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Citations de Dennis Lehane (1471)


"Dieu te bénisse". On pourrait ajouter ça sur la liste, en compagnie de "C’est comme ça et pas autrement" et "Qu’est-ce qu’on peut y faire". Des formules faites pour consoler en enlevant tout pouvoir à celui ou celle qui parle. Des formules qui disent que tout dépend de quelqu’un d’autre, vous n’avez rien à vous reprocher.
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Quel boulot à la con, se dit Bobby. On les tient, ils sont acculés, prêts à parler, et puis le germe malsain d’une idée vicieuse fait son chemin dans leur cerveau de hamster et ils se disent, je peux m’en sortir.
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Appelez-les niaks, appelez-les nègres, appelez-les youpins, “micks”, métèques, ritals ou bouffeurs de grenouilles, appelez-les comme vous voulez, pourvu que vous leur colliez un nom quelconque qui enlève une couche d’humanité à leur corps quand vous les évoquez. C’est ça, le but recherché. Si vous pouvez faire ça, vous pouvez faire en sorte que des jeunes hommes traversent des océans pour aller tuer d’autres jeunes hommes, ou vous pouvez aussi les faire rester ici, chez eux, et leur faire faire la même chose.
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— Ce pauvre couillon ? Demander un renseignement à ce type, c’est comme commander une pizza viande hachée fromage à un poteau téléphonique.
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Gert est plus bête qu’un bus rempli d’attardés conduit par un débile.
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C’est un refrain qui leur est cher à tous. Ça va avec "C’est comme ça et pas autrement" et "C’est des choses qui arrivent".
S’ils sont pauvres, ce n’est pas parce qu’ils ne font pas d’efforts, ni parce qu’ils ne travaillent pas dur, ni parce qu’ils ne méritent pas mieux.
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Pour la première fois depuis une semaine, elle aime la façon dont elle se sent - meurtrie, avec des plaies en train de former une croûte, le goût du sang dans la bouche que certains disent amer mais qu'elle a toujours trouvé plutôt proche d'une saveur beurrée.
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Elle descend à Harvard Station, s'engage sur Harvard Square, et c'est aussi insupportable que ce qu'elle craignait - des enfoirés de hippies partout, ça sent la marijuana et les odeurs corporelles ; tous les vingt pas, quelqu'un gratte une guitare en fredonnant une chanson qui parle d'amour, mec, de Richard Nixon, mec. Nixon a évacué la Maison Blanche en hélicoptère il y a près de trois semaines, mais il est toujours leur croquemitaine, à ces lavettes choyées, sur-éduquées, qui ont refusé d'aller à l'armée. Elle n'arrive même pas à compter combien sont pieds nus, à traîner dans les rues sales, avec leurs pantalons pattes d'éléphant élimés, leurs chemises multicolores, leurs colliers de perles et leurs longs cheveux, les filles sans soutien-gorge, les fesses débordant généreusement de leurs jeans coupés en shorts, remplissant l'air de la fumée de leurs cigarettes, de leurs cigarettes aux clous de girofle, de leurs joints, chacun et chacune d'entre eux étant une source d'embarras pour leurs parents qui ont dépensé des sommes faramineuses pour les envoyer dans la meilleure école du monde - une école dans laquelle pas un pauvre ne pourrait entrer, aucun doute là-dessus - et ils les remercient en traînant, les pieds sales, et en chantant leurs chansons folk merdiques qui parlent d'amour, mec, d'amour.
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C'est une douce soirée d'été qui sent la pluie. Bobby accompagne Carmen jusqu'à sa voiture. A un moment, il lance un regard de côté, la surprend en train de lui lancer aussi un regard de côté avec un sourire discret, et il songe à la possibilité que ce n'est peut-être pas l'amour qui est le contraire de la haine. C'est l'espoir. Parce que la haine prend des années à se former, tandis que l'espoir peut déboucher au coin de la rue alors même que vous avez les yeux ailleurs.
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Ils ont tous un surnom. Aucun James ne peut être qu'un simple James ; c'est nécessairement Jim ou Jimmy ou Jumbo ou JJ, voire, dans un cas particulier, Tantrum. Les Sullivan sont si nombreux qu'appeler quelqu'un Sully n'est pas suffisant. Au cours de ses différentes incursions ici, au fil des ans, Bobby a rencontré un Sully Un, un Sully Deux, un Sully le Vieux, un Sully le Jeune, un Sully le Blanc, un Sully le Bronzé, Un Sully l'Infidèle, un Sully le Nez, et Petit Sully (qui est foutrement grand). Il a rencontré des gars appelés Bridé, Queue de Billard, Rôti en Cocote, Sac de frappe (fils de Sully le Bronzé). Il est tombé sur Pare-Chocs, Petite Dose, Destop, Conjonctivite (qui est aveugle), Gambette (qui boite), Et Mains Baladeuses (qui n'en a pas).
Tous les types ont le regard vide et lointain. Toutes les femmes ont du caractère. Tous les visages sont plus blancs que la peinture la plus blanche que vous ayez jamais vue et, juste sous la surface, voilés d'un éternel rose irlandais qui parfois se transforme en acné, et parfois non.
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Ici, tout le monde connaît tout le monde ; ils s'arrêtent les uns les autres dans la rue pour prendre des nouvelles des conjoints, des enfants et des cousins au deuxième degré. L'hiver venu, ils déneigent des allées ensemble, se groupent pour dégager les voitures des congères, se passent généreusement des sacs de sel ou de sable pour les trottoirs verglacés. L'été, ils se réunissent sur des vérandas ou des porches, ou se rassemblent sur des chaises longues le long des trottoirs pour tailler une bavette, s'échanger les journaux et écouter Ned Martin commenter les parties des Sox sur HDH. Ils boivent de la bière comme si c'était de l'eau du robinet, fument des cigarettes comme si le paquet allait s'autodétruire à minuit et s'interpellent - d'un trottoir à l'autre, depuis ou en direction de leurs voitures ou bien en direction de fenêtres lointaines - comme si l'impatience était une vertu. Ils aiment l'église, mais ils ne sont pas fous de la messe. Ils n'aiment que les sermons qui leur fichent la frousse et se méfient de ceux qui font appel à leur empathie.
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Elle a trouvé une station sur sa radio - WJIB - qui ne passe que de la musique classique et elle l'écoute en permanence. Elle ne la ferme même pas quand elle va se coucher (non qu'il y ait beaucoup de sommeil dans sa vie ces jours-ci). Depuis son enfance, elle a toujours été fan du hit-parade, jamais d'un groupe en particulier, juste de la musique du jour. Cet été, elle a adoré Rock the Boat, Billy Don't Be a Hero et sa préférée, Don't Let the Sun Go Down on Me. Mais à présent, toutes ces chansons lui paraissent stupides parce qu'elles n'ont pas été écrites en ayant à l'esprit quelqu'un comme elle. Même ces paroles "Tout perdre, c'est comme si le soleil se couchait sur ma vie" lui semblent insuffisantes, parce que tout perdre, ce n'est pas comme si le soleil se couchait sur sa vie, c'est comme si une bombe atomique avait explosé à l'intérieur d'elle-même, et maintenant elle fait partie du nuage en forme de champignon, mille petits fragments d'elle se désintégrant et voltigeant dans l'espace, dans mille directions différentes.
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Et puis, Dave leva une main. Il la maintint au niveau de son épaule un long moment, et quand Jimmy agita la sienne en retour, il sentit une étrange tristesse s'insinuer en lui, se frayer un chemin jusqu'au plus profond de son cœur puis se répandre dans tout son être par petites vagues. Il ne savait pas si cette tristesse était liée à son père, à sa mère, à miss Powell, à cet endroit ou à Dave qui gardait sa main immobile derrière la vitre, mais quelle qu'en soit la cause - un de ces choses ou toutes -, elle ne la quitterait plus jamais, il en avait la certitude. Jimmy, assis sur ce trottoir, avait onze ans, mais il n'avait plus l'impression d'être un enfant. Il avait l'impression d'être vieux. Aussi vieux que ses parents, aussi vieux que la rue.
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Le sourire de Cawley reparut, mais dans une version plus visqueuse rappelant à Teddy la pellicule qui se forme sur la soupe quand elle refroidit.
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- Je n'ai pas tué votre fils, dit-elle
- Ah vraiment ? réplique Dreamy. Vous avez élevé une enfant qui pensait que haïr des gens parce que Dieu leur a donné une couleur de peau différente était quelque chose de normal. Vous avez autorisé cette haine. Vous l'avez probablement engendrée. Et votre gamine et ses amis racistes, qui ont tous été élevés par des parents racistes tels que vous, ont été lâchés dans le monde pareils à des putains de grenades bourrées de haine et de stupidité...
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En cinquième, il y a longtemps, Soeur Loretta leur disait que même si l'enfer n'était pas des grandes flammes avec des démons cornus armés de fourches comme le supposaient les gens au Moyen Age, c'était, il ne fallait pas s'y tromper, un vide.
C'était être séparé de l'amour pour l'éternité.
Quel amour ?
L'amour de Dieu.
L'amour de n'importe qui.
L'amour, quel qu'il soit.
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Elle essuie les larmes sous les yeux de sa fille avec ses pouces. Elle lui dit que tout va bien. Elle lui dit qu’un jour, les choses auront un sens.
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J’ai toujours été presque certaine que je les avais déçus. Mais juste avant de mourir, ma mère m’a dit : « On n’a jamais approuvé, mais on a toujours été fiers. » Est-ce que ce n’est pas une chose bizarre à dire à son enfant ?

(Gallmeister, p.361)
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— Je suis accro à l’héroïne parce que Dieu, s’il n’est pas mort, est certainement en congé sabbatique.

(Gallmeister, p.192)
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Il y a bien plus de gens dans ce monde qu’il n’y a de parts de chance, alors ou bien vous êtes au bon endroit au bon moment, à la seconde même où la chance fait son apparition — une seule fois et pour ne plus jamais revenir. Ou bien vous n’y êtes pas. Et dans ce cas…
C’est des choses qui arrivent.
C’est comme ça et pas autrement.
Qu’est-ce qu’on peut y faire.
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