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Citations de Charles Le Goffic (21)


- Solitude- de Frédéric Plessis

Bretagne, ce que j'aime en toi, mon cher pays,
Ce n'est pas seulement la grâce avec la force,
Le sol âpre et les fleurs douces, la rude écorce
Des chênes et la molle épaisseur des taillis;

Ni qu'au brusque détour d'une côte sauvage
S'ouvre un golfe où des pins se mirent dans l'azur;
ou qu'un frais vallon vert, à midi même obscur
Pende au versant d'un mont que le soleil ravage.

ce n'est pas l'Atlantique et ton ciel tempéré,
Le chemin creux courant sous un talut doré,
Les vergers clos d'épine et qu'empourpre la pomme;

C'est que, sur ta falaise ou ta grève, souvent,
déjà triste et blessé lorsque j'étais enfant,
J'ai passé tout un jour sans voir paraître un homme
(La lampe d'argile, p.180)

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Les phares, sur leur colonne de granit ou de fonte, ont bien une âme, et c'est celle des gardiens qui veillent sur eux, qui les entretiennent et assurent la régularité de leurs mouvements ...
("l'âme des phares")
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Charles Le Goffic
Printemps de Bretagne

Une aube de douceur s'éveille sur la lande:
Le printemps de Bretagne a fleuri les talus.
Les cloches de Ker-Is l'ont dit jusqu'en Islande
Aux pâles "En-allés "qui ne reviendront plus.

Nous aussi qui vivons et qui mourrons loin d'elle,
Loin de la douce fée aux cheveux de genêt ,
Que notre coeur au moins lui demeure fidèle:
Renaissons avec elle à l'heure où tout renaît .

Ô printemps de Bretagne, enchantement du monde!
Sourire virginal de la terre et des eaux !
C'est comme un miel épars dans la lumière blonde:
Viviane réveillée a repris ses fuseaux.

File, file l'argent des aubes aprilines !
File pour les landiers ta quenouille d'or fin!
De tes rubis, charmeuse, habille les collines ;
Ne fais qu'une émeraude avec la mer sans fin.

C'est assez qu'un reflet pris à tes doigts de flamme,
Une lueur ravie à ton ciel enchanté,
Descende jusqu'à nous pour rattacher nos âmes
A l'âme du pays qu'a fleuri ta beauté !

(" Le bois dormant" 1900)
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Une fois de plus, nous pourrions admirer le flottant, le vague délicieux de ces légendes celtiques, qui tantôt confèrent à Merlin l'immortalité amoureuse au giron de sa mie, et tantôt l'enfouissent comme un loup, au coin d'un champ, sous deux pierres brutes, débris d'un cromlec'h jeté bas pour empierrer le chemin.
Mais si le fossoyeur n'est que M. Poignand, archéologue diplômé par lui-même, auteur des "Antiquités historiques et monumentales", ... et principalement imaginaires ?
L'archéologie et l'anthropologie locales sont coutumières, on le sait, d'une grande sérénité dans l'affirmation.
Ledit Poignand ne s'en est pas tenu là : à une portée de fusil du tombeau de Merlin l'"archidruide", il a retrouvé le tombeau de "son épouse" Viviane ! ...
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La mer adorante – Joachim Gasquet

Tu regardais la mer… Couché sur la falaise,
Je te voyais debout au bord de la fournaise
Où brûlaient, au-dessus des flots, les rocs épars.
Pas un souffle. Les pins craquaient. De toutes parts,
Un soleil dévorant s’abattait sur les choses,
Et toi, qui respirais une touffe de roses,
Distraitement, sur les rochers tu l’effeuillas…
On voyait sous les pins scintiller les villas ;
L’herbe sèche cherchait l’ombre maigre des branches
Et le sable enflammé buvait les vagues blanches.
Rien ne pouvait subir la fureur de l’éther.
Tout dormait. Et toi seule, au-dessus de la mer,
Tu te dressais, sauvage, avec ta chevelure
A moitié déroulée, et tendant ta figure
Aux rayons enflammés de l’astre, tu parus
Un moment, tant l’air chaud tremblait sur tes bras nus,
Etre l’autel vivant de l’ardent paysage,
Et je voyais la mer adorer ton visage.

(Les Chants séculaires)
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:
O printemps de Bretagne, enchantement du monde!
Sourire virginal de la terre et des eaux!
C'est comme un miel épars dans la lumière blonde:
Viviane éveillée a repris ses fuseaux.

File, file l'argent des aubes aprilines!
File pour les landiers ta quenouille d'or fin!
De tes rubis, Charmeuse, habille les collines;
Ne fais qu'une émeraude avec la mer sans fin.

Charles Le Goffic, Printemps de Bretagne
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Jeannine ignorait que les Dissidents n’ont pas adopté le calendrier concordataire et qu’ils continuaient de célébrer en semaine les fêtes renvoyées au dimanche par l’Église, comme l’Épiphanie, la Chandeleur, la Saint-Jean, la Saint-Pierre et la Fête-Dieu. Mais en réalité, il ne s’agissait point d’une solennité de ce genre et le Magnificat était poussé en l’honneur d’un jeune Louiset, de Guérande, qui épousait par-devant le bonhomme Justin, une dissidente du canton voisin
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"Bon vent, saint Corentin, bon vent, je vous prie".
On conte encore qu'autrefois les femmes dont les maris étaient en mer ou sur le continent allaient balayer la chapelle du saint pour en ramasser la poussière : jetée au vent, cette poussière obtenait une bonne traversée aux absents ...
("quatre jours à l'île de Sein")
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Marine – André Lemoine

Au fond d’un lointain souvenir
Je revois, comme dans un rêve,
Entre deux rocs, sur une grève,
Une langue de mer bleuir.

Ce pauvre coin de paysage
Vu de très loin apparait mieux,
Et je n’ai qu’à fermer les yeux
Pour éclairer la chère image.

Dans mon cœur les rochers sont peints,
Tous verdis de criste-marine
Et je m’imprègne de résine
Sous le vent musical des pins ;

L’œillet sauvage, fleur de sable,
Exhale son parfum poivré,
Et je me sens comme enivré
D’une ivresse indéfinissable.

De longs groupes de saules verts,
A l’éveil des brises salées,
Mêlent aux dunes éboulées
Leurs feuillages, blancs à l’envers.

Je revois comme dans un rêve
Au fond d’un lointain souvenir
Une langue de mer bleuir
Entre deux rocs, sur une grève.

(Les Charmeuses)
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Paul Fort -"Puisqu'il faut toujours que l'on parte"

La femme est aux varechs, l'homme est à la Guyane, et la petite maison est seule tout le jour.
Seule ? Mais à travers les persiennes vertes, on voit luire dans l'ombre comme une goutte de mer.
Quand le bagne est à l'homme, la mer est à la femme, et la petite maison au chat borgne tout le jour. (...) (p.279 / La Petite Vermillon, juin 1999)
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Maître, dit-il, tu parles d'indulgence ; hélas, qui en eut moins que toi? Et pour que nous te comprenions, hélas, que n'as-tu commencé par te comprendre toi-méme? Il n'y a, selon toi, ni beauté ni laideur dans les choses. Hélas, les choses existentielles seulement, et crois-tu que la vie dont tu les animes soit ailleurs qu'en toi? Ta vision du monde n'est ni plus vraie ni plus fausse que la notre. C'est toi qui la fais.
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Vous remarquerez encore, sur les vieilles tombes, un trou creusé en forme de coupe qui ne servait point à l'eau bénite, mais aux libations de laitage et d'hydromel qu'on y faisait pour les âmes errantes.
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Charles Le Goffic
Ronde

Tes pieds sont las de leurs courses.
Voici le temps des regrets.
L’automne a troublé les sources
Et dévêtu les forêts.

Toutes les fleurs que tu cueilles
Meurent dans tes doigts perclus.
Comme elles tombent, les feuilles,
Au bois où tu n’iras plus !


L’automne, hélas ! c’est l’automne.
Songe aux longs soirs attristants.
Là-bas, en terre bretonne,
Les glas tintent tout le temps.

Ils tintent pour l’agonie
Des fleurs que tu préférais.
Ah ! ta moisson est finie !
Voici le temps des regrets…
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La fée Morgane, ou Morgan, ou Morgain, demi-soeur du preux roi Arthur, et merveille de beauté selon les uns, prodige de laideur selon d'autres, a aimé, a été trompée, en a gardé une rancune inexpiable au sexe qu'on dit fort. Et voici la vengeance de cette diabolique féministe: tous les amants qui ont été, ne fût-ce qu'en pensée, infidèles à leur amante, seront amenés en certain vallon d'où ils ne pourront plus s'échapper.Val des Faux Amants, Val périlleux, Val sans Retour, c'est sous trois noms un même purgatoire, qui risque bien d'être une autre vallée de Josaphat, aussi peuplée que doit l'être un jour la véritable.
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SON AGE, SON PAYS, SON NOM
Aouitronez ar zent, peded evidomp.
(Litanies bretonnes.)

Elle aura dix-huit ans le jour,
Le jour de la fête votive
Du bienheureux monsieur saint Yve,
Patron des juges sans détour ;

Elle est née en pays de lande,
A Lomikel, où débarqua
Dans une belle auge en mica
Monsieur saint Efflam, roi d'Irlande;

Elle est sous l'invocation
De Madame Marie et d'Anne,
Lys de candeur, urnes de manne,
Double vaisseau d'élection.
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ANNE-MARIE

Elle est née un joli dimanche de printemps.
Son père qui croyait en Dieu, comme au bon temps,
Et sa mère, coeur simple et plein de rêverie,
Pieusement l'avaient nommée Anne-Marie,
Du nom, choisi par eux entre les noms d'élus,
Des deux saintes du ciel qu'ils vénéraient le plus.
Car en Basse-Bretagne on prétend que ces saintes.
Quand le terme est venu pour les femmes enceintes,
Se tiennent en prière aux deux côtés du lit.
L'une pose un baiser sur le front qui pâlit
Ou d'un flocon de pure et fine ouate étanche
Le ruisseau de sueur qui coule sur la hanche;
L'autre, tout occupée avec l'enfantelet,
Bordant les bons draps blancs sur ses membres de lait,
L'enveloppe, âme et corps, dans un réseau de joie ;
Et toutes deux ainsi, sans qu'un autre œil les voie
Que celui de la mère et celui de l'enfant.
Vont et viennent, du lit au berceau, réchauffant
Les petits pieds, calmant un cri d'une caresse.
Et rien, dégoût, fatigue, amertumes, serait-ce
Au fond d'un taudis sombre et nu, ne les retient,
Si la femme est honnête et si l'homme est chrétien.
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Cependant, du fond de sa forêt, Merlin ma bien souvent fait des signes. Viviane y joignait ses sourires. Pourquoi n'y avoir pas mieux répondu? Ce n'est pas assurément que je craignisse leur magie. Ne craignais-je pas plutôt qu'elle fût inopérante? Si par malheur l'eau de leur fontaine avait oublié de bouillir et de rire? Si l'orage ne se déchaînait plus après l'aspersion du perron enchanté? Si Viviane et Morgane n'étaient réellement que des vieilles fées? S'il allait m'arriver ce qui était arrivé jadis à maître Wace, le plus réaliste des trouvères, qui, ne voulant pas se borner à ouïr, commit la faute de venir voir?
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. .. C'est ici la chanson d'amour
Qu'on chante au coin des cheminées,
L'hiver, sur le déclin du jour,
Dans les maisons abandonnées...
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L'accoutumance est décidément une grande maîtresse d'illusions et trop voir une chose équivaut souvent à ne l'avoir jamais vue. N'est-ce pas les Goncourt qui disaient : « Demandez à dix personnes quelle est la couleur du papier de leur chambre à coucher : il y en a neuf qui ne pourront vous répondre avec certitude...»
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Lannion, 3 août l'Ji'i.
J'ai pu trouver hier une bagnole et un vieux cheval borgne, dédaigné par le service de remonte, et j'ai quitté Rûn-Rouz avec les miens. Nous voici à Lannion. Un télégramme vient d'arriver à la sous-préfecture : la guerre est déclarée; les Allemands ont franchi la frontière. Et comme entrée de jeu, pour bien signifier au monde le réveil de la barbarie germaine, des vieux appétits carnassiers qui dormaient sous ces crânes de métaphysiciens, le même télégramme nous apprend que le président du Souvenir français en Alsace, M. Samain, a été passé par les armes. Les annexés sont prévenus : l'Histoire aussi.
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