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Critiques de Claude Luezior (14)
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Rebelles

"Peu à peu son langage s'appauvrissait, et avec lui les couleurs sur la bouche qui avait dit les mots de l'amour. Négligés, les cheveux s'embroussaillaient dans l'ondulation d'un soleil couchant. Ce corps se plissait précocement comme une terre brûlée qu'un automne n'avait eu le temps d'oindre de ses brumes".







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Terre d'exils

Un auteur que je viens de découvrir par cet ouvrage…et quel coup de cœur !

Une écriture riche en images, en sensations, en sensibilité, en humour noir ou grinçant parfois, mais toujours chargé d’émotions intenses… où chaque association de mots fait voyager le lecteur dans les abimes de l’univers ou de l’âme du personnage qu’il veut nous faire découvrir.

J’ai toujours été tentée de relire plusieurs fois les mêmes phrases pour me délecter davantage des subtilités rendues par le jeu et associations des mots, pour ressentir davantage toute la beauté de la langue française, maniée ici avec art et brio.

Et malgré tout, le livre reste facile à lire…

En résumé, un vrai régal pour ceux qui savent apprécier les jeux d’écriture…

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Rebelles



Tout d'abord une thème pas facile pour moi, connaissant la maladie de près et ses conséquences...

Ici nous sommes face à Paul, homme partagé entre son amour pour sa femme et ses désirs d'ambition. Le style est sobre, la maladie évoquée avec précaution, le premier plan est donné au personnage de Paul et à ses questionnements. Son ambition de créer une machine permettant de fabriquer des rouleaux de printemps est importante, il y tient malgré les problèmes qu'il peut rencontrer face à cette machine.



Comment la fabriquer pour la rendre efficace et fiable ? Comment trouver le budget nécessaire pour mener à bien son projet ? De nombreuses interrogations qui seront présentes tout au long du roman, faisant du lecteur "l'associé" du personnage principal, celui qui veut pouvoir l'aider dans son affaire et comprendre la maladie de sa femme.



Je ne connaissais pas la plume de Claude Luezior jusqu'à la lecture de ce roman et je ne sais que dire. Je suis partagée pour ce roman, qui traîne vers la fin mais qui montre en même temps la maladie sous un jour nouveau, avec beaucoup de tendresse de la part du personnage de Paul pour sa femme.



Le personnage de Paul apparaît comme un personnage fort, partagé entre différents points de sa vie tous importants, qui essaye de mener cette vie en conciliant chacun de ces points.

Peut-être avais-je déjà des a priori quant à l'évocation de cette maladie... J'ai trouvé que celle-ci était néanmoins placée au seconde plan par rapport au désir de créer une machine.

http://mary-book.over-blog.fr/article-22560889.html
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Soleil levant

Les poèmes de Claude Luezior sont à la fois très humains et foisonnants d’images. (JACQUES de BOURBON BUSSET, de l’Académie française)



Claude Luezior, un écrivain humaniste qui tend à l'universel. (GEORGES SÉDIR, écrivain, Ambassadeur de France et Ministre plénipotentiaire)



Luezior est particulièrement intéressé par la symbiose avec d’autres arts. Cet écrivain tisse une œuvre au verbe haut, privilégie l’utopie et distille la lumière blanche en ses composantes de couleurs spectrales (...) Lauréat de nombreux prix, Claude Luezior a marqué magistralement son territoire en littérature. (JEAN DESMEUZES, écrivain, inspecteur d’Académie, lauréat en 1964 du Prix Apollinaire -que l’on appelle souvent le Goncourt de la Poésie-)

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Venise et autres contes fantastiques

Il s'agit d'un petit recueil comprenant 6 nouvelles (ou contes).



Elles ont toutes un seul thème : la science/la technologie. Ces dernières voulant faire le bonheur des hommes malgré eux. Ce qui n’est pas sans rappeler Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxcley.



C'est un ouvrage facile à lire, écrit dans un style humoristique, voire même caricaturale...

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Au démêloir des heures

Au démêloir des heures de Claude Luezior

© avril 2023 Librairie-Galerie Racine, Paris, 96 pages



Claude Luezior maîtrise l’art de donner à ses livres des titres qui étonnent. En quelle boutique improbable a-t-il bien pu dénicher son peigne temporel ? Dans un bref liminaire en prose il en donne toutefois le mode d’emploi : « convoquer l’insolence, survivre dans le sillon fertile de l’imaginaire » (page 7). De quoi se faire des cheveux.

Le premier texte s’appelle « Rêve ». Est-ce d’ailleurs le premier texte ou l’introduction de la première partie du livre ? Son en-tête est imprimé en roman alors que celui de chaque poème qui suit l’est en italique. On trouve à la page 61 un autre fragment dont l’intitulé est composé en roman : « Suffit ! », auquel succèdent des pièces aux désignations en italique. Je penche pour un ouvrage en deux parties. En deux cycles, devrais-je préciser. Un premier, le plus long, consacré au sommeil et à ses aléas : rêves et cauchemars ; un second dont la désignation apparaît comme une injonction à en finir avec les délires nocturnes.

Pour chacune des deux parties du livre, l’auteur fait alterner des poèmes avec titre, apparaissant en roman, et de courts inserts en vers non titrés et imprimés en italique. Cette composition confère à l’ensemble un rythme particulier : le lecteur croit assister à une série de crises plus ou moins aiguës, entrecoupées de pauses nécessaires pour tenter de faire le point ou de simplement reprendre souffle. Un sommeil agité, en quelque sorte, comme désaccordé par des épisodes d’insomnie voire de somnambulisme.

La supposée première partie se nomme donc « Rêve ». Le mot employé au singulier désigne la fonction ; il ne s’agit pas d’écrire / de décrire des songes à la manière des surréalistes. Entre endormissement et sommeil lent léger, nos sens nous trahissent et notre raison ne s’avère guère fiable. Le presque dormeur est alors assailli par des sollicitations qui émanent plus de son inconscient que du monde réel. Ce moment vécu hors-sol engendre des interrogations désordonnées : « assoupi / je questionne / des rêves / qui enjambent / la raison » (page 9).

Dans cette zone crépusculaire où il prend une ombre portée pour une chimère, le poète semble pouvoir ou devoir se laisser submerger par des pensées troubles qui ne fraient ni avec la morale : « piller / mon inconscient / de ses rites / barbares » (page 14), ni avec la raison : «au-delà de l’entendement / la folie ténébreuse » (page 30), ni même avec sa façon coutumière d’exister : « à la curée, les songes / saillissent et mutilent / mes rouages casaniers » (page 19).

L’ensommeillé fait jaillir un tourbillon d’émotions troubles où alternent les cauchemars : « en meutes carnassières / des cauchemars inassouvis / sans cesse à la maraude / traquent mes chairs » (page 20), les rêves : « les écailles de l’abondance / étaient nées dans l’eau vive / où scintillait la source / par éclats irisés » (page 37) et l’aveu de désirs inavouables : « courtisane, cariatide / à portée de mes lèvres / la forme pulse » (page 45). Les vers sont courts, jamais d’alexandrins, le rythme échevelé, soutenu par des strophes brèves, l’imagerie baroque entre apparitions de gobelins et interventions de licornes. Claude Luezior délire ou glose dans une « liberté / paradoxale / structurante / vertige magnétique / aux marches / des énigmes » (pages 13-14) sur la fuite du temps, les avantages et les inconvénients de l’ivresse, les vers de mirliton, la sculpture, l’essence des fleurs, etc.

La seconde partie du livre s’ouvre sur un texte intitulé à l’impératif : « Suffit ! ». Tout un programme : « que basculent / paniques et phobies / que l’on attache / les malédictions / qu’on ligote / nos affres d’arrière-nuit » (page 61) et : « que l’on accueille / l’indispensable / que l’on aiguise / la lumière » (page 62).

L’aube dissout les monstres et fait disparaître les visions de l’au-delà, que se serait évertué à peindre un Jérôme Bosch. Plus de créatures blasphématoires au réveil mais l’animal familier en quête de tendresse : « ma petite chienne / s’est enroulée sur moi-même / apaisée sous ma main / tout près, en un soupir tiède » (page 21).

Le poète sait qu’un bon sommeil est nécessaire pour réparer le cerveau comme le corps, mais devine qu’il peut parfois se présenter comme une petite mort : « Hypnos et Thanatos sont frères jumeaux » (page 71). Aussi doit-il se rasséréner et lutter pour retrouver sa place dans le monde réel : « ne plus être la proie / de cet inconscient / qui me transperce / de toutes mes forces / m’extraire / de cette gangue / à tout prix / réinventer / le soleil » (page 70).

Le poète exorcise ses démons nocturnes en célébrant la lumière, source de vie : « partout, la lumière / pétrit son levain » (page 82). Il faut être poète ou jardinier pour convoquer le lever du jour : « pour dire le miracle / il faut être un simple / au portail d’un jardin » (Aube, page 78). Et triompher en retrouvant le fil des jours d’une vie toujours trop brève, en croyant à l’avenir en des temps de désespérance, tout en se réjouissant de la naissance de « [ce] jour de sucre / de pulpe rare et de blés / manne pour fiançailles / où jubilent / des persiennes ouvertes » (page 88).

Au démêloir des heures pourrait se concevoir, au-delà de la symbolique du jour et de la nuit, du bien et du mal, du rêve et du cauchemar, de la raison et du délire, comme un manifeste qui établirait la mission première du poète : « Porteurs d’inachevé, en rupture avec leurs semblables, les poètes sont-ils ces êtres désignés qui tentent désespérément de traduire une langue rescapée du bannissement et que nous aurions héritée d’un inconscient originel ? » (page 52).

La couverture du livre bénéficie d’une belle et déroutante photographie d’une installation de Diana Rachmuth : un kimono habité par la lumière.



Gérard Le Goff © juillet 2023

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Sur les franges de l'essentiel - Ecritures

Claude Luezior, Sur les franges de l’essentiel suivi de Écritures

© 2022 Éditions Traversées, Virton, Belgique

ISBN : 9782931077047, 128 pages



Recension par Gérard Le Goff



Selon le dictionnaire, le terme « frange » évoque « la limite imprécise de quelque chose », autant dire une zone indiscernable. Le mot peut avoir pour synonyme « marge ». Quant au substantif « essentiel » il désigne tout ce qui paraît indispensable. Concernant le livre de Claude Luezior, ces deux éléments de langage quasi antonymes s’associent pour constituer un titre qui évoque un lieu. Pour autant, il ne s’agit pas ici de cartographier l’indéfini ou le primordial. Le lieu évoqué est celui — idéalisé — de la création (artistique, poétique et philosophique). L’acte de création seul permet à l’être humain de se situer dans l’universel et de tenter de lui appartenir. Un acte qui ne peut être rendu possible qu’avec l’apparition de l’écriture.

Dans un remarquable Liminaire, l’auteur esquisse une histoire de l’écriture. Cet acte fondateur de l’humanité se confond à l’origine avec l’art. Georges Bataille dans son Lascaux ou la naissance de l’art considère que les peintures rupestres témoignent du moment (qu’il qualifie de « miracle »), sans aucun antécédent historique (en 1955, date de parution de son livre, le site de Lascaux s’avérait unique en son genre), où l’homme parvient à transcender son animalité. L’art pariétal est aussi écriture. Sans savoir ni pouvoir la nommer, l’homme des cavernes exprime pour la toute première fois sa relation au monde en la peignant. Il laisse aussi une trace lisible que pourront s’approprier ses descendants.

La suite est une évocation vertigineuse de l’évolution de l’écriture. La parole est longtemps gravée dans la pierre, une pierre souvent tombale. En l’absence de tout rite funéraire, nous ne saurions rien des civilisations passées. « Les idéogrammes fixent la voix humaine. Pouvoir compter, figer son urgence sur le sarcophage, pierre qui mange la chair. » Puis succèdent au minéral les supports végétaux et les peaux traitées « devenues imputrescibles », se substituent aux gravelets les stylets, les pinceaux, l’usage de l’encre et des pigments, toutes pratiques qui rattachent encore et toujours l’écriture à l’art.

Tout s’accélère. « Déjà se profilent avec fracas les presses de Gutenberg, la liberté de pensée, Montaigne, Descartes, les Lumières. »

Aujourd’hui, notre société est noyée sous des informations non classées (le futile se situe au même niveau que le grave : le football, la guerre), voire même fausses ou invérifiables, toujours éphémères. Comme le notait René Char : « L’essentiel est sans cesse menacé par l’insignifiant ». Des machines à l’obsolescence programmée déversent de soi-disant nouvelles dans nos cerveaux saturés quand « les dessins des cavernes ou ceux des pyramides ont survécu durant des millénaires […] ».

Tout au long de cet ouvrage, des poèmes au lyrisme contenu — mais non point contraint — alternent, selon un rythme assez régulier, avec des incises en prose, typographiées en italique, qui souvent — tant par leur brièveté que par leur portée — ont valeur d’aphorismes. Une présentation qui fait songer aux répons. Le poète est sensible à un certain cérémonial.

A la lecture de cette suite, on est tenté d’inventorier diverses thématiques. Mais elles s’enchevêtrent de si subtile manière que l’entreprise s’avère vaine et ne peut épuiser la richesse d’un tel livre.

Le poète se souvient qu’on lui a enseigné Dieu concevoir l’univers en donnant un nom à chacun de ses éléments constitutifs. La langue a le pouvoir de créer. C’est le pouvoir du « verbatim » : ce qui est écrit doit exister. Aux yeux de l’auteur, cette parole divine s’est par la suite incarnée dans la poésie. C’est la parole première. Celle du démiurge. En découvrir une trace c’est s’approprier « […] un coquillage sacré / où luit la nacre / de tous les désirs ». La poésie est l’expression privilégiée des civilisations antiques. Elle se perpétue dans le roman des œuvres médiévales et persiste dans l’alexandrin des chefs d’œuvre classiques. Elle ne constitue pas pour autant une liturgie figée, ne relève pas du dogme, mais vaut « cent mille médecines / pour espérants d’une foi / sans Tables de la loi / juste l’appel d’un bonheur / d’un bonheur souche / pour extases embryonnaires ».

La poésie est une parole exigeante et lucide. Elle s’oppose au verbiage des puissants, à cette prose devenue une « novlangue » gangrenée par un anglais dévoyé (véritable jargon des affaires). Le poète a pris conscience de la délitescence de nos sociétés postmodernes : « Des ingénieurs frénétiques mettent leur génie à programmer dès son enfance la fin, si possible toute proche, de leur système. Comme si une mère s’ingéniait à cultiver les gènes de la mort dans ses propres ovules. » Le poète, lui, nomme l’essentiel pour qu’il puisse demeurer et dénonce la déshumanisation « pour rassurer / panser, sauver / aimer / sachant que la partie / sera un jour perdue ». Semblent lui donner raison ces démocraties qui chancellent, où l’on voit des citoyens lobotomisés en arriver à élire à la présidence de leur pays le cireur de chaussures d’un banquier.

Il convient de faire œuvre de résistance en témoignant pour les générations à venir « pour que survive / une manière d’essentiel / nous avons calligraphié / sur l’épiderme de nos chairs / écrouelles, cicatrices / et spasmes insensés / que l’on appelle poésie ». Mais si la poésie veut « traduire comme un combat / aux heures carnassières / pour une conscience / au-delà de l’artificiel », elle se refuse au militantisme car elle est « non pas figuration / d’une croyance / mais principe vital ».

Un leitmotiv traverse l’œuvre de Claude Luezior tel un motif musical : l’affirmation d’une joie de vivre et son corollaire l’espérance. Car l’écriture est aussi un acte de foi. Il faut compter sur un renouveau possible. « [J]e ne cesse de penser / à ces vies souterraines / qui se font sève ou ferment / et nourrissent les racines / d’anonymes herbages / ou de jonquilles éperdues ». Il faut retrouver la hardiesse du démiurge et présumer que l’amour de son prochain comme celui de la nature sont les garants d’une évolution positive. Même si la menace est là, grandissante, même si le poète sait que « [n]oire ou bubonique la peste s’est donnée du mal pour mieux faire. » Et puis, l’amour toujours, l’amour tout court. Comme lorsqu’il est invoqué avec grâce dans le texte C’est un petit moine : « car les instants d’amour / d’amour fugace et pur / il les a inventés / avant le crucifix / quand ses bras traduisaient / les gestes de la tendresse ».

Le livre s’achève avec le poème Chromatique qui fait écho au texte d’introduction Liminaire. On parle à nouveau de peinture. Dans le monde actuel. Fracassé. L’acte de peindre décrit comme un dernier sursaut de révolte. A l’instar du poète (« voici mon refus d’être ce que vous attendiez de moi »), l’artiste adresse aux dirigeants de ce monde malade une fin de non recevoir et poursuit son « combat de l’extrême / comme si le carmin / était sa dernière chance / et l’ocre / son ultime bol / de lumière / délire / d’une survie / incertaine ».

Le deuxième recueil composant le volume se présente comme un ensemble de textes courts, rédigés en prose et tous intitulés. Le titre de l’ouvrage l’indique sans ambages, Claude Luezior traite ici de l’acte d’écrire. Le ton est moins lyrique — quoique ! —, plus ironique, sarcastique même… D’emblée, l’auteur nous gratifie d’une étrange recommandation : « Ô lecteur, surtout n’écris jamais. N’avoue jamais ! Car tes mots resteront à charge. » Pour aussitôt après nous conseiller de « buriner » notre page. Faudrait savoir ! On comprend entre les lignes — évidemment ! — qu’on ne peut se passer de l’écriture. « Les mots sont une drogue : ils nous rendent fou d’amour. » Le phénomène est contagieux. Quelqu’un avança un jour le postulat qu’il existait en France plus de poètes que de lecteurs de poésie.

S‘en suivent de savoureuses considérations sur la langue, si maltraitée de nos jours, entre les anglicismes de pacotille, les slogans publicitaires débiles, les délires inclusifs des nouveaux Trissotins et les borborygmes flatulents d’un quarteron de barbaresques abrutis.

Le poète évolue entre amertume et anathème. « Ma plume s’est cassée. Pas sûr qu’un clavier la remplace. » On songe à Philippe Sollers qui débutait chacun de ses séjours à Venise par l’achat d’une bouteille d’encre chez un immuable marchand. Un cérémonial étonnant qui touche au sacré.

Cependant quelques prophètes de malheur « prétendent que le Verbe est mort. » Selon ces corbeaux de mauvais augure, rien de l’ardeur créatrice de l’artiste pariétal ne subsisterait aujourd’hui. Mais Claude Luezior « d’un naturel optimiste » réfute ce lugubre augure et affirme : « [d]ans la complexité d’une fin de nuit, renaît le miracle langagier de l’aube. Et chantent les mots d’une oraison nouvelle. » Quoi ajouter de plus ?



© 2022 Gérard Le Goff

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Emeutes, vol au-dessus d'un nid de pavés

Claude LUEZIOR, Émeutes - Vol au-dessus d’un nid de pavés,

Cactus Inébranlable Editions, © 2022, 78 pages,

ISBN : 978-2-39049-054-8



Non point pierre angulaire de son œuvre, ce modeste (par la taille) ouvrage de Claude Luezior est un pavé. Un projectile iconique qu’il lance non pas dans une quelconque mare mais bien dans le profond « y en a marre » !



Cela commence par un « manuel du parfait émeutier », à savoir une suite de consignes utiles pour bien préparer une manifestation. Le ton sarcastique est de mise. Syndicalistes roublards, vieux trotskistes, gilets jaunes bouffeurs de saucisses, tout le monde en prend pour son grade. Claude Luezior serait-il un affreux « réactionnaire » ? N’affirme-t-il pas sans ambages : « Je déteste l’émeute. » L’affaire serait trop simple.



D’abord, on est vite pris par une irrésistible envie de rire. Ils ne font pas bien sérieux ces manifestants : « […] une confrérie de brailleurs » adeptes du « rouge qui tache », défilant sur un air de casseroles martelées et de trompettes style farces et attrapes ! Ensuite, on considère le ton plus grave utilisé pour évoquer les revendications : « Non pas des mots, mais des crachats pour une fin de partie, pour une faim de vengeance. »

Dès lors, on comprend que le propos va sans cesse osciller entre bouffonnerie et tragique.



Mais aussi entre réalisme cru et poésie. Ainsi, lors des affrontements, tandis qu’ « éclatent les peaux et se brisent les ossatures », les pavés qui volent bas sont aussi des «comètes aux prunelles argentées ».



Farce tragique, l’émeute demeure une convulsion récurrente dans l’Histoire de notre pays. L’Histoire, la grande, avec une majuscule. Récurrente sans toutefois modifier son sens de façon systématique. « […] l’Histoire est une vieille dame exigeante qui ne se laisse pas courtiser deux fois de manière identique. » Des révoltes sans suite ne sont pas des révolutions. Claude Luezior convoque du beau monde pour témoigner. Des personnages réels, reluisants ou pas : Gandhi, Jean Jaurès, Martin Luther King, Nelson Mandela, Napoléon, Néron, Robespierre, Staline, Donald Trump (sans jamais le nommer), Savonarole… Tous ces noms sont liés aux soubresauts qui ont ponctué avec violence le « carnaval des humains ». On trouvera aussi Marianne en liberté, « poitrail au vent », au sommet d’une barricade. Et puis des héros de papier : Gavroche, Quasimodo, des peintres…



Les évocations des manifestations, sous la plume de Claude Luezior, se suivent en courts paragraphes. Ils paraissent se bousculer les uns les autres. Cette avalanche suggère à merveille le chaos permanent dont semble en proie une société à la dérive, victime de ses contradictions. Le dire révèle parfois une certaine désespérance : « Masques et boucliers derechef alignent d’avides gourdins, tandis que s’amassent manants et gueux en lamentable engeance. » Le ton se veut aussi parfois épique : « Une meute hurlante se précipite, virevolte, assaille et s’acharne en mêlées confuses que pourfendent coups, douleurs et poings juvéniles. » Le vocabulaire est riche qui emprunte à la fois au dictionnaire savant et à la langue verte. Le discours est truculent, mais souvent émaillé de fulgurances surréalistes.



Le livre oscille entre bouffonnerie et tragique mais aussi entre entendement et folie. Car il faut bien se poser la question : quel sens donner à tout cela ? « L’humanité est-elle un long chaînage de violences légitimées par tel pouvoir, folie, idéologie, ethnie et parfois tel ou tel dieu ? » La réponse ne mérite pas d’être recherchée bien longtemps puisque « [d]e toute manière, tous sont mécontents de tout […] »



A notre époque en mutation (vers le pire ?), où sont encore trop souvent bafoués les droits les plus élémentaires, où règne l’argent, où personne n’est en mesure de contrôler les monstres biologiques créés par quelque apprenti sorcier, où on s’aperçoit que la guerre n’est jamais finie, ce petit livre nous apprend à garder nos distances grâce à l’humour.



Mais Claude Luezior, mine de rien, nous délivre aussi un message humaniste. Et si, pour finir, être réactionnaire ce n’était pas tout simplement ressentir une envie de réaction, le besoin de réagir ? Comme de garder l’espoir malgré les « indicibles meurtrissures » et ne jamais oublier que la qualité de la société « devrait se mesurer à l’aune de la solidarité envers les plus fragiles. »



© Gérard LE GOFF, avril 2022



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Epître au silence

Epître au silence, de Claude Luezior

Éditions Encres Vives, 16 pages

ISSN 0013-7103, ISBN 2-85550, © août 2011



A l’origine le mot épître, issu du grec, repris en latin, désigne une simple lettre. Au fil du temps, le terme va qualifier un mode d’expression utilisé pour rédiger des traités courts, des œuvres littéraires, voire des pamphlets politiques. On découvre ainsi des épîtres dans Le Nouveau Testament, on se rappelle celles d’Horace et de Clément Marot. On se souvient, sans doute plus encore, du roman épistolaire : Les liaisons dangereuses.

Claude Luezior semble ici, avec ce bref recueil, vouloir faire état d’une correspondance avec le silence. On serait en droit de considérer le postulat incongru. Un destinataire qui jamais ne répond et laisse parfois un écho répéter la demande.

Il ne faut jamais se fier aux apparences, dit le proverbe. Au-delà des faux-semblants, l’auteur n’a de cesse d’établir des correspondances entre son être spirituel et un monde matériel qu’il subit. A travers ses courriers de poste restante, en effet, il interpelle et interroge tour à tour un concept, un sentiment, un objet, une personne, jusqu’à la plus ténue des composantes de cet univers où nul n’a choisi de naître.

Tout de suite, l’appellation : correspondance revêt le sens profond que lui accordait Baudelaire. Pour le poète, il convenait de les traverser ces apparences et, par raisonnement analogique, passer de la simple perception concrète à une vision transcendée, voire (pourquoi pas ?) à une forme de mysticisme.

Être des vôtres : tout poète n’est-il, lui aussi, un moine assoiffé du miracle qu’est l’intériorité ? (Lettre au Moine).

Dès lors, l’écriture constitue le nécessaire catalyseur de l’entreprise, le vecteur du passage. Un labeur que d’aucuns, trop matérialistes, considèrent étrange parce que voué à l’inutile. Un travail qui nécessite cependant courage et abnégation :

Ne suis-je en réalité qu’un galérien marqué aux fers de la passion, un forçat de la phrase, un supplicié sur le carcan de cette langue qui me taraude ? (Lettre à ma lettre).

Claude Luezior cultive à l’évidence un rapport d’admiration et de connivence avec d’autres modes d’expression qui visent le même but. Comme la peinture. Aussi s’adresse-t-il avec respect à l’artiste ami, devenu confident :

Aux tables gigognes de la création, je cale mes mots à l’aplomb de tes touches, ma syntaxe à ton chevalet, ma plume à ton geste. (Lettre au peintre).

Bien sûr, prendre conscience que les années passent décourage le créateur qui ne veut croire manquer de force pour achever son œuvre. Il peut alors douter du bien-fondé de ses actes, toucher du doigt la vanité de sa démarche. Et si interroger un miroir c’est constater l’outrage irréversible du temps :

J’ai bien reçu ton reflet, mon beau Miroir. Et ne t’en remercie pas : image fêlée, taches et craquelures ;

ne convient-il pas de se ressaisir au plus vite :

Dans mon jardin premier, les alouettes ont décrété que le compte n’y était pas. (Lettre à Miroir) ?

L’auteur refuse de se complaire dans le narcissisme comme dans les dérives morbides. Il observe et tente de comprendre le monde où il vit. Il est sensible aux transformations. Amateur d’art, sans doute admirateur de Claude Monet, Claude Luezior constate et déplore l’enlaidissement de la nature par l’homme au nom du profit :

On a tenté de vous occire par pesticides interposés, baisers de pétales éparpillés sur les blés. C’est que vous n’êtes pas convenables, avec votre goût de pavot sur les lèvres. On a su dissoudre vos mutineries, dans ces plaines désormais tissées d’industries. (Lettre à Coquelicots).

Humain, trop humain demeure-t-il cependant. Il développe l’intuition que l’acte d’écrire doit s’ériger en sacerdoce. Une retraite studieuse, mais menacée par mille tentations :

D’un coup tu étais là, agaçant ma quiétude, ébréchant mes arpèges. (Lettre à Désir).

Bien sûr, il existe des attractions plus vénielles que Claude Luezior parvient à maîtriser et qui ne le découragent donc pas, bien au contraire. Il avoue au passage quelques faiblesses. Le tabac, par exemple (Lettre à ma pipe). Un plaisir coupable, certes, mais que celui qui n’a jamais fumé lui jette la première pierre… à briquet ! Ou le chocolat, si régressif :

Religion du péché mignon, vite confessé, vite absout. (Lettre à Chocolat).

Avec cette brassée de belles lettres, qu’il sait avoir expédiées sans espoir de retour, Claude Luezior parvient, grâce à son écriture limpide et évocatrice, musicale et riche de sens, à tracer les contours d’une réalité, la sienne qui, quelque part, est aussi la nôtre. Une démarche à la fois lucide et exigeante :

Nous ne sommes que mendiants de lumière. (Lettre à Quête).

L’auteur évoque un monde fragile et parfois désespérant dans lequel nous sommes tous condamnés à subsister. Alors, oui : il faut rendre hommage à la beauté des fleurs, à la suavité des parfums, au désir, au chocolat, et à tout ce qui peut nous rendre heureux ! La vie se doit d’être gaie et bruyante quand le silence, lui, est sourd :

Silence, je te hais. L’espace d’un cri. (Lettre à Silence).



© février 2021 Gérard Le Goff



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Un Ancien Testament déluge de violence

Recension : Claude Luezior : Un Ancien Testament déluge de violence,

© octobre 2020 Librairie-Galerie Racine, Paris, 168 pages.



Peu de temps après Golgotha, voici que paraît Un Ancien Testament déluge de violence. Diable ! Claude Luezior aurait-il une âme de cistercien ? On ne peut en effet qu’admirer le travail préalable à la rédaction de l’ouvrage : une belle cueillette de citations bibliques. Un travail qui exige une vocation de copiste, au sens médiéval et donc noble du terme. Certes, il est aisé de se procurer le texte originel dans ce monde de prosélytes. La modernité nous permet même de le télécharger gracieusement au format pdf, ce qui s’avère moins encombrant que les stèles ou les tablettes d’argile. Mais de là à en faire un livre !

Faut-il se rassurer ou s’en inquiéter, Claude Luezior n’utilise pas ce matériau pour nous assener une énième herméneutique, exercice ô combien sérieux. Il commente ces extraits à la façon d’un catéchumène irrévérencieux. Moquer un livre sacré ? Il n’oserait pas !

Et pourtant, si : il ose ! Et ce, dès le début : « Adam fit donc l’amour avec Eve, issue de sa propre côte. // Vous avez dit consanguinité ? » Certains déclencheraient un jihad pour moins que cela. Et ça continue ! Caïn et Abel sont qualifiés de « Dramatique engeance ! ». L’odyssée de l’arche de Noé est vue comme la parade d’une ménagerie déjantée, non comme un sauvetage à dimension universelle. L’abolition par Yahvé en personne de la xénoglossie qui régnait à Babel se révélera une décision néfaste puisqu’elle sera la cause du « Désespoir des potaches du monde entier ».

Et tant d’autres épisodes passés à la moulinette de l’ironie toute socratique de Claude Luezior. A l’instar du philosophe grec, en effet, il feint l’ignorance pour mieux démontrer l’inanité des arguments des auteurs de l’Ancien Testament. Auteurs que l’on ne connaît pas, d’ailleurs, mis à part Moïse, si on admet son existence. Notre pseudo-exégète farceur profite de cette aubaine pour produire des « Lignes apocryphes ». Par exemple, concernant les animaux de l’arche : « Bien entendu, les girafes, toujours un peu guindées, se plaignirent d’un torticolis ».

Cependant, au fil des pages, perce une forme d’indignation face à certains diktats de Yahvé. Ainsi à propos de la destruction de Sodome et Gomorrhe : « Le Très-Haut et ses émissaires prétendirent qu’il n’y avait en ces villes pas un seul juste. // Et les enfants ? // Et les bébés ? ». Cette indignation s’amplifie jusqu’à devenir sidération lorsqu’il envisage les holocaustes préconisés par Dieu. Moïse, David, le roi Salomon sont tour à tour évoqués, non comme des héros antiques mais comme des monstres assoiffés de sang. Ainsi, Moïse se voit qualifié d’ « exterminateur », et pour cause : «Moïse les envoya en campagne […] Ils combattirent contre Madiân, selon ce qu’avait commandé Yahvé et ils tuèrent tous les mâles […] Ils brûlèrent par le feu toutes les villes ». Face à David, il ne fait pas bon être Araméen, Philistin, Edomite, ou Moabite, toutes peuplades vouées au massacre ou à l’esclavage. Quant au roi Salomon, il avait en plus le sens des affaires. Pour bâtir son temple, il inventa la main d’œuvre bon marché : « ceux que les fils d’Israël n’avaient pas exterminés, Salomon les leva pour la corvée ».

Et lorsqu’ils ne s’entre-tuaient pas, ces braves gens, à quoi passaient-ils donc leur temps ? Hélas ! Les mœurs à la cour ne sont pas en reste. Histoires d’incestes, orgies, empoisonnements, etc. « Une société phallocrate » qui plus est, comme le rappelle l’auteur en citant Ecclésiaste : « Et je trouve la femme plus amère que la mort, parce qu’elle est un piège, son cœur est un filet, et ses bras sont des liens ». Mesdames, vous apprécierez !

Doit-on insister sur les horribles pandémies que s’acharne à déverser le ciel sur la terre : « On était dans les jours de la moisson des blés, quand Yahvé envoya la peste en Israël […] et il mourut soixante-dix mille hommes ». Pas mal, vue la densité de la population à l’époque !

En achevant cette lecture parfois drolatique, souvent effarée, on peut se demander pourquoi toute une civilisation se réclame de cet Ancien Testament, un texte aux accents barbares, effectivement déluge de violence. Comme si le mal s’avérait être une dimension sinon nécessaire de l’humanité, du moins inévitable. Cette question du mal obsède les philosophes depuis toujours — à juste titre. Comprendre pourquoi un pays aussi riche de culture que l’Allemagne ait pu se faire nazie. Etablir un parallèle entre le sort des villes de Sodome et de Gomorrhe et celui d’Hiroshima et de Nagasaki. Dans sa conclusion, l’auteur se pose lui aussi cette question du mal, composant de la nature humaine : « L’Ancien Testament […] décrit un Yahvé violent et jaloux qui façonne nos délires. Nous a-t-il fait à son image ou l’avons-nous plutôt fait à la nôtre ? ».

Claude Luezior, d’une plume inspirée et insolente, indignée et rebelle, par sa pensée que l’on devine profondément humaniste, nous invite à réfléchir à cette grande question. Et si le salut du monde passait par l’amour, la compassion, l’universelle empathie ? semble-t-il suggérer. Mais ceci est une autre histoire, qui se nomme : Le Nouveau Testament.



© février 2021 Gérard Le Goff





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Prêtresse

Luezior renverse donc les données dites objectives : l’espoir est l’étincelle qu’il jette au vent de la vie pour faire resplendir une sorte d’au-delà. Mais ici-même, ici bas. Le poète ne lâche rien : certes par essence la vie use mais il s’agit de faire résistance contre le silence : le poème devient le cri des oiseaux en plein vol. Comme eux il s’agit aller au-delà des neiges et des rochers pour atteindre les mots parfois encore indéchiffrables qui font taire le mutisme.



Jean-Paul Gavard-Perret
Lien : https://wikimonde.com/articl..
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Une Derniere Brassee de Lettres

En 32 longues proses, ciselées dans une langue riche et travaillée, Claude LUEZIOR, romancier, nouvelliste et poète suisse reconnu, dépêche des « lettres » qui sont autant de cris du cœur et d’interpellations.



Le tutoiement employé dans la plupart des textes sert à merveille une sincérité qui est notamment celle d’un homme qui a « mal aux autres » ou à certaines choses du monde moderne. La familiarité voulue, mais drapée dans un style d’une rare élégance, empruntant ça et là à l’humour noir, est le plus souvent accusatrice ou ironique.



Claude LUEZIOR dénonce dans son ouvrage les travers et dérives d’une société et d’un quotidien qui le déçoivent, l’irritent, le peinent, voire le scandalisent.



L’ordinateur, l’assureur, la maison de retraite, la chaîne de télévision, l’électronique en écriture etc…, sont des cibles de choix pour cet homme de cœur, déplorant la cruauté de la « déshumanisation » galopante, et qui dans plusieurs autres de ces textes laisse précisément affleurer au contraire cet amour de la vie et ce sens de l’humanité qui l’animent.



En font foi, entre autres, les « Lettre à la mère d’un enfant handicapé », « Lettre à Deuil », « Lettre à Maison de famille », « Lettre à Cimetière »…



L’introspection est aussi présente, lorsque Claude LUEZIOR explore ses souvenirs de jeunesse (« Lettre à ma cousine »), ses qualités et ses défauts (« Lettre à Patience », « Lettre à Audace »), ses fantasmes ou ses propres oeuvres littéraires.



Dans chaque texte, de superbes images et des formules saisissantes servent à merveille le propos de l’auteur. On aimerait pouvoir toutes les citer :

« Les convenances, cette gangue imberbe dont on m’a drapé depuis l’enfance », « Ne pas tomber dans le misérabilisme, les violons de la pitié, l’orchestre de pacotille », « Mourir sur scène, un poème à la main, aux antipodes chamarrés de l’indifférence », « J’avoue parfois griffonner à la main des graffitis: que la police des caractères me le pardonne »…



Un ouvrage attachant, à la forme admirable et qui participe à l’unité du recueil. Une nouvelle réussite de son auteur et un vrai bonheur de lecture.





Philippe VEYRUNES

Lauréat de l'Académie française

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Clames

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Rebelles

Nous découvrons Paul, ingénieur, dont l'innovation est au coeur même de sa vie professionnelle, comme son égérie le créateur de CD. Il s'attelle avec opiniâtreté à l'élaboration d'une machine qui sera capable de fabriquer des rouleaux de printemps. Et ce, malgré les difficultés générées par les problèmes techniques et financiers.



En parallèle, nous découvrons Madeleine atteinte d'un mal dont les symptômes sont ceux de la maladie d'Alzheimer. Nous assistons donc à la vie de cette femme qui se délite petit à petit, la mémoire qui se casse ou se trompe de temps, les oublis qui se répètent, les amis qui disparaissent et la communication réduite à néant.



Paul lutte avec acharnement pour que sa machine soit efficiente ; Ce récit est le combat de la création d'une matière, cette machine, face à la dégénérescence d'un être, sa femme. Il est le personnage central du tableau, qu'en bon esthète, l'auteur nous donne à contempler. Paul relit sa vie et se questionne, sa vie professionnelle, sa vie de couple et sa vie de père.



Je me suis laissé happer par tous les personnages, même si les questionnements diaprés de Paul captent notre attention au détriment de la densité des autres acteurs de ce récit. Ils s'en dégagent pourtant une humanité et un réalisme dans leurs réactions et leurs interrogations.



Claude Luezior, médecin, a évité l'écueil d'une technicité médicale ou d'un récit larmoyant. Ce dernier est servi par une écriture pleine de poésie avec les mots de la tendresse, un vrai dictame face à l'avenir plus qu'incertain des protagonistes de l'histoire.



Même si la fin du récit me semble un peu artificiel, j'ai découvert un vrai auteur où les nombreuses métaphores fleurent bon la nature et où l'on se laisse porter par l'efflorescence des sentiments.



J'ai aimé la façon très pudique et détournée d'aborder les contours d'une maladie ainsi que la passion créative d'un ingénieur. Cette dernière l'aide à survivre par rapport aux tourbillons du malheur et nous fait percevoir la quintessence même d'une vie de créateur de machines, comme l'est sûrement celle d'un artiste.



billet sur http://arcetciel.canalblog.com/archives/2008/06/25/9668817.html#comments
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