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Critiques de Denise Delouche (12)
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Maurice Denis et la Bretagne

Nouvelle exposition d'une centaine d'oeuvres sur le thème de la nature au château de la Roche-Jagu du 06 mai 2023 au 01 octobre 2023.

Claire Denis, sa petite-fille affirme "notre grand-père, au sortir de l'atelier, se plaisait à jardiner, sécateur en main, et appréciait la présence de ses petits-enfants, nous détaillant les premiers bourgeons, la couleur des écorces, le développement des fleurs et des fruits, ou les nuages".

(Extrait du journal Le Télégramme - édition du vendredi 7 avril 2023)
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Monet à Belle-Ile

Léon Tolstoï s'invite en Bretagne..



On ne saurait trop remercier cette grande dame (*) qui a travaillé inlassablement sur les peintres modernes qui ont fatalement foulé du pied sa chère Bretagne parce que cette dernière a attiré tous les grands artistes en mal de renouvellement, de dépaysement. Cette histoire s'est passée sensiblement après les heures de gloire de l'impressionnisme qui recherchait un nouveau souffle. La critique allait bon train. Parmi les impressionnistes historiques, il faut admettre que c'est à Monet à qui on doit la plus fière chandelle. Alors que ses compères exploraient de nouvelles techniques, lui invariablement savait que l'impressionnisme n'avait pas tout dit ou révélé tous ses secrets. Comme le dit Denise Delouche, Monet n'est pas allé à Belle-Ile en quête de primitivisme comme Gauguin à Pont-Aven. Il y est allé alors que déjà il avait écumé les côtes normandes et bien roulé sa bosse comme artiste, en quête de paysages nouveaux capables d'émoustiller ce virtuose du pinceau, de motifs sauvages d'une beauté à couper le souffle sur des kilomètres et des kilomètres. Il pense alors que pour cela lui qui a toujours peint des paysages apprivoisés par l'homme, il lui faut s'en éloigner, même pas une cabane de pêcheurs sur la grève, d'ailleurs les éléments ne le supporteraient pas .. Claude Monet aime la mer, il lui faut la mer, il lui faut des falaises dont la hauteur lui rappelle sa tendre Normandie, il lui faut des couleurs à volonté, là où il excelle, des changements de temps, là où il sait aussi que personne n'est capable de le suivre. Ce sera donc Belle-Ile où il va rester 10 semaines et où il va produire quantité de chefs d'oeuvre. Pourquoi Belle-Ile ? Ce n'est pas lui qui aurait suivi Gauguin à Pont-Aven, il ne peut pas voir Gauguin en peinture, ce malotru qui lui a fait trop mauvaise impression lors de leur rencontre à un salon parisien. Selon Denise Delouche, on a retrouvé un Flaubert dans sa bibliothèque qui vante les mérites de la Bretagne en ces termes : "La marée montait au fond, sur les roches qui s'effaçaient dans le brouillard bleu du soir, que blanchissait sur le niveau de la mer l'écume des vagues rebondissantes : à l'autre partie de l'horizon, le ciel rayé de longues lignes orange avait l'air balayé comme par de grands coups de vent. Sa lumière reflétée sur les flots les dorait d'une moire chatoyante ; se projetant sur le sable, elle le rendait brun et faisait briller dessus un semis d'acier. (..) La falaise était haute, si haute qu'on en avait presque peur quand on levait la tête. Elle nous écrasait de sa placidité formidable et elle nous charmait pourtant car on contemplait malgré soi et les yeux ne s'en lassaient pas.." (Par les Champs et les grèves de Flaubert).



Oui il est fort possible que Flaubert lui ait donné des idées à lire ces mots si inspirants.

Mais il faut savoir que Monet était un immense travailleur, les salons ce n'était pas son truc. Il ne voulait pas se disperser et n'était pas insatisfait, mais de voir son école malmenée le poussait à agir encore davantage dans un décor cette fois qui pût ravir son enthousiasme à créer, toujours créer.. . Je pense que secrètement il avait encore en tête les effets de vague de Hokusaï. Il n'en avait donc pas fini avec la mer. On peut épiloguer ..



En tout cas de ce séjour breton, il va nous ramener des peintures qui sont aujourd'hui disséminées aux quatre coins du monde dans les musées de renom et dans des collections privées de riches. J'ai une préférence pour cette Pointe de rochers à Port-Goulphar (en fait à Port-Domois), huile sur toile 81 x 65. The Cincinnati Art Museum, USA. Cette côte inhospitalière de rouge, de bleu, de noir (Monet évolue), de rose, un ciel jaune pâle qui reflète sur une mer en quasi-repos, mais aucun blanc ! Monet a réussi son pari ! Belle-Ile sera géante par Monet !..



"Ce qu'on sait moins, comme nous l'indique l'auteur, c'est que Monet était un grand lecteur des maîtres de la littérature, sa correspondance est abondante ..

Il y a rapportée dans cet excellent livre, une anecdote que je trouve drôle personnellement vu mes accointances avec le maître des frimas : "lors de son séjour à Belle-Ile, Monet trouve néanmoins le temps de lire avec la chandelle pour tout luminaire (le 18 septembre, il informe Alice qu'il va se faire acheter de la bougie au Palais). La postérité n'a pas conservé de Monet l'image d'un artiste féru de littérature, et n'a pas voulu contribuer à donner cette image de lui-même or, maintenant, nous connaissons sa bibliothèque d'un millier d'ouvrages, et nous voyons , à travers cette information au jour le jour que nous offrent ses lettres, qu'il lisait régulièrement. Quand, le 22 octobre, il n'a plus rien à lire, il demande à Gustave Geffroy de lui envoyer des livres, et celui-ci lui en expédie à plusieurs reprises. A Belle-Ile, c'est Tolstoï qu'il lit, qu'il découvre peut-être, puisque, adressant ensuite les volumes à Alice, il commente : "C'est très joli, Tolstoï, vous trouverez peut-être bien quelques longueurs, des questions philosophico-sociales, mais c'est très bien, et tout y est étudié et très observé, on voit absolument la vie russe" (18 octobre).

Tolstoï et la littérature russe sont alors en France la découverte des milieux intellectuels. A la même date, Van Gogh recommande à Emile Bernard de lire les légendes russes de Tolstoï. Claude Monet n'échappe pas à l'engouement (est-ce grâce à Gustave Goeffroy ? peut-être). Il lit Katia (*), Anna Karénine, d'autres titres encore de Tolstoï, et quelques autres livres, dont un médiocre roman des Goncourt .."



Mais si ce n'est un temps de chien comme vache qui pisse ou la nuit, Monet s'acharne à la tâche comme un enragé.

Pour la petite histoire, Tolstoï "rentrera dix ans plus tard dans le lard" des impressionnistes et des Baudelaire et Cie et des Wagner et Cie en disant qu'ils ne sont plus capables de comprendre ni l'art le plus élevé ni l'art le plus simple". Quelle ingratitude mon cher Léon ! Il y avait tout de même Monet qui travaillait avec acharnement tout comme toi, avec génie, d'un jet et qui explorait des choses inédites de la nature tout comme toi qui scrutais les âmes avec perspicacité et psychologie, qui faisais miroiter la beauté du verbe sur ton sujet tantôt serein, pur, tantôt tourmenté, avec une singularité infinie, et bien lui il faisait miroiter la pureté d'un ciel jaune pâle sur une mer provisoirement en repos venant adoucir le temps d'un instant les rochers inhospitaliers de la côte qui s'ouvraient un peu de rouge, de bleu soutenu, de rose, de noir laqué japonisant. N'a--t-on pas dit qu'il y avait un peu d'impressionnisme dans ton art de la narration, cher Léon ?



(*) Denise Delouche est aujourd'hui un peu âgée, elle est considérée comme la spécialiste des peintures modernes liées à la Bretagne et a publié quantité d'ouvrages à cet effet. Grande universitaire de Haute Bretagne.

(*) Katia : le Bonheur conjugal.



13 04 2023

Bon si c'était à réécrire ce papier qui date de 2020, je l'aurais sûrement remanié de fond en comble. J'ai au moins une raison qui me fait y tenir, se reporter à mon intervention du jour : Léon Tolstoï : Qu'est-ce l'Art ? Mais alors très franchement, si l'on n'écrit rien, ou si l'on ne fait pas un noeud à son mouchoir (qu'on ne met plus en poche du reste), eh ben la plus belle poésie que l'on renferme chacun au fond de soi fond comme neige au soleil, pour ne plus jamais réapparaître, morte comme une feuille morte parée de ses plus beaux attraits, son dernier signe de vie avant le néant.
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Mathurin Méheut : Arpenteur de la Bretagne

Ce livre est le catalogue de l'exposition que j'ai vue cet été au musée de Pont-Aven : Mathurin Méheut, arpenteur de la Bretagne. Il apporte un complément essentiel à l'expo : plusieurs textes fort instructifs expliquant qui était Méheut et quelle fut sa vie, puis comment s'organisa sa postérité.

Précisons ici que Méheut n'a rien à voir avec l'école de Pont-Aven.



Le peintre, qui vécut à Paris rue d'Alleray, ne fréquentait guère le Montparnasse de son époque - pourtant très actif - et ne connaissait probablement que de loin les grands courants picturaux, qui ne l'intéressaient guère.

Il n'aimait pas trop peindre à l'huile. La gouache et la caséine, dans un mélange dont il conserva le secret, donnent à ses oeuvres ce style incroyable d'esquisse permanente.

Méheut avait une formation "arts déco" que l'on retrouve bien dans son oeuvre et certaines créations, dont ces étranges "femmes pagures", sortes de sirènes coquillages.



Là où il excelle le plus à mon sens, c'est dans la composition des tableaux et la peinture des personnages en costumes traditionnels, la plupart du temps au travail. L'économie de traits est fascinante. Mon tableau préféré est une scène de nuit.



C'est donc un excellent livre pour découvrir la vie de Méheut, son cheminement entre Roscoff et des travaux pour Albert Kahn, un peu sa famille et surtout son amie Yvonne Jean-Haffen.



Ce n'est pas réservé aux amoureux de la Bretagne, mais touchera tous les amoureux de la peinture.
Lien : https://www.patricedefreminv..
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Mathurin Méheut arpenteur de la Bretagne

Ce livre est le catalogue de l'exposition que j'ai vue cet été au musée de Pont-Aven : Mathurin Méheut, arpenteur de la Bretagne. Il apporte un complément essentiel à l'expo : plusieurs textes fort instructifs expliquant qui était Méheut et quelle fut sa vie, puis comment s'organisa sa postérité.

Précisons ici que Méheut n'a rien à voir avec l'école de Pont-Aven.



Le peintre, qui vécut à Paris rue d'Alleray, ne fréquentait guère le Montparnasse de son époque - pourtant très actif - et ne connaissait probablement que de loin les grands courants picturaux, qui ne l'intéressaient guère.

Il n'aimait pas trop peindre à l'huile. La gouache et la caséine, dans un mélange dont il conserva le secret, donnent à ses œuvres ce style incroyable d'esquisse permanente.

Méheut avait une formation "arts déco" que l'on retrouve bien dans son œuvre et certaines créations, dont ces étranges "femmes pagures", sortes de sirènes coquillages.



Là où il excelle le plus à mon sens, c'est dans la composition des tableaux et la peinture des personnages en costumes traditionnels, la plupart du temps au travail. L'économie de traits est fascinante. Mon tableau préféré est une scène de nuit.



C'est donc un excellent livre pour découvrir la vie de Méheut, son cheminement entre Roscoff et des travaux pour Albert Kahn, un peu sa famille et surtout son amie Yvonne Jean-Haffen.



Ce n'est pas réservé aux amoureux de la Bretagne, mais touchera tous les amoureux de la peinture.


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Maurice le Scouezec

Maurice le Souëzec, grand peintre breton qui a participé à l'aventure de Montparnasse. Il a côtoyé les plus grands Modigliani, Picasso.. à la bonne époque. C'est un vrai saltimbanque, un insoumis même. Ce n'est que lorsque l'usure du temps se fera sentir qu'il retournera sur ses terres, la Bretagne.



Plutôt que de courir les marchands, il va courir l'aventure à travers les océans dans des voiliers qui mettent le cap sur l'Afrique sur les îles du Pacifique. Il se nourrira de tous ces spectacles à la fois grandioses et insolites. Quand son fils inventoriera la somme de tous ses efforts d'artiste, c'est environ trois milles peintures et dessins qui seront recensés, de qualité sensiblement égale, de sujets variés. le trait est économe, la couleur est la valeur à travers des ocres de toute beauté dans une harmonie toujours parfaite. On note beaucoup de gouaches. On voit qu'il a appris au contact des plus grands, mais c'est aussi comme tous ces grands une volonté farouche d'être soi-même.



L'homme nous laisse une image de lui assez mystérieuse qui n'a pas cherché manifestement les honneurs contrairement à ses camarades de Montparnasse, sans jugement aucun. L'oeuvre mérite toutes les attentions, de son réalisme figuratif et coloré, se détachent des portraits de femmes de Montparnasse âpres, saisissants. des ocres de la savane africaine que l'aventurier est allé chercher sans commodité; sa Bretagne n'est pas absente, elle se dresse au milieu de paysages côtiers intemporels. Les dernières peintures de sa vie seront d'ailleurs plus mystiques sur plan large..



Divers beaux livres ont été consacrés à Maurice le Souëzec qui le sortent un peu de l'anonymat vers lequel il tendait ou qu'il cultivait de nature voulant échapper semble-t-il au monde de la lumière qui est pourtant contradictoirement la qualité première de ses oeuvres. Merci Maurice, à son fils et à Le Bal père et fils, à Denise Delouche .. Il s'est éteint à Douarnenez à l'âge de 59 ans, à l'aulne de la guerre. Il avait certainement encore beaucoup de choses à nous révéler, son coeur généreux nous laisse en tout cas une oeuvre remarquable de premier plan.



Vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage, disait Boileau : je précise que Le Scouëzec porte deux points sur le e avant le z. Ajouterais-je que Maurice, en étudiant encore son travail, est un minimaliste. Curieusement, il est à l'extérieur pour certaines de ses oeuvres ce que Morandi est aux natures mortes, dans l'application et l'éclat des ocres notamment. Le terme insoumis, biaisé aujourd'hui, je note qu'il est le titre d'un livre qui lui est dédié. A propos de l'école à laquelle il se rattache, je dirai spontanément Montparnasse, même si je ne pense pas qu'il faille toujours classer un peintre, mais parmi toutes ces tendances qui jalonnent le parcours des peintres depuis en gros Barbizon jusqu'après la Grande Guerre, il me paraît pertinent pour le grand public de tenter d'éclairer par l'analyse de l' influence, d'autant plus qu'ils se tiraient tous la bourre. Un peintre sans influence, ça n'existe pas pour moi !
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Peintres polonais en Bretagne

Très beau livre, même pas signé,, Editions Palantines : Peintres polonais en Bretagne (1890-1939). Publication 2004.

Il a dû s'articuler tout seul ? On va l'attribuer à celle qui cause le plus : Barbara Brus-Malinowska



Bon on ne va pas se la raconter.



Les peintres polonais en Bretagne sont une petite trentaine, ça suffit pour faire une colonie, tous issus à quelques degrés près de la bourgeoisie polonaise, artistes en herbe, artistes en devenir venus chercher inspiration et épanouissement, passés par Paris qui rayonne à travers le monde comme la déesse des Arts, il est en point de mire. Et de Paris, au gré des rencontres et du savoir se faisant, hop direction la Bretagne pour des séjours souvent.



Pas de problème c'est Slewinski le plus connu. Il a sa maison, il côtoie Gauguin et la bande cosmopolite. C'est lui qui est en vue avec Gauguin dont on parle aux artistes polonais.

J'ai lu et vu tout ça avec un vif intérêt, on voit bien que tous ont eu une faiblesse pour la Bretagne de l'époque, sa nature mystérieuse, pittoresque comme nulle part ailleurs, ses petits enclos (qu'on a défoncé depuis en bonne partie), ses paysans pauvres qui portent le costume, les sabots, qui dansent, qui chantent avec mysticité. Tout cela semble sortir du fond des âges, et il faut en plus de la dureté du labeur pour vivre qu'à la faveur des guerres on envoie ses forces vives au casse-pipe !.. Mais ça le peintre, l'artiste le voit et ses meilleurs représentants vont immortaliser ces scènes, ces paysages, ces ports !..



Wladyslaw Slewinski, il faudrait un livre pour raconter son parcours : son père qui luttait pour l'indépendance de la Pologne est déporté en Sibérie après sa participation à l'insurrection de 1863 contre la Russie .. Après quelques ennuis, il se barre de Pologne et rencontre Gauguin à Paris qui va remarquer en lui un talent certain ; il rencontre Munch .. Que voulez-vous quand on a l'assentiment de Gauguin l'oeil de lynx et qu'on rencontre un autre, un des plus grands peintres du monde : Munch, et ben il n'en faut pas plus pour tenter sa chance !.. il suivra Gauguin en Bretagne et on connaît la suite ..On peut regarder ses toiles : c'est un maître, c'est beau !

On peut admirer dans le livre : Deux bretonnes au panier de pommes qui figure dans toute la littérature de l'école de Pont Aven...



Autre sujet inévitable : quelques uns sont morts à Auschwittz en 1942, c'est bien triste de savoir comment ils ont terminé leur vie, dans la souffrance la plus dure, la plus ignoble, eux qui étaient partis peindre des calvaires en Bretagne, des paysans à la tête baissée non pas par manque de fierté mais par le labeur et la misère, peindre des choses admirables, où était le mal on se demande !



Sauf que de ça , on n'en parle pas dans le livre. Il viendrait l'idée de qui dans le cas présent de séparer l'oeuvre de l'auteur, de l'homme ?



Je pense à Joachim Weingart : "il lance la couleur sur la toile avec des gestes rapides et rageurs, cherchant, semble-t-il, à parvenir par le truchement de la peinture à une approche sensuelle et directe de la matière. La couleur est pour lui le moyen de transcrire sur la toile la violence de ses émotions"

J'ai toujours remarqué cette peinture que j'adore : Les Voiliers 1920, 64 x 81. Musée d'art moderne . Genève. Quand j'irai à Genève, je ferai un saut pour la voir de visu ! Une merveille de sensibilité, du grand art !



Dans cette peinture, j'y vois un peu de jean Puy, du meilleur Jean Puy, un peu de Maurice Denis quand il peignait ses ports bretons. Une peinture qu'on aimerait avoir fait quand on touche au pinceau, ce doit déjà être agréable pour un peintre d'entendre cela, un peintre, des peintres comme ça dont il faudrait parler dans nos canaux médiatiques et dont on ne parle pas. La partie se joue uniquement sur le marché de l'art. Oui on sépare bien ici l'oeuvre de l'homme artiste, quelle absurdité, quelle indécence !.. On lit aussi : " Il expose en 1927 aussi en Pologne, à Varsovie. La séparation d'avec sa femme et ses enfants est une tragédie dont il ne se remet pas. Il sombre dans une maladie mentale et passe les deux dernières années de sa vie en hôpital psychiatrique .." Qu'est-ce qu'on peut dire après ça !



Dans ce livre, les pages auxquelles je reviens le plus souvent comportent deux pastels signés Muter : Le Calvaire de Tronoën (41x65) et le Calvaire breton (37x27), camaïeux de vert et de gris non datés mais qui datent de vers 1906. Ils ne sont pas commentés dans le livre. Je ne m'en lasse pas, je les regarde, ils me font du bien..Il m'est arrivé d'aimer des peintures (au sens large) et que avec le temps j'aime moins, ici c'est inaltérable..

Il s'agit de Mela Muter née à Varsovie en 1876 dans une riche famille juive profondément attachée à son pays qui fait partie de l'élite. Elle se définit comme autodidacte et aime les plus grands : Van Gogh, Cézanne, Vuillard, et ceux de l'Ecole de Pont-Aven. Dans ses amis, elle compte Romain Rolland, Rainer Maria Rilke.. Arrivée à Paris en 1901, elle va séjourner régulièrement en Bretagne jusqu'en 1918, ses lieux de prédilection sont Concarneau, Audierne, Douarnenez et Pont-Aven où elle rencontre Slewinski. Elle est fascinée par le mythe Gauguin, la beauté du paysage breton dont elle écrit dans ses Souvenirs : " ..Ces nuits bretonnes laiteuses et sans lune, sont claires et comme habitées par la présence impalpable et quasi païenne d'elfes, de fées, et de dryades veillant sur les sources..". Ses modèles préférés sont de simples paysans et pêcheurs, pauvres et durs à la tâche,

Elle passera les rudes années de la seconde guerre mondiale à Avignon où elle sera cachée ..De retour à Paris, solitaire et démunie, elle va terminer sa vie de manière désenchanté et s'éteindre en 1967. Quand je pense à elle, je ne peux m'empêcher de penser à Charlotte Salomon qui a eu moins de chance qu'elle puisque arrêtée par la Gestapo, elle avait 26 ans !..

Grande et belle dame cette Méla Muter, artiste incomparable !..



Et puis pour terminer une peinture m'a toujours fasciné, c'est ce Port de Kérity (huile sur carton, 33 x 41) de Louis Marcoussis né à Varsovie en 1878.

Son nom véritable est Markus. Marcoussis est le nom d'un village de Seine-et-Oise emprunté sur le conseil d'Apollinaire. En 1927, pendant ses vacances dans le petit port breton de Kérity, "il peint huit paysages exemplaires d'une vision parvenue à sa pleine maturité, renonçant à tout accessoire ornemental en exploitant avec maîtrise les effets clair-obscur pour obtenir cette scène atmosphérique de mystère si caractéristique de ses oeuvres.."



(Les musées de Quimper et de Varsovie, par des expositions (2004-2005) ont été associés à cette démarche). Merci aux Editions Palantines et surtout à cette colonie de peintres polonais qui sont venus en Bretagne pour glorifier sa beauté, l'encenser et pour certains : Slewinski, Muter, Marcoussis, Weingart .. l'immortaliser
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Mathurin Méheut : De Bretagne et d'ailleurs

Mathurin Méheut (1882-1958) était originaire de Lamballe (22). Il était, peintre, céramiste, dessinateur, sculpteur, illustrateur ou encore graveur. On le connait par les faïences de Quimper et par les boites de gâteaux que l'on rapporte de nos vacances en Bretagne...

On connait moins ses dessins de guerre (guerre 14-18) et les magnifiques dessins rapportés d'un voyage au Japon.

On y découvre la Bretagne mais aussi la Camargue, les Etats-unis, l'Egypte,...

Ce catalgogue a été édité à l'occasion d'expositions organisées à Morlaix et Lamballe en 2008 pour commémorer les 50 ans de sa mort.

Un artiste à découvrir.
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Peintres de la Bretagne

Un grand merci aux éditions Palantines et à Denise Delouche, grande spécialiste des peintres de la Bretagne, qui nous livrent ici un magnifique ouvrage avec plus de 500 reproductions en couleur de 300 artistes.



Un livre référence à découvrir le plus rapidement possible !
Lien : http://librairielefailler.bl..
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Mathurin Méheut : Arpenteur de la Bretagne

Mathurin Méheut, toute personne intéressée par l’iconographie de la Bretagne traditionnelle a probablement croisé ses dessins à plusieurs reprises. Des dessins à la gouache ou à la caséine en général, souvent des personnages vus de dos, et toujours des scènes de la vie quotidienne, croquées sur le vif, avec un coup d’œil très sûr pour la couleur et pour le mouvement qui permet de donner instantanément vie au dessin. Ce ne sont pas des cartes postales, pas des clichés de la Bretagne rurale et un peu arriérée que l’on voudrait parfois nous vendre, au contraire, il y a un sens de l’observation assez unique qui retranscrit bien la mutation que cette société est en train de vivre dans cette première moitié du XXème siècle.

La couverture est bien représentative de cette œuvre : une plougastellen et sa famille (un costume que Mathurin Méheut semble prendre beaucoup de plaisir à représenter) avec ses rubans au vent, se rendant à une foire. Et dans le fond, une artiste de cirque en justaucorps, le contraste comme Mathurin Méheut aime le saisir.

Cette couverture est d’ailleurs l’affiche de l’exposition que le Musée de Pont-Aven a consacrée à cet artiste cette année. Et ce livre en est le catalogue de l’exposition. Avec des articles intéressants qui mettent en perspective l’œuvre de Mathurin Méheut, ce qu’il cherchait à faire, ses rapports avec le milieu artistique de l’époque… Puis sont présentées, sur de belles pages aérées, classées par thème, les œuvres de l’exposition. Cette classification par thème m’a parue judicieuse car elle permet de mieux appréhender la diversité des sujets abordés par Mathurin Méheut et la constance de son intérêt. Outre les dessins, quelques œuvres en faïence sont aussi représentées, puisque Mathurin Méheut est issu du milieu des arts décoratifs.

Je n’ai hélas pas pu voir cette exposition, mais plus j’explore ce catalogue et plus je le déplore. L’iconographie est riche, des aspects moins souvent abordés de l’oeuvre de Méheut sont présentés, en particulier ses dessins animaliers (certes, pas mes préférés, quoique, certains sont magnifiques et mettent en lumière des aspects moins souvent exploités du talent de Méheut) et surtout ses dessins de la période de la guerre, que j’avais déjà vus à Dinan, dans la maison de sa grande amie artiste Yvonne Jean-Haffen.

Pour un livre sur Méheut, il manque peut-être ses dessins exotiques, en particulier ceux faits lors de son séjour au Japon, mais c’est le thème de l’exposition qui veut cela, Mathurin Méheut, arpenteur de la Bretagne. Un arpenteur qui y a très peu vécu, mais qui savait la regarder, et ce livre en est un très beau et très complet témoignage.



Merci aux éditions Faton et au Musée de Pont-Aven de m’avoir permis de découvrir ce livre dans le cadre de la masse critique de Babelio.













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Mathurin Méheut : Arpenteur de la Bretagne

Cet ouvrage, que j’ai reçu grâce à la Masse critique, est le catalogue d’une exposition qui s’est tenue au Musée de Pont-Aven du 25 juin et 31 décembre 2022.

Je connaissais déjà Mathurin Méheut, au détour de cartes postales que j’avais achetées en Bretagne, représentant des scènes champêtres et paysannes, des fêtes (notamment plusieurs pardons), des paysages maritimes en liaison en général avec les travaux des pêcheurs, ramasseurs ou brûleurs de goémon.

Le livre offre une iconographie très riche (une centaine de pages d’illustrations en couleur sur environ 200 pages), pour un prix qui reste assez modique (29 €).

Il s’agit principalement de reproductions de tableaux, réalisés entre les années 1910 et 1950, souvent à la gouache, mais également d’illustrations et de décors exécutés notamment pour la porcelaine de Sèvres ou la faïencerie Henriot à Quimper.

Dans sa préface, Sophie Kervran, directrice des musées de Concarneau et de Pont-Aven, indique que Mathurin Méheut est un artiste inclassable. Il n’appartenait à aucune école et ne fréquentait pas beaucoup les autres peintres, même s’il a noué avec Yvonne Jeanne-Haffen une relation artistique et personnelle très riche.

Pour donner une idée de son style, je serais néanmoins tentée de le rapprocher, notamment pour l’utilisation des couleurs et le choix des sujets, à certains peintres de l’école de Pont-Aven. Les teintes des premiers travaux sont très vives, peut-être un peu moins lumineuses dans les œuvres plus tardives.

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Mathurin Méheut

Un magnifique beau livre sur l'ensemble de l'oeuvre de Mathurin MEHEUT, très bien documenté avec de belles illustrations.
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Mathurin Méheut arpenteur de la Bretagne

Mathurin Méheut (1882-1958) est un peintre, illustrateur, également céramiste breton. Né à Lamballe dans les Côtes d’Armor, il travaille tout d’abord chez un peintre en bâtiment à Lamballe, avant d’entrer à l'École régionale des beaux-arts de Rennes en 1898 avant de s’installer à Paris en 1902. Il publie des illustrations sur les poissons et les coraux. il séjourne et travaille à la station de biologie marine de Roscoff de 1910 à 1912 où il observe et dessine le milieu marin, d’où son ouvrage « Étude de la mer 1913-1914 ». Il collaborera plus tard comme céramiste pour la faïencerie Henriot à Quimper, réalisant des services à poisson pour le restaurant Prunier à Paris. Mobilisé à Arras, il réalise ses « Croquis de guerre », témoin de la vie dans les tranchées. Une exposition au Musée d’Aubigny, à Auvers sur Oise de septembre 1918 à Mars 1919 rappelle son œuvre de guerre. L’exposition donne lieu à un superbe catalogue et un ouvrage réalisé par Elizabeth et Patrick Jude, donc son arrière-petite-fille « Mathurin Méheut 1914 - 1918. Des ennemis si proches » (2014, Éditions Ouest-France, 144 p.). Il revient ensuite en Bretagne où il devient le peintre officiel de la Marine. Comme tel, il participe à la décoration de neuf paquebots dont le « Normandie » ou les paquebots de la Compagnie des Messageries Maritimes Françaises qui font le trajet Marseille-Indochine.

Témoin d'une époque, et passionné par les hommes et les paysages de la Bretagne, il s’efforce de témoigner de cette vie et de ses coutumes qu’il voit progressivement disparaître. Il meurt à Paris en 1958. Il est depuis reconnu comme étant un artiste majeur du XXe siècle en Bretagne, témoin de la société bretonne travailleuse et pieuse de la première moitié du siècle.

Un premier musée Mathurin Méheut est créé à Lamballe, sa ville natale, à l'intérieur d'une maison à pans de bois rouge du XVe siècle, dite « Maison du Bourreau », place du Martray. En juin 2022, le musée est transféré dans une nouvelle construction, prenant en compte des bâtiments du haras national de la ville. Françoise Mauffret dessine les nouveaux locaux. Le nouveau musée est inauguré en juin 2022. Une exposition temporaire lui est dédiée au Musée des Beaux-Arts de Pont-Aven pendant l’été-automne de 2022. L’Université de Rennes I possède 25 toiles grand format qui ont été commandées en 1941 par le doyen Yves Millon pour l’Institut de Géologie inauguré en 1947. Signées par Mathurin Méheut et Yvonne Jean-Haffen, elles représentent la faune et la flore du passé, les époques géologiques, les activités de l’Institut. Yvonne Jean-Haffen est chargée de la réalisation de cinq toiles représentant des paysages géologiques bretons étudiés lors d’excursions tels que la Vilaine à Saint-Malo-de-Phily, la Vilaine au Boël, le Cap Fréhel, les Tas de Pois, ainsi que Ploumanac’h. « J’ai pu faire toutes les études de roches que je désirais … Je me mets actuellement au grand panneau représentant les falaises de la presqu’île de Crozon avec les Tas de Pois ». Lorsque l’Institut de Géologie déménage en 1972 des quais de la Vilaine pour rejoindre un nouveau bâtiment sur le campus de Beaulieu, le directeur du centre de géologie Jean Cogné insiste pour que les toiles sont restaurées. Montées sur châssis elles ornent désormais le pôle Géosciences de l’Université de Rennes I

C’est le peintre de la Bretagne, celle des activités rurales et maritimes, du labeur et des gestes de l’artisanat et du peuple maritime, mais aussi des fêtes religieuses et profanes. Il décrit et enregistre des scènes aussi bien du Finistère aux paysages quelquefois durs, mais aux costumes du pays Bigouden chatoyants. Il décrit des scènes plus gaies de la vie quotidienne depuis les marais salants de Guérande jusqu’à la baie du Mont-Saint-Michel. L’intérieur des terres, et ses rythmes agricoles est décrit depuis la moisson, les foins et la récolte du goémon. La pêche n’est pas oubliée avec de nombreuses scènes de remontée des filets ou de tri et nettoyage des poisons. Enfin les scènes de la vie quotidienne laissent une large place aux pardons, processions religieuses, fêtes ou installation d’un cirque qui rythme la vie des villages.

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