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Citations de Christian Dotremont (17)


Christian Dotremont
J'arrive, rien, je regarde, rien encore, j'insiste, une touffe d'herbe

1965


CHRISTIAN DOTREMONT - DES LOGOGRAMMES
Éditions Ubacs, 1991
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Les trois forêts



extrait 3

J’étais seul l’autre nuit, — à regarder la forêt, — par la fenêtre, — puisque nous ne vivons plus que deux et je me disais que tu étais à un bout de la forêt, — et que moi j’étais à l’autre bout, — et qu’il n’y avait au fond qu’une forêt — dans le monde, — entre nous, — et j’espérais que d’arbre en arbre allait capricieusement voler ta voix, — mon amour, — jusqu’à mon amour. La forêt, tant je la regardais, a parlé, mais voilà je ne l’ai pas comprise, — tant je t’écoutais.
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Christian Dotremont
Extrêmement distinct,

je ne sais plus du tout de quoi:

peut-être d'une absence que
nous n'avons pas vu luire:

d'un soleil tout autrement éteint.

1978


CHRISTIAN DOTREMONT - DES LOGOGRAMMES
Éditions Ubacs, 1991
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ÊTRE ENSEMBLE


Ma femme est un buisson vivant de moire
la mer un grand drapeau tombé
le feu est le rêve de l'arbre
le vent un grand drapeau décoloré
mais la guerre n'est pas la paix.
Il ne suffit pas de parler à l'envers
d'être langouste à longue langue
pour que nous rêvions.
Il ne suffit pas de parler du beau temps
en ouvrant un parapluie
ni d'ouvrir un parapluie
pendant que nous préparons le printemps.
Il ne suffit pas de graisser au beurre les canons
de mettre aux armes des faveurs d'oliviers.
Un mensonge nous réveille
nous ne rêvons que vérité
le petit bout de votre oreille
fait du bruit à réveiller
les morts que nous avons dans la mémoire
et notre rêve ne dort pas
et notre mémoire ne dort pas
nous sommes debout dans nos leçons
et debout dans notre rêve….
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Christian Dotremont
Le mot est le signe de la parole, l'image celui de l'oeil et la langue le lieu où ils se croisent. Entre la langue et l'image joue la pensée et ce jeu est dans la main quand l'instant sait ne pas savoir. Une fois le signe posé tout recommence. Cependant il importe de ne point répéter sinon le jeu cesse et la question se referme.


CHRISTIAN DOTREMONT - DES LOGOGRAMMES / Préface de Claude Margat
Éditions Ubacs, 1991
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Christian Dotremont
Parfois la main désigne et ce qu'elle donne à voir une fois lui reste un temps. Ce temps-là, sa matière est égale à sa chance et c'est le temps qu'elle recommence pour continuer.
Mais le temps passe et il ne reste que les signes qui sont comme la nostalgie de sa proximité.


CHRISTIAN DOTREMONT - DES LOGOGRAMMES / Préface de Claude Margat
Éditions Ubacs, 1991
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Petite – II.



ET NOUS AVONS TRAVERSÉ TOUTES SORTES DE BONNES CHOSES…

Et nous avons traversé toutes sortes de bonnes choses :
     du soir, du brouillard et des rues floues.
Je lui ai raconté un peu de ma vie claire-obscure
      (comme une lumière avec un abat-jour dessus).
Elle a dit qu’elle n’était qu’une pauvre personne.
Et qu’elle ne savait pas toutes ces choses mais ses leçons
     de grec et de latin.
Je lui ai dit qu’il fallait m’empêcher de voir la vie en m’en
     aveuglant plein les yeux.
Elle a dit « c’est très compliqué mais je mettrai souvent
     mes lèvres sur tes joues ».
Et j’ai dit que je serais content alors et même après et
     même avant.
Je me demandais comment c’était possible d’avoir été
     si malheureux et de ne plus l’être.
Je me disais « c’est très idéal » et je serrais très fort
     contre moi la petite fille réelle.
Tout de suite j’ai compris en la voyant quitter l’école
     qu’elle quittait nos jeux passés.
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La vraie poésie est celle où l'écriture a son mot à dire.
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Pour Sevettijärvi



Extrait 1

Il faut voler le feu sans perdre les braises ni les cendres, ni le froid pour lequel on l’allume ni le froid vers lequel il disparaît. Nous prîmes le feu et les braises et les cendres, mais eûmes tendance à échapper aux froids, c’est-à-dire aux quelques marges que cependant nous faisions quelquefois, et aux marges qui quoi qu’il en soit sont parmi et aux marges qui quoi qu’il en soit sont dehors. Sevettijärvi, c’est la marge du dehors, qui a son parmi, le formidable parmi du rien qui je le disais. Je vais partir pour Sevettijärvi, avec un peu de mon parmi dans une valise, elle contient un mot de Laila, la fourrure du glouton, des rectangles pleins de brouillons de Bachelard, de Bove, de Beckett, un deuxième chandail, un appareil photographique, les poussières que je ramasse sans fatigue, et les brouillons que je fais moi-même dans des rectangles de papier avion, de papier machine ;
….
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Pour Sevettijärvi



Extrait 2

le savon glissa, il y a une heure, dans le seau, et tomba dans la rigole de glace où je versais l’eau, et du coup fut repurifié, par cette mort, et je le ramassai, il est là aussi, rectangle fondu, chargé encore d’un peu de gel. Est-ce que ce peu de gel tiendra jusqu’à Sevettijärvi ? C’est presque toujours la même chose. Je me demande si ma cigarette tiendra jusqu’à la pierre runique, si mes lacets tiendront jusqu’à ce soir, si mon souffle tiendra jusqu’à demain, et si rien ne cède tout de suite, rien ne tient tout à fait, et je ramasse, je me ramasse, et de cet amas de brouillons, j’essaie de faire un peu de feu pour quelques autres. Moi, j’ai de quelques autres un peu de feu, et quelquefois des mêmes, plus celui qui me pousse dans la vue quand je suis contraint de me la froisser, dont j’ai prédit qu’à Sevettijärvi.
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La vraie poésie est celle où l'écriture a son mot à dire.
Christian Dotremont
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Petite



V

Et elle a mis un baiser mou sur mes joues et je le lui ai rendu.
Et je lui ai demandé si elle aimait bien Rimbaud, parce que moi
je l’aime.
Et elle a dit qu’elle ne savait pas qui c’était mais qu’elle aimait
bien nous.
Nous avons mordu dans le beau fruit de l’amour enfantin et
nos dents étaient pleines.
Il était cinq heures et il y avait une heure que ça durait, notre
joie.
De nous aimer tranquillement parce que ses cours étaient finis
et parce c’est bon et que j’avais besoin de ça.
Alors elle a dit sérieusement : « il est cinq heures et je vais
rentrer à la maison ».
Et j’ai pensé à sa maison qui était déjà inquiète sans rien savoir.
Et elle a pris son tram et elle m’a fait un petit salut de loin, au
fond du noir.
La petite fille qui sortait de l’école est entrée dans ma vie.
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QUAND L’AVEZ-VOUS VUE ?...


I

quand l’avez-vous vue ? ― eh ! bien ? ― son allure ? ― elle mangeait quelque chose et je n’ai jamais su si c’était de l’herbe ― ou moi. ― pourquoi ? vous habitiez l’herbe à ce temps-là ? ― non. mais après l’avoir vue, j’ai disparu. ― vous souvenez-vous d’être mort ? ― un peu, mais je ne suis pas encore venu à la terre, ― sauf ces jours-là et cette fille-là. ― et alors ? comment voulez-vous vivre ? ― en me disant que je ne sais pas mourir. ― comment était-elle ? petite comme le monde, exactement en arrière des choses, ― comme quelqu’un qui va bondir. ― elle a bondi ? ― non. la joie fut fortement cachée ― et sortait de mon côté, bien qu’elle n’était pas en moi, ― au contraire. ― elle était tigre, elle était après la vie, la mort. ― elle était rien. ― elle n’était pas tout ? ― c’est la même chose.
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Les trois forêts



extrait 2

Tu étais avec moi lorsqu’une autre forêt, — une autre nuit — d’un autre été, m’a parlé, — elle parlait à toi premièrement, — elle nous parlait, — mais c’était la même voix, je l’ai tout de suite reconnue. Toi, tu aurais pu la comprendre, facilement, — tu connais les forêts par cœur, — et moi j’aurais pu, puisque tu étais là, — comprendre quelque chose, — juste assez pour deviner grand’chose. Mais voilà, nous n’avons l’un et l’autre entendu que la voix, tant notre amour nous occupait de son silence — et de sa chanson à lui.
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Les trois forêts



extrait 1

C’est une nuit d’été que j’ai pour la première fois entendu la forêt parler, je me suis arrêté pour que le bruit de mes pas, — j’ai dominé mon émotion pour que le battement de mon cœur — ne se mêlent pas à cette voix tumultueuse de feuilles, — craquante de branches et glissante de mousse, — et palpitante d’odeurs et d’oiseaux, — claire d’été mais sourde de nuit. Je n’ai pourtant pas compris, — je n’ai rien compris, — je n’étais pas habitué, — et de mon côté je n’ai rien dit.
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Parlez-moi d’elle…



Parlez-moi d’elle. ― je la confonds toujours avec elle-même. ― dans mes souvenirs, je la fais habiter une petite maison abandonnée ― avec des fenêtres sales. ― elle était tout en joues et moi j’étais tout en lèvres. ― nous étions bien faits pour nous entendre car quatre lèvres soudées ne laissent passer que le monde ― (les gestes parlent.) ― et c’est déjà bien. ― elle a un visage perdu d’avance. ― à la place de la bouche, elle a un sourire noir. ― noir ? ― oui, une joie en peine, je ne sais pas. ― son corps n’est pas fait pour exister. ― il meurt de vie. ― j’avais fabriqué des tas de filles ; ― elle fut toutes. ― elle fut elle. ― elle fut nous. ― je ne savais pas où l’embrasser. ― je l’ai embrassée partout, jusque dans les villages ; ― je mettais des baisers sur le soleil. ― elle était tout, ― même ce qui est bon. ― parlez-moi d’elle.
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AVANT, C'ÉTAIT QUOI ?...


avant, c'était quoi ? ― une petite chambre involontaire où je couchais avec moi. ― pour ouvrir la lucarne, une corde grinçait ― et pour ouvrir mon espoir. ― avant, c'était quoi ? ― imaginez une route bordée de routes, ― avec un papier au bout. ― j'ai dit : non. ― le samedi, je me déguisais en homme heureux ― mais c'était un vêtement loué. ― c'était fort solitaire ? ― non, moins. c'était des vers parmi des proses ; donc, une obscurité ― seuls, mes yeux crevaient de lumière. ― et quoi encore ? ― l'invisible.
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