Citations de Chloé Chaudet (19)
À celles qui me demandent si je veux ou si j’aurai un jour des enfants, je donne maintenant la réponse suivante : » Sans façon, merci. » Pour formuler à ma manière une politique d’autodéfense. Pour suggérer que je sais parfaitement pourquoi je ne veux pas procréer, afin qu’on me fiche la paix. Pour éviter à la fois l’agressivité et l’euphémisme, par le biais d’une irrévérence qui dit bien autre chose que le refus de devenir mère.
L'idée qu'une femme sans enfant ait à se dédier à un but hors du commun est ancrée dans les mentalités depuis un certain temps. Cela m'interpelle quand je relis Virginia Woolf, l'accès à un espace personnel et protégé qu'elle souhaite à chaque femme poursuit un but principal : produire de brillantes écrivaines.
Il existe bien des manières d’être « normale » sans être mère. Il faut cesser de tenir pour exceptionnel uniquement ce qui sort de la vie domestique et familiale.
Dans quarante ans, je ne m'imagine pas en train de m'occuper de mes petits-enfants le week-end. Je me vois bien mieux dans un grand appartement rempli d'œuvres d'art, de bric et de broc, de livres et de plantes, en bonne compagnie mais fondamentalement libre (...).
Toutes sœurs mais pas toutes mères
Le développement du structuralisme, de la narratologie "à la française", du Nouveau Roman, bientôt suivi de celui des théories et littérature "postmodernes", semble sonner le glas de la popularité déjà relative de la "littérature engagée" sartrienne.
Je refuse de prendre la puissance comme idéal. Je lui préfère l'énergie que j'associe à une caractéristique interne.
Et quand bien même : l'absence de solitude n'est pas un gage d'épanouissement. Mais il est délicat de répliquer cela à une personne qui envisage de fonder un foyer, sous peine d'être blessante ou de passer pour aigrie.
Tu voudrais donc que je me force à faire quelque chose que je n'ai pas envie de faire parce que je pourrai potentiellement regretter de ne pas l'avoir fait.
Je ne pense pas que la sororité puisse suffire à être un "antidote à la charge maternelle". Mais les injonctions à la maternité ne s'atténueront pas sans solidarité. Montrons l'exemple, en concevant l'affirmation et la pratique d'une sororité la plus ouverte possible non pas comme un entre-soi féminin, mais comme la mesure d'une cohésion sociale plus générale. Et considérons les hommes comme "des camarades de lutte".
Je ne suis pas assez confiante en notre avenir pour l'imposer à quelqu'un d'autre que moi
Un enfant peut être adorable et étonnant comme il peut être pénible et stupide, le basculement de l'un à l'autre ne prenant parfois que quelques secondes.
Qu'elles jugent les inconvénients de la maternité supérieurs à ses avantages ou qu'elles associent l'état de mère à une expérience où elles se sentent incomplètes voire comme traumatisées, ces femmes, à l'image de beaucoup d'autres, témoignent de l'«expérience intime de perdre la vie en donnant la vie».
Je ne suis pas une activiste dans ce domaine. Ni une prosélyte. Je conçois, au contraire, ma résolution à égalité des autres : elle indique une trajectoire possible. Pas plus, mais pas moins. Et il faut l'intégrer.
Je plaide pour l'abolition de la case "nullipare" (...) Après avoir biffé "nullipare" sr le formulaire du centre de radiologie, j'ai indiqué : FEMME. En lettre majuscules.
Nul besoin, cela dit, d'être climatologue ou hypersensible pour éprouver une anxiété croissante face à l'avenir de nos sociétés à l'échelle mondiale. Pour ma part, je suis de plus en plus tourmentée par une angoisse environnementale m'empêchant de me projeter pleinement dans l'avenir. Comment, dès lors, pourrais-je m'imaginer avec des enfants ?
La dernière année, j'ai habité seule, avec un sentiment de bonheur absolu : la satisfaction d'être autosuffisante et de pouvoir faire ce que je voulais.
A partir d'un certain âge, le célibat dérange.
L'engage littéraire, au sens où nous le comprenons, suppose un jugement moral.