« Plus la situation est difficile, plus il est amusant de trouver des raisons de se réjouir. » (p. 42)
En ce matin de juin, Miss Polly Harrington entra en trombe dans sa cuisine. Il n'était pas dans ses habitudes de se hâter, elle qui se targuait même de garer son sang-froid en toutes circonstances. Or, ce jour-là, elle était en proie à une agitation manifeste.
Lorsque Pollyanna revit le Monsieur, il pleuvait. Elle le salua néanmoins avec un large sourie.
-Le temps n'est pas très beau, aujourd'hui, n'est-ce pas ? lança-t-elle avec son entrain habituel. Heureusement qu'il ne pleut pas tous les jours !
Pollyanna venait de suspendre le troisième prisme en plein soleil quand elle entrevit le phénomène qui allait se produire. Elle était tellement impatiente que ses doigts se mirent à trembler lorsqu'elle se hâta d'installer les autres pampilles sur la ficelle. Quand elle eut accompli sa mission, elle recula et poussa un petit cri de joie.
C'était une véritable féérie. La chambre à coucher somptueuse mais morne brillait de mille feux : rouge, vert, violet, orangé, or et bleu dansaient sur les murs, le sol, les meubles, même le lit chatoyait d'éclats multicolores.
- Oh, de nombreuses raisons! Votre comportement avec votre chien, pour commencer, expliqua-t-elle en désignant sa longue main posée sur la tête de son compagnon à quatre pattes, près de lui. C'est drôle comme les chiens et les chats déchiffrent l'âme des gens mieux que les humains.
Et, depuis, cette vaste bâtisse grise n'est qu'une maison vide et non un foyer. Il faut la main et le cœur d'une femme ou la présence d'un enfant pour fonder un foyer, et je n'ai eu ni l'un ni l'autre.