessiner des profils psychologiques convaincants et les dialogues manquent parfois de souffle et de rythme, surtout dans la première partie se déroulant au Liban. La longueur des chapitres ajoute à cette sensation.

Pourtant, lorsque l'auteure nous parle de paysages ou de cuisine, elle sait nous faire voyager, voir les couleurs et sentir les odeurs. Les escapades de Youssef et Amal sont des moments que j'ai particulièrement appréciés.



Voilà en définitive un roman plein de qualités, œuvre d'une romancière prometteuse.
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Oublier les fleurs sauvages

Un grand merci à Babelio et aux éditions Préludes de m'avoir permis cette lecture !



Oublier les fleurs sauvages, c'est l'histoire du destin d'une jeune fille. Céline Bentz son auteure, semble s'être inspirée de la propre vie de sa mère d'origine Libanaise.



Amal vient d'obtenir son baccalauréat avec mention en 1985, ce qui lui permet une bourse pour des études à l'étranger. Son frère, il y a déjà quelques années a quitté son pays pour la France, c'est là qu'il a fondé sa famille et c'est là qu'Amal décide à son tour de partir étudier. Pas facile de quitter les siens, son amoureux...un pays en guerre... Et pourtant elle ose cet envol qui elle le sait fera d'elle une autre personne à jamais.



Les thèmes forts de l'exil, des traditions et des destinées sont ici mis en avant. Le thème de l’exil est universel, nous retrouvons les mêmes souffrances, la solitude, les mêmes espoirs, les mêmes conséquences de ce qu'est le départ, quitter un pays, c'est partir tout en sachant qu'il est impossible ensuite d'y revenir comme au départ..... les regards, les comportements, les jugements....sont là pour rappeler ce jour du départ... A l'étranger, vous êtes toujours l'étranger, celui qui arrive d'ailleurs et très vite vous devenez l'étranger des vôtres.... de ceux qui eux sont restés au pays. Vivre entre deux cultures, deux pays est très complexe.

(Ce billet ne paraitra que fin aout sur mon site, à la sortie du roman.)
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Oublier les fleurs sauvages

Reçu dans le cadre d’une Masse Critique, je remercie Babelio et les éditions Préludes pour l’envoi de cet ouvrage.



Premier roman de l’auteure Céline Bentz, » Oublier les fleurs sauvages « paraîtra dans les semaines à venir aux éditions Préludes. Céline Bentz est née d’une mère libanaise et d’un père français. Elle a grandi dans l’est de la France, nourrie de ces deux cultures. Inspirée par sa propre histoire familiale, elle raconte dans ce somptueux roman le destin d’une femme déchirée entre deux pays et en fait un vibrant hommage au Liban.



A quoi rêve-t-on lorsqu’on est une jeune lycéenne sunnite au Liban au milieu des années 80 ? De prospérité sûrement, de liberté et d’insouciance incontestablement. Son prénom est à lui seul le signe d’une mission sacrée : Amal, Espoir. Brillante élève, elle se destine à une carrière de médecin.



p. 75: » Au Liban, la distinction suprême s’acquiert toujours dans la plupart des milieux, par l’obtention d’un doctorat. […] Au fond d’elle-même, elle s’avouait à demi qu’être « docteur » c’était aussi un moyen de ne plus regarder la société libanaise du bas vers le haut, mais enfin, du haut vers le bas. «



Mais pour atteindre cet objectif, elle sait qu’elle devra quitter le Liban pour faire ses études en France.



p. 102 : » Ses sentiments sur son départ imminent étaient partagés. Un partie d’elle était dévorée d’impatience à l’idée de découvrir enfin le pays de cocagne dont on lui avait tant rabattu les oreilles, mais elle était aussi rongée par la culpabilité. La perspective de quitter ses parents, ses frères et sœurs, Salima et son pays qu’elle aimait tant lui déchirait le cœur. «



Sa rencontre inopinée avec le jeune Youssef Khalifé, de confession chrétienne, pourrait-elle bousculer ses plans et contrarier la fierté et les espoirs que sa famille lui porte ?



p. 129 : » Embrasser Youssef, c’était donner de l’amour au camp adverse, sortir du cercle infernal de la colère et de la haine. Le laisser la toucher, c’était lui dire qu’elle ne lui en voulait pas à lui, en tant qu’individu, c’était aussi admettre que tous ceux auxquels il appartenait n’étaient pas porteurs d’un stigmate irréversible. Partant de là, la guerre à tout prix n’avait plus de sens. La lutte, les idéaux, les grands combats des Musulmans comme ceux des Chrétiens devenaient vains. Extraire un ennemi de son milieu en estimant que c’était peut-être un homme de bien rendait impossible la systématisation et l’essentialisation qui justifiaient la guerre. «



Dans une écriture à la fois percutante et lumineuse, l’auteure Céline Bentz évoque à travers son premier roman la quête identitaire d’une jeunesse libanaise tiraillée entre le désir de s’ériger contre la fatalité et sa loyauté envers sa famille et sa patrie. En tant que femme, Amal sent qu’elle a une responsabilité à tenir pour un Liban plus libre. Mais comment faire face à la réalité de la guerre et au poids des traditions ? Outre la question identitaire, et dans un registre moins tragique, j’ai eu la sensation en lisant ce roman de déambuler parmi les étals des marchés libanais. Les odeurs, les couleurs, les bruits, tous mes sens étaient en éveil.
Lien : https://missbook85.wordpress..
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Oublier les fleurs sauvages



Merci à Babelio pour cette Masse Critique privilégiée, que j'aurais vraiment aimé aimer... mais...



Céline Bentz dit s'être inspirée des souvenirs de sa famille maternelle pour composer le destin d'Amal, jeune Libanaise sunnite achevant sa scolarité à Saïda au milieu des années 1980 avant de poursuivre des études supérieures en France, poussée par ses parents qui espèrent un meilleur sort à chacun de leurs sept enfants.



Entre ses aspirations, ses études, son idylle avec un homme qui ne partage ni sa religion ni son milieu et n'a pas son âge non plus, dans un pays ravagé par la guerre, le parcours d'Amal pouvait offrir nombre de possibilités retraçant les douleurs de l'exil, l'arrachement à une terre ancestrale, le tiraillement entre "tradition" et "modernité", la difficulté à sortir de l'idée que l'on se fait de l'autre, autre religion, autre manière de vivre, et cette guerre effroyable qui a déchiré le Liban durant quinze ans.



Malheureusement, hormis certaines évocations de la vie de famille chez les Haddad, je n'ai pas été convaincue par des situations que j'ai trouvées assez caricaturales, des tentatives d'explications du contexte politique libanais et français franchement courtes et des personnages manquant singulièrement de relief.

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Oublier les fleurs sauvages

Je Sème A Tout Vent

Oublier les fleurs sauvages ; certes, mais ne pas oublier que les aigrettes du pissenlit emportées par le souffle doux mais volontaire de la femme qui cherche à donner aux graines les meilleures chances de succès – fussent-elles emportées très loin de la plante-mère et ne jamais revenir – sont promises à un meilleur avenir.

Cette première de couverture me plaît énormément ! Alors, mille bravos au studio LGF car le sens sacré de l'histoire d'Amal – notre héroïne – y transparait pleinement ; au départ, un décor géométrique oriental formé de mosaïques savamment arrangées enchante le regard et compromet toute tentative de compréhension, égarant le spectateur dans un labyrinthe visuel. L'enchantement est basé sur des coloris et des alignements entremêlés selon des règles et une logique mathématique complexe, apparaissant tout à la fois rigide et fascinante, soutenue par une tradition séculaire, traditionnelle, patriarcale et religieuse.

Mais, ces petites figures géométriques parfaitement assemblées dans la partie basse de la mosaïque se détachent au plus près du ciel et prennent leur envol… comme le feraient autant de petites aigrettes de pissenlit, profitant de cet envol inespéré pour prendre racine ailleurs, loin de la plante mère, en quête d'émancipation et de liberté.

Tout comme le pissenlit qui est bien plus qu'une simple sauvageonne ornant les chemins forestiers et parfois les trottoirs des villes, Amal, jeune fille libanaise, espiègle, curieuse et intelligente, sera emportée par le souffle courageux et déterminé de sa mère loin des siens et de sa terre natale pour trouver en France une terre d'adoption capable de lui procurer les meilleures chances de succès.

Amal, comme le pissenlit, est une fleur qui survit à tous les défis ; elle fera le choix difficile et courageux de l'exil et s'en remettra aux études et à la science pour tenter de soulever le voile de la connaissance et regagner ainsi sa liberté effilochée.

C'est un très bel hommage.



Merci aux éditions Préludes et à l'opération Masse Critique pour cette jolie découverte.
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Oublier les fleurs sauvages

Le style est d’abord agréable et fluide, ce qui n’est pas pour déplaire, et pose une base solide pour bâtir une histoire aux multiples facettes. C’est un roman historique, dans la mesure où il reprend le cours de l’histoire libanaise. C’est également un roman d’aventures, avec des scènes palpitantes et parfois violentes, mais c’est aussi un roman d’amour ou un roman politique. Tous ces ingrédients sont bien développés et gérés, sans que l’un prenne le pas sur l’autre. La réflexion de l’expatrié, sans patrie dans son pays d’accueil, mais étranger pour sa terre natale, m’a beaucoup touchée. L’histoire d’amour interroge au fond la relation entre les chrétiens et les musulmans: certaines pages sont excellentes, j’y ai même laissé un marque-page pour y revenir et les méditer. Sur cet apport en particulier, je trouve le livre nécessaire, car il interroge les limites concrètes et possibles du vivre ensemble, au-delà de la bonne volonté personnelle (en l’occurrence, aimer une personne d’une confession différente qui sera rejetée par les deux familles). Sur l’aspect politique, il y a aussi une matière intéressante sur la définition d’une nation, puisque précisément le Liban est une terre où cohabitent des peuples différents. Il s’agit de savoir si la volonté de vivre ensemble (à l’instar des théories de Renan) est suffisante pour en faire une Nation et donc un pays.

(Plus sur Instagram!)
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Oublier les fleurs sauvages

#Oublierlesfleurssauvages #NetGalleyFrance

Avant tout merci aux Editions Préludes et à NetGalley de m avoir permis de lire ce livre.

Ce livre raconte l'histoire d'une famille sunnite libanaise, la famille Hadad, 7 enfants, assez pauvres mais qui désirent le mieux pour leur dernière fille, Ils souhaitent de longues études, à l'étranger, une bonne position sociale. Amal va donc étudier, partir faire ses études universitaires en France, découvrir un autre pays.

Mais résumer le livre à cette histoire c'est omettre tout le cadre, celui du Liban, des différentes religions qui y vivent. Des évènements qui vont faire son actualité de 1985 à 1990. Ce livre est une véritable plongée dans la société libanaise. Une très jolie découverte pour moi du Liban, de sa vie, de son histoire, de ses différentes religions, de leurs implications avec la politique. Les hostilités entre les personnes de religions différentes. La part immense des traditions, du regards des autres, Les thèmes évoqués sont les traditions et leur poids, l'émigration dans le but d'une élévation sociale, ou l'émigration comme libération. La trahison ou pas qu'implique ce départ.

Pour apprécier au mieux ce livre j'ai du revoir l'histoire de ce pays qui m'était totalement inconnu. Ce pays dévasté par la guerre. Je me suis sentie proche de l'héroïne dans sa vision de Nancy, car j'y suis née et l'auteure Céline Bentz la dépeint très bien. Je me suis sentie proche également par l'âge de l'héroïne. Il doit y avoir une grande part d'autobiographie dans ce livre très bien écrit, très documenté politiquement, avec de très jolies notes poétiques. Un très beau voyage au pays du Cèdre.
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Oublier les fleurs sauvages

Très belle découverte que cet intense roman ! En s’inspirant de sa propre histoire familiale, Céline Bentz nous propose de suivre le destin d’une jeune libanaise partagée entre son amour pour sa culture et sa famille et le désir de liberté, d’émancipation, qu’elle suppose trouver en partant étudier en France.



En 1984, la guerre fait rage au Liban, depuis onze ans déjà. La population meurtrie s’enferme dans ses traumatismes. Enfant du pays, Amal Haddad est issue d’une famille nombreuse et modeste vivant dans une petite ville non loin de Bayrouth. Lycéenne, de confession musulmane, Amal occupe ses vacances en travaillant chez un tailleur. Elle économise pour partir vivre en France où s’est établi son frère ainé, prêt à l’accueillir pour qu’elle puisse poursuivre des études de médecine. Durant ces quatre mois d’été, elle rencontre un jeune chrétien dont elle tombe amoureuse. L’avenir, ils l’envisagent ensemble en dépit des années d’études à l’étranger d’Amal, de la guerre dans laquelle s’enlise le pays et des différences religieuses qui opposent leurs deux familles.



Comment ne pas vibrer pour Amal, l’émouvante héroïne de ce très beau roman? Le titre seul est attirant et plein de promesses. On peut tout imaginer : le passage de l’adolescence à l’âge adulte, la nostalgie du passé, le passage d’une culture à une autre… Et c’est ce que nous offre habilement Céline Bentz dans ce roman dense, intelligent et profond. Le prénom Amal, qui signifie « espoir », révèle le poids que porte la jeune fille : sur ses épaules repose l’honneur de la famille Haddad, Amal est celle qui doit réussir, peu importe le prix, pour relever « la dignité bafouée des siens« . Elle entreprend donc avec acharnement des études scientifiques qu’elle poursuit une fois en France, après avoir repassé son baccalauréat pour se familiariser avec la langue. Son but est de devenir pédiatre, aider son prochain et surtout les enfants victimes des horreurs de la guerre. Amal rencontre de nombreuses difficultés : elle est déchirée entre son pays d’origine où se trouvent ses racines, sa culture, et la France qui est une terre promise, symbole de liberté, d’émancipation. Mais est-ce vraiment là la liberté tant attendu, alors qu’elle se retrouve seule dans un pays inconnu où elle ne parvient pas réellement à s’intégrer?



La guerre en toile de fond, le Liban en sursis dans un conflit qui semble sans fin… L’auteure évoque le contexte politique et religieux (qui est très complexe) de façon relativement simple et accessible. Un des frères d’Amal, Yacine s’engage en politique pour défendre la cause d’un peuple soumis, au détriment de ses études d’architecture et contre l’avis de sa famille. Amal, est plus en retrait mais a des opinions tranchées sur l’avenir de son pays. Un vent de révolte souffle sur cette génération privée de liberté, de projets d’avenir. Etre confrontée aux horreurs de la guerre dans son quartier lui donne la volonté de défendre les siens à sa façon: en devenant médecin et en projetant de soigner les blessés de guerre. Mais en partant étudier en France, elle se sent également redevable envers la France qui l’a formée. Amal va devoir faire des choix…



L’auteure évoque également la condition féminine des jeunes libanaises: Amal refuse de subir le même destin que ses deux sœurs mariées par arrangement avec des hommes qu’elles n’aiment pas véritablement et les font souffrir. Amal doit résister aux avances de son employeur, d’un de ses cousins pour rester libre de ses choix… Elle doit se battre sur tous les fronts pour s’en sortir, y compris contre ses propres préjugés comme le prouve sa rencontre avec Youssef, un chrétien.



Je suis encore sous le charme de ce récit, dont le style très fluide et agréable m’a transportée du début à la fin. L’histoire d’Amal m’a profondément émue, il y a tellement de belles choses dans ce roman qu’il est difficile de tout évoquer. J’ai aussi apprécié en savoir plus sur un pays dont j’ai beaucoup entendu parler. En bref, je vous le conseille fortement!



Un grand Merci aux Editions Préludes pour ce partenariat!
Lien : https://loeilnoir.wordpress...
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Oublier les fleurs sauvages

"Oublier les fleurs sauvages", déjà quel joli titre !



Nous partons en voyage au Liban, en période de guerre dans les années 80 auprès d'Amal, une adolescente issue d'une grande famille, dans un petit village.



On va suivre sa vie, tout d'abord au Liban, la vie de famille, le premier amour, la maladie, les différents religieux, la difficulté d'être une fille dans ce pays à cette époque le besoin de devenir quelqu'un, puis le départ pour la France avec un rêve d'études, la difficulté du dépaysement, le manque des siens, le retour difficile lui aussi quelques années plus tard.



L'écriture est belle, précise sans tabou mais pleine de respect, on ne décroche pas. De plus l'autrice "Céline Bentz" s'inspire directement de sa propre histoire, de ses origines, de sa famille.

Les personnages sont attachants, parfois touchants, mais c'est "Amal" qui nous envoûte de par son caractère bien trempé mais encré dans la tradition du respect de ses aînés, elle aussi qui nous fait frissonner quand elle essaye d'imposer ses idées, elle qui nous fait sourire par la beauté de son âme.



Je vous recommande chaudement ce roman de vie et d'espoir, cette véritable leçon de courage et d'indépendance !
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Oublier les fleurs sauvages

Liban, 1984, les fleurs sauvages de l’amour s’épanouissent parfois en terrain hostile, parce qu’il y a la guerre, la barrière des religions et les écarts de richesses.

Issue d’une famille sunnite pauvre, Amal achève ses études secondaires à Saïda avec l’espoir de rejoindre son frère en France pour commencer des études de médecine. Ambitieuse, elle échappera ainsi au destin de ses trois sœurs aînées, trop tôt mariées et parfois maltraitées par leur époux. Avant son départ, elle fait la connaissance de Youssef Khalifé, le rejeton d’une riche famille chrétienne, propriétaire d’un garage florissant. L’idylle naissante entre les deux jeunes gens a-t-elle la moindre chance de survivre au climat délétère qui règne entre les communautés et à l’éloignement ?

L’écriture de Céline Bentz manque parfois de relief et de fougue pour donner vie aux personnages. Si la famille Haddad parvient à s’incarner à certains moments du récit, Youssef Khalifé peine à prendre une certaine épaisseur. Par ailleurs, l’autrice, prise entre le désir d’éclairer le lecteur sur la situation politique compliquée du Liban dans les années 1980 et celui de narrer une intrigue amoureuse contrariée, lie maladroitement ces deux éléments. La trame même du récit s’expose à une autre difficulté, celle de suivre les amoureux sur cinq ans alors que leurs rencontres sont rares. D’où la sensation de rester loin d’une passion amoureuse que l’on a du mal à se représenter. Enfin, le dénouement brutal du roman m’a surprise, me laissant perplexe. Il ne s’agit pas d’un problème de vraisemblance, mais l’impression que les personnages sont abandonnés en rase campagne.

Il me semble que le bon équilibre n’a pas été trouvé entre l’histoire familiale de l’autrice et l’intrigue romanesque qu’elle lui a superposée.
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