Delhia B. Bouvier

Je la connais suffisamment pour savoir que ma dernière heure est sans doute arrivée. Une fois de plus je me sens légèrement coupable de mêler tout ce petit monde à ma situation. Elle encore plus car elle a tendance à chatouiller ma frustration. Que ce soit par ses agissements insensés, ses remontrances ou ce petit corps de déesse qui affole mes sens.

J’arrive à reprendre le contrôle de mes émotions et surtout de mon cerveau qui ne cessait de faire défiler une suite d’images, bientôt classées X. Je détourne les yeux d’elle et les porte sur son sac avant de l’attraper pour le lui tendre.

Son corps semble enfin évacuer toute la fureur qu’il contenait il n’y a pas trente secondes. J’ai enfin toute son attention, dieu merci car les émotions que je viens de ressentir à son contact sont loin de me plaire. Notre proximité semble avoir altéré mes sens l’espace d’une minute. Je maintiens ses fines épaules avec force en camouflant mon trouble une fois de plus, lorsqu’elle revient m’attaquer de front.

Chapitre 2 :
Mathieu
«… Assez jolie ? Soit il se fiche de moi, soit il est devenu aveugle dernièrement : cette nana est une vraie bombe atomique !
J’arrive à hauteur de son chemisier blanc, son décolleté laisse entrevoir une petite dentelle bleu marine et je retiens un léger frisson. Cette fille est juste renversante, même mieux, elle est absolument parfaite. Et elle serait amie avec mon cousin ; si c’est elle… je suis foutu.
Je replace le téléphone dans ma main moite et déclare à Charlie :
— Ouais, ouais, châtain ambré, avec de grands yeux bleu-vert et un cul à damner un saint. C’est bon Charlie, j’ai trouvé. Merci cousin.
Je raccroche en entendant à peine son exclamation et me penche vers elle. La douceur de son parfum fruité, légèrement exotique, me transperce immédiatement. Je suis totalement sous le charme, toutefois, j’essaie de contenir mes ardeurs, pour ne pas la brusquer, avec quelques difficultés, avouons-le.
— Serais-tu Alex par hasard ?
— Charlie ne parlerait jamais de mon cul comme ça.
C’est bien elle, bordel ! Foutu ! Mathieu, tu es foutu ! Ne pas jouer, Mathieu… Quoi qu’il arrive… ne bronche pas !
— C’est un tort, tu as un très beau cul.
Oh, et puis merde, c’était trop tentant… Et tellement vrai surtout.
Elle plisse doucement ses beaux yeux verts.
Habituellement, les filles minaudent ou rougissent à ce genre de remarque… pas elle. Son expression est tout bonnement indéchiffrable. J’ignore si elle a envie de me sauter au cou et de me déshabiller dans la seconde ou si elle rêve de me gifler de toutes ses forces. Alex replace son sac à main sur son épaule, se tortille légèrement et s’adresse à moi avec un grand sourire.
— OK. Donc tu as de la repartie et aucune retenue, on devrait bien s’amuser. Pour info, mon petit cul ne s’approche pas des Dons Juans misogynes, il aime le respect et la crème hydratante, alors attrape tes valises et suis-moi. J’ai une mission à accomplir.
Je ne peux m’empêcher d’éclater de rire en attrapant mes bagages et je la suis à grands pas jusqu’au parking. Cette fille ne se laisse pas troubler et a de la riposte, la suite de la journée devrait être plutôt intéressante...»

Je rêve de t’adorer et de prendre soin de toi, mais tu devrais également avoir envie de le faire pour toi-même. Tu mérites de te sentir exceptionnelle, que ça soit dans mes bras ou ailleurs, parce que tu l’es.

Chapitre 5 :
Erwan
«… – Je suis d’accord.
En relevant les yeux, je perçois la surprise sur son beau visage sans en comprendre la signification.
– Que vous arrive-t-il ?
– Vous venez enfin d’admettre que j’ai raison sur un point sans souligner mon incompétence. Je suis impressionnée, c’est tout.
Ces mots, qui sortent de sa magnifique bouche, me perturbent totalement. Non, en réalité, c’est la bouche en question qui me fait perdre pied.
– Je sais reconnaître un travail de qualité, Selena.
– « Mademoiselle Batista », je vous prie. Vous ne m’autorisez pas à prononcer votre prénom, je vous rappelle.
Si seulement tu savais, ma jolie… Mon prénom, je rêve de te le faire hurler !
– Très bien, mademoiselle Batista, je valide le dossier …»

Chapitre 2 :
Selena
« Il se tourne vivement vers moi, me renvoyant son regard vert teinté d’une lueur colérique, voire légèrement prédatrice.
– Ce n’est pas mon problème si on se laisse subjuguer par un beau décolleté dans le BTP. Je suis bien plus professionnel que ça.
– Je vous signale que mes compétences ne s’arrêtent pas à mon 90C. Mais si vous voulez mon 39 dans le postérieur, je suis également calée dans ce domaine.
Je secoue mon pied droit pour montrer ma détermination. Son regard passe de colérique à choqué après de tels propos pendant que son boss se fend d’un rire tonitruant à nos côtés.
– Tu l’as cherché, Erwan, et au moins, elle ne se laisse pas marcher sur… les pieds. C’est exactement ce qu’il nous faut pour mettre au pas tous nos ouvriers.
Malgré le discours tenu par son supérieur, et son magnifique sous-entendu sur ma paire de godasses, l’ingénieur ne lâche pas mon regard déterminé. Il semble enfin comprendre que les hommes ne m’impressionnent pas. Du moins, ils ne m’impressionnent plus, car je sais pertinemment que même celui qui souhaite vous détruire peut avoir les secrets les plus honteux du monde. Ses états d’âme ne doivent surtout pas me faire vaciller ni m’empêcher de rendre mon rapport correctement.
Envahie par un élan de colère, je ne compte pas m’attarder davantage dans cette pièce devenue oppressante.
– Je vous remercie pour votre accueil, monsieur Leblanc. Je vous envoie le compte rendu de notre entretien demain à la première heure afin d’enclencher les premières opérations. N’hésitez pas à me faire parvenir l’adresse e-mail de M. Wolves, même s’il ne juge pas mon avis nécessaire. Je compte bien le tenir informé des tenants et des aboutissants pour que son « bébé » apprenne à marcher. Bonne journée.
Je m’offre un petit plaisir en lui renvoyant insolemment le terme réducteur qu’il a employé à mon égard. Qu’il le veuille ou non, le véritable nourrisson, c’est le projet qu’il tient à bout de bras depuis plusieurs années, certainement pas moi. …»

Je redoute sa réaction. En règle générale, elle se fiche royalement de ce qui sort de ma bouche et n’en fait qu’à sa tête. Un sourire mutin prend place sur ses lèvres et l’angoisse qui m’envahissait s’évapore soudainement. Je constate alors la serviette blanche qu’elle jette nonchalamment par-dessus son épaule.

On oscille entre habits de plage, vêtement de ville et pyjama. J’ai envie de lui renvoyer l’absurdité de sa tenue en pleine tête même si, je dois l’avouer, elle reste absolument splendide. Je décide de m’abstenir et c’est finalement elle qui prend la parole en premier.

J’observe cette courbe finement dessinée quand un flash incroyablement sexy me traverse l’esprit. J’imagine mes lèvres se poser dans ce magnifique creux et aspirer doucement cette fine pellicule d’eau.
Qu’est-ce qu’il m’arrive ! Pourquoi je m’imagine ce genre de truc ?

Après tout, nous sommes dans un pays étranger… je pourrais facilement la tuer et enterrer son corps sans que personne ne l’apprenne.

Je tente de ne pas oublier qu’elle vient de me sortir de prison et me contiens de la traiter de tous les noms d’oiseaux qui me passent par la tête. La chaleur de sa peu fourmille sous mes doigts ce qui déclenche un doux frisson le long de ma colonne vertébrale. Je plante mes yeux dans les siens, maintenant ses bras puissants et enragés serrés contre ses flancs. Son mordoré me percute de plein fouet mais je tente de contenir ces sensations étranges.

Cette femme est incontrôlable lorsqu’elle est en colère, je suis persuadé qu’une tornade fait moins de dégâts qu’elle.

Ses grands yeux s’écarquillent de surprise avant de redevenir plus sombres qu’une nuit orageuse. Ses sourcils se froncent dangereusement et je crains le pire.

La fierté et le triomphe qui s’étalent sur son beau visage me déchirent les entrailles. Mes envies de meurtre que je canalisais difficilement reviennent en force.

En quelques mots,elle est capable de faire redescendre tous les désirs que son corps fin, musclé et foutrement gracieux peut provoquer sur le pénis d’un homme. Castratrice, il n’y a vraiment pas d’autre mot. Je n’imagine pas quelqu’un d’assez fou pour tenter de dompter cette panthère-là.

C’est viscéral entre nous et je ne veux rien lui devoir. Nous travaillons déjà ensemble et avons le même cercle d’amis, ce qui nous contraint à nous côtoyer. Mais moins je la vois et mieux je me porte. J’aimerais bien comprendre pourquoi Lexie lui porte autant d’affection. Elle est hargneuse, énervante, agaçante, sûre d’elle. Je la déteste, cette nana a le don d’irriter tous mes sens, en particulier ma corde sensible. Pourtant, on ne va pas se mentir, c’est sans doute la femme la plus bandante de cette planète.

Cette fille est décidément complètement dingue. Elle est vêtue d’un short, tout fin, en soie et d’un petit top blanc. Si elle n’avait pas ses Converse aux pieds, on pourrait croire qu’elle sort de son lit. Il ne manque que des pantoufles moumoute à sa tenue ridicule. J’ai très envie de me foutre de son accoutrement, mais je comprends rapidement que c’est elle qui m’a sorti de cet établissement à une vitesse inouïe alors je ravale difficilement mes moqueries en la rejoignant.

J’ai envie d’insulter la terre entière en reconnaissant ce visage fin, longiligne, tout comme ce corps élancé, ces joues rosies par le soleil et ces mèches brunes attachées en queue-de-cheval.
Il existait une personne que j’aurais dû redouter bien plus que mon paternel : cette satanée fille ! Cette casse-couilles qui me pourrit la vie depuis mes 20 ans.

Nous étions très proches auparavant. Il a respecté tous mes choix de carrière malgré son souhait de me voir reprendre la firme familiale. Il n’y a jamais eu de tabou entre nous. C’est la première fois que notre relation prend un tel tournant mais il a brisé ma confiance. Si je suis venu jusqu’ici, c’est pour trouver des explications à tous ses mensonges.