Paris, une terrasse de café ensoleillée. C'est l'heure du déjeuner, les gens font la queue. Les salades sont immangeables, une tasse de the coûte huit euros, le personnel est abject. Mais les gens font la queue.
Une jeune provinciale est attablée, seule. À ses côtés, une Parisienne attend son amoureux qui tarde à la rejoindre.
Deux femmes qui n'ont a priori rien en commun. Si ce n'est que l'une et l'autre se regardent, se jaugent, se moquent.
Peut-on parler fort, ne jamais sourire, et porter un panier en osier avec autant d'assurance et d'aplomb ? se demande la première.
Peut-on boire un verre de vin en trinquant
avec soi-même, et sembler heureuse malgré tout ? se demande la seconde.
Mais sont-elles si différentes ? Et qui sont-elles pour se juger si durement ?
Charlotte Gabris s'amuse ici de la rivalité féminine avec malice.
Et si nous essayions, nous aussi, de déjeuner en paix ?
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C'est horrible de vivre seule, et je ne sais pas être adulte. Je ne sais pas aller à la poste, je ne sais pas où est mon compteur électrique et je n'ai pas envie de savoir , je ne sais pas mettre de l'argent de côté, je ne sais pas choisir une mutuelle, je ne sais pas penser à la retraite, je ne sais pas payer les factures en temps et en heure, et parfois je crois très fort qu'en les déchirant elles n'existeront plus. Comme une sorte de tour de magie (...).
C'est sûr, si j'avais été une Sophia, tout aurait été différent. Ma vie aurait été réussie. Mais non... J'étais , je suis et je reste la gentille et rigolote Sophie. Finalement, je suis à une lettre de la fille que j'aurais voulu être.
Ça fait un mois que je suis à Paris. Parfois, j'éprouve tellement le désir de rentrer que j'en ai mal au ventre. Je me sens sur le point de vomir. Il parait que c'est ça le mal du pays, un pic qui reste constamment accroché au coeur et qui empêche de respirer. Il m'est arrivé plusieurs fois d'aller à la gare, juste pour voir les trains qui repartaient chez moi. Je ne monte pas dedans, mais ça me rassure de savoir que je pourrais le faire. Et si je le fais, je ne reviendrai jamais.
Je hais Carrie Bradshaw, j'aurais envie de déballer que c'est sa faute tout ça, qu'à cause d'elle, des milliers de jeunes filles ont voulu partir à l'aventure dans les grandes villes, qu'à cause d'elle, des milliers de jeunes filles se sentent seules et tristes, qu'à cause d'elle, j'ai même idéalisé les laveries... (...)
J'ai envie de rentrer dans ma télévision et de dire à Carrie ses quatre vérités : " " Non...non, Carrie, c'est pas comme ça, la vraie vie, tu comprends ? On ne se balade pas en tutu dans la ville, on n'a pas des copines qui sont dispos vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour aller bruncher, on prend du poids quand on mange des pizzas tous les soirs en sortie de boite, et on ne marche pas pieds nus dans les rues en rentrant de soirée, tout simplement parce qu'on ne veut pas attraper le tétanos, Carrie !"
Quand on est seule, la vie à Paris est comme dans toutes les grandes villes : vide et anonyme.
Je crois que je ne supporte plus ce qu’il dit, ni ce qu’il pense. Je ne sais plus qui est Étienne, et je ne sais plus qui je suis. Chaque soir, j’ai l’impression de m’endormir à côté d’un étranger. En ce moment, ma vie de couple, c’est un voyage en terre inconnue. Je me couche dans le doute, je me lève dans le doute, sans comprendre ce que je fous encore ici. Je ne parle plus la même langue que lui. Comme si j’étais touriste dans ma propre vie. Je veux rentrer chez moi, mais je ne sais plus où c’est, chez moi. Je n’ai pas de carte, ni de boussole, alors je marche au hasard, je suis le vent en attendant de trouver le bon endroit, le bon pays, la bonne maison pour mon âme.
Il y en a plein, des femmes qui se disent féministes, mais qui n'aiment pas leurs congénères... Une femme qui se dit féministe et qui parle mal à sa stagiaire, qui en jalouse d'autres plus belles et plus jeunes qu'elle, qui se sent en rivalité permanente, qui critique le physique de ses semblables, qui les juge, qui les snobe, n'est pas féministe. Les femmes qui se disent féministes et qui n'aiment pas les femmes, ça ne devrait pas exister. C'est tellement absurde, triste et paradoxal, un peu comme un boucher végétarien, ou un libraire qui ne sait pas lire.
Je pense que je ne sais pas grand-chose, mais il paraît que ceux qui ne savent rien et qui savent qu’ils ne savent rien, savent beaucoup plus que ceux qui ne savent rien et ne savent pas qu’ils ne savent rien
Arrêter de se demander ce que les autres pensent accepter l'indifférence d'autrui.
Je n'en peux plus d' être sur cette terrasse, mais c'est toujours mieux que d' être dans mon neuf mètres carrés sous les toits. Une copine de ma mère m' a prêté cet appartement. " Un petit appartement de charme", comme elle dit. " Petit", je suis d'accord, "de charme", je ne vois pas. Je crois qu'à Paris, on utilise l'expression " de charme" pour "de merde".
Comment espérer l'égalité hommes-femmes si nous ne sommes pas solidaires, respectueuses et aimantes les unes envers les autres?