Extrait du livre audio "Sel" de Jussi Adler-Olsen lu par Julien Chatelet. Parution CD et numérique le 6 juillet 2022.
https://www.audiolib.fr/livre/sel-les-enquetes-du-departement-v-vol-9-9791035409524/
Il ne savait pas grand-chose de la mort sinon qu'elle survenait quand on s'y attendait le moins, rapide comme l'éclair, puis infiniment tranquille une fois qu'elle avait frappé sa victime. En revanche, il connaissait sa violence et le sentiment d'impuissance qu'elle laissait derrière elle. Celui-là, il le ressentait tous les jours.
Qui pisse contre le vent se rince les dents.
"Vous devez juste vous souvenir de l'histoire du dromadaire qui se prenait pour une autruche et qui, effrayé parce que le vent du désert lui avait envoyé du sable dans les yeux, plongea la tête entière dedans."
Quand on se retrouve sur une plaque de banquise face à une femelle ours, l'écume aux lèvres, il s'agit d'évaluer au plus vite les possibilités qui vous restent. Dans le cas présent, il en avait quatre.
Sauter à l'eau et nager.
Passer sur une autre plaque de glace.
Attendre en espérant que l'ourse n'avait pas faim.
Ou tuer l'ourse.
Chacune de ces solutions avait ses avantages et ses inconvénients. Mais en l'état, la quatrième lui paraissait la plus séduisante. Son adversaire était blessée et prête à se défendre bec et ongles. En grande partie parce qu'elle était tombée amoureuse. Il aurait dû s'en apercevoir plus tôt. Il était pourtant bien placé pour savoir que les femmes perdent facilement la tête quand elles sont dans cette situation et que cela conduit le plus souvent à la catastrophe.
Rita respectait la colère parce que la colère avait été le moteur de sa vie. Quand elle volait, quand elle délestait un pauvre imbécile de son portefeuille ou quand elle bousculait les gens qui avaient le malheur de se trouver sur son chemin. Elle savait que la colère ne menait à rien, mais c’était un sentiment qui lui faisait du bien. Porté par la rage, on pouvait déplacer des montagnes.
Il soupira et entreprit d’écrire un message. Il était prêt à parier que les claviers de téléphone portable avaient été conçus par un pygmée, avec des doigts aussi fins que des macaronis. Face à ces trucs-là, un utilisateur lambda originaire d’Europe du Nord et de taille moyenne se sentait comme un hippopotame à qui on demanderait de jouer de la flûte à bec.
Carl s'écroula dans son lit et se souvint du remède dit "du chapeau". D'après ce qu'il savait, son père l'utilisait aujourd'hui encore pour se soigner.
"Tu t'allonges dans ton lit", lui avait-il conseillé un jour. "Tu accroches ton chapeau au pied du lit. Puis tu prends la bouteille d'alcool qui devrait toujours être posée sur ta table de nuit et tu bois jusqu'à ce que tu voies deux chapeaux. Je te promets que tu ne seras plus malade le lendemain en te réveillant. Ou alors tu n'en auras rien à foutre de l'être encore."
Je voudrais bien y voir les prétentieux qui nous gouvernent. S’ils étaient obligés de remplir des formulaires pour avoir leurs dîners gratuits, leurs chauffeurs gratuits, leur logement gratuit, leurs indemnités journalières, leurs voyages gratuits, leur secrétaire gratuite et tout le tremblement, ils n’auraient le temps ni de manger, ni de dormir, ni de voyager, ni de rouler en voiture, ni de faire quoi que ce soit. P 282
Poème de Falah Alsufi, migrant irakien, et traduit par Caroline Berg.
Les doigts des noyés
La vie des doigts des noyés est plus longue
Que notre histoire
Lointains et si proches
Nous voyons les noyés
Nous voyons leur espoir
De vivre
En paix.
Chaque jour, nous voyons le bout de leurs doigts
Disparaître sous la mer
Mais nos yeux ont appris
À ne pas voir.
Leurs doigts émergent
À la surface de la mer
Ils se tendent
Vers le ciel
Ils ne sont plus mouillés
Les doigts des noyés
Sont secs pour l'éternité.
(page 9).
— C’est vrai qu’il est chiant, mais au moins il est juste.
— Ah bon ? Pourquoi tu dis ça, Assad ?
— Parce qu’il est chiant avec tout le monde.