Citations de Corine Dossa (23)
Quand vous aurez compris que ce que pensent les autres de vous ne vous définit pas, vous aurez fait un grand pas vers la confiance en soi.
Dans les moments difficiles, nous avons tendance à nous demander: pourquoi? Pourquoi moi? Pourquoi maintenant? Ces multiples «pourquoi» nous ramènent toujours à notre situation de victime. Pour une fois, je décidai de me poser la question sous une autre perspective: pour quoi ces événements intervenaient-ils dans notre famille? Qu’avaient-ils à nous révéler? Scindé en deux, le mot semblait ouvrir sur une autre réalité.
Nous ne pouvons contrôler la parole de certaines personnes, ni comment elles nous traitent; mais nous pouvons contrôler comment nous y réagirons.
Je ne le savais pas encore, mais la graine de complexe venait de pénétrer le peau de mes rondeurs, et durant quelques décennies, tel un coucou, y fit son nid en prenant un soin méticuleux à détruire toute la bienveillance que j'avais pour mon corps.
Dans les moments difficiles, nous avons tendance à nous demander : pourquoi ? Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? Ces multiples "pourquoi" nous ramènent toujours à notre situation de victime. Pour une fois, je décidai de me poser la question sous une autre perspective : pour quoi ces événements intervenaient-ils dans notre famille ? Qu'avaient-ils à nous révéler ? Scindé en deux, le mot semblait ouvrir sur une autre réalité.
Tu serais surprise du nombre de personnes qui bradent leurs exigences et se contentent du tout-venant. Et ça, ça n'arrive que quand on n'a pas confiance en soi !
Amarilla faisait partie de ces êtres privilégiés, messagers d'un ailleurs, venus nous questionner, afin de nous aiguiller sur la vraie raison de notre présence ici-bas. Elle créait un pont entre le monde d'ici, visible, et l'autre monde, celui de lau-delà, invisible.
Le moment présent, c’est tout ce que nous avons, Ariane, et nous pouvons décider d’en faire exactement ce que nous voulons. Je refuse de gaspiller mon temps à m’angoisser pour des malheurs qui, peut-être, ne se réaliseront jamais.
Ma fille, je regarde Amarilla avec les yeux du cœur. Et je ne vois en elle qu’amour, beauté… et Pedro! Abuela éclata de rire et nous l’imitâmes. Je me rapprochai à mon tour, et, ensemble, à nous trois, nous enveloppâmes Amarilla d’un pacte silencieux. Nous ne la contemplerions qu’avec ces yeux-là, les seuls qui comptent: les yeux de l’amour. Un amour inconditionnel.
L’heureux caractère d’Amarilla, sa bonhomie, sa joie de vivre, sa capacité à se réjouir de tous les petits bonheurs de la vie adoucissaient nos soucis comme un baume magique. Chacun de ses progrès nous transportait de joie.
La vie est faite de déséquilibres, et à peine une routine s’est-elle installée que le destin, comme pour nous obliger à évoluer vers d’autres possibles, s’évertue à en faire bouger les lignes.
Les enfants trisomiques sont incroyablement affectueux. Parfois jusqu’à l’excès. Mais lorsque l’on connaît la qualité de leur amour, il est difficile d’y résister. Malheureusement, la plupart des gens sont plutôt méfiants. La moindre sortie avec Amarilla provoquait des scènes souvent poignantes, parfois surréalistes! Amarilla, en raison de sa différence, ne suivait que ses propres règles, n’obéissait qu’à son horloge interne. Les verrous classiques de l’éducation, les conventions avaient peu de prise sur elle. Si, au supermarché, elle se prenait d’amitié pour un enfant, elle n’acceptait pas que celui-ci refuse son don d’affection.
Quand un enfant naît, une fois l’euphorie passée, il est investi de tant d’espoirs, de projets, de rêves qu’il arrive que l’on soit déçu par la suite. Mais lorsqu’il n’a pas été désiré, et surtout quand, comme c’est le cas d’Amarilla, le bébé est porteur d’une maladie, d’un handicap ou d’une quelconque infirmité, alors là, le sentiment de désespoir que l’on ressent peut être très violent
Les enfants trisomiques présentent un peu plus souvent que les autres des problèmes médicaux: des maladies infectieuses telles que des ORL à répétition, des maladies auto-immunes comme l’hypothyroïdie, le diabète, l’intolérance au gluten…
Anne attirait tous les regards: grande et blonde, elle dépassait tout le groupe, et même la classe entière, d’une tête. Elle remarquait bien l’effet qu’elle produisait sur la gent masculine, mais n’en tirait aucun profit. Magali, jolie métisse ronde et musclée, était la plus cultivée d’entre elles. Ayant été élevée par un père diplomate et une mère prof de français, elle n’avait pas d’autre choix que d’«être à la hauteur de son exceptionnel ADN», comme elle le disait elle-même.
Leur amitié semblait indéfectible. Alors qu’ils approchaient la trentaine, ils étaient tous célibataires et fiers de l’être. Aucun d’entre eux ne fréquentait de copine de longue date, et c’était, à les entendre, par choix. Je les aimais bien séparément, mais j’avoue que je me sentais parfois mal à l’aise au milieu de leur groupe. Il leur arrivait de faire des blagues à propos de Jean, insinuant qu’il était celui d’entre eux qui appréciait le plus d’avoir une vie rangée. Ainsi prononcée, la phrase sonnait davantage comme une tare qu’un compliment.
Je commençai doucement à comprendre ce qu’impliquait le mot «trisomie», les regards de peur ou de commisération à venir, et les bouleversements que cette enfant ne manquerait pas de produire dans nos vies à tous.
Il y a tant de femmes qui veulent un enfant et qui n’en ont pas. La vie est injuste.
De mon côté, j’enchaîne les histoires avec des hommes pour lesquels le terme le plus effrayant de la langue française semble être «engagement». Je rêve de mari et de bébé, je me fais des films dès les premiers instants de la rencontre, mais le mot «fin» surgit toujours prématurément, parfois avant même que l’idylle n’ait eu le temps de commencer.
J’ai donc toujours été perplexe, et, je l’avoue, un peu jalouse de l’attitude si conciliante de Pedro à l’égard d’Ariane et de leur drôle d’histoire d’amour qui semble programmée pour durer.
Ma puberté précoce attirait sur moi les regards des garçons de mon âge et j’oscillais entre complexes dus à mes rondeurs et l’envie d’apprendre à séduire. Je suivais les conseils beauté des magazines pour adolescentes que ma mère m’achetait chaque lundi à l’insu de notre père. Ariane les feuilletait avec ironie en se moquant de moi et de mes premiers flirts: elle ne se souciait guère de son allure un peu dégingandée de garçon manqué.