Dominique Souton :
Je (ne) suis (pas) à vendre (04/2010) .
Mélanie Coste est mise au pied du mur : elle doit écrire le discours inaugural d?une exposition sur la sexualité, et pour cela (pense-t-elle) trouver un amant, la semaine même où elle a décidé d?arrêter de fumer, de boire et de manger. Difficile pour cette « professionnelle de la communication » de 40 ans, bourrée de symptômes. Psychanalyste, alcooliques anonymes, tabacologue, hypnotiseur, tous lui proposent leurs services. En vain. Amateur de vernissage, internaute, cadre sup, joueur en bourse, militant altermondialiste, aucun ne fait vraiment l?affaire. Comment va-t-elle s?en sortir ? Prenant exemple sur la comédie anglo-saxonne,
Dominique Souton trempe sa plume dans l?acide et dézingue les clichés d?une pseudomodernité envahissante. En librairie depuis le 1er avril 2010
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Encore ! Negro, vieux, bantou ou fragile, OK, d’accord, mais bolosse ?! En même temps, moins grave que de s’entendre appeler Bob ! Comme la pauvre Léa Sollers, parce qu’un prof lui avait dit qu’elle était une éponge à émotions. ( Oui, Bob l'éponge.)
Cette année au collège, fini de s’appeler par nos prénoms, mieux vaut dire gros, vieux ou yeuve, meuf, négro ou crasseuse. Si, j’ai entendu un 5ème le dire à une serveuse du McDo.
Le colis, c'était ce qu'il y avait de mieux.
La fille a ouvert son paquet, sorti sacs de bonbons, chocolat et jouets, en poussant des cris de joie. Les autres formaient un cercle autour d'elle et criaient aussi chaque fois qu'elle sortait la main du carton ; tous lui faisaient promettre de partager. La fille promettait. Mais la seule a bénéficier de ses largesses était sa voisine qui brandissait les articles comme des trophées avant de les rassembler dans l'enceinte de ses bras. Les autres, ceux qui n'avaient pas de colis, devaient se contenter d'une lettre.
Certains n'avaient rien.
C'était l'heure du goûter, mon frère et moi nous sommes retrouvés autour des tables de formica moucheté pour la distribution.
Ce jour-là, c'était pain-pâte de fruits.
j'ai mordu dans la barre violet foncé.
Ma bouche était pleine d'une pâte molle parfumée au cassis ; les grains de sucre s'incrustaient dans mes dents. Je gardais le pain pour faire passer le goût fort du parfum violet. J'ai jeté un œil à mon frère à la table des petits, il avait l'air de bien aimer la pâte de fruits.
Le Philosophe, un surveillant du collège tout maigre qui mange comme quatre et sait plein de choses, nous l'a dit : parce qu'il est invisible et que personne ne lui accorde la moindre attention, le bolosse est un homme libre. Contrairement au populaire qui se doit à son public et qui est otage de son image. En tant qu'ex-bolosse lui-même, le Philosophe nous a beaucoup appris. (p.15)
Il faut que je te le dise, Emma, tous les ans, dans notre communauté, mais dans d'autres communautés également, les filles à partir de l'âge de onze ans vont au bal prêter serment à leur père de rester pures jusqu'au mariage.
Chaque bolosse a son histoire. Au CM2, j'ai été malade: des crises d'asthme à répétition, qui m'obligeaient à rester à la maison. Mes parents ont engagé un étudiant en maths pour me garder. Comme on n'avait rien de spécial à faire, on a fait des maths. Quand je revenais à l'école, j'étais décalé. Je n'avais pas le bon vocabulaire, je ne portais pas les bons vêtements, je ne m'intéressais pas aux choses qu'il fallait: j'ai loupé une saison entière de chasse aux Pokémon. Une année a suffi pour faire de moi un bolosse.
Les thymonaleptiques sont des médicaments extrêmement dangereux. Ils vous laissent mettre votre vie à sac, sourire béat, et vous abandonnent ensuite seule et atterré au bord d'un trou comme celui qui imprime dans le sol une bombe terroriste.
Je déteste ne pas finir de livre mais celui la ne ma vraiment pas plu.
Je m'accroche d'habitude mais la j'ai pu tenir que jusqu'à la page 16.
Vraiment lisez le mais moi je n'ai pas pu.
Chère Emma,
Je ne sais pas toi, mais moi, je suis sacrément contente qu'on soit correspondantes. Tu voulais savoir pourquoi... pourquoi je t'ai choisie. Eh bien, parce que, comme toi, j'aime écrire, chanter, danser, j'aime les chevaux et les dauphins. D'ailleurs, sur Polyglot Club, tu l'auras remarqué, on n'est pas les seules. Apparemment, tout le monde aime les chevaux et les dauphins, haha. Bien sûr, dans le Dakota du Sud, les dauphins, je ne suis pas près d'en voir, LOL. Et puis tes lunettes sont classe. Au lycée, il n'y a que moi qui aie des lunettes. Mes camarades* (oops, un blasphème !) préféreraient être aveugles plutôt que d'en porter. Une question de morale ou d'éthique, je crois. Les miennes sont moches. Une question de morale aussi. Ou d'argent. Mes pauvres parents ne tiennent pas à ce que je sois classe, et tu comprendras bientôt pourquoi.
Ta nouvelle correspondante, Chrissie