Au Kivu, on viole et masacre dans le silence. Le Monde, 25 décembre 2012.
Depuis cet appel , rien ne s'est produit... Au contraire, l'anéantissement du peuple congolais par la violence physique et psychologique se poursuit dans l'indifférence générale. Tout se passe comme si l'on souhaitait voir toutes les populations de cette région minière disparaître de la carte pour mieux profiter de leur sous-sol.
La méthode utilisé jusqu'à présent consiste surtout à ne pas les évoquer et à ne plus les compter. Pourtant, plusieurs experts admettent que c'est le plus grand massacre d'êtres humains depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
On retrouve aussi dans le soutien à Kagame les gouvernements des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la Belgique, de la Nouvelle-Zélande, du Canada, de l'Allemagne, des Pays-Bas, du Japon, de l'Australie.
Comment expliquer que ces mêmes dirigeants européens, si prompts à parler de l'invasion de l'Ukraine ou des crimes contre ses populations, soient en situation de paralysie devant l'extermination de plusieurs millions de personnes en RDC et n'osent à peine désigner les coupables de la mort de leur diplomate ?
Des pages de sang qui evraient faire la honte d'une partie de l'Occident, s'il daignait ouvrir les yeux. Car depuis 1997, en République démocratique du Congo, et particulièrement dans sa région orientale du Kivu, on dénombre 10 millions de morts, 500 000 femmes violées et 110 00 km2 de forêts dévastés par l'exploitation illégale des ressources minières.
L'histoire actuelle du Congo-Kinshasa (RDC) demeure obscure pour nombre de nos contemporains : trop loin, trop compliqué, trop forestier, ce pays-continent dont les richesses immenses excitent les appétits est pourtant la proie depuis plus de vingt-cinq ans de vautours en tout genre, qu'ils soient intérieurs ou, plus fréquemment, extérieurs.