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Citations de Elodie Morgen (12)


Je désire une tanière le temps d’un somme, loin du regard moralisateur de l’humanité. Mission quasiment impossible quand on ne dispose pas d’un seul sou en poche. Il y a des fois où je n’y parviens pas, où je me décourage.
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Le monde demeure aveugle. Il ne voit pas les misères qui le peuplent. Il remarque uniquement sa réussite ... Le reste présente si peu d'importance.
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" L'homme a tant de potentiel, or il le gâche pour faire le mal, se concentrer sur lui et oublier les autres"- ( p.160 / 220 ).
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Extrait de la nouvelle Ariel

de Elodie Morgen

Ariel



Comme avant chaque départ en mer, le capitaine William Hawkins s’éloignait de son équipage pendant quelques heures. Il avait pris cette habitude plusieurs années auparavant, et aucun de ses hommes n’aurait osé gâcher ce moment de tranquillité qui n’appartenait qu’à lui. William avait choisi de profiter de ces derniers instants de solitude pour aller faire un tour sur la plage attenante au port où l’Espérance, son petit bijou, était amarré. Il n’avait rien d’un loup solitaire, tous ses hommes l’appréciaient et le tenaient en haute estime. Mais comme chaque être humain, il avait besoin, de temps à autre, de s’isoler pour se ressourcer.

Il aimait bien voir la mer depuis l’immensité sablée. Il la trouvait encore plus belle de ce point de vue. Ce grand capitaine n’avait pas donné son cœur à quelqu’un d’autre que la mer depuis pas mal d’années. Aucune femme n’était jamais parvenue à combler son cœur et son âme. Seule l’étendue bleue en était capable. Son caractère n’aidant en rien, il ne s’efforçait même plus de séduire une femme, pas même une catin pour une nuit. La simple idée de devoir rendre des comptes à quelqu’un d’autre que l’océan le répugnait, surtout si cette personne était incapable de comprendre son amour pour la mer.

Dans sa jeunesse, il était tombé amoureux d’une très belle femme de son village natal. L’amour les enveloppa de sa douce musique durant une année, jusqu’au jour où elle s’arrêta net : sa bien-aimée lui demanda de choisir entre elle et la mer. Elle avait été lasse de devoir attendre son compagnon jour et nuit, de craindre pour sa vie, de se demander s’il rentrerait cette fois ou s’il lui arriverait malheur en mer…

Depuis ce jour, le capitaine avait décidé qu’il ne toucherait plus aux femmes. Son cœur ne serait brisé qu’une seule fois, il s’en était fait la promesse, même si celle-ci lui brisait elle aussi le cœur.

Cependant, sa manière de vivre en perturbait plus d’un. Parmi son équipage, on se demandait comment un homme normalement constitué parvenait à se passer de l’amour d’une femme, surtout après y avoir gouté. Mais, il le respectait pour sa patience et son self-control, car ils restaient persuadés que l’envie d’être dans les bras d’une femme aimante caressait tout de même les rêves les plus secrets de leur capitaine. Celui-ci était vraiment tout le contraire de son équipage. Dès que ses hommes rejoignaient la terre, ils s’empressaient de rejoindre le bar le plus en vogue pour passer un moment en charmante compagnie le temps d’une nuit. Mais William n’avait pas ce genre de besoin. Ou plutôt, il ne l’avait plus. Le souvenir de sa douloureuse rupture le hantait encore chaque nuit. Chaque fois qu’il avait le malheur de poser ses yeux sur une femme à son goût, les mots percutants de son amour perdu résonnaient à ses oreilles, lui rappelant que les femmes avaient besoin de présence et qu’elles n’accepteraient jamais un homme comme lui.

Ce que ses hommes ignoraient, c’est qu’il espérait secrètement qu’une femme parvienne à faire chavirer son cœur. Mais pour cela, il fallait qu’elle ait le même amour que lui pour la mer. En effet, un malaise grandissant l’envahissait chaque jour qu’il passait sur ce sol bien trop dur à son goût. Il ne serait jamais capable d’abandonner l’océan, il en était convaincu.

Perdu dans ses pensées maritimes, le vieux solitaire marchait lentement dans le sable chaud. Le regard perdu vers le large, il se préparait mentalement au départ imminent. Dans quelques heures, il repartirait dompter les dangers des flots parfois très tumultueux. Alors que cette seule idée aurait suffi à terroriser plus d’un homme, William, lui, était plus serein que jamais. La mer représentait sa vie et il ne s’en cachait pas. Si une femme devait un jour où l’autre en faire partie, elle devrait accepter cela.

Cela faisait déjà une heure que le capitaine vagabondait sur la plage. Ses pieds nus avaient rougis tant le sable était chaud. Il s’apprêta enfin à faire demi-tour pour rejoindre son cher bateau, lorsqu’une forme inattendue attira son regard. Étendu dans le sable humide, un être humain gisait dans le remous des vagues. Tantôt immergée, tantôt à l’air libre, William se demanda s’il n’était pas trop tard pour sauver cette pauvre créature de Dieu. Il s’approcha davantage pour mieux cerner la situation, voir si l’homme respirait encore et s’il pouvait encore le sauver. À sa grande surprise, il constata que le corps échoué appartenait à une jeune femme. Il le comprit lorsqu’il vit ses longs cheveux roux trempés et sa longue robe bustier aux teintes rosées collée à son corps humide. Son visage ovale ne semblait pas donner signe de vie. William remarqua à quel point elle paraissait sereine, comme si elle avait attendu cette mort avec impatience. Ses yeux étaient clos et le capitaine ne distinguait aucun mouvement au niveau de sa cage thoracique. Il décida alors de s’approcher encore plus près et posa sa tête au-dessus du visage de la jeune femme. C’est alors qu’il perçut un léger souffle chaud contre sa joue : elle respirait, elle avait survécu ! La mer n’avait pas encore eu raison d’elle. Plein d’espoir, il l’enveloppa de ses bras forgés par les années passées en mer et la transporta jusqu’à son bateau.

Il fut observé par son équipage, qui lui jeta des regards tantôt ébahis, tantôt interloqués, mais aucun de ses moussaillons n’osa le questionner sur cette mystérieuse femme. Le capitaine se faufila dans la coursive qui menait à sa cabine personnelle tant bien que mal. Le passage étroit n’était pas facile à pratiquer avec une jeune femme dans les bras. Il l’installa confortablement sur son lit de fortune et rejoignit ses hommes pour leur ordonner le départ. Il resta au commandement jusqu’à ce que les manœuvres soient plus aisées et que l’Espérance soit sur la bonne route pour leur prochaine destination, puis il se retira dans sa cabine sans un mot supplémentaire, laissant le contrôle à son second d’un signe de tête.

William ignorait pourquoi il était si pressé de retrouver la jeune femme rejetée par la mer. D’ordinaire, il n’aurait jamais agi de la sorte ; il l’aurait déposée chez le premier villageois charitable qu’il aurait rencontré. Mais il avait ressenti une irrésistible envie de l’emmener, comme si son cœur lui avait soufflé qu’elle était faite pour lui. Il rejetait cette option, préférant penser que l’âge commençait à l’attendrir un tantinet.
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Elle n'écoute pas la "chose" qui ne se départit pas de son accent ibérique prononcé. Voilà, en attendant, la chose conviendra très bien pour la nommer. La raison d'Abygaël divague. Paralysée, seule sa cervelle tourne à plein régime. Elle réfléchit, mais ne tire rien de rationnel.
Peut-être qu'en la touchant, Abygaël découvrirait que c'est en réalité sa vision qui pose problème ? Il s'agit de l'explication la plus logique à laquelle elle a abouti. Cette matinée initiatique dans la blouse d'une infirmière diplômée n'aura pas été de tout repos. Abygaël est épuisée par la somme d'informations qu'elle a reçue. Elle a mobilisé trop de ressources : son cerveau se venge.
Après tout, ce ne serait pas la première fois ! Sa matière grise avait attiré toutes les attentions dans son enfance, développant sa vocation par la même occasion. Avec les heures qu'elle avait passées à l'hôpital pour éradiquer le crabe entre ses neurones, elle avait côtoyé nombre de blouses blanches. La petite fille déterminée qu'elle avait été avait choisi le métier de ses rêves : infirmière.
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Je n'ai nulle part où dormir, pas le droit à la sécurité ... Juste prix à payer pour avoir fugué.
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Par moment, je me dis que ce serait tellement plus simple si mon existence se finissait exsangue.
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La nuit tombe sur cette énième journée de galère, libérant ainsi de leur prison dorée les vampires affamés. Les suceurs de sang, comme je les surnomme, ont révélé leur existence au monde depuis quelques années déjà. Ils cohabitent désormais en toute liberté avec les humains, ce qui constitue un problème supplémentaire pour les personnes dans ma situation ... Chaque soir, les sangsues parcourent les villes à la recherche de proies faciles, qui ne manqueront à personne.
Des proies comme moi.
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- Tu es en retard, Ash.

Elle se replongea sans tarder dans son travail, signe de sa désapprobation à l'égard du comportement du canidé.

- Grande Vulpes Kithra, lui répondit une voix fluette et paniquée, le souverain requiert votre présence instamment. Il est arrivé malheur à notre reine !
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Sur cette touche morose, Michaël pénétra dans mon antre maudit. Comme tous les matins, ses apparitions dans mon antre maudit signifiaient l'arrivée imminente de ce salaud de Brainchips. J'avais donc tendance à oublier la politesse...
_ Bonjour Lina ! As-tu passé une bonne nuit ? s'enquit Michaël. Attendait-il véritablement une réponse positive à une interrogation aussi débile ?
Sa crédulité me sciait...
_ T'as vu ma tronche ? rétorquai-je en pointant mon visage du doigt. Alors, à ton avis ?
Il se pinça les lèvres avant de répliquer. Il avait sans doute pris conscience de l'absurdité de sa question.
_ Tu n'as pas bien dormi, si je comprends bien, conclut-il.
_ Tout juste !
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Deux histoires fondamentalement différentes. Auguste irait jusqu'à les qualifier de parfaits opposés : la jeunesse dont le cœur battait au rythme de l'espérance et de l'amour , animé par un désir de vivre pleinement, et la vieillesse qui ne laisse que désillusion et déchéance, solitude et mélancolie.
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Il ne comprenait pas pourquoi toutes ces professionnelles de la santé s'obstinaient à minimiser ses sentiments. A faire comme s'ils n'existaient pas ou s'ils n'avaient aucune importance.[...] Personne ne pouvait comprendre le supplice que représentait la perte d'autonomie sans l'avoir vécue.
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