Entretien avec Bertrand Santini à propos de son roman Hugo de la nuit :
5/12/2016
Hugo, votre héros, est un petit garçon vif et curieux. Comment s’y prend-on pour se remettre dans la peau d’un jeune personnage lorsque l’on est un adulte ? Dans quel état d’esprit étiez-vous en lui donnant forme dans le roman ?
La production d’une histoire est assez mystérieuse et je ne saurais pas vraiment la décrire. Les histoires cheminent dans votre esprit, malgré vous… Un jour, elle vous semblent prêtes à être écrites, retranscrites… Durant la rédaction, le processus créatif est moins abstrait. On doit résoudre des problèmes techniques, de rythme, de clarté, de style, de grammaire… À la fin, on compare le résultat final au projet initial et pour ma part du moins, le résultat est souvent en deçà de ce que j’espérais. Mais si l’oeuvre achevée restitue au moins 40% des ambitions du départ, je pense qu’on peut s’estimer heureux.
Très vite dans le roman, on découvre que Hugo, va mourir. La mort est-elle pour vous un sujet comme les autres ? La littérature jeunesse peut-elle selon-vous traiter de tout ?
La mort n’est pas un sujet comme un autre. C’est l’une des questions les plus fascinantes. Parfois, je me dis que c’est le seul sujet qui mérite d’être traité, ce qui revient, bien sûr, à écrire sur la vie. Je pense qu’on peut s’emparer de n’importe quel sujet en littérature jeunesse. L’imposant c’est la façon dont on en parle, et d’avoir un point de vue et des idées à défendre.
Votre roman, bien qu’il aborde un sujet de fond difficile, mêle habilement la peur et le rire. La présence de ces deux tendances était-elle volontaire à la base ou s’est-elle imposée à vous ? Est-ce selon-vous le rôle d’un compte, que d’effrayer et faire rire à la fois ?
Cela correspond à l’image que je me fait du monde. Un théâtre tragi-comique. Je n’aime pas les récits affectés. Je ne peux pas imaginer raconter une histoire, fut-elle un drame, sans y glisser un peu d’humour ou de dérision. C’est comme cela qu’il faudrait aborder les épreuves de la vie, bien que ce ne soit pas toujours facile !
Tim Burton est très souvent évoqué dans les critiques afin d’évoquer l’univers que vous avez créé. Fait-il partie de vos inspirations ? Quelles sont-elles ?
L’univers de Tim Burton est un patchwork de l’universi de Dr. Seuss et celui d’Edward Gorey. Il faudrait ne pas connaître ces deux grands artistes pour penser que Tim Burton est original. Comme tout le monde, j’ai adoré ses premiers films, mais aujourd’hui, il m’intéresse moins. Mes inspirations sont plutôt du côté du romanisme victorien.
Si demain, un fantôme frappe à votre porte, lui ouvrez-vous ?
En principe, un fantôme traverse les portes sans encombre. Il n’attendrait donc pas mon autorisation pour venir à ma rencontre !
Bertrand Santini et ses lectures :
Quel est le livre qui vous a donné envie d’écrire ?
C’est davantage le plaisir de découvrir des histoires, plutôt qu’un livre, qui m’a poussé un jour à écrire.
Quel est l’auteur qui aurait pu vous donner envie d’arrêter d’écrire (par ses qualités exceptionnelles...) ?
Des milliers au moins ! Mais pour son bouillonnement constamment génial, William Shakespeare est particulièrement impressionnant.
Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?
Je n’ai pas de honte mais plutôt des regrets d’imaginer tous les livres que nous n’auront jamais le temps de lire.
Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?
Le Petit Prince.
Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?
Celle que j’ai glissée dans Hugo de la Nuit. « L’enfer est vide, tous les démons sont parmi nous ». (William Shakespeare).
Et en ce moment que lisez-vous ?
Je relis les Fables de Jean de la Fontaine.
Entretien réalisé par Marie-Delphine
Découvrez
Hugo de la nuit de
Bertrand Santini aux éditions
Grasset Jeunesse :

Audrey Lamy incarne avec un humour ébouriffant cette irrésistible petite chienne à la langue bien pendue et aux idées rafraîchissantes. Une lecture tendre et hilarante qui séduira les lecteurs de tous âges.
Le journal de Gurty 1- Vacances en Provence, de Bertrand Santini, lu par Audrey Lami, collection Écoutez lire.
On a beau être en juillet, la bêtise humaine ne prend décidément pas de congés.
"Ding Ding Dong... Nous arrivons en gare d'Aix-en-Provence" a dit la voix du train.
Oh, mais ça ne prouvait rien ! La voix du train raconte souvent n'importe quoi. Elle prétend par exemple qu'on peut trouver d'excellents sandwiches au wagon-restaurant, mais c'est pas vrai, ils sont pas bons.
La haine est une défaite, mes enfants.
Mais d'abord, ce n'est pas moi qui l'ai tué, le rat. Il s'ennuyait tout seul dans la cuisine, alors je l'ai mordu pour rigoler et ensuite il est mort de vieillesse, peuchère.
Personnellement, je trouve ça nul, d'être idiot. Ça ne fait que compliquer la vie. Surtout celle des autres.
King kong avait le coeur sensible, Dracula redoutait le soleil, le Colosse avait des pieds d'argile... Le Yark, lui, a l'estomac fragile.
Son estomac ne tolère que la chair d'enfants sages, un peu comme les vieux, qui avec l'âge, ne digèrent plus que le potage.
"s'ils ne faisaient pas d'excellents ragoûts, les enfants ne serviraient à rien du tout."
La ratte aussi était une sacrée pipelette !
Elle a dit qu'elle était née dans un égout de Montmartre, que la vie à Paris était difficile, car les humains proliféraient et qu'ils étaient si sales et répandaient tellement de maladies qu'ils devaient porter des masques.
Selon une certaine rumeur, l'être humain serait l'animal le plus intelligent de la Terre.
Personnellement, je n'en crois pas un mot.
La preuve : cette rumeur a été propagée par les humains eux-mêmes. Or, s'il y a bien un signe indiscutable de bêtise, c'est de se croire plus malin que les autres.
Les grenouilles, c'est un peu comme des écureuils, mais sans poils, sans arbre et sans queue.