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EAN : 9782378801984
222 pages
L' Iconoclaste (15/04/2021)
3.94/5   72 notes
Résumé :
Le destin d'une femme n'est pas de devenir mère. Pas le sien, en tout cas.
Chloé Chaudet a 35 ans. Elle n'aura pas d'enfant. C'est décidé. Ce choix suscite l'incompréhension, voire l'agressivité. " Tu ne vas pas regretter ? ", " Tu n'as pas peur de finir seule ? " Toujours ces mêmes questions, quels que soient l'âge et le milieu. En France, la maternité semble une évidence ; pourtant, près de 5 % des femmes la refusent. C'est un sujet tabou que même la révol... >Voir plus
Que lire après J'ai décidé de ne pas être mèreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
3,94

sur 72 notes
C'est une lecture qui fait du bien. En tout cas pour moi qui partage avec l'autrice cette décision de ne pas devenir mère. C'est agréable d'avoir une voix qui s'élève pour parler de son ressenti personnel, pas une étude statistique, pas de généralités péremptoires. Juste son expérience à elle, ses souvenirs, sa peine face aux injonctions. Je me reconnais et je me distingue d'elle à la fois, ce qui est plaisant : on peut aboutir à la même conclusion sans avoir un parcours identique ni les mêmes raisons d'y parvenir. Elle le dit : "c'est une trajectoire possible" pas mieux, pas moins bien, la sienne et la mienne du coup et nous la partageons avec 4 millions de françaises.

Je découvre de la souffrance à la pression sociale dans son témoignage, le sentiment de ne pas être normale. C'est là que nous nous distinguons entre autre. Cette pression sociale me fatigue, me met parfois en colère selon la force des propos utilisés à mon encontre mais jamais ça ne m'a blessée, j'ai toujours aimé faire différemment, j'ai toujours préféré qu'on me voit comme anormale, depuis toute petite. Donc ça me va, je n'en souffre pas. Par contre je ressens de la colère que ça puisse en faire souffrir d'autres, voilà pourquoi j'insiste, j'en rajoute, j'en parle, pour faire sortir de l'ombre les intolérants et les moucher afin qu'ils laissent tranquilles les filles de leur entourage qui pourraient faire un jour le même choix que moi.

L'autrice dit "Je suis mise en demeure de répondre à une question intrusive, mais je refuse de mon côté de froisser mes interlocuteurs." là aussi j'ai dépassé ce stade depuis longtemps, je me montre aussi agressive que mes interlocuteurs, à la fameuse question "Tu ne risques pas de le regretter ?" (qui n'est parfois même pas une question et c'est encore pire) je réponds désormais "Et toi ? C'est quand le premier jour où tu as éprouvé du regret d'avoir eu des enfants ?" En général ça jette un froid.

Elle pose la question de la culture française également, ce que je trouve intéressant. Elle a fait des années d'études en Allemagne sans ressentir aucune pression, il a fallu qu'elle rentre pour qu'elle se la prenne de plein fouet. Et la question se pose aussi de la première injonction, de toute évidence dès l'enfance, dès la plus petite section tandis qu'on cantonne les petites filles à des activités dîtes de "filles" et notamment le fait de pouponner.

Quoi qu'il en soit je l'admire de reconnaître qu'elle est parfois nostalgique, c'est une question sur laquelle je me refuse de me pencher parce que je sais que la moindre faiblesse est une ouverture pour les détracteurs. Admettre que parfois on a une petite émotion à la vue d'une amie qui partage un moment complice avec son fils ou sa fille et tout de suite les attaques pleuvent. Ca fait du bien de lire quelqu'un qui se permet de le dire et de l'assumer. Oui, comme toute chose, cette décision entraîne une forme de nostalgie et ça ne veut pas dire qu'on s'est trompé, c'est juste un processus normal.

En tout cas, je retrouve ce que je lis dans beaucoup de témoignages : le besoin de rester libre et de respirer que je ressens constamment aussi.

C'est un livre qui fait du bien, qui remet les choses à leur place et qui rappelle à ceux qui ne veulent pas comprendre que ce serait mieux qu'ils respectent les choix des autres avant même de les comprendre.

"Mais les braves gens n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux" Brassens

Quelques chiffres :
4.5% des femmes de 18 à 71 ans ne souhaitent pas avoir d'enfants (ou n'en ont pas) en France (INED 2016)

15% des femmes n'en ont pas dans le monde (cf p.25 pour la référence à l'étude)

80% des tâches ménagères sont gérées par les femmes. Chiffre au point mort depuis 2003 (Observatoire des inégalités)
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Inscrite en thèse de sociologie et travaillant sur les effets des politiques démographiques en France, en Belgique et en Suisse, c'est la première fois que je lis un essai (qui, par définition est fondé sur la subjectivité de l'individu qui écrit) qui fait le point de manière accessible sur les dernières références en langue française, peu nombreuses, liées aux injonctions à la maternité en France, des plus pesantes en comparaison avec d'autres pays francophones. le texte s'ouvre également à d'autres aires géographiques, comme le Niger ou la Corée du Sud, en mentionnant des oeuvres actuelles. Il a aussi le mérite de remettre au goût du jour les écrits De Beauvoir, qui a été tant critiquée par les féministes qui lui ont succédé, en l'associant à des penseuses plus contemporaines telles que bell hooks, Elsa Dorlin et d'autres. Ce livre révèle de manière très contemporaine la pertinence du slogan féministe "Le personnel est politique", en proposant une réflexion à la fois nuancée, accessible et incarnée. Un seul petit regret : que Chloé Chaudet n'ait pas un peu plus parlé de ses propres travaux sur l'engagement, qui auraient trouvé leur place dans l'essai. Longue vie aux recherches de cette universitaire, que je remercie pour ce livre !
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« Un enfant? Sans façon, merci. »
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Le fait de ne pas vouloir d'enfant est un sujet de société, et d'actualité, encore tabou. C'est un choix qui choque et qui est bien souvent incompris alors que très personnel. Je ne connaissais pas cette auteure mais j'ai trouvé ce récit très intéressant.
Quelle femme peut affirmer ne jamais avoir subi cette pression sociale ? Sur ce sujet en particulier. Personnellement, je n'en connais pas.
Toujours est-il que j'aime la manière dont l'auteure se confie sur son choix, sur son ressenti, mais également la manière dont elle essaye de comprendre son entourage... qui lui ne la comprend pas.
▪️
« Qu'est-ce que tu attends pour faire un bébé? »
« Tu ne le regretteras pas? »
« Tu n'as pas peur de finir seule? »
▪️
Toutes ces phrases horripilantes qu'on peut entendre régulièrement, de la part de personnes proches... ou même de la part d'inconnus ! Comment peut-on poser ce genre de questions ? C'est devenu tellement « normal » de nos jours, ce sont pourtant des questions banales qui peuvent blesser. On ne sait pas ce que traversent les gens. Ils ne réussissent peut être pas à en avoir, ou essayent depuis plusieurs années, ou n'en veulent tout simplement pas. Il n'y a pas plus intrusif que ce genre de « petite question ».
Et il y a pire.
Dans son récit, Chloé Chaudet raconte avoir entendu une mère parler de sa fille en disant :
« Elle ne veut pas me donner des petits-enfants ». Elle ne se rend donc pas compte que c'est un choix hyper personnel qui changera complètement la vie de sa fille ?Ce n'est pas qu'elle veut priver sa mère d'être grand-mère. C'est simplement qu'elle ne veut pas être mère et ça devrait s'arrêter là.
▪️
Dans ce récit, aucun jugement. Chloé Chaudet raconte son expérience et son choix avec du recul et l'assume entièrement. Elle évoque les réflexions qu'elle a entendu, l'étonnement sur le visage de ses proches quand elle répond honnêtement, et raconte aussi sa vie, son évolution professionnelle et tous les avantages qu'il y a à ne pas avoir d'enfants.
▪️
D'ordinaire, c'est le point de vue des parents que l'on obtient, et j'ai trouvé captivant d'avoir le point de vue de quelqu'un qui souhaite le contraire, et qui affirme autant sa position. Chaque femme est libre de disposer de son corps comme elle le souhaite, et c'est tout !
Bref, une lecture tout à fait intéressante ! 😊
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"Tu n'as pas peur de finir seule ?"
"Tu vas changer d'avis, tu es jeune. "
"C'est égoïste de n'a pas vouloir d'enfant(s). "

Non je n'ai pas peur de finir seule puisque, chers amis, le fait d'avoir des enfants n'est pas l'assurance qu'ils s'occuperont de vous quand vous en aurez besoin.
Je n'ai pas envie de changer d'avis puisque je suis en accord avec moi-même et finalement, je dirai qu'être égoïste, c'est mettre un enfant au monde alors que l'envie n'y est pas...

J'ai parfois l'impression d'être déviante mais je suis maintenant en paix avec ma décision et j'ai de la chance d'avoir des proches qui comprennent  (ou qui essaient) et me soutiennent.

Et ce livre me parle tellement ! Ce que l'auteure vit, je le comprends. Même si elle subit bien plus de pression que moi...  La faute à son métier ? A la différence d'âge entre nous ?

J'ai eu le sourire aux lèvres plus d'une fois dans ce livre tant j'ai reconnu des situations...

Ce que Chloé veut, c'est tout simplement ne pas être jugée. Si pour certaines, la maternité est un rêve, un aboutissement ou encore une normalité, ce n'est pas le cas de toutes les personnes. C'est un livre à mettre dans toutes les mains. Je suis sûre qu'il pourrait aider beaucoup de femmes à assumer leur choix ou à éclairer beaucoup de personnes sur "l'infécondité volontaire".

" Alors, à quand le bébé ? Je n'en ai pas envie"

Devons-nous nous justifier ? Je ne crois pas.

Ce livre, c'est un peu une libération. Des mots que Chloé posent sur une foule de sentiments qui me parcourent même si comme je l'ai déjà dit, je suis en paix avec moi-même.

Merci Chloé !

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Merci à Chloé Chaudet pour ce livre à la fois vivant et très documenté, à la fois récit personnel et étude sociologique, qui change un peu des témoignages égocentrés ou des études universitaires pas toujours très digestes. L'autrice prend beaucoup de précautions pour ne pas blesser les parents, je n'aurais peut-être pas été aussi empathique qu'elle (j'ai aussi quelques années de plus, et je sature peut-être encore davantage de me voir sans cesse ramenée à mon utérus). J'ai aimé aussi son approche de l'histoire du féminisme, qui lui permet de montrer que le slogan "Un enfant quand je veux, si je veux" s'est souvent trouvé amputé de sa deuxième partie. Bref, un livre qui fait réfléchir sans rien imposer, j'espère qu'il aura du succès car il est temps de parler plus largement des injonctions à la maternité.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
À celles qui me demandent si je veux ou si j’aurai un jour des enfants, je donne maintenant la réponse suivante : » Sans façon, merci. » Pour formuler à ma manière une politique d’autodéfense. Pour suggérer que je sais parfaitement pourquoi je ne veux pas procréer, afin qu’on me fiche la paix. Pour éviter à la fois l’agressivité et l’euphémisme, par le biais d’une irrévérence qui dit bien autre chose que le refus de devenir mère.
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L'idée qu'une femme sans enfant ait à se dédier à un but hors du commun est ancrée dans les mentalités depuis un certain temps. Cela m'interpelle quand je relis Virginia Woolf, l'accès à un espace personnel et protégé qu'elle souhaite à chaque femme poursuit un but principal : produire de brillantes écrivaines.
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Dans quarante ans, je ne m'imagine pas en train de m'occuper de mes petits-enfants le week-end. Je me vois bien mieux dans un grand appartement rempli d'œuvres d'art, de bric et de broc, de livres et de plantes, en bonne compagnie mais fondamentalement libre (...).
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Il existe bien des manières d’être « normale » sans être mère. Il faut cesser de tenir pour exceptionnel uniquement ce qui sort de la vie domestique et familiale.
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Et quand bien même : l'absence de solitude n'est pas un gage d'épanouissement. Mais il est délicat de répliquer cela à une personne qui envisage de fonder un foyer, sous peine d'être blessante ou de passer pour aigrie.
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Vidéo de Chloé Chaudet
Chloé Chaudet - 36 ans, et surtout pas d’enfant - 28 Minutes - ARTE
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