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3.8/5 (sur 5 notes)

Nationalité : Russie
Né(e) à : Iaroslav , 1987
Biographie :

Elena Kostioutchenko est née à Iaroslavl, en Russie, en 1987, dans une famille pauvre.
Elle commence à travailler à l’âge de 9 ans, en faisant des ménages. À 14 ans, elle découvre le travail d’Anna Politkovskaïa sur la Tchétchénie et devient journaliste. Pendant dix-sept ans, elle écrit des reportages pour « Novaïa Gazeta », le principal journal indépendant du pays. En 2011, elle fait son coming out dans un post qui fait scandale en Russie, « Pourquoi je vais à la Gay Pride ». Au printemps 2022, suite aux reportages réalisés en Ukraine, « Novaïa Gazeta » est interdit, et Kostioutchenko renonce à rentrer en Russie. En automne 2022, elle réchappe à une tentative d’empoisonnement en Allemagne. Lauréate du Prix européen de la presse, du Gerd Bucerius Award et du Prix Paul Klebnikov, elle est l’auteure de plusieurs livres et pièces de théâtre.
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Source : Noirsurblanc
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Citations et extraits (7) Ajouter une citation
J'avais récemment pris conscience que j'étais lesbienne, j'étais tombée amoureuse, avait déclaré mon amour et avait été repoussée ; je pleurais et cherchais sur Google comment guérir de l'homosexualité. Apparemment, on ne pouvait pas.J'ai rassemblé mes forces et j'ai décidé de m'organiser en conséquence _ comme font les gens en fauteuil roulant, les sourds, les diabétiques, les malades du sida. Il fallait que j'apprenne à être lesbienne.
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Aller en Crimée était le rêve de tout Soviétique. On en plaisantait, on disait que c'était la plage principale de l'URSS .Mais il ne s'agissait pas seulement de la plage, non!
Toute la péninsule était enchantée, presque irréelle.
Maman disait : qu'à fait l'Ukraine pour mériter ce bonheur ?
Il nous était commun.
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Pour maman le meilleur pays était et reste l'Union soviétique. Elle y a vécu quarante-quatre ans, toute sa jeunesse. Mes voyages à l'étranger la laissent indifférente, elle ne demande ni photographies ni souvenirs. Elle dit : ça ne m'intéresse pas. Elle dit: tu n'as pas idée de ce que c´est, d'aller où tu veux et d'être partout chez toi. Elle a voyagé en Géorgie, en Ukraine, en Lettonie, en Estonie, en Lituanie, en Biélorussie - et tout ça, c'était un seul pays. Elle dit: je n'arrive pas à croire qu'aujourd'hui ce n'est plus comme ça.

Mais maman se souvient surtout de la Crimée. Depuis mon enfance, j'ai gardé ses récits en mémoire – une presqu'île féerique. La mer toute chaude, le ciel tout bleu, les falaises - certaines sont blanches. Les palais sont de vrais palais, tous différents. Les ruines de la ville grecque antique, les colonnes au milieu d'un désert. Aller en Crimée était le rêve de tout Soviétique. On en plaisantait, on disait que c'était la plage principale de l'URSS. Mais il ne s'agissait pas seulement de la plage, non ! Toute la péninsule était enchantée, presque irréelle.
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Elle (Anna Politkovskaïa) est arrivée à Novaïa Gazeta en 1999, elle avait 41 ans. La seconde guerre de Tchétchénie venait tout juste d'éclater. Anna a passé les sept ans qui ont suivi à faire des allers-retours en Tchétchénie. Cadavres de Tchétchènes, cadavres de soldats, tortures, viols, meurtres, ratissages, enterrements, exhumations, exécutions, arrestations – article après article, article après article. Elle en signait un dans chaque numéro et souvent même plusieurs. Elle n'a jamais refusé d'agir sous prétexte d'être journaliste. Au contraire. Elle a fait évacuer une maison de retraite oubliée dans Grozny sous les bombes : quatre-vingt-onze personnes âgées, hommes et femmes. Elle récupérait les effets personnels des soldats tués en Tchétchénie et les portait à leurs proches. Elle a négocié avec les terroristes qui s'étaient emparés d'un théâtre à Moscou et apporté de l'eau aux otages. Elle avait décollé pour Beslan afin de participer aux négociations là-bas aussi, mais elle a été empoisonnée à bord de l'avion.
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J'étais fière d'écrire sur des sujets d'adultes et je me considérais comme une journaliste. Puis, par hasard, j'ai acheté un numéro de Novaïa Gazeta. Je l'ai ouvert sur un article à propos de la Tchétchénie. On parlait d'un gamin qui interdisait à sa mère d'écouter des chansons russes à la radio. Parce que les militaires russes avaient emmené son père, puis avaient rendu son cadavre avec le nez coupé. Dans l'article il y avait les mots «nettoyage», «point de filtrage». Dans le village de Mesker-lourte les militaires ont tué trente-six personnes. Ils ont crucifié un homme (il a survécu), transpercé ses mains avec des clous. L'article était signé : Anna Politkovskaïa. Je suis allée à la bibliothèque de l'oblast et j'ai demande la collection des Novaïa Gazeta. Je voulais voir les articles d'Anna Politkovskaïa. Je les ai lus. Il me semblait que je commençais à avoir de la fièvre, je touchais mon front mais il était froid, humide, mort. J'ai compris que je ne savais rien de mon pays. Que le poste de télé m'avait menti.
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Il reste sept cents Nganassanes.
C'est le peuple le plus septentrional de notre continent. Ils n'ont jamais été nombreux. Mais il y a trente ans, ils étaient deux fois plus : mille trois cents. Ce sont les descendants d'un peuple premier qui chassait le renne sauvage du Grand Nord. Leur culture est vraiment très ancienne : les principales figures de leur panthéon ne sont pas des hommes-dieux, mais des « mères » : l'eau, la glace souterraine, le feu, la terre.

Au tout début du XVIIe siècle, les Russes les ont soumis au iassak, un « impôt » en fourrures. Pour ce faire, ils prenaient les plus estimés et respectés des leurs en otage et demandaient une rançon contre leur vie. Les Nganassanes n'étaient pas pressés de se soumettre aux Russes. Il ya eu des soulèvements. Mais ce petit peuple n'était pas de taille à résister. Leur plus grande révolte, en l666, s'est soldée par le meurtre de trente Russes, « hommes de service et chasseurs », et de quatre Toungouses. Les coupables furent pendus.

La sédentarisation a été imposée aux Nganassanes par décret gouvernemental. Le pouvoir soviétique a « sédentarisé » en masse et en tous lieux les tribus et les peuples dont «la civilisation nomade» était « par nature incompatible » avec l'idée de société communiste. Dans les années 1930, on leur a construit des zones d'habitation, des villages loin de leurs routes de transhumance, plus au sud, sur les terres d'un autre petit peuple, les Dolganes. Désormais, ces villages sont mixtes, moitié nganassanes, moitié dolganes. Les Russes, ici, restent les représentants du pouvoir de Moscou : le « maire», le policier, l'aide-soignant, le professeur. Les Nganassames habitent encore ces villages : Oust-Avam et Volotchanka. Ils vivent du poisson qu'ils pêchent et du renne qu'ils chassent. Mais il n'y a pas de poisson cette année, et il y a trois ans que les rennes sont partis pour d'autres terres.
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Tous ceux que je croisais me conseillaient de quitter la ville « au plus vite ». Je ne suis pas partie. Le lendemain, alors que j'étais dans I'école avec les femmes condamnées, des hommes en civil m'ont arraché mon téléphone et mon cahier et poussée dans la rue. Là-bas, un homme en t-shirt « Antiterrorisme » m'a aspergée de vert brillant. C'est comme ça qu'on marque les ennemis de l'État en Russie.
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