C’est incroyable le nombre de choses tout à fait vraies que l’on peut dire tout en cachant complètement la vérité. J’étais experte dans ce genre de chose. J’avais passé ma vie à dérouler un écheveau de demi-vérités, une armure tissée de mots qui ne faisaient que dissimuler.
Quand vous êtes bringuebalés toutes les deux années de votre vie, parfois se faire des amis devient une routine. Je ne pense pas que les gosses de diplomates sont très différents des enfants de militaires pour cette raison. Vous vous faites des amis rapidement, mais ce sont souvent des amitiés superficielles. Je me souviens de mon unique année en école publique près de Washington, et comme j’enviais les filles qui avaient des meilleures amies, des gens qu’on pouvait aimer et en qui avoir confiance.
Quoi qu’il se passait, je contrôlais ma vie. Personne d’autre. Certainement pas une quelconque émotion indéfinie et une attirance physique qui peuvent vous dépouiller de votre personnalité. J’avais quatorze ans quand c’était arrivé, il y a presque une éternité. Et j’avais appris ceci : me laisser à la merci d’hormones, neurotransmetteurs et émotions peut être mortel.
Mes yeux se sont remplis de larmes, et j’ai détourné la tête des autres hommes dans la cellule. Des larmes parce qu’elle allait me manquer. Des larmes parce que malgré le fait que je savais que je faisais la bonne chose, ça me brisait le cœur à nouveau. Et je savais que ça briserait le sien également.
Les choses contre lesquelles on se rebelle sont les choses qui nous définissent.
L’inconvénient d’être un gars chanceux c’est que parfois, je suis plus le même gars que j’étais avant. Je voudrais vous faire un dessin mental. Imaginez vous un cerveau…une grosse masse grise difforme, connectée à votre corps par le tronc cérébral et la moelle épinière, flottant et amorti par un liquide et protégé par mon gros crane épais. Maintenant prenez une masse, et cognez le. Cognez le fort.
C’est à peu près ce qu’il s’est passé. Ca a été difficile à accepter, pour être honnête. Je n’étais peut être pas le meilleur élève au monde, mais j’étais quand même putain d’intelligent.
Ce n’est pas improbable du tout. Aller en Afghanistan après le 11 Septembre était une chose. Envahir l’Irak... c’est tout à fait différent et il n’y a pas de bonne raison de faire ça. Beaucoup de gens vont mourir.
J’avais une règle assez dure et stricte. Je me tenais le plus loin possible des hommes qui m’attiraient.
J’étais plongé dans la lecture sur l’épidémie d’un super virus quand j’ai entendu arriver des pas dans le couloir. Des claquements. Une fille qui portait des talons, des compensées ou je ne sais quoi. Je m’efforçais à ne pas lever la tête. Je voulais parler à personne de toute manière. J’étais pas d’humeur amicale. Et en plus, mon instinct était de surveiller les gens, les poches, les vêtements trop lâches, les tas d’ordures en bord de route et tout ce qui pouvait potentiellement représenter un danger. Le défi c’était de pas regarder. Le défi c’était de vivre ma vie comme tous les autres. Et tous les autres ne voyaient pas une fille qui s’approche comme un danger potentiel.
J’étais pas bon pour Alex. J’étais déjà pas bon pour moi alors… Ouais je l’avais protégée. Mais la prochaine fois quoi ? Si la prochaine personne qui allait m’énerver et me faire péter les plombs c’était Alex ?