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Critiques de Clément Rossi (12)
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La dissonante

Tristan, soixante ans, est chef d'orchestre dans une ville de province. Il répète Tristan et Isolde de Wagner dont les représentations vont commencer dans une semaine. Au moment de faire l'italienne, Hannah, qui doit chanter Isolde, disparaît, mettant tout le monde dans l'embarras. Est-ce lié à son état dépressif ? Est-ce un abandon, une démission qui ne dit pas son nom ? Que s'est-il passé ? De son côté, Tristan entend d’abord des acouphènes de plus en plus envahissants, puis perçoit des notes autres que celles qui sont jouées, un demi-ton, voire un ton entier plus haut ou plus bas, alors comment pourra-t-il poursuivre son travail ? ● Pour son premier roman, Clément Rossi a choisi de parler du monde de la musique, et plus particulièrement de Wagner, ce qui ravira les amateurs, dont je suis, même si le personnage éponyme affirme : « au fil des années, je n’ai plus réussi à aimer les grandes fresques boursouflées de Wagner et leur ai préféré la modestie de Fauré, Ravel ou Koechlin ». ● De la musique, Tristan affirme : « Je crois que c’est l’art le plus impalpable de tous. Un art qui s’obstine à demeurer à l’état gazeux, et dont le chemin naturel est l’ascension vers le ciel. » ● Les personnages sont tous bien campés, notamment le premier d’entre eux, Tristan, qui traverse une véritable crise existentielle avec son ouïe qui se dérègle, sans qu’on sache vraiment lequel de ces deux problèmes est la cause de l’autre. ● Comme dans son deuxième roman, La Voix d’homme, que j’ai lu en premier, le style de Clément Rossi est magnifique, mais beaucoup trop travaillé, encore plus ici que dans le roman suivant, au détriment de l’intrigue et de l’histoire, qui peinent à se développer. On a souvent envie que le récit soit plus fluide et avance plus vite. Comme disait Nathalie Sarraute, il faut se méfier du « beau style »… Le roman de Clément Rossi m’a rappelé un autre roman sur la musique que j’ai de beaucoup préféré : Corps et âme de Franck Conroy (1993 en anglais, 1996 en traduction française).
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La voix d'homme

Le narrateur, qui est adolescent au début du récit, à la fin des années quatre-vingt-dix, habite dans la grande banlieue parisienne, au fin fond des Yvelines. Il a pour voisins les Giacomazzi, dont la fille, Annabelle, qui a quelques années de plus que lui, le fait fantasmer, et le fils, Louis-Baptiste, dit L. B., dit encore Elby, à l’anglaise, va le prendre pour souffre-douleur au collège puis au lycée. Il faut dire que le narrateur, dont on apprendra qu’il s’appelle Camille, est affligé d’un bégaiement très handicapant, cause suffisante pour être victime de harcèlement. Comme bien des garçons de son âge, son problème principal, ce sont les filles et la sexualité. Il va s’allier avec d’autres garçons impopulaires et frustrés comme lui… ● C’est un beau roman d’apprentissage sur l’identité masculine dans la société d’aujourd’hui, où l’on rencontre des jeunes hommes complètement désorientés, incompris par leurs parents, notamment les pères, perdus dans un système de valeur qui n’a plus cours ; jeunes hommes qui constituent les proies faciles de coaches auto-proclamés en séduction et en virilité, pensant surtout à se remplir les poches et à se faire mousser et les menant dans des impasses. ● Les personnages sont fouillés, ces jeunes gens sont attachants et touchants et l’on compatit à la maltraitance dont ils sont les victimes, surtout le jeune narrateur Camille. ● Le roman vaut aussi beaucoup par son style, absolument magnifique, mais peut-être un peu trop, car on a l’impression, surtout au début, que l’histoire est prisonnière du style, qu’elle n’arrive pas à se déployer, prise dans la gangue d’une langue trop travaillée, trop ciselée. De fait, le roman met du temps à démarrer. ● Il ne fait aucun doute que l’auteur est très talentueux et qu’il offre là un très beau moment de lecture sur un thème original et prenant. Je lirai son premier roman, La Dissonante.
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La dissonante

Tristan est chef d'orchestre. Il a consacré toute sa vie à la musique, au piano d'abord puis à la direction d'orchestre. Il lui a même sacrifié sa vie personnelle. Mais à l'aube de la soixantaine, il songe enfin à se marier avec Mathilde, de 25 ans sa cadette. A une semaine de la première de Tristan et Isolde, l'opéra de Wagner qu'il fait répéter, deux événements vont faire basculer sa vie : c'est d'abord la disparition de Hannah, la chanteuse qui tient le rôle titre ; puis l'oreille de Tristan qui se dérègle, lui faisant entendre des fausses notes là où il n'y en a pas. Le musicien tente de cacher son handicap et de poursuivre normalement les répétitions, jusqu'au jour où il craque et agresse un chanteur de la troupe.



Pour son premier roman, Clément Rossi nous fait pénétrer dans son monde, celui de la musique. Son personnage central, un peu prétentieux, accepte mal les défauts des autres, se montre exigent. Il cache en fait derrière ce comportement les frustrations d'une carrière qui n'a pas atteint les plus hauts sommets. Alors quand il n'est plus lui-même capable de se hisser à son niveau d'exigence, il commence par essayer de le cacher à son entourage, tant professionnel que familiale, ce qui ne fait que l'enfoncer davantage, au point de risquer de tout détruire autour de lui. Il m'a fait pensé à ces professionnels très (trop ?) investis dans leur travail et qui du jour au lendemain deviennent incapables de poursuivre ou, pire, sont poussés dehors parce que trop vieux ou payés trop cher.

Les causes du mal sont ici secondaires. L'important, c'est la réaction de Tristan, sa brutale descente aux enfers alors qu'il se croit capable de surnager. Et, comme souvent, c'est lorsqu'il touche le fond que l'espoir commence à renaître et que l'humanité du personnage réapparaît.

Un sujet intéressant donc, pour un livre bien écrit mais pas toujours si facile à lire. Un beau roman sur la perte de sa passion, et une première réussie pour Clément Rossi.
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
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La dissonante

Premier roman réussit !

Une belle écriture pour un récit prenant sur un chef d'orchestre qui n'entends plus les notes justes. Son monde s'effrite peu à peu.

Auteur à suivre
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La dissonante

J'ai retrouvé dans La dissonnante, la délicatesse et le souffle des nouvelles que Clément Rossi publiait l'an dernier encore sur le forum Jeunes écrivains.



Je ne me souvenais pas qu'il composait si régulièrement des phrases interminables, qui se laissent lire d'une simple goulée. Voyez vous-même: « J'embrasse l'orchestre d'un regard et je comprends d'un seul coup ce que c'est qu'un orchestre : tous ces corps prêts à maîtriser ensemble le moindre de leurs mouvements, métacarpes, muscles labiaux, voussure ou rigidité du dos, intensité du souffle, jusqu'aux battements cardiaques ; toutes ces volontés tendues dans l'oubli de soi pour fondre dans le même tempo, le même sentiment ; tous ces gens soudain déracinés des sinuosités de leurs vies intérieures, de leurs amours ou de leurs névroses et prêts à s'unir juste là, devant moi, dans le point invisible au bout de ma baguette. »



Vous sentez la moiteur de la baguette dans le creux de la main ? Moi oui. Je suis rentré facilement dans la peau de Tristan, chef d'orchestre expérimenté. Il doit diriger dans une semaine Tristan et Isolde, l'opéra de Richard Wagner. Le hic, c'est que l'interprète d'Isolde fuit inopinément. Cet élément déclenche un drame improbable, presque surnaturel : le dérèglement de l'oreille de Tristan.



C'est une véritable catastrophe, et l'occasion de rentrer plus avant dans la psychologie du personnage. Monomaniaque et solitaire, Tristan se lance à corps pour sauver son don. Alors qu'il devrait être tenaillé entre un deuil et son projet de mariage, il s'éloigne de ses proches. « Il a tellement peu changé. La même incapacité à parler aux autres à leur hauteur, sans leur faire sentir qu'il est loin, sur son promontoire d'artiste, occupé à régenter un monde dont ils n'auront jamais idée. » résume sa sœur.



La frustration révèle un homme violent. Dans un accès de lucidité, et une formule succincte, Tristan s'avoue sa faiblesse : « Derrière la musique, je ne suis rien d'autre qu'une paire de jambes qui tiennent debout. ». Lucide et résigné, sa rage emporte avec lui le décorum de l'opéra, dans une formule lapidaire : « dans la plupart des orchestres se diffuse une conscience de classe ».



Clément Rossi, lui-même musicien, livre dans son histoire romanesque également quelques leçons sur la musique classique et sur les mystères de l'ouïe, qui ajoutent un enseignement au pur plaisir de la lecture. Un profane comme moi est poussé à découvrir enfin Koechlin et Celibidache, comme Houellebecq invite parfois son lecteur à lire Huysmans. Il y a aussi quelque chose de Pascal Quignard dans ce livre sur la musique jalonné de longues phrases méticuleusement ponctuées. L'évocation de la maison de famille de Tristan m'a rappelé celle de Karl du Salon du Wurtemberg. L'incapacité à aimer durablement, conséquence d'un narcissisme autistique, rappelle autant ce pauvre Karl que nombre de antihéros houellebecquiens. Il y a cependant une dimension mystique chez Rossi que l'on ne retrouve pas beaucoup chez ses aînés... Je ne m'explique pas que ce Gallimard n'ait pas fait davantage de bruit jusque-là.
Lien : https://blogs.mediapart.fr/e..
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La dissonante

Très beau roman, je l'ai lu grâce à la critique encourageante du journal Le Monde par Bertrand Leclair. Je la remets ici :

"Accords et à cri,

La récente collection "Sygne" des éditions Gallimard accueille avec La Dissonante un premier roman d'une facture élaborée, un peu corsetée parfois, mais dont la puissance musicale emporte le combat d'un chef d'orchestre avec lui-même. Tristan, le narrateur d'une soixantaine d'années, est habité par la musique depuis l'enfance, persuadé d'avoir à l'époque reçu "la preuve [qu'il avait] un don". Il lui a consacré son existence. A quelques jours de la première de Tristan et Isolde, déjà perturbée par la disparition de la chanteuse principale et son remplacement au pied levé, il perd subitement le contrôle de son oreille. Certains sons lui paraissent un demi-ton ou un ton au-dessus de ce qu'ils sont. Il lui faudrait disposer d'une "paupière d'oreille" pour supporter les dissonances qui en résultent, ne pas lever le poing, cassant et autoritaire, afin d'arrêter régulièrement l'orchestre, qui n'y comprend goutte. Il s'enfonce dans le déni sans faire le lien avec une histoire familiale que le lecteur devine par l'intermédiaire de sa soeur, la bien nommée Cécile ( sainte aveugle et patronne des musiciens). Jouant des sortilèges wagnériens, Clément Rossi enroule joliment son récit autour du mystérieux premier accord de Tristan et Isolde, "ni majeur ni mineur" : "l'accord du doute, de la méfiance". "

Bertrand Leclair, Le Monde, Vendredi 8 novembre 2019.
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La dissonante

La musique c'est toute sa vie, Tristan dirige un orchestre mais à maintenant soixante ans il pense à organiser sa vie personnelle en commençant par se marier avec Mathilde. Tout pourrait lui sourire sauf que son petit monde bascule à une semaine de la première de Tristan et Isolde: Hannah qui tient le premier rôle disparaît et son oreille se dérègle, il n'entend plus que des fausses notes. En tentant de cacher à son entourage personnel et professionnel ce léger inconvénient Tristan finira craquer et devenir violent.



Premier roman relativement bien construit, le sujet est original et les nombreuses informations sur le monde de la musique sont très intéressantes. Malgré ces points positifs je n'ai pas su adhérer à l'histoire, ce personnage prétentieux qui accepte très mal l'orientation de sa carrière ne m'a pas touché. De plus je trouve que le récit colle mal à ce personnage de soixante ans, certaines scènes ne paraissent pas réalistes. Je me suis un peu ennuyée même s'il était satisfaisant de voir Tristan devenir au fil des pages plus humain et abordable. Après je comprends que le principal dans ce roman n'est pas le personnage mais jusqu'où il est possible d'aller, de s'enfoncer pour son art, avant de renaître.
Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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La dissonante

Tristan est chef d'orchestre dans une ville de province. Pianiste de formation, il se consacre tout entier à son art, tout en menant une relation amoureuse avec une chorégraphe de 25 ans sa cadette. Jusqu'au jour où les sons harmonieux de la musique qu'il écoute ou qu'il dirige arrivent à son oreille curieusement déformés et faux. Alors que la première de Tristan et Isolde se profile, il devient incapable de diriger l'orchestre.



Ce roman, écrit par un musicien, est l'œuvre d'un spécialiste. Les références techniques sur des accords ou des variations de ton et de demi-ton pourront rebuter un lecteur qui se sera pas au fait de la gamme en 12 notes. Cependant, le protagoniste est touchant, affligé d'une maladie à la cause inexplicable qui compromet le projet d'une vie entière.


Lien : http://usine-a-paroles.fr/le..
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La voix d'homme

Un livre fascinant et cruel sur le thème d'une éducation amoureuse ratée qui mène vers le célibat involontaire, et fait ainsi d'un jeune homme mal dans sa peau un incel.



C'est sociologique, parfois drôle ou émouvant, mais le plus souvent pathétique, et pourtant c'est une histoire prenante, on est souvent sur le fil aussi...



Bref, je me suis plutôt régalé avec cette lecture intéressante.
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La dissonante

Le personnage principal passe de l'arrogance la plus méprisante à l'humanité la plus déconcertante. Récit surprenant sur fond musical.



C'est le roman que j'avais sélectionné pour le prix Françoise Sagan et ce fut le lauréat. Ce fut une très belle expérience. Merci Denis Westhoff.
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La dissonante

Déçu globalement car je trouvais le point de départ très intéressant.

L'univers de la musique classique, la retraite approchant, un problème d'oreille persistant qui rabat les cartes d'une vie, surtout à une semaine d'un événement d'importante pour ce chef d'orchestre... tout ça était très prometteur.

Hélas, je trouve que l'écriture m'a empêché d'entrer dans cette histoire et a empêché toute véritable compassion pour le personnage de Tristan qui ne fait rien pour être aimé.

Je n'ai pas trouvé de véritable sens à ce livre, trop écrit pour moi. Des phrases parfois trop longue. Un vrai défaut pour ma part.



Il s'agit d'un 1er livre et je dois dire que j'avais beaucoup aimé le livre suivant de Clément Rossi, la Voix D'Homme paru en 2023, que je conseille.
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La voix d'homme

Chronique vidéo https://www.youtube.com/watch?v=lCYulLwB33g&ab_channel=YasminaBehagle



Dans ce roman, on suit la trajectoire de Camille, un jeune homme introverti à cause de son bégaiement vers le monde de la frustration sexuelle, des pick-up artists et plus généralement des incels.



Les incels, ce sont ces hommes qui ont des difficultés à trouver l’âme sœur, soit à cause de leur timidité, soit à cause de leur physique qui ne correspond pas aux normes de beauté traditionnels. Ils vont établir en réaction une idéologie basée sur la biologie, sur des concepts qu’ils jugent scientifiques suite en vidéo)
Lien : https://www.youtube.com/watc..
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