Chloé Chaudet - 36 ans, et surtout pas denfant - 28 Minutes - ARTE
À celles qui me demandent si je veux ou si j’aurai un jour des enfants, je donne maintenant la réponse suivante : » Sans façon, merci. » Pour formuler à ma manière une politique d’autodéfense. Pour suggérer que je sais parfaitement pourquoi je ne veux pas procréer, afin qu’on me fiche la paix. Pour éviter à la fois l’agressivité et l’euphémisme, par le biais d’une irrévérence qui dit bien autre chose que le refus de devenir mère.
L'idée qu'une femme sans enfant ait à se dédier à un but hors du commun est ancrée dans les mentalités depuis un certain temps. Cela m'interpelle quand je relis Virginia Woolf, l'accès à un espace personnel et protégé qu'elle souhaite à chaque femme poursuit un but principal : produire de brillantes écrivaines.
Il existe bien des manières d’être « normale » sans être mère. Il faut cesser de tenir pour exceptionnel uniquement ce qui sort de la vie domestique et familiale.
Dans quarante ans, je ne m'imagine pas en train de m'occuper de mes petits-enfants le week-end. Je me vois bien mieux dans un grand appartement rempli d'œuvres d'art, de bric et de broc, de livres et de plantes, en bonne compagnie mais fondamentalement libre (...).
Le développement du structuralisme, de la narratologie "à la française", du Nouveau Roman, bientôt suivi de celui des théories et littérature "postmodernes", semble sonner le glas de la popularité déjà relative de la "littérature engagée" sartrienne.
Et quand bien même : l'absence de solitude n'est pas un gage d'épanouissement. Mais il est délicat de répliquer cela à une personne qui envisage de fonder un foyer, sous peine d'être blessante ou de passer pour aigrie.
Je refuse de prendre la puissance comme idéal. Je lui préfère l'énergie que j'associe à une caractéristique interne.
Toutes sœurs mais pas toutes mères
Tu voudrais donc que je me force à faire quelque chose que je n'ai pas envie de faire parce que je pourrai potentiellement regretter de ne pas l'avoir fait.
Je ne pense pas que la sororité puisse suffire à être un "antidote à la charge maternelle". Mais les injonctions à la maternité ne s'atténueront pas sans solidarité. Montrons l'exemple, en concevant l'affirmation et la pratique d'une sororité la plus ouverte possible non pas comme un entre-soi féminin, mais comme la mesure d'une cohésion sociale plus générale. Et considérons les hommes comme "des camarades de lutte".