Julien et Marguerite de Ravalet sont les amants maudits de Tourlaville, un frère et une sœur qui éprouvent l’un pour l’autre des sentiments beaucoup trop ardents au regard de la morale et des convenances. De l’amour à la mort, il n’y a parfois qu’un pas…
Il y a longtemps que je voulais lire ce livre, attirée comme je le suis par les récits incestueux, d’autant que j’appréciais déjà beaucoup le film de Valérie Donzelli également inspiré de la relation (très romancée et auréolée d’anachronismes assumés) des deux jeunes Ravalet.
Contrairement à l’œuvre cinématographique, le livre de Colette Piat se veut plus fidèle historiquement parlant, du moins si j’en crois les quelques recherches que j’ai effectuées en parallèle. Sauf que…
Je n’ai pas pu m’empêcher de trouver les personnages extrêmement stupides. Là où j’avais jusqu’ici une profonde compassion pour le sombre destin de Marguerite et Julien, j’en suis arrivée à songer qu’ils avaient tout fait pour finir la tête sur le billot.
Quand Julien s’exclame qu’il va chercher sa femme, j’étais accrochée aux pages, j’imaginais déjà une fugue audacieuse, périlleuse, désespérée pour tenter d’échapper au sort tragique qui les guettait… Mais non. En fait, il ne va pas la chercher. Juste s’envoyer en l’air avec elle sous le toit de son mari. Pas une fois, pas deux, mais toutes les nuits jusqu’à ce que, évidemment, ils soient surpris.
Autant dire que mon empathie est retombée comme un soufflé. Et c’est loin d’être la seule erreur grossière de la part des personnages. Berthe de Hambye avait l’air intelligente… jusqu’à ce qu’elle juge pertinent de renvoyer Marguerite chez ses parents. Sérieusement ?
Ils ne pouvaient pas prendre leurs cliques et leurs claques, loin, très loin de Tourlaville ? Oh, ils ont fini par les prendre, bien sûr, mais à Paris. PARIS ! Le lieu où Julien a étudié, et où il est assez connu ! Pourquoi est-ce qu’ils ne se sont pas directement promenés avec une pancarte « Décapitez-nous » accrochée au cou ?
Ce roman m’a totalement cassé le mythe au rang duquel j’avais élevé les Ravalet. Ce n’est pas la faute de l’auteur, qui n’a fait que retranscrire l’Histoire et à qui je ne peux reprocher, à titre personnel, qu’une introduction qui m’a paru assez longuette, mais il n’en demeure pas moins que je ressors de cette lecture passablement déçue.
Paradoxalement, j’ai apprécié la question de la moralité qui s’en dégage. Avec un père libidineux qui n’hésite pas à vendre sa fille de treize ans à un homme trois fois plus âgé qu’elle pour préserver ses propres secrets, une mère adultère prête à verser dans l’occulte, et plus ou moins beaucoup de gens dotés de mœurs douteuses, peut-on vraiment blâmer Julien et Marguerite ? En quoi sont-ils pires qu’un autre ?
Si les mentalités ont évolué depuis le XVIème siècle, l’inceste, lui, reste tabou. Pour autant, est-ce réellement le plus choquant, dans ce récit comme à notre époque, que de voir un frère et une sœur s’aimer comme deux amants ? Je ne crois pas…
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