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Citations de Diane de Margerie (27)


Même ma grand-mère Henriette était déjà consciente de ce que l'écriture avait sa gravité. Toute une page de ses carnets intimes est consacrée à ce sujet! "La plupart de nos maux viennent de ce que nous avons des mots pour les décrire. (...)

Ce qui est écrit ne peut être changé, existe à jamais, d'où la prédilection pour ce qui n'est pas nommé. Ce que l'on ne dit pas n'existe pas vraiment. Le non -exprimé signifie l'annulation de la peur (...) (Mercure de France, 2001, p.61)
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Le livre de Joyce Carol Oates sur le deuil de son mari provoque en moi des sentiments contradictoires. D'une certaine façon, les ruptures donnent déjà un avant-goût de la mort pourtant elles m'ont toujours appris quelque chose. (...)
Le mot -veuve- qu'elle emploie dans "j'ai réussi à rester en vie" n'est-il pas le masque d'un autre mot haï: le mot -seule- ? De tous les instants de lucidité qui la saisissent, celui-ci traduit exactement ce que je ressens pendant ma lecture: elle est - seule- sur une plage magnifique en 2008. Sur cette plage d'une île en Floride, elle se dit: "Tu es vraiment ridicule. Vouloir te remonter le moral, alors que le seul fait important de ta vie est que tu es seule. Tu es veuve, et tu es seule. Tu n'es pas préparée à la solitude parce que tu avais cru que tu serais aimée, protégée et choyée éternellement. Maintenant que tu es veuve, tu as perdu tout cela. Ton cœur n'est pas brisé mais racorni. Tu es ridicule de courir en tout sens pour faire des "causeries", des "lectures" parce que rester chez toi te terrifie. (p.45)
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Pourquoi réunir ces textes si ce n'est parce qu'ils sont aussi des éclats autobiographiques, des fragments de vie et qu'ils ont opéré, grâce à la lecture, d'intenses transferts permettant de vivre ?
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Ainsi toute mon enfance a été marquée par l'ambivalence, par le contraste entre la misère et la beauté des formes et de l'architecture; je devais retrouver bien plus tard cette fusion entre la poésie et la réalité dans ce petit-chef-d'oeuvre qu'est le -Narayama- de Fukasawa. L'alliance entre la contemplation du beau et la perception de la douleur engendre une sorte de climat naturel puisque, dès l'adolescence, j'avais vécu cette dualité qui me paraissait aboutir à la seule unité possible.
L'unité supposait la connaissance du mal. Elle devait tenir compte de la souffrance des coolies- pousses et des mendiants infirmes vus à Shangaï, et faire ressortir, à Pékin, le calme des temples et des jardins déserts, la beauté des céladons aux lignes pures; oui, l'unité avait son prix à payer: celui de la lucidité. (p. 10)
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Il faut oser être ce que l'on est, au risque de tout perdre, mais cette force ne nous vient que lorsqu'on a déjà beaucoup perdu, et survécu à ces pertes.
( Flammarion,1985, p.188)
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Le couteau et l'hostie.

Marie Jouhandeau sait voir. Son regard, où se mêlent lucidité, résignation et humour noir, loin d'être provincial et étriqué, sait fait faire de chaque événement à Guéret, de chaque petite scène familiale, de chaque cérémonie ou enterrement, un hublot ouvert sur la complexité du monde. Nulle mièvrerie jamais chez elle. On demeure surpris de tant de hardiesse dans une âme que l'on devine blessée à l'aube du mariage avec Paul, le garçon boucher. Déjà existe chez la mère ce mélange surprenant de curiosité humaine et de distance (sans mépris) que l'on retrouve dans les oeuvres les plus fortes du fils. (p; 215)
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Je réfléchis à cette parole du poète : ce que fait la vie, la mort le défait. La cathédrale n'a pas été créée pour ses contemporains, des milliers de bâtisseurs sont morts sans même la voir s'ébaucher dans le ciel, il y a ceux qui sont venus, tous ceux qui viendront, ceux qui sont morts à la tâche en revenant non point des croisades, mais tout simplement des carrières. (p. 30)
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[Jean-Didier Vincent ]
"Finalement, c'est grâce à la biologie que je suis devenue athée...Trempé toute mon enfance par ma mère dans une bassine de culpabilité, je m'en suis sorti par la tolérance qu'apporte la connaissance scientifique."
J'aime cette idée capitale de tolérance apportée par le savoir. (p. 102)
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L'écriture n'a pas complètement sauvé Virginia Woolf ni Anna Kavan. Mais elle a été leur raison de vivre, leur liberté jusqu'à leur mort. (p. 60 / Mercure de France, 2001)
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25 février (2011), Paris

je n'ai cessé aujourd'hui de penser que créer tue la répétition. Qui dit répétition sous-entend très vite l'habitude. L'esclavage des habitudes mène à la régression. C'est bien pourquoi quand, autrefois, des proches ont essayé de me décourager d'écrire (par méfiance de la liberté que l'écriture instille?) , c'était comme si on avait voulu m'amputer.
Ecrire ou démissionner de la vie.
Ecrire contre. (p.140)
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Elle n'avait jamais voulu avoir d'enfant parce qu'elle avait été le témoin de ce qu'une mère peut faire de son fils; il y avait, elle ne le savait que trop bien, des énergies maléfiques et terribles à l'œuvre dans le sang féminin. (p.27)
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Nous devons à Akutagawa des textes parmi les plus originaux de la littérature japonaise. (...)
On comprend que l'auteur a été hanté, jusqu'à son suicide, par l'idée de survivre à sa mère démente et que sa névrose est sans doute héréditaire. La plus belle nouvelle du recueil -Une vague inquiétude- (...) s'appelle "Le doute", et c'est bien le doute qui demeure le thème fondamental de cette oeuvre magistrale. (p. 15)
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La nouvelle intitulée, -Quel âge avez-vous ? -:
Non, elle ne dirait pas qu'elle avait soixante-dix ans, ce serait trop facile: il pourrait la croire résignée, déjà de l'autre côté; il pourrait croire ce qu'elle croyait, elle, quand elle était entrée ce soir-là dans la brasserie: qu'elle en avait fini avec l'enfer de l'amour et du manque d'amour (car les deux l'avaient en quelque sorte saccagée); il pourrait croire qu'elle était une femme vieillie, une grand-mère, une arrière-grand-mère, peut-être, avec une maison, des enfants, des petits-enfants, un mari quelque part, en voyage ou en province; il pourrait se méprendre, croire qu' elle avait vécu, que la richesse de la vie avait été suffisante- alors qu'elle était encore neuve, et vierge, et que rien, absolument rien n'avait eu lieu...(p.43)
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La nouvelle intitulée, Retrouvailles :
...sa stabilité resplendissante ne venait nullement d'elle-même mais de son époux qui aplanissait toutes les difficultés, à qui elle devait tout, y compris cette possibilité où elle se trouvait de laisser vagabonder son esprit. (...) Elle connaissait parfaitement sa paradoxale ingratitude: c'était parce qu'il mettait tout à sa disposition qu'elle avait le temps, et même le désir, de recevoir davantage. (...) Lucide, elle savait parfaitement la trouble origine de son obsession: la sécurité d'avoir l'indispensable la rendait insatiable. (p.99-100)
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Mais son chef-d'oeuvre (de Yasushi Inoué) reste sans doute "Histoire de ma mère", où un fils renverse le temps pour mettre au présent la vieillesse de sa mère dont il doit accepter la dégradation. Dégradation qui n'est qu'un retour à la jeunesse (dissimulant un secret) puisqu'elle a perdu la mémoire. Au fur et à mesure que le temps passe, loin de s'encombrer d'une avidité qui ne lui apporterait que des frustrations, la mère se détache de ses souvenirs, ignore les marques de la vie, les rides et les obligations. Elle en oublie même son mari, oubli qui la ramène au contraire à son premier amour, un certain jeune homme nommé Shunma dont elle parle sans cesse à ses petits-enfants. Oubli révélateur (veut sans doute nous dire Yasushi Inoué, ce maître de l'ambiguïté) car parfois les êtres -comme dans "Fusil de chasse"- ne se découvrent dans leur vérité nue que trop tard.
Ainsi la mère n'a-t-elle peut-être jamais aimé son époux et il se peut aussi que, grâce à la vieillesse, elle retrouve tout ce qu'elle a dû secrètement ensevelir sous des dizaines d'années communes. Ce processus décapant de la mémoire ou plutôt de l'oubli est-il vraiment innocent ? Son fils constate : "Une partie du passé avait complètement disparu chez elle. Elle avait oublié mon père et l'intérêt qu'elle portait à ses enfants s'était considérablement affaibli", mais en même temps voici que, libre de tous liens sauf de son fantasme amoureux pour le jeune et brillant Shunma mort à dix-sept ans, la mère rejeunit, le visage lisse.
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Le sentiment du sacré n'a nul besoin d'un dieu ou d'un pouvoir divin pour exister: il émane du mystère de la création où, bien sûr, un dieu qui aurait dessiné le monde dans le moindre détail en sept jours apparaît comme une fable; il émane (...) de l'émerveillement devant la perfection de l'infiniment petit comme de l'infiniment grand. Il inspire le sentiment qu'il ne faut rien agresser, rien gâcher, mais accepter de se tenir devant la vie comme un don dont nous ne savons rien, ni de son commencement, encore moins de son après-la-fin. (p.104)
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On croit que les enfants ne raisonnent pas : à tort.Leur fascination va plus loin que toute élucubration philosophique, car ils pressentent ce qu'ils passeront la vie entière à vouloir exprimer. (Flammarion, p.26, 1985)
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Diane de Margerie
Les souvenirs s’engendrent par parthénogénèse […] page 18
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Enfants et parents ont beau tisser une chaîne de chair, elle est sans cesse rompue du seul fait de sa durée : nous n’avons pas commencé en même temps. Nous ne serons les contemporains de personne. Se ressouvenir, c’est d’abord apprendre combien nous sommes seuls.
Quelque chose en nous choisit ‘oublier. Un nombre incroyable de scènes nous échappe de la sorte. Une matière agissante et, pour nous, opaque, thésaurise tout un monde de connaissances et de sensations qui, en même temps, parfois, s’effacent. Pourtant rien de devrait échapper. Nous savons que tout est là. Page 13
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La nouvelle intitulée, Un Amour heureux:
Le voici devant la table, avec son titre. Mais pourquoi écrire, pourquoi utiliser une langue qui n'est pas faite pour la joie, et dont les mots acérés ne furent créés que pour débusquer les masques du mal, dépister ce qui se cache derrière les choses, soulever les pierres et regarder, dans l'humus humide, la vie des insectes- pourquoi, oui, pourquoi vouloir écrire ? (p. 113)
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