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Critiques de Édouard Husson (4)
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Heydrich et la Solution finale

A déconseiller comme lecture détendante de vacances, à conseiller mille fois pour comprendre de l'intérieur les motifs génocidaires des nazis et la mise en place de ce que nous connaissons tous en général : le génocide des Juifs d'Europe par les chambres à gaz, symbolisé par Auschwitz.

Mais Auschwitz tel que nous le connaissons ne fut pas quelque chose de programmé dès le début de la guerre et encore moins dès l'accession au pouvoir d'Hitler en 1933. le livre de plus de 500 pages nous explique pas à pas comment les nazis en sont arrivés au judéocide 'rapide", comme dit l'auteur, en passant par une série de projets évoluant au gré de la conduite de la guerre. Heydrich et Himmler, son chef, furent les architectes de cet inimaginable projet de mort, sous l'impulsion d'Hitler.

Nous apprenons beaucoup au fil de notre lecture, et nous sommes amenés à revoir un certain nombres d'idées qui circulent ordinairement sur le génocide.

Tout d'abord, l'antisémitisme n'est pas un à côté de l'idéologie nazie, mais son coeur et son moteur : ces hommes sont réellement persuadés que les Juifs sont responsables de la défaite de l'Allemagne en 1918, puis de sa dégénérescence (selon leur opinion) dans la République de Weimar. Tout cela est le fait des Juifs, qui, à un niveau international, tirent toutes les ficelles économiques, politiques, culturelles etc... de même, tous les pays européens et les Etats-Unis sont des valets des Juifs, qui ont aussi organisé la révolution bolchévique de 1917. Mais oui mais oui. De ce fait, il faut bien sûr les éradiquer. Comment ? C'est toute la réflexion du quatuor maléfique Hitler, Göring, Himmler, Heydrich.

Autre chose : l'Allemagne doit retrouver sa grandeur perdue. Pour cela, elle doit s'étendre dans un grand Reich où les peuples supérieurs (non Juif, non Slave, non Tsigane) pourront s'épanouir dans un espace vital entièrement germanisé, donc libéré de toutes ces populations impures.

Les deux ensemble : germaniser un grand Reich à l'est (jusqu'à l'Oural) en la vidant des populations parasites. L'élimination des Juifs est prioritaire, car ils sont dangereux politiquement, ayant des alliés partout, mais elle sera logiquement suivie de l'élimination des autres populations inférieures, après la victoire sur l'armée rouge, qui heureusement n'eut jamais lieu.

Autre idée fanatique logiquement liée : si l'armée allemande ne progresse pas aussi vite qu'elle devrait, c'est que les Juifs de l'est, qui commandent tout, sont encore trop actifs. Ainsi faut-il impérativement les éliminer pour pouvoir gagner : d'où ce génocide aberrant en plein conflit mondial. Bizarrement, ça n'aide pas, et la Wehrmacht s'enlise en URSS...

Comment se débarrasser des Juifs ? Heydrich ne fait pas directement construire les fameux "lieux d'extermination". D'abord, on songe à les faire partir. Dans les années 1930, les lois antisémites harcèlent les Juifs allemands pour les pousser à l'exil. Puis, à partir de 1939, on songe à les déporter massivement très loin : à Madagascar, où ils mourraient lentement. On pense aussi à la stérilisation. Puis, avec la guerre contre les Soviétiques, on songe à les déplacer dans les camps staliniens, vidés de leurs prisonniers, où, de même, ils mourraient lentement. En attendant, on assassine tous ceux qui se trouvent sur le chemin de l'armée (les fameuses Aktionnen des Einsatzgruppen, nommées aussi génocide par balle) Puis, vers 1941-1942 (les dates sont très discutées car les archives furent brûlées et tout se faisait par allusions), on passe aux fameux lieux d'extermination (Sobibor, Treblinka, Belzec) et à un camp double : extermination rapide et mort par le travail (Auschwitz-Birkenau).

Voilà. J'ai rapidement synthétisé, et j'espère ne pas avoir trahi la thèse de l'historien, mais rien ne vaut la lecture pour appréhender au plus près le fanatisme idéologique de ces hommes, leur effondrement moral, et la genèse ahurissante de ce projet de mort à une échelle inégalée. Car il y avait aussi le projet famine : coloniser l'Ukraine, la Biélorussie... pour nourrir les populations allemandes, et laisser tous les autres mourir de faim. A terme, c'est la mort de 30 millions d'être humains qui était planifiée. Heydrich en était le grand ordonnateur. Comment un esprit humain en arrive-t-il là ? L'historien ne tente pas de répondre. On ne peut que constater à quelles extrémités le fanatisme idéologique peut mener des hommes par malheur très intelligents, totalement persuadés de faire ce qu'ils ont à faire et absolument inaccessibles au doute...Epouvantablement effrayant, pour hier comme pour aujourd'hui.
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Heydrich et la Solution finale

Voici une œuvre historique qui vaut vraiment la peine d'etre lue;les propos sont clairs et precis.

Ce livre n'est pas une biographie de Heydrich,mais Heydrich est le personnage central,il intervient comme un des principaux concepteurs de la solution finale et comme le coordinateur de sa mise en œuvre.

Ce livre nous fait part des modes de fonctionnement du systeme de pouvoir a l'interieur de l'Allemagne nazie.L'auteur nous fait tres bien comprendre que les grands dignitaires sont les vassaux de fuhrer.

Cet ouvrage est une œuvre de reference,parfaitement maitrisee et aboutie grace aux nombreux documents et references biographiques etudiees et mises en correlation par l'auteur
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Dictionnaire de la Shoah

Disons le d’emblée, cet ouvrage est plutôt réussi : en plus de 600 pages (et pour moins de 30 euros), il représente en un unique volume une petite encyclopédie facilement maniable sur tout ce qui concerne la destruction systématique des Juifs européens.



Outre l’index, la précieuse bibliographie thématique, le lexique et la liste des abréviations, ce dictionnaire a l’originalité de présenter deux textes en incipit, des « Questions sur la Shoah » et une chronologie du « Processus ».



Seulement, à aucun moment dans ce dictionnaire, le terme même « Shoah » n’est discuté de façon critique. L’entrée « Shoah » décrit bien les sens du mot et les différents contextes dans lesquels le terme a été utilisé, avant de s’imposer en France, essentiellement suite au film éponyme de Claude Lanzmann. Henri Meschonnic, par exemple, a pourtant très clairement exposé (Le Monde, 20 février 2005) les raisons qui invitent à remettre en cause l’emploi dominant de ce terme hébreu signifiant « catastrophe soudaine », le plus souvent naturelle : c’est un terme d’une langue liturgique, inconnue de la plupart des victimes.



La connotation religieuse du terme suppose en outre, implicitement, la réduction du judaïsme à une religion. La « Shoah » – sacralisée en français par la majuscule –, repose sur une ontologisation de l’extermination des Juifs, insistant sur l’unicité de ce génocide, essentialisant par là-même le « peuple élu ».



Fort heureusement, il faut le reconnaître, ce dictionnaire comporte tout de même des entrées pour les « Arméniens » et « Tsiganes », même si on eût préféré pour ces derniers la dénomination « Roms et Sintis » et que l’article aurait pu mentionner qu’en France, par exemple, les Roms ont été internés jusqu’en mai 1946. D’autres catégories de victimes sont également mentionnées, comme les « homosexuels » ou les « témoins de Jéhovah », mais pas les communistes, qui n’ont d’ailleurs pas non plus l’honneur de figurer dans l’index (« Parti communiste » non plus, c'eût pourtant été l’occasion de discuter l’expression « parti des fusillés »).



Concernant la « Shoah », on pouvait espérer que ce dictionnaire aborde ces questions politico-linguistiques, et l’on ne pouvait dès lors que se réjouir d’une entrée sur les « Langues parlées par les victimes ».



Las ! Malheureusement, si l’article apporte des informations intéressantes sur l’usage de la diglossie selon les lieux et les époques (cafés aryens, ghettos, camps…), ce n’est qu’incidemment que le yiddish est mentionné, par exemple dans l’extrait d’un témoignage d’Emanuel Ringelblum, chroniqueur du ghetto de Varsovie.



source : nonfiction.com


Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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Heydrich et la Solution finale

Un peu déçu car je croyais lire une biographie sur Heydrich. Mais bon, je n'avais qu'à mieux lire le titre pour comprendre qu'Heydrich serait un sujet traité dans le cadre plus vaste de la solution finale. Donc soyons honnête c'est très bien et on a l'occasion d'en apprendre plus sur ce personnage qu'on traite souvent en second rôle dans les autres ouvrages historiques.
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