A l'approche de l'année 1899, alors que Claude Monet vient d'autoriser un de ses visiteurs à révéler l'importante mutation qui, sans reniement de l'oeuvre antérieure, le conduira un jour aux Grandes Décorations, personne ou presque n'a pris conscience de la révélation sensationnelle que constitue l'annonce de la genèse des premiers Nymphéas. La grande question est encore de savoir si les tableaux des dernières années valent les toiles plus anciennes, et, lorsqu'on s'exprime en privé, loin des foudres d'un Mirbeau ou d'un Geffroy, gardiens rigoureux du tabernacle de Giverny, il arrive parfois que l'on se risque à marquer une préférence pour les oeuvres nées voilà une ou deux décennies, voire avant 1870.