On dit que la mort est un passage qui transforme à jamais et qu’après ça, la vie devient minuscule. Facile a défaire. Quand on voit quelqu’un mourir, tout change en soi. Peut-être que ça touche aux cellules, ce terrain impraticable pour l’humain, qui nous définir depuis le tout début. Je ne suis plus le même.
— Qu'est-ce qu'il y a ? dit-il en cherchant mes yeux.
Alors, pour la première fois depuis des jours, je souris vraiment. Je souris avec tout mon cœur, et dans ma tête, c'est le grand calme.
— Je voudrais t'embrasser, j'avoue tout doucement.
Il pourrait réagir de bien des manières : me faire les gros yeux, m'ignorer, tenter quelque chose… À la place, un sourire goguenard joue sur ses lèvres tandis qu'il se remet en marche, les mains dans les poches. Ses pensées m'échappent, jusqu'à ce qu'il m'attire derrière le gymnase, à l'ombre d'un immense arbre nu. Réfugié là contre moi, il baise mes lèvres avec l'ardeur de ceux qui n'ont plus rien à perdre. Et moi non plus, en vérité, je n'ai plus rien à perdre.
Ce 28 novembre, à dix-huit heures quarante-trois, ma grand-mère nous a laissés avec le souvenir tenace d'un livre et la rédemption. Il y avait des manières bien plus insignifiantes de s'en aller, je crois.
Peut-être que l'instinct existe bel et bien. Certaines choses ne s'expliquent pas. Ce qui ne s'explique pas pour moi à cet instant est cette conviction profonde que je traîne depuis le réveil.
C'est étrange. Parce que quand j'ouvre "Une vie de fleurs de lotus" à la page 12, dans l'allée déserte de cette bibliothèque, visitée plusieurs fois déjà, ce n'est pas la surprise qui domine mon cœur, mais une drôle d'euphorie. Dans ma tête, les derniers mots que j'ai laissés tournent en boucle, gisant entre ces pages qui sentent le vieux papier : « Je voudrais juste comprendre pourquoi tu continues de me répondre. »
Alors, devant mes yeux rendus brillants par l'émotion, de nouveaux mots défilent. Des mots qui font battre mon cœur un peu plus fort.
« Parce que tu m'intrigues. »
C’est avec elle que j’ai vue la beauté comme un présent dont on doit savoir profiter, puisque fugace et éphémère. La beauté est grandiose. Mais la beauté vit essentiellement dans le cœur et la mémoire.
PS : "On n'oublie jamais les gens qu'on a rencontré, on a juste du mal à s'en souvenir." Je te souhaite de toujours te souvenir aisément de ta grand-mère et des moments passés avec elle.
Je pourrais condenser tous mes souvenirs de toi le temps d'une vie d'une fleur de lotus. Mais c'est assez. C'est assez pour t'aimer. C'est même assez pour prier de prendre ce train un jour avec toi, quand bien même je sais que c'est impossible.
C’est avec elle que j’ai vu la beauté comme un présent dont on doit savoir profiter, puisque fugace et éphémère. La beauté est grandiose. Mais la beauté vit essentiellement dans le cœur et la mémoire.
Les cris s'enterrent vivants. Dans ce genre de moment, un moment comme celui-ci, quelque chose me traverse l'esprit, c'est le joli surnom de la Corée du Sud : « pays du Matin calme. »
Ta grand-mère était le genre de femme qu’on ne croise qu’une fois dans la vie. Je n’en connais pas d’autres comme elle. Je crois que je n’en connaîtrai jamais.