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Citations de Elsebeth Egholm (30)


Wagner le regarda sans le voir, et dut soudain, admettre la triste réalité. Pas de meurtre classique pour lui ce coup-là. Pas de solution facile ni de réponse toute faite, Le film de Dicte Svendsen se répandait dans son sang comme un virus, et c'était insupportable,
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Les événements récents lui avaient appris que la vie était trop courte pour être gâchée par des regrets ou perdue à vouloir sans cesse déterrer le passé.
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C'est un meurtre rituel n'est-ce pas? Ce truc avec les yeux?
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Il n'y a rien de séduisant dans la mort, mais elle présente parfois des circonstances atténuantes.
Comme à cet instant, avec le soleil qui brillait au-dessus du cimetière, et un merle qui avait choisi ce moment pour se mettre à chanter au sommet d’un bouleau.
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IL FALLAIT SURTOUT QUE ÇA FASSE MAL. Elle ne pensait jamais à cela autrement que par le terme Ça. Tout comme elle ne pensait jamais à lui, autrement qu’en disant Lui. Elle n’avait jamais cherché à en analyser les raisons. Parce qu’elle savait que si elle commençait à le faire, cela n’aurait pas de fin.
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Elle comprenait sa gravité. C’était une sorte d’instinct, qu’ils partageaient de manière identique, même s’ils n’en avaient jamais parlé ensemble. En règle générale, ils n’avaient que rarement l’occasion de discuter d’égal à égal, et ils avaient toujours laissé de côté cette chose qu’ils se savaient commune, qu’ils le veuillent ou non. C’était comme si tous deux étaient poussés par la curiosité envers le mal, ou envers ceux susceptibles de le créer. Comme si, chacun à sa façon, ils s’étaient donné pour mission de rétablir l’ordre à partir du chaos, qui surgissait toujours lorsque les causes d’un décès n’étaient pas naturelles. Lui, soutenu par la loi et par sa position de responsable de la brigade criminelle d’Århus, que l’on appelait également, depuis la nouvelle réforme de la police, le Centre de Recherche de Police du Jutland de l’Est. Elle, avec les quelques armes qu’elle possédait, et son besoin éternel de poser des questions et de faire naître la vérité du mensonge.
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– Tu trouves quelque chose ?
Le médecin légiste répondit par un gargouillement, avant d’ouvrir sa mallette et d’en extraire une longue pince. Wagner se pencha à côté de lui.
– J’ai l’impression qu’il y a un objet à l’intérieur, dit Gormsen comme pour lui-même. Si seulement j’arrivais à le manipuler.
Ils attendirent pendant ce qui leur sembla une éternité, avant qu’il ne parvienne à desserrer la mâchoire de la victime. Gormsen enfonça deux doigts gantés de latex dans sa bouche et en retira une sorte de bille. Il la fit tourner pour l’observer, et Wagner poussa un cri lorsqu’il reconnut un œil, de couleur bleue, en train de le fixer.
– Son propre œil ? Est-ce que c’est son propre œil ?
Gormsen secoua la tête en tapotant la surface luisante du bout de sa pince.
– Je ne pense pas, sauf si elle avait un œil de verre.
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Rencontrer Dicte Svendsen dans le privé, c’était comme s’imaginer qu’on pouvait tenir une réunion avec un général israélien sans aborder la question du Moyen-Orient. Il était certain que Bo Skytte et elle se trouvaient quelque part derrière les bandeaux de sécurité.
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Wagner pensa soudain à Dicte Svendsen. Lorsque la femme d’un homme est amie avec une journaliste de la rubrique criminelle, c’est comme être marié avec la presse en personne. Cependant, il n’était pas si fréquent qu’elles se rencontrent.
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– Le meurtrier a ôté les yeux, dit Gormsen. Mais pas seulement. Il a aussi coupé les paupières et les a retirées.
– Pourquoi ? demanda Wagner. Pour quelle raison ?
Gormsen haussa les épaules.
– Pour prévenir de quelque chose, peut-être ?
– Pour effrayer d’autres victimes potentielles, tu veux dire ? Une méthode mafieuse ?
De ses mains couvertes de latex, Gormsen fit tourner le visage de la fille de gauche à droite.
– À toi de le découvrir, dit-il doucement. Moi, je ne suis que le docteur des morts ici.
Ils savaient pourtant tous deux qu’il était bien plus que cela.
– Heure du décès ?
– Début de rigidité et formation de taches mortuaires, en considérant la température du corps… hum… difficile d’être précis, mais je dirais que cela remonte à trois ou quatre heures. Il faut l’emporter et l’ouvrir.
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Le médecin légiste s’accroupit à son tour près du cadavre et se mit au travail. Wagner remarqua aussitôt la manière dont son regard enregistrait le jeans usé, le T-shirt rose trop moulant, la tête, appuyée contre la portière du passager, le cou long et fin, les traits réguliers, la peau du visage, jeune et bien entretenue. Peut-être avait-elle du maquillage autour des yeux ? Cela, ils ne le sauraient sans doute jamais, car il n’y avait plus de paupières. Gormsen prit la température du corps.
– Identité ? demanda-t-il.
– Pas de sac, expliqua Jan Hansen. Rien dans les poches susceptible de nous donner une indication.
Gormsen baissa les yeux.
– Pas non plus de chaussures.
Les pieds de la jeune fille étaient petits et bien formés. Les ongles étaient laqués d’un vernis rose nacré. Des sandales avaient laissé des traces de pigmentation sur sa peau.
– Elle n’a pas dû rester longtemps ici, c’est évident. Quelqu’un l’y a déposée. Mais quand ? Pendant le match ? À quel moment a-t-elle été découverte ? demanda Gormsen.
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– Qu’avons-nous donc là ?
Gormsen, à quelques mètres de distance, était en train d’enfiler une combinaison stérile, se balançant d’un pied sur l’autre.
Wagner se leva. Le détachement qu’il avait jusque-là ressenti se transformait en inquiétude.
– C’est vraiment étrange. C’est presque rituel, si tu vois ce que je veux dire.
– Cite-moi un moment où je n’ai pas vu ce que tu voulais dire !
Gormsen ajusta la dernière protection en plastique sur ses chaussures en faisant claquer un élastique.
– Ses yeux ont été retirés.
.
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Sans répondre, Wagner emprunta un ensemble stérile à un technicien, un masque et une paire de gants en latex, puis il s’accroupit à côté du corps. (...) Il refrénait l’envie de remettre en place une mèche de cheveux coincée entre les lèvres de la victime. Ce n’était pas possible. Il ne fallait toucher à rien, les choses devaient être consignées de la manière précise où on les avait trouvées. Tout cela était inscrit en lui, comme de boucler sa ceinture de sécurité ou de se brosser les dents avant d’aller au lit. Alors il se contenta de regarder la fille. Elle était jeune. Vingt ans à peine. Sa peau apparaissait fine et soignée, aux endroits qui n’étaient pas recouverts de sang : sur les bras nus, le visage et une partie de la poitrine. Les mouches bourdonnaient autour d’elle, bien qu’on ne fût pas en été et que le temps fût plutôt typiquement danois, oscillant entre soleil et risque de pluie, avec des nuages qui se précipitaient dans le ciel. Les cheveux étaient bruns et mi-longs, de sorte que l’on remarquait à peine les traces de sang sur les tempes. Elle avait dû recevoir un coup violent à cet endroit, il n’y avait pas besoin d’être médecin légiste pour le comprendre. Les tempes n’étaient plus qu’une masse sanguinolente, mais cela valait mieux, pensa-t-il contre toute logique, que des traces de strangulation et une langue gonflée pendant hors de la bouche. Cette image-là était plus jolie, malgré son horreur. Plus humaine.
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Comment expliquer son impuissance ? Comment décrire le tumulte de ces derniers jours, depuis que sa belle-mère était rentrée des États-Unis après une opération de la hanche, une opération réussie, jusqu’à ce qu’elle soit prise d’une violente fièvre et que, malgré les traitements médicaux, elle meure d’une infection quelques jours après ? Comment parler du chagrin d’Ida Marie, lui qui aurait tout donné pour l’apaiser, et qui au lieu de cela n’avait fait que se renfermer, abandonnant l’idée de lui être d’une aide quelconque ? Lui, si habitué à gérer la mort et ses circonstances, était resté comme pétrifié, à regarder sa femme se dissoudre en quelques jours, tels les bonshommes de neige que faisait son fils Alexander quand il était enfant.
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Les yeux de Wagner se fixèrent à nouveau sur le cadavre. L’équipe technique était en train de protéger les indices éventuels. Le médecin légiste, son vieil ami Gormsen, n’était pas encore arrivé, mais ce n’était plus qu’une question de minutes.
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WAGNER REGARDAIT le corps appuyé contre la portière, sans parvenir à comprendre son propre détachement.

La femme l’observait de ses orbites vides. Tout chez elle sonnait faux, de sa position bizarre de jouet fracassé au fait qu’elle se retrouvât ici, coincée entre le chant des oiseaux de la forêt et le boucan des supporters de foot. Et qu’elle soit morte. Mais il s’agissait d’une morte pour qui il pouvait faire quelque chose. Il n’allait pas bien sûr lui rendre la vie, mais il pouvait travailler sur les circonstances de son décès. Il pouvait en tirer des informations. S’il n’arrivait pas à en comprendre le sens, il pouvait au moins y trouver des explications.
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Bo fit un arrêt sur image.
– Des bottes, murmura-t-il. Des putains de bottes.
Il avait raison. En bas de l’ombre, entre les arbres, on pouvait deviner une paire de lourdes bottes noires, du style de celles que portaient les héros du vieux classique Orange mécanique. Le reste de l’individu disparaissait dans l’obscurité.
– Il a été surpris en pleine action, dit-elle en réprimant un frisson. Il ne s’attendait pas à ce que quelqu’un le dérange avant la fin du match.
Plus Bo repassait le film, encore et encore, plus il lui paraissait évident qu’il s’agissait bien de l’ombre d’une personne, au bout de la rangée de voitures, entre la lisière de la forêt et le cadavre d’une femme sans yeux
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Bo protégeait l’écran des rayons du soleil afin de pouvoir suivre le film. Il y avait bien un cadavre, et cette fois-ci, la mort n’avait pas la moindre circonstance atténuante. Il s’agissait d’une jeune femme, aux cheveux mi-longs. Elle portait un jeans et un T-shirt rose portant l’inscription « I love U » tracée avec des paillettes sur un cœur argenté. Elle était appuyée contre une voiture, et le terme de « poupée toute molle » lui convenait en effet parfaitement. C’était comme si elle ne tenait plus que par la peau. Comme si quelqu’un avait retiré le squelette censé la maintenir rigide. Même sur le petit écran du téléphone, ils pouvaient voir les orbites vides qui les fixaient de leurs cavités profondes et noires. À l’extrémité gauche de l’image, on apercevait deux jambes revêtues d’un jeans.
– Qu’est-ce que c’est ? demanda Bo.
– Quoi ?
– C’est une ombre ? Un arbre ?
Il lui désigna l’image, en retirant gentiment l’appareil des mains de la petite. Il refit tourner le film. Dicte plissait les yeux.
– Là !
Elle ne comprit pas immédiatement ce qu’il voulait lui désigner. Et puis soudain ce fut clair. Il y avait comme une silhouette, dont l’ombre se reflétait sur une voiture, à contre-jour entre la forêt et le cadavre.
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– OK, voyons ce que tu as filmé.
La gamine cliqua sur plusieurs boutons pour mettre en route la vidéo.
– Il y a un concours à l’école. Il faut faire un film sur nos vacances avec notre téléphone, et il ne doit durer qu’une minute.
Les images se mirent à défiler sur l’écran. La fille les commenta à la manière d’une voix off sur un documentaire.
– C’était vraiment dégueu. Elle était posée comme une sorte de poupée toute molle, et elle n’avait plus d’yeux.
Une autre génération aurait sans doute été traumatisée, pensa Dicte. Mais les jeunes d’aujourd’hui avaient la peau dure. Ils avaient déjà vu tellement de sang et de violence que la brutale réalité les faisait à peine sourciller.
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– Qu’est-ce qu’a trouvé la femme de Carsten ? demanda Bo.
Deux yeux rouges et vitreux se posèrent sur lui avec difficulté.
– Le cadavre, évidemment, tu croyais quoi, mec ? Là, sur le parking.
Laborieusement, ils se firent décrire Carsten et sa fille, âgée d’environ onze ans. Il se tenait avec d’autres fans et discutait en gesticulant. Dicte et Bo se frayèrent un chemin au milieu de la foule. Elle constata que, pour le moment, ils étaient les seuls journalistes sur place. Peut-être que cela simplifierait les choses.
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