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3.73/5 (sur 103 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , 1975
Biographie :

Caroline Caugant est née à Paris en 1975. Après des études supérieures de Lettres à la Sorbonne, elle travaille dans la communication et se passionne pour le graphisme.

Une baigneuse presque ordinaire est son premier roman.



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Caroline Caugant, "Les heures solaires" Alors qu?elle prépare sa prochaine exposition, Billie, artiste trentenaire, parisienne, apprend la mort brutale de Louise. Sa mère, dont elle s?est tenue éloignée si longtemps, s?est mystérieusement noyée. Pour Billie, l?heure est venue de retourner à V., le village de son enfance. Elle retrouve intacts l?arrière-pays méditerranéen, les collines asséchées qu?elle arpentait gamine, la rivière galopante aux échos enchanteurs et féroces, et surtout le souvenir obsédant de celle qu?elle a laissée derrière elle : Lila, l?amie éternelle, la soeur de coeur ? la grande absente. Les Heures solaires brosse le portrait de trois générations de femmes unies par les secrets d?une rivière. Y palpitent l?enfance, l?attachement à sa terre d?origine, l?impossibilité de l?oubli. Et c?est en creusant la puissance des mémoires familiales que Caroline Caugant pose aussi cette question : les monstres engendrent-ils toujours des monstres ? Après des études de lettres modernes à la Sorbonne, Caroline Caugant a décidé de se consacrer à l?écriture, parallèlement à son activité de graphiste.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Une lettre ne devrait jamais être déchirée. Une lettre est une mise à nu et on ne brise pas ça, cet effort à se détourner de toute pudeur.
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Elle pense aux ondes de choc qui viennent recouvrir les surfaces des eaux calmes. À partir d’un minuscule point d’impact, celles-ci se démultiplient et se propagent, allant jusqu’à perturber les zones les plus lointaines.
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Tout semble si intelligible tout à coup. Formidablement évident et formidablement complexe. C’est comme une toile qui se serait tissée dans le temps, modifiant peu à peu l’architecture de base, mais sans rompre les liens primordiaux. D’abord un premier fil horizontal qui se déroule à partir d’un point précis, il se tend, s’accroche quelque part. Un nouveau fil part du premier, et ainsi de suite. Les fils se multiplient, s’entrecroisent jusqu’à former un tissage complexe. On appelle ça les mémoires transgénérationnelles, mais pour Billie c’est une véritable œuvre d’art. 
Les monstres engendrent-ils des monstres? avait demandé Louise à Henri en dévoilant la cicatrice cachée sous ses cheveux. C’est sans doute à cela qu’elle pensait dès que ses yeux se posaient sur elle, sa fille. Bill venait de là elle aussi, de ce maudit terreau. Elle peut encore sentir sur sa peau le regard de Louise, cette manière qu’elle avait de l’observer, de la tenir à distance. Elle qui était sortie de son ventre et ressemblait tant à Adèle. Ce monstre. 
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Minuscules guerrières arpentant les collines, l'une en quête de souffle, l'autre d'amour. (p176)
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« C’était les vibrations de l’air chaud, la terre prise dans les sandales, succion des pieds nus sur les semelles mouillées, corps fatigués arpentant les côtes raides, mains arrachant les mûres et les fraises des bois le long des chemins, bergeronnettes des ruisseaux traversant les saisons, frelons vrombissants au-dessus des fronts fiévreux avant que les orages ne balayent les heures chaudes. »
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Flip flop.
Le cerveau cerné par sa propre respiration. le souffle puissant amplifié sous le bonnet de bain.
Inspiration. Les bras musclés vont et viennent à un rythme parfait. Ils percent l'eau, droits comme des dards, et en altèrent à peine la surface.
Expiration lente. Les jambes se tendent et s'ouvrent comme un compas, tous les atomes du corps épousant parfaitement l'eau. La pesanteur désagrégée.
Inspiration. Les bras recommencent leur mouvement vers l'avant. Ils tracent la poupe d'un bateau.
Expiration.
Le corps valse.
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INCIPIT
C’est une nuit claire. Pas le genre de nuit qu’aurait choisie Louise pour s’en aller. Elle aurait préféré une nuit d’orage. Partir avec fracas.
Une brise se faufile dans l’appartement à travers la fenêtre entrouverte, apportant avec elle le parfum des chrysanthèmes. Les doigts esquissent le contour d’un crâne, des cheveux clairsemés, une nuque cassée. Les lignes du visage se dévoilent au rythme du fusain qui gratte la toile. Puis vient le corps, le ventre proéminent, élastique comme du caoutchouc. Tandis que la ville dort, le personnage s’extirpe de la feuille. Penseur aux yeux d’un noir profond, perçants comme ceux d’un chat, il prend vie.
Attiré par la lampe fixée au-dessus du chevalet, un moustique vient tournoyer dans son halo. Même gorgé de sang, il est ridiculement petit comparé aux grands moustiques d’eau qui dansaient au-dessus des étendues planes de la rivière de V. Billie observe l’insecte un moment avant de l’écraser d’un coup sec. Sur sa peau le sang se mélange à la poudre du fusain.
Elle se lève, va ouvrir l’autre fenêtre du salon pour créer un courant d’air. En bas la rue est déserte. Délestée de ses touristes et de ses endeuillés, la porte du Repos s’est refermée il y a quelques heures déjà. Seul perdure le bruit vague de la circulation du boulevard Ménilmontant. C’est là, à la nuit tombée, que Billie aimerait aller flâner le long des allées du Père-Lachaise, sous les corolles des arbres centenaires, cernée par les sifflements des merles sautillant entre les tombes. De sa fenêtre, les mausolées prennent toutes sortes de visages, devenant tour à tour des cabanes ou des corps de géants, recroquevillés.
Elle songe à l’attractivité qu’exerce sur elle ce lieu, depuis le premier jour où elle l’a découvert en visitant l’appartement et en admirant sa vue plongeante. C’était en hiver, la pâleur du matin éclairait le salon, faisait ressortir les taches d’humidité sur le plafond, les peintures écaillées et le parquet en mauvais état. Il faudrait tout remettre à neuf. Mais c’était compter sans le charme des murs en soupente, l’espace généreux qu’elle créerait en abattant la cloison qui coupait la pièce principale en deux, et surtout le ciel à perte de vue, les longues branches qui le traversaient, courant au-dessus des tapis de mousse et des caveaux. Billie s’était attardée sur cette vue, sillonnant mentalement les divisions du cimetière. Et son regard s’était arrêté sur elle : silhouette de pierre courbée au-dessus de l’une des tombes contre le mur d’enceinte. C’est parce que les arbres étaient dénudés et qu’ils offraient une vue dégagée qu’elle l’avait aperçue. En visitant l’appartement un jour d’été, sans doute l’aurait-elle ratée. À cet instant elle avait su qu’elle vivrait là.
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Si jeune, elle aura tout le temps d'oublier. L'oubli est un processus naturel, il recouvre les choses d'une sorte de brume, il les nimbe, floute leur exact déroulement et les fait s'envoler, disparaître à jamais, comme le vent qui soulève des feuilles, la poussière, les cendres et les emporte bien au-delà du regard, des frontières visibles.
Tout est poussière.
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Comme l'eau de la rivière, les secrets enfouis se faufilent, même dans le creux les plus infimes. Ils vous habitent et habitent vos enfants. Ils dégorgent, reviennent sous une autre forme. Y aurait-il eu Lila s'il n'y avait eu le soldat ? Y aurait-il eu Jean ? Aurait-il pu bouleverser leurs vies s'il n'y avait pas eu la première fêlure ?
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« Allô ! Je m’excuse de vous déranger à cette heure-ci. Je cherche à joindre Billie Savy.
– Oui, c’est moi.
– Bonsoir Madame, je suis la directrice des Oliviers. C’est au sujet de votre mère. Il y a eu… Un accident… Je suis désolée. Louise… »
Les mots la percutent. Elle se redresse, le bâton de fusain se casse entre ses doigts.
Elle n’est pas sûre de bien comprendre ce que la femme lui raconte à l’autre bout du fil car la machinerie vieillissante de l’ascenseur se met en marche au même moment, et des pas, un et deux, font couiner le parquet quelque part sur le palier. De cela — ces pas — Billie est certaine. Le reste est encore volatil. Peut-être pourrait-elle décider de ne pas en tenir compte. Louise… Sa main qui tenait si fermement le fusain tout à l’heure se met à trembler, se recroqueville comme un animal blessé. Elle sent la sueur picoter ses aisselles, sa respiration se bloquer, comme avant les grands plongeons, lorsque la surface de l’eau semblait si lisse et si lointaine qu’elle se préparait mentalement à s’y briser les os.
« Allô ! Vous m’entendez, Madame Savy ? »
Derrière la voix de la directrice, il y a les bruits de portes, les chuchotements. Billie peut imaginer l’agitation inattendue là-bas, au cœur de cette nuit d’été.
« Quel accident malheureux. Nous ne comprenons pas comment votre mère a pu rejoindre la rivière. La zone est pourtant bien…
– La rivière ? »
Billie avait oublié la présence du cours d’eau. Elle ne l’a jamais vu, mais elle sait qu’il existe. Il se situe bien après le parc qui s’étend derrière le bâtiment principal des Oliviers. Les résidents, âgés pour la plupart, ne s’aventurent jamais jusque-là. À peine entendent-ils ses clapotis les jours de pluie. Et puis si l’idée venait à l’un d’eux de s’en approcher, la clôture qui le longe suffirait à l’en dissuader.
« Oui, la rivière. C’est là qu’on a retrouvé votre mère. Vous comprenez… Louise s’est noyée. »
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