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EAN : 9782843621888
210 pages
Terre de brume (13/03/2003)
3.5/5   8 notes
Résumé :
Brocéliande, la forêt aux mille légendes a traversé les âges en suscitant bien des écrits. D'Apollinaire à Aragon, de Julien Gracq à André Breton, des écrivains, parmi les plus talentueux ont ressenti l'appel de cette forêt magique. Depuis la nuit des temps, la forêt de Brocéliande a été le refuge des fous et des enchanteurs, des ermites et des fées. Qui ne connaît pas l'histoire de l'enchanteur Merlin et de la fée Viviane ou encore celle d'Eon de l'Etoile, le diabo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce livre, "Brocéliande", est le dernier de Charles le Goffic.
Sa publication en 1932, tout juste posthume, avait été longtemps ajournée parce que, d'après Auguste Dupouy, Charles le Goffic ne savait pas dire non à ceux qui aimaient sa parole, son écriture, sa conversation et sa présence.
Brocéliande ! La forêt des Merveilles !
La légende indestructible de Brocéliande se transmet d'un livre à l'autre.
Mais existe-t-elle vraiment ?
Ou n'est-elle qu'une image littéraire créée par Merlin, et continuée par des générations et des générations d'enchanteurs ?
Que de livres, que de livres ...
Charles le Goffic suit ici les quatre fils de la légende - l'histoire, la géographie, la littérature et le merveilleux - afin de voir, au risque de la détricoter, de quel tissu elle est brodée.
Ce livre est une promenade littéraire dans la forêt de Paimpont et dans l'imaginaire breton.
Mais attention au Val sans retour !
Car Charles le Goffic n'adopte pas là certaines images accrochées aux légendaires feuillages.
Il était trop breton pour adopter certaines "bretonneries", trop convaincu de la beauté de son "pays" pour avoir la tentation de l'embellir artificiellement.
En 1935, aux fêtes celtiques de Quimperlé, sa mémoire fût pour cela malmenée par des orateurs qui lui reprochèrent d'avoir nui à la Bretagne traditionnelle en combattant certains excès de l'imagination celtique.
Et c'est tout l'intérêt de cet ouvrage que d'être une réflexion éclairée.
Au risque de passer pour un ennemi des fées, le Goffic fustige les faux-amis de l'exactitude, les pseudo-spécialistes de la précision qui prétendent donner un air d'authenticité à la rêverie, ceux-là même dont le touriste contresigne le travail afin de poétiser ses vacances.
"Bretagne des bretonneries es-tu la vraie ?" est la question centrale que pose le Goffic dans ce livre brillant.
Question plus centrale encore aujourd'hui qu'hier !
Pour tout dire, le Goffic affirme n'avoir jamais bien reconnu l'imagination bretonne dans ces romans de la Table-Ronde.
Et qu'à Paimpont, on lui a avoué que l'on parle de Viviane et de son ami Merlin surtout depuis que les guides impriment leurs noms en belles majuscules.
La légende est devenue une pièce maîtresse de l'industrie hôtelière et touristique.
Dans quel mesure peut-on attribuer au peuple de Bretagne la féerie arthurienne ? Et que lui en est-il resté ?
Le livre de Charles le Goffic est passionnant parce qu'il prend à contre-pieds une conception du folklore qui dénature la vérité et le rêve en trichant sur le passé et son authenticité.
Bretagne des bretonneries, es-tu la vraie ...
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Sous le vernis fantastique de Brocéliande se cachent d'autres bois, bien réels, regorgeant d'histoire de folklore et de légende.
C'est dans la forêt de Paimpont que nous emmène Charles le Goffic, découvrir sa région, la Bretagne.
Une plume tendre, laissant transparaître l'amour et la nostalgie qu'il porte à sa terre natale.
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Promenade de rêves dans la forêt de Brocéliande...............
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Une fois de plus, nous pourrions admirer le flottant, le vague délicieux de ces légendes celtiques, qui tantôt confèrent à Merlin l'immortalité amoureuse au giron de sa mie, et tantôt l'enfouissent comme un loup, au coin d'un champ, sous deux pierres brutes, débris d'un cromlec'h jeté bas pour empierrer le chemin.
Mais si le fossoyeur n'est que M. Poignand, archéologue diplômé par lui-même, auteur des "Antiquités historiques et monumentales", ... et principalement imaginaires ?
L'archéologie et l'anthropologie locales sont coutumières, on le sait, d'une grande sérénité dans l'affirmation.
Ledit Poignand ne s'en est pas tenu là : à une portée de fusil du tombeau de Merlin l'"archidruide", il a retrouvé le tombeau de "son épouse" Viviane ! ...
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La fée Morgane, ou Morgan, ou Morgain, demi-soeur du preux roi Arthur, et merveille de beauté selon les uns, prodige de laideur selon d'autres, a aimé, a été trompée, en a gardé une rancune inexpiable au sexe qu'on dit fort. Et voici la vengeance de cette diabolique féministe: tous les amants qui ont été, ne fût-ce qu'en pensée, infidèles à leur amante, seront amenés en certain vallon d'où ils ne pourront plus s'échapper.Val des Faux Amants, Val périlleux, Val sans Retour, c'est sous trois noms un même purgatoire, qui risque bien d'être une autre vallée de Josaphat, aussi peuplée que doit l'être un jour la véritable.
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Cependant, du fond de sa forêt, Merlin ma bien souvent fait des signes. Viviane y joignait ses sourires. Pourquoi n'y avoir pas mieux répondu? Ce n'est pas assurément que je craignisse leur magie. Ne craignais-je pas plutôt qu'elle fût inopérante? Si par malheur l'eau de leur fontaine avait oublié de bouillir et de rire? Si l'orage ne se déchaînait plus après l'aspersion du perron enchanté? Si Viviane et Morgane n'étaient réellement que des vieilles fées? S'il allait m'arriver ce qui était arrivé jadis à maître Wace, le plus réaliste des trouvères, qui, ne voulant pas se borner à ouïr, commit la faute de venir voir?
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