Elle désirait (mère Angélique Arnauld) les maintenir absolument dans cette solitude et ce silence, dans cette vigilance impersonnelle et anonyme. La figure de Saint-Cyran devenait un mode d'être, un désert, une demeure, en se substituant ou en renvoyant à la figure silencieuse du Dieu immolé. Elle-même poursuivait ainsi le travail de sa vulnérabilité, de son exposition à la Croix, de son sacrifice déjà là. Et ce faisant, Elle se trouva projetée avec violence dans l'histoire politique de son XVII ème siècle.
Reprenant les phrases de l'apôtre Paul, Jean (de la Croix) déclare : "(Les âmes) se servent de figures, de comparaisons et de ressemblances pour traduire quelques uns de leurs sentiments, et révéler quelques uns des nombreux mystères dont elles ont le secret., au lieu d'en donner les raisons. Il ne faut lire ces comparaisons qu'avec la simplicité de l'esprit d'amour et l'intelligence de la doctrine qu'elles enferment ; sinon on les prendrait pour des extravagances plus que pour des paroles raisonnables."
Jean de la Croix est un carme, et dans la tradition carmélitaine, l'importance du désert est fondamentale. La spiritualité carmélitaine est en effet marquée par l'idéal de vie contemplative des pères du désert. L'ordre a été formé en Orient au XII ème siècle par la réunion de quelques ermites établis depuis les croisades, à l'exemple de prophète Elie, sur les pentes désertiques et effrayantes du Carmel.
"Elle nous disait qu'il fallait adorer Dieu et se taire".
C'est pourquoi Elle attachait une extrême importance à la célébration des Offices liturgiques, effectuée "non en chants nouveaux et en musique, mais simplement en plain-chant", selon la coutume ancienne de l'Ordre cistercien. Ce chant était bien le fruit de la langue, mais d'une langue qui abandonnait son statut originaire pour avoir la forme du creux, aménageant des intervalles, des courbes amples et des effets d'écho.
Si Julienne (de Norwich) ne cesse, comme d'autres femmes visionnaires, Hildegarde de Bingen, Mechtilde de Magdebourg ou Brigitte de Suède, également Thérèse d'Avila, de se proclamer "illettrée", qualificatif qui s'applique alors à ceux qui ne connaissent pas le latin, elle manifeste dans le récit de ses visions une connaissance manifeste de l'Ancien et du Nouveau Testament, ainsi que des Pères de l'Église, en particulier Saint Augustin et Grégoire le Grand. Elle cite le nom du Pseudo-Denys. Certains critiques signalent dans son texte des fragments qui font songer aux oeuvres de Maître Eckhart, Tauler, Ruysbroeck
On ne dit pas "Dieu est" ou "Dieu n'est pas", mais "Dieu sur-est". Dieu échappe à toute vision, car il est au-delà de l'être. Dans la création, toute est apparition de Dieu, qui est vu, non en lui-même, mais par symbole et par mystère.
L’oeil qui est malade ne voit que ténèbres dans le soleil pourtant si lumineux, pendant que l’oeil saint en perçoit la clarté. Ce n’est pas la lumière qui fait défaut, ce n’est pas le soleil qui change, qui est autre pour l’aveugle, autre pour le voyant. C’est l’œil lui-même qui est infirme, et le défaut de lumière n’est imputable qu’à lui. Aussi les damnés verront-ils mon Fils dans les ténèbres, dans la confusion, dans la haine. Ce défaut de vision sera leur fait, non celui de ma divine Majesté, avec laquelle il apparaîtra pour juger le monde.
Voilà le péché irrémisible, qui n’est pardonné ni en ce monde ni dans l’autre. Elle a repoussé, elle a méprisé ma miséricorde, et ce pêché est plus grave à mes yeux que tous les autres péchés dont elle s’est rendue coupable.
L’âme en péché mortel ne peut produire une bonne action qui soit méritoire de la vie éternelle, parce que cette action n’est pas accomplie en état de grâce.
Il fut le seul philosophe latin de toute l'Antiquité à ignorer le grec.