Il devait l’admettre : il avait du mal à abandonner complètement sa petite-fille. Et la placer chez des gens qui ne parlaient pas la langue constituait une option idéale. Ainsi, l’enfant resterait en sol français sans que sa famille adoptive pose trop de questions sur ses origines.
Lorsqu’un grain de sable se coince dans l’engrenage, il faut que les banquiers s’en occupent et exécutent leur travail de protecteurs de l’ordre social si fragilement établi.
Car ces nourrices, on le sait, sont faites pour allaiter, élever, chérir les enfants. Les Italiennes, encore plus que les autres, ont la vocation et ne manquent jamais de lait.
Les hommes semblent chercher à éviter le sujet de ce fœtus plus que gênant, porté par celle qui est la fille de l’un et la belle-sœur de l’autre, et qui constitue pourtant le motif de leur rencontre. Dans leurs rêves les plus fous, l’enfant ne parviendrait jamais à son terme ou, mieux, il n’aurait jamais existé.