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Critiques de Emil Ferris (263)
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Moi, ce que j'aime, c'est les monstres

Me voilà mitigée :

1/ Je trouve les dessins très très impressionnants. Je suis complètement bluffée par les qualités graphiques : la représentation des tableaux aux stylos, les personnages, les couvertures de magazines, etc... C'est très particulier, très soigné et personnellement j'ai trouvé magnifique.

2/ Les anecdotes de la vie, le cinéma, la mort de Martin Luther King, les références musicales, ses amitiés atypiques, le fait qu'elle se dessine en loup-garou, ses désirs, ses émotions, le passé très triste de Anka, la maladie de sa mère, le regard innocent dans un monde difficile, etc... Bref, un contenu plutôt touchant.



Mais alors pourquoi mitigée?



Il y a un côté un peu désordre qui m'a gênée dans ma lecture. C'est l'assemblage très unique qui m'a perturbé au point de me perdre. Ce qui en fait une oeuvre unique était en fait déstabilisante pour mon cerveau, trop habitué à un style carré et organisé.



Un très gros travail, une maîtrise artistique qui ne laisse pas indifférent.

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Moi, ce que j'aime, c'est les monstres

Osez ce livre!

Dépasser ses préjugés sur son titre, sa couverture, son genre peut-être, et se couler dans cet objet littéraire absolument fascinant, c'est la garantie d'une expérience sensorielle de lecture profonde, émouvante, déstabilisante, unique!

C'est d'abord pour ma part une nouvelle preuve que le roman graphique de qualité est un genre majeur, propre à susciter la même admiration et le même niveau de ressenti qu'une oeuvre littéraire classique; celle-ci est en l'occurrence une expérience de lecture augmentée de tout premier plan. le texte est très présent, impeccable, et parfaitement à sa place autour de dessins d'une inventivité incroyable et d'une charge émotionnelle rare. Je n'aurais jamais cru qu'un dessin au stylo bille fasse un tel effet!

De fait, le format du roman graphique est le plus efficient pour porter cette double histoire de la petite Karen qui, ouvrant l'oeil sur le monde et sentant les secrets qui oppressent sa famille, préfère être un monstre, et de son enquête sur la mort de sa voisine Anka et son passé douloureux de juive allemande pendant la guerre.

Car grâce au dessin, grâce aussi à l'explosion des codes narratifs que l'auteur s'autorise (tout en maîtrisant totalement son récit), ce sont une multitude de contre-plans et d'infra-mondes qui nous sont donnés à voir : celui d'un quartier de Chicago de la fin des années 60 ravagé par la misère et le racisme, celui du caractère monstrueux, bon ou mauvais monstre, qui se cache en chacun, celui de la vérité du monde qui s'expose dans les toiles des grands peintres, celui des peurs enfouies, des vérités cachées, des sentiments profonds exposés avec un mélange de violence et de pudeur qui sonne juste.

J'attends avec impatience le deuxième volet de cette oeuvre qui m'a totalement embarquée et ouvert des portes.
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Moi, ce que j'aime, c'est les monstres

Ce roman graphique est un chef d’œuvre ! Et pourtant, la première fois que je l’ai vu en librairie, j’ai été presque rebutée par la couverture et par les quelques pages feuilletées. Grosse erreur de ma part quand, après l’avoir emprunté à la bibliothèque, j’ai commencé à le lire, puis à scruter attentivement les planches. C’est époustouflant ! L’intrigue tourne d’une petite fille Karen qui vit à Chicago en 1968, elle partage sa vie avec sa mère et son frère qu’elle adore et qui lui a fait découvrir la peinture.

Elle adore les films et les magazines d’horreur, passe son temps à en redessiner les couvertures, elle est rejetée par ses camarades d’école, se rêverait en monstre pour pouvoir se rebeller, venger les humiliations qu’elle subit. Et puis il y a sa voisine du dessus : Anka silverberg, une juive allemande rescapée de la Shoah et qu’on retrouve assassinée. Karen se lance dans une enquête, grâce au mari d’Anka, elle écoute des cassettes enregistrées par cette dernière qui raconte sa vie en Allemagne : dominée, exploitée par des hommes pervers, humiliée, stigmatisée parce que juive et déportée… Une longue litanie de malheurs qu’écoute cette petite fille en cachette. Car derrière ses airs bravaches, c’est encore une petite fille confrontée à la tristesse de son grand frère, à la maladie de sa mère et à un secret familial.

Ce roman graphique développe plusieurs thèmes comme l’enfance, la violence de la société (celle vécue par Karen mais aussi celle vécue par Anka), la figure du monstre (pour Karen, tous ceux qui la blessent ou la rejettent sont des monstres) , la sexualité qui définit chacun d’entre nous (Karen aussi jeune soit-elle sait déjà qui elle aime), la famille (Deeze le frère est un personnage ambivalent, repère essentiel pour Karen, qui cache des secrets).

Visuellement c’est superbe, chaque planche révèle les multiples inspirations de l’auteur : j’ai beaucoup aimé les pages consacrés à la découverte d’un musée L’Art Institute dans lequel se promènent Karen et Deeze son frère. Ils s’arrêtent notamment devant le tableau de Georges Seurat « Un dimanche après-midi à l’île de la Grande Jatte » et quand on regarde de plus près, on s’aperçoit qu’Emil Ferris a dessiné les visages de Karen et Deeze à la manière de Seurat. Plus loin, l’auteur évoque la déportation des juifs et leur transport dans ces wagons infâmes : la double planche muette est à la fois tragique, empreinte de dignité et de résignation. Je pourrais évoquer encore d’autres planches mais ce serait dommage de tout dévoiler. Je vous conseille donc de vous précipiter sur ce roman graphique de 416 pages qui vous laissera pantois.

Je mets 5 chats car c’est un coup de cœur pour moi.




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Moi, ce que j'aime, c'est les monstres

Au vu de la note moyenne, « Moi, ce que j’aime c’est les monstres » semble faire l’unanimité. Je ne vais pas tout à fait me joindre au concert de louanges. Si la B.D d’Emil Ferris est une œuvre intéressante et réussie à bien des égards, elle est à mon sens loin d’être parfaite et n’est pas exempte de défauts regrettables.



Le principal reproche que j’ai envie d’adresser à « moi, ce que j’aime c’est les monstres » c’est son manque de crédibilité. A aucun moment, je n’ai oublié que j’étais en train de lire, jamais je n’ai été totalement immergée dans l’histoire au point d’oublier mon statut de spectatrice. Je n’ai jamais vraiment cru à cette histoire. Cela est dû, à mon avis, à un manque de simplicité. L’œuvre de Ferris aurait gagné à être plus simple et finalement plus humble. Il y a trop de pathos dans « moi, ce que j’aime chez les monstres ». Anka, Je ne dis pas que cela ne peut pas arriver, certains cumulent les malheurs, mais dans une fiction je trouve que cela fait trop, le récit perd en crédibilité. Ajoutez à cela Je trouve que ça fait trop pour sonner juste. Et puis du coup, le récit part dans tous les sens. J’aurais préféré qu’il soit centré sur le personnage de Kare au lieu de se disperser.



Mais ne croyez pas que j’ai détesté la B.D d’Emil Ferris. Pour une première œuvre, c’est du très bon travail. « Moi, ce que j’aime chez les monstres » a beaucoup de qualités. Même si je n’ai jamais vraiment cru à l’histoire racontée, j’avais tout de même envie de connaitre la suite. Je ne me suis jamais ennuyée lors de ma lecture. Le personnage de kare est intéressant et attachant. J’ai aimé cette jeune fille qui pour combler son manque de confiance en elle va s’identifier aux monstres de la culture populaire. J’ai adoré les passages dans lesquels son frère l’emmène au musée, la façon dont elle perçoit les œuvres d’art.

Et puis il faut bien dire que le dessin d’Emil Ferris est très beau. Fait au stylo, tout en hachures, le trait de Ferris est intense. L’impact sur le lecteur est indéniable. La mise en page est souvent intéressante et dynamique. Visuellement, c’est vraiment superbe et on prend plaisir à s’attarder sur chaque planche. Ferris varie les styles et que ce soit en imaginant des couvertures de revues d’horreur ou en reproduisant des toiles de maître, elle fait preuve d’une belle virtuosité.



S’il m’a semblé que narrativement « moi, ce que j’aime chez les monstres » pêchait par manque d’humilité et était émaillé de défauts qui m’ont vraiment gênée, j’ai tout de même passé un bon moment de lecture. Même si j’ai trouvé que cette histoire manquait de vérité et que je n’ai jamais dépassé le sentiment d’être en dehors du récit, j’ai tout de même envie de connaitre la suite, je lirai donc le second tome. D’autant plus que ce sera un plaisir d’admirer à nouveau le dessin d’Emil Ferris. Si je ne suis pas entièrement convaincue par la Ferris scénariste, la dessinatrice m’a en revanche complètement séduite.

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Moi, ce que j'aime, c'est les monstres

J'ai adoré Moi, ce que j'aime, c'est les monstres. Ce roman graphique est totalement époustouflant. Un récit écrit au crayon Bic 4 couleurs. Parfois on se demande l'utilité d'un tel crayon... Hé bien ici c'est totalement démontré.

Comment vous amener à ce récit ? Par quels mots ? J'aimerais à mon tour avoir un tel crayon magique pour vous le dire... Et surtout vous dire le talent de l'auteure, Emil Ferris.

L'histoire est presque banale. Il s'agit d'une enquête menée dans le Chicago des années 1960 par une petite fille de dix ans, Karen Reyes, à la suite du mystérieux « suicide » de sa voisine du dessus, retrouvée morte avec une balle dans le coeur dans un appartement fermé de l'intérieur.

Karen Reyes porte certes à merveille imperméable et chapeau façon Humphrey Bogart dans le rôle de Philip Marlowe, elle nourrit une passion dévorante pour les monstres et les BD d'horreur. Mais c'est une enfant qui souffre et de cette souffrance née l'idée qu'elle soit une montre. Oui, elle a choisi de sa propre volonté d'être une monstre. Une sorte de loup-garou... Sans doute son histoire personnelle la dicte vers ce choix...

Mais dans ce quartier plein de prédateurs, être un monstre protège plutôt qu'être une femme...

Karen Reyes a un frère, Deeze, et c'est à la fois pour elle un bien et un mal... Drôle de bonhomme...

Karen Reyes décide de mener elle-même sa propre enquête...

Lorsque Karen Reyes n'enquête pas, elle passe presque tout son temps à dessiner. Peut-être elle aussi avec un Bic 4 couleurs...

Passé le côté époustouflant de la narration, nous découvrons l'émotion qui se dégage du personnage principal. Je retiens cette scène où le frère de Karen insiste fortement pour que celle-ci se regarde dans un miroir. Alors le visage d'une monstre fait brusquement place à celui d'une adolescente ravissante... Sidérant...

J'ai été touché par les thèmes évoqués ici : l'enfance meurtrie, la Shoah, la violence de notre société, la figure de ce qu'est un monstre ou ne l'est pas dans cette société... Vaste sujet...

J'ai découvert le parcours atypique de l'auteure. Victime d'une méningo-encéphalite, c'est avec un stylo à la main, plongée sur un carnet à spirale qu'elle s'est collée à ce magnifique roman graphique. Cela rajoute au côté fascinant de cette histoire... Bravo !

Pour moi ce roman graphique est un véritable coup de coeur.
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Moi, ce que j'aime, c'est les monstres

J'ai pris mon temps, Emil, pour explorer et savourer Moi, ce que j'aime, c'est les monstres.

Comme j'ai hâte, ce premier tome achevé, de découvrir le second!

Vous arrivez,Emil Ferris,dans le paysage de la bande dessinée comme un phénomène inattendu.

Ce dessin ressort d'un croquis fichtrement élaboré, avec l'utilisation de ces trames de traits, plein de traits qui donnent la profondeur au graphisme.

Cela navigue du naïf à la gravure de maître, au service d'un récit qui explore le mal et les maux. Un fleuve puissant, dans ce Chicago des années 60 habité d'émeutes et de fantômes, d'hommes et de femmes souffrants.

Et il y a les monstres de Karen, réels, imaginaires, fantasmés...

Les couleurs, lorsqu'elles sont présentes, sont là où il faut: Au service du propos qui le nécessite. Juste comme il faut.

Le bouquin est énorme, dessiné sur fond de carnet ligné... Et ce n'est que le premier! Arrivé d'Amérique et objet d' une reconnaissance, d'un succès et d'une admiration méritée! Pour un premier ouvrage, c'est exceptionnel.

Vite,Emil, qu'arrive votre deuxième tome!

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Moi, ce que j'aime, c'est les monstres

Fauve d'or 2019 du meilleur album de l'année écoulée à Angoulême.

Par quoi commencer ? Difficile d'être concis avec ce monument (800 pages) ! Les couvertures ? Art Spiegelman écrit : « Emil Ferris, est une des plus grandes artistes de bande dessinée de notre temps. »

Son parcours également est atypique. le jour de ses 40 ans, elle se fait piquer par un moustique qui l'a met KO trois semaines. Lui est diagnostiqué une méningo-encéphalite. C'est en se scotchant un stylo à la main, qu'elle parviendra à dessiner quand même. Six ans de travail pour ce roman graphique dessiné au stylo sur un carnet à spirale. Fascinant ! Envoûtant !



Une gamine vit entre sa mère pieuse, son frère coureur de jupons et amateur d'art qui l'emmène au musée, mais aussi par les monstres qu'elle s'invente, dont elle-même. Un peu gênée au début, dans le fait que Karen est représentée avec deux dents, façon vampire. La voisine, survivante juive de l'Holocauste, meurt. Est-ce un suicide ou un assassinat ? La gamine va enquêter.

Pourvu que la suite arrive avant six ans… J'ai bien conscience de tenir entre les mains une oeuvre magistrale.





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Moi, ce que j'aime, c'est les monstres

Années 1960. Chicago. Quartier populaire.

Karen a dix ans et se passionne pour les monstres, fantômes et autres créatures diaboliques et fantastiques. Elle est abonnée à plusieurs magazines où ses héros ont la belle vie. D’ailleurs, elle aimerait se faire mordre par un monstre pour en devenir un elle aussi. Mais attention hein, il y a des bons et des gentils monstres. On ne va pas lui faire à Karen ! C’est que des méchants, elle en connaît un paquet. D’abord les élèves de sa classe, les bonnes soeurs qui dirigent l’école, puis celle ou celui qui a assassiné la voisine du dessus... et tout un tas d’autres. Parce que les G.E.N.S. (Grossiers, Ennuyeux, Nuls, Stupides) ne sont pas sympas.

La vie, la vie c’est pas simple. Surtout qu’on ne lui dit jamais rien. Heureusement, elle a son carnet pour tout noter et dessiner. Et quand ça ne suffit pas, elle enfile son imper de détective et prend son cartable et hop, elle part à la recherche d’indices...



C’est par une multitude de dessins hachurés (faits main, au stylo bille) que nous entrons dans le domaine de Karen. Une profusion de dessins plus époustouflants les uns que les autres, jusqu’aux reproductions de tableaux de maîtres : notre petite Karen adore l’art et aller au musée avec son grand frère.

Une galerie impressionnante de portraits et de décors qui montre l’étendue du talent et de l’imaginaire de l’artiste ! On passe son temps à scruter les détails de chaque planche.

Une histoire qui peut paraître décousue, mais n’oublions pas que la narratrice a dix ans et se passionne pour de nombreux sujets.

Des thèmes très variés donc dans cette histoire qui touchent au drame familial, au roman historique, au roman social, sans oublier le roman policier. Et des ajouts d’histoire de l’art et de mythologie qui agrandissent encore le récit.



Une mine, un trésor, ce roman graphique est hors-norme déjà par la personnalité de son héroïne, petite-fille qui étonne par son comportement si éloigné du conformisme ambiant, et par la mise en page et en dessin de l’histoire : cahier à spirales crayonné, parfois dans tous les sens.

Un bel objet !

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Moi, ce que j'aime, c'est les monstres

AAAAaaahhhhh ! Quelle horreur, une histoire de monstres !

« Nous avons peur du monstre, notamment si ce monstre, c'est nous. Nous sommes monstres dans nos échecs, dans nos appétits, dans nos désirs. » dixit Emil Ferris, l’auteure de cette somme sur les monstres.

Inutile de vous dire qu’Emil Ferris en voit partout des monstres, dans ses corn-flakes le matin, sous son lit, dans la rue, dans une salle de classe. Emil Ferris, dans le livre c’est une petite fille qui s’appelle Karen Reyes. Karen adoore les monstres, d’ailleurs elle se voit comme un loup-garou avec de charmantes canines qui dépassent de sa petite bouche.

Mais qu’est-ce-que c’est que ce bouquin ? et puis surtout, je grince des dents rien que d’y penser, voilà un sujet qui n’est pas du tout pour moi ! en dehors de toute zone de confort !

Les zombies c’est ridicule non ? (je crois que je vais pas me faire que des ami.es là), les films d’horreur - je prends mes jambes à mon cou-, le gore - non mais ça va pas la tête ? y a pas assez de cinglés dans la rubrique faits divers, il faut en plus en accueillir dans son salon, sur son strapontin dans le métro ou dans son lit ? Ah désolée, mais ça sera sans moi !

Pas mal rebutée par le graphisme de la couverture, j’avais déjà dû lire une ou deux chroniques par ci par là sans que cet OLNI retienne mon attention, allez hop, les monstres, c’est par ici la sortie...

Et puis, il y a quelques jours, par le hasard d’un peu de surf sur babelio, je retombe sur ce roman graphique, sans vraiment en avoir entendu parler avant. En 2017, je ne savais même pas que babelio existait (euh, oui, ça y est vous savez maintenant, c’était moi … Pas taper hein ???)

Et puis là, tout de même, je me dis qu’il y a un truc pour mériter tous ces avis dithyrambiques. 4,36 étoiles de moyenne pour 1 155 notes, excusez du peu …

Alors ma curiosité l’emporte, et je décide de m’y frotter un peu à ces monstres, juste pour voir… Mazette quel poids ce truc ! c’est le Bottin des monstres ou quoi ?

Au premier abord, je ne suis pas plus convaincue que ça, ces grandes pages avec ces reproductions hallucinées de couvertures de magazine des années 60 aux couleurs psychédéliques, bof…

Mais bon, maintenant que je l’ai en main, ma curiosité est tout de même piquée par le coup de crayon bluffant… C’est trop tard maintenant, je ne vais pas me dégonfler, alors zou, j’embarque.

J’arrive chez moi, et regarde à nouveau le susdit pavé. Réflexion faite, là on n’est plus dans le pavé, on approche du piédestal, heureusement que je n’avais rien rapporté d’autre de la médiathèque, je me serais me cassée le dos...

Reprenons cette couverture, Bizarre, vous avez dit bizarre ? La couverture avec cette femme au visage bleu, quel sentiment de malaise … En plus l’auteur s’appelle Emil mais c’est une femme, ça aussi c’est louche…

Et puis surtout, damned ! l’éditeur n’a pas mis de numéros de pages ! Quelle horreur ! ça c’est bien pire que tous les monstres du bouquin ! Monsieur Toussaint Louverture, c’est carrément rédhibitoire, je NE PEUX PAS lire un livre s’il n’y a pas le nombre de pages ! C’est la première chose que je fais quand j’ouvre un bouquin, avant même de savoir de quoi ça parle, j’ai BESOIN de savoir le nombre de pages… Ben oui, après je fais des calculs presque savants (bon alors là j’en suis au quart, aux deux-tiers, … j’espère que vous êtes impressionnés par mon excellent niveau en calcul mental). Mais là comment je fais ?

Et puis d’abord, c’est quoi cette histoire de monstre ? Je n’ai plus 8 ans ! Quoique … tout le monde n’est pas de cet avis …

Alors j’ai regardé par le trou de la serrure ce que fabriquait Karen, la petite-fille loup-garou. En fait, ensuite la serrure s’est agrandie, et par un tour de passe-passe étrange elle s’est transformée en tableau. Et là, je ne comprends pas ce qui s’est passé, je me suis penchée en avant, encore et encore, et j’ai basculé à l’intérieur du tableau. Quand je vous disais que c’était bizarre, vous me croyez maintenant ?

De l’autre côté du tableau, j’ai rencontré une foule de personnages qui s’avèrent assez attachants ; Karen bien sûr, sa mère, son frère, son amie imaginaire, … et finalement il n’est pas compliqué de se couler dans l’histoire. Cependant, je ressors de cette lecture un peu éparpillée façon puzzle. C’est foisonnant, peut-être un peu trop de thèmes sont abordés, on ne sait plus bien où donner de la tête au sens propre comme au figuré. Quelques trouvailles graphiques sont remarquables, comme l’idée de reproduire un cahier avec des spirales et des interlignes, pour donner l’impression d’être en train de regarder les dessins de Karen sur son cahier d’écolière par-dessus son épaule.

J’ai trouvé particulièrement attrayantes graphiquement les grandes planches avec les portraits, et celles où l’auteure reproduit des œuvres d’art permettant à Karen de littéralement entrer dans les tableaux, tout en nous permettant de glisser un regard nouveau sur ces œuvres.

Les portraits croisés des deux héroïnes, Karen et Anka (la voisine qui habitait au-dessus de chez Karen mystérieusement décédée) sont très réussis et touchants.

Cependant, si je ressors de cette incursion au pays des monstres impressionnée par l’incroyable graphisme, l’histoire est assez alambiquée, extrêmement noire, tous les personnages filent le bourdon pour des raisons diverses et variées, et je suis parfois restée en marge de certaines horreurs, le curseur étant poussé parfois trop loin pour moi (en particulier les pages avec les pédophiles) et certains passages sont restés confus.

Après avoir ingurgité ces monstrueuses 416 pages (j’ai juste réussi à trouver l’info du nombre total de pages), je reste mitigée et paradoxalement sur ma faim puisque le tome 2 ne devrait pas sortir avant janvier 2024, sa sortie ayant déjà été repoussée à plusieurs reprises aux États-Unis (alors après le temps qu’il soit traduit…). Je me ferai bien un petit film d’horreur en attendant, pas vous ? (naaan, je blague…)





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Moi, ce que j'aime, c'est les monstres

"Bonjour les Babélionautes! Aujourd'hui, on s'attaque à du lourd avec Moi, ce que j'aime, c'est les monstres, d'Emil Ferris.



-Ah ça, pour être lourd, c'est lourd: il pèse quatre kilos le bouquin.



-Or donc, Karen, petite fille dans les années 1960, adore les monstres et les films d'horreur. D'ailleurs, elle en est un elle-même, de monstre, elle en est convaincue! Lorsque la voisine, Mme Anka Silverberg, est retrouvée morte, la fillette décide de mener l'enquête...



Pour commencer, quel objet original! Ouvrez-le: les pages sont striées de marges, de lignes, des trous figurent les orifices pour les ranger dans un classeur. Vous trouvez non dans un roman graphique, mais dans un journal intime graphique! Quelle idée brillante!



-Regarde-moi ce foutoir, c'est impossible de s'y retrouver! Pas de découpage bien net en cases, il faut retourner le bouquin pour lire certaines phrases, il y en a partout, ça part dans tous les sens! Et l'histoire aussi part dans tous les sens, je comprends rien!



-Ah, tu trouves? Moi, je dirais que c'est foisonnant... je n'ai pas trouvé cet éparpillement désagréable...



-"Foisonnant"? Non, on dit "bordélique"! Arrête un peu tes expressions Télérama, ça ne prend pas!



-Je reconnais que la lecture devient plus facile quand on arrive à l'histoire de Mme Anka.



-Parce que la narration se fait plus conventionnelle à cette étape-là! Comme d'habitude, j'ai raison!



-Oui, peut-être... et aussi parce que le suspense s'intensifie, avec tous ces mystères... J'aime beaucoup la ténacité et la lucidité de Karen à leur propos. Elle se montre consciente d'un fait authentique: entretenir les secrets se révèle plus douloureux que les révéler et vivre avec eux. De façon générale, l'une des plus grandes réussites de ce journal graphique réside dans le regard de Karen, sensible et juste.



-Et les autres réussites? Parce que moi, j'vois pas.



-Il y en a plein! J'aime beaucoup l'exploitation du sens de l'odorat, par exemple!



-Nan mais, Déidamie, dis-nous un truc qui n'intéresse pas que toi sur cette planète! Toulmonde s'en fiche, de l'odorat en littérature!



-Et bien... J'aime beaucoup l'aspect hommage aux magazines pulp et au cinéma horrifico-fantastique. J'adore aussi l'ouverture de la BD vers l'art plus classique! Et ce dessin incroyable! On peut ne pas aimer, le trouver laid, lourd, oppressant, et pourtant, je trouve qu'il dégage une puissance, une maîtrise indéniables! confus et précis en même temps! Je l'ai lu en me sentant...



-... souvent rebutée par la difficulté et dubitative sur le plaisir que j'en retirais...



-... et hypnotisée par la performance époustouflante de l'artiste!

Moi, ce que j'aime, c'est les monstres n'a pas volé sa récompense. C'est une grande oeuvre, devant laquelle je ne peux que m'incliner. Vivement la suite!"
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Moi, ce que j'aime, c'est les monstres

Quelle richesse que ce roman graphique ! Je ne sais ce qui m'a marquée le plus, de la forme ou du fond.



Ce qui frappe en premier lieu ce sont bien sûr les illustrations d'Emil Ferris. Au tout début de ma lecture, je suis restée de longues minutes devant elles, puis je me suis dit qu'à ce rythme-là, il me faudrait des mois pour terminer cet ouvrage. Ce qui ne m'a pas empêchée par la suite de rester abasourdie par tant d'expressivité et d'émotion dans un dessin réalisé uniquement au stylo bille. Mais loin de se reposer simplement sur l'originalité produite par cette technique, Emil Ferris à également fourni un vrai travail sur l'agencement de ses vignettes et sur l'introduction d'éléments rappelant le fait qu'il s'agit d'un cahier d'enfant (spirale et lignes du cahier, jeu avec les trous des feuilles, trombones...).



Une fois plongée dans la lecture, j'ai ensuite été frappée par la noirceur du propos de l'auteur qui arrive tout de même toujours à trouver du bon dans la misère. Si la vie des personnages est souvent terrible (la vie à Chicago ne fut facile ni dans l'entre deux guerres, ni par la suite, ni même à présent, entre prostitution, racisme, pauvreté), certains d'entre eux sont tellement solaires qu'ils adoucissent l'atmosphère générale (quels beaux personnages que ceux de Karen et sa maman, ou celui d'Anka).



Des thèmes très difficiles sont abordés : homosexualité de jeunes adolescents, prostitution d'enfants, nazisme, maladie, mort, meurtre, racisme, corruption... Mais les personnages si touchants et, sans doute, la touche fantastique omniprésente, aident à ressentir les événements différemment, selon le point de vue de Karen, la petite fille la plus originale et la plus perspicace qu'il m'ait été donné de rencontrer. Les monstres qui peuplent son univers sont finalement beaucoup moins effrayants que les fantômes qui hantent chacun des êtres qui l'entourent.



Je ne peux terminer sans honorer l'auteur pour ses multiples coin d'oeil à l'histoire de l'art. Elle reproduit à sa manière de très grandes oeuvres, en toute beauté.

Cet ouvrage n'a finalement que deux imperfections : son coût (mais ça en vaut véritablement la peine) et le fait qu'il ne s'agisse pas d'un one-shot (mais chouette, ça veut dire que je vais pouvoir me délecter d'un second tome).



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Moi, ce que j'aime, c'est les monstres

Quelle BD !

Le graphisme est impressionnant, les dessins ont tous été réalisés au stylo, car l’album a servi de rééducation à l’auteur après une maladie grave.

Le thème des monstres est original, car si l’héroïne âgée de 10 ans adore les monstres tels que les vampires, morts-vivants et autres esprits du mal, nous découvrons en même temps qu’elle que les monstres peuvent aussi revêtir l’aspect de tout un chacun selon les moments.

Tout commence un soir, à Chicago, dans les années 60.

Quand elle apprend que sa voisine a été retrouvée morte, notre jeune apprentie détective va décider d’enquêter.



J’ai déploré quelques longueurs et le fait que parfois l’histoire part dans tous les sens et s’éparpille beaucoup.

Je n’ai pas trouvé non plus que le texte était toujours facile à lire, à cause d’une surcharge au niveau visuel.

Mais cet album atypique a bien mérité son Fauve d’or obtenu en janvier dernier à Angoulême.

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Moi, ce que j'aime, c'est les monstres

Fascinant. Ce roman graphique qui se donne à lire comme le journal de Karen Reyes, 10 ans, est de ceux qui marquent. Ces 416 pages exécutées au stylo à bille (!) mêlent drame familial, manifeste artistique, témoignage historique et enquête criminelle, pulvérisant tous les codes pour nous aller droit au cœur.



Pas facile d’être une fille dans l’ébullition sociale du Chicago de la fin des années 1960. Alors autant être un monstre ! Une imposante créature velue tout en griffes et en crocs, libre d’ouvrir grand sa gueule pour s’exprimer. Notre jeune monstre devient détective pour faire la lumière sur la mort suspecte de sa voisine. Une affaire qui se noue à Berlin en 1920…



Captivée par l’enquête, j’ai dû me forcer à ne pas lire trop vite. Ces pages bourrées de détails savoureux et de clins d’œil sont de celles qui se redécouvrent à chaque relecture.



Une tendresse infinie lie la narratrice à sa mère et à son frère qui lui fournit des magazines d’horreur et l’emmène au musée. J’ai aimé la façon dont les tableaux (surtout les plus effrayants) vus là-bas la hantent, l’accompagnent et l’inspirent au quotidien.



Karen est un monstre désarmant, fondamentalement différent et décalé, perplexe face à l’intolérance crasse des gens, inquiet de faire face un jour à la mort de ses proches mais fort d’un imaginaire sans borne qui déploie un univers aussi horrifique que réjouissant. Mais il ne s’agit pas simplement d’une métaphore sur les difficultés d’être un enfant différent, mais de la fresque de toute une époque et de ses milieux les plus marginaux.



Tout cela est magistralement dessiné, d’un trait à la fois énergique et très expressif qui a pu tour à tour me faire penser aux toiles d’Otto Dix, aux albums de Maurice Sendak, à la caricature et aux comics. L’ensemble est puissamment imagé. On voit par exemple Karen se réfugier dans l’île verte qu’elle discerne dans la pupille de sa mère ou entrer dans les tableaux au musée. Et la mélancolie a une teinte bleutée.



Un tour de force sensible qui se déploie en dehors de toute convention et offre un étendard aux marginaux et laissés-pour-compte : à lire absolument !
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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Moi, ce que j'aime, c'est les monstres

Emil Ferris mettra six ans à réaliser cette œuvre d’exception ! Après 48 refus (certains doivent s’en mordre les doigts aujourd’hui) et forte de ténacité et de persévérance, Emil Ferris est propulsée désormais parmi les « monstres » sacrés de la bande dessinée ! Riche de 800 pages, ce roman graphique » Moi, ce que j’aime, c’est les monstres « est conçu sous la forme d’un journal intime. Publié aux éditions Monsieur Toussaint Louverture, il est le phénomène de cette année 2018 !

Dans le tumultueux Chicago de la fin des années 1960, Karen Reyes est une fillette de dix ans au physique plutôt ingrat. Mais ce qu’elle aime par-dessus tout, ce sont les monstres ! Alors pour échapper aux railleries de ces camarades de classe, elle laisse libre cours à son imagination, et se transforme ainsi en loup-garou !

» Monstre, ça vient du latin monstrum, et ça veut dire montrer, comme dans démonstration. Mais les G.E.N.S. , eux, disent « nous, on n’a jamais vu de monstres, alors y peut pas y en avoir. «

Karen vit avec sa mère et son frère Deeze. Mal dans sa peau, c’est un jeune homme qui se laisse aller à ses pulsions en tout genre.

» Parfois, comme le dit maman, « Deeze a le diable au corps ». C’est déjà arrivé qu’il perde son calme avec elle et moi. Chez Deeze, c’est une rage aveugle, comme s’il oubliait le mal qu’il peut faire. «

Malgré tout, l’amour indéniable de ce frère très protecteur, lui ouvre les portes de l’art en l’entraînant dans les musées de Chicago et en lui expliquant comment « entrer » dans les tableaux.

Mais un jour, en rentrant de l’école, elle apprend que sa voisine, Madame Anka Silverberg, est morte dans son appartement. Un suicide d’après les premiers éléments de l’enquête.

» 14 février 1968. Aujourd’hui, notre voisine du dessus, Mme Anka Silverberg est morte dans d’étranges circonstances. Elle a reçu une balle en plein cœur alors qu’elle se trouvait dans son salon, mais c’est dans son lit qu’on l’a retrouvée, bien bordée et couchée comme si de rien était. «

Secrètement amoureuse de sa voisine, la fillette ne peut laisser une telle injustice impunie, et décide de mener l’enquête. Affublée d’un imperméable et d’un chapeau, elle fouille le passé d’Anka pour tenter d’élucider ce mystère. Elle va découvrir qu’entre le passé d’Anka dans l’Allemagne nazie, son propre quartier prêt à s’embraser et les secrets tapis dans l’ombre de son quotidien, les monstres, bons ou mauvais, sont des êtres comme les autres, ambigus, torturés et fascinants.

Mais Karen n’est-elle pas là pour nous dire qu’en chacun de nous sommeille un monstre ?

Karen voit sa propre différence comme une monstruosité. Et c’est là tout le talent de l’auteure. En utilisant le concept de la personnification à travers ces graphismes, elle rend l’héroïne attachante. Complexée et torturée, elle est en proie à ses premiers désirs. Si elle les refoule dans un premier temps, elle va petit à petit s’accepter et en ressortir une force et une sensibilité. S’il est donc question de différence, il est tout autant question de résilience.

Notons également les nombreuses références aux monstres dans la littérature, telles que « Frankestein » de Mary Shelley. Emil Ferris assume ses prises de position quant à la place de l’art.

Graphiquement, le lecteur retient cet incroyable travail au stylo-bille qui anime littéralement ses pages, pour imiter un carnet intime d’écolière, avec ses lignes, sa marge et sa spirale au centre. D’abord subjugué par le dessin, il pénètre dans le récit. Chaque détail a son importance, et les pages sont denses ! On prend plaisir à s’attarder sur chaque planche. Cette œuvre est un véritable OVNI littéraire, qui casse tous les codes narratifs ! Une expérience inédite, que je recommande vivement ! Impatiente de découvrir le prochain tome !
Lien : https://missbook85.wordpress..
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Moi, ce que j'aime, c'est les monstres

Un objet littéraire non identifié, une lecture époustouflante.

L'album, de plus de 400 pages, est entièrement réalisé au stylo à bille : visages, décors, scènes d'action, tout. Observer ces millions de traits, de hachures, de taches, ça en devient hypnotique. Oui, on a toutes et tous griffonné au stylo 4 couleurs, avouez-le. Mais là… Ça mériterait un prix Nobel du stylo-bille.

Et puis il y a l'histoire : celle de la petite Karen, pour laquelle vivre est si difficile dans ce quartier moche de Chicago.

Elle a une maman aimante, mais malade. Elle a un grand frère affectueux, mais qui semble mener une double vie, entre amour de l'art et activités mystérieuses. Elle a des voisins dont on découvre peu à peu les histoires bouleversantes.

Et il est impossible d'en dire davantage : il faut vous précipiter sur cette perle rare, l'emprunter, l'acheter, le voler, l'offrir.



Traduction impeccable de Jean-Charles Khalifa.
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Moi, ce que j'aime, c'est les monstres

Coup de cœur que ce roman graphique de l’Américaine Emil Ferris !



Comme plusieurs, j’ai d’abord été rebutée par l’apparence de la couverture et par les monstres aperçus en feuilletant quelques pages. Mais la curiosité l’a emporté et j’ai plongé dans ces dessins fabuleux. Pas étonnant qu’il ait fallu plusieurs années à l’auteure pour réaliser ces illustrations précises, pleines de détails et mêlant habilement réalisme et imaginaire.



Trop glauque? Il s’agit du journal d’une jeune ado qui se sent monstrueuse et qui est passionnée de dessin et de comics d’horreur. Lorsque sa voisine meurt d’une balle dans le cœur, Karen décide de devenir détective pour élucider l’affaire. Dans son enquête, elle découvre le noir passé de la victime qui remonte jusqu’à l’Allemagne nazie. Mais ce n’est pas tout ce qui est noir dans la vie de Karen : sa mère souffre d’un cancer et son frère semble cacher de lourds secrets.



Cet ouvrage de plus de 400 pages est vraiment une BD pour adulte et ce n’est pas rigolo. On y trouve des scènes de cauchemars, de sexualité et d’enfance abusée. La magie du graphisme transmet la peur et la détresse, parfois la bravoure et le déni, mais aussi l’amour et la passion pour l’art visuel.



Une oeuvre qui mérite bien les nombreux prix reçus !

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Moi, ce que j'aime, c'est les monstres

Attention: ovni, chef d'œuvre absolu!

Ce roman graphique entièrement réalisé avec des stylos à bille ne ressemble à aucun autre ouvrage du genre que j'ai pu lire jusqu'à présent.

Les mots me manquent mais pour moi, en tous cas, ce que je garderai après cette première lecture: c'est un esthétisme du Beau au milieu du Laid, du Lumineux au creux de la Noirceur absolue.

Emil Ferris nous embarque au pays de l'Art et de l'inconscient à la fois cauchemardesque et merveilleux.

Merci à François Busnel et à son émission la Grande Librairie qui m'ouvrent la porte à de bien belles choses...
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Moi, ce que j'aime, c'est les monstres

Oui, ce livre-là est clairement un monstre, et comment ne pas l’aimer?

L’héroïne nous offre à lire son journal intime, épais bloc-notes ligné sur lequel elle dessine et raconte les événements les plus importants de son existence -et j’ai rarement lu quelque chose de plus profond sur l’enfance et ses affres.

Enfant aimé -Mais qui a dit qu’être aimé suffisait à être heureux ?-, elle écoute les adultes qui se taisent pour l’épargner. Du haut de ses 10 ans, Karen apprend que ceux qui vous aiment vous quittent, vous mentent, vous croient plus âgée que vous ne l’êtes -ou plus jeune-, vous apprennent ce qui vous fera grandir mais oublient l’essentiel (et c’est aussi de devoir combler les manques qui fait grandir).

Au moins a-t-elle eu l’art en héritage, et les histoires. Bettelheim a théorisé l’importance des contes, dès lors que l’enfant est sur les genoux de ses parents pour les entendre. Emil Ferris nous dit que les pulps magazines et les comics font tout autant l’affaire que le petit chaperon rouge, que le vampire vaut l’ogre et que la princesse joue son rôle, même avec les seins nus et les yeux révulsés en couverture d’une revue.

Ce sont les histoires qui sauvent. A défaut d’un déguisement de fée, Karen a un trench de détective et s’il n’empêche pas les malheurs, il permet de les comprendre. Ou au moins de les considérer et de les admettre.

A priori, je n’aime pas les les livres qui pèsent trop lourd pour qu’il soit confortable de les emporter au lit. Surtout quand il faut les manipuler pour lire dans les marges et à l’envers. Encore moins quand il y a des images dont j’ai toujours tendance à penser qu’elles prennent la place dévolue aux mots. Mais là... j’ai l’impression d’avoir découvert dans la cave d’un immeuble insalubre voué à la destruction le calepin abandonné de la fille cachée de Martin Luther King et de Frida Kahlo, d’être à peine capable de le déchiffrer mais suffisamment pour savoir qu’il s’agit d’un trésor.

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Moi, ce que j'aime, c'est les monstres

Hé bien ! Voici une oeuvre bien plus complexe qu'elle n'y paraît !

L'intrigue commence avec le meurtre d'une des voisines de la jeune Karen Reyes (narratrice de l'histoire). Ainsi on remonte l'histoire d'Anka, la disparue, née dans le Berlin des années 20 et qui a aussi connu les années 1940 en tant que juive... Mais d'autres histoires viennent s'imbriquer à cette intrigue principale, toutes plus glauques les unes que les autres !

Le tour de force narratif de cet imposant roman graphique, c'est de faire revivre le Chicago des années 1960 avec tout ce qu'il y avait d'insécurité et d'intolérance (envers les Noirs, les progressistes, les immigrés latinos, les homosexuels, la guerre du Vietnam, etc). Les habitudes du quartier et des habitants sont décrits avec une telle minutie qu'il vaut mieux lire le récit d'une traite pour ne pas s'y perdre !



Graphiquement, le travail d'Emil Ferris est absolument bluffant ! Que ce soit pour la minutie du détail ou les visages expressifs ou le dynamisme de certaines postures des personnages : et tout ça avec des stylos billes ! Wahou !



Et mention spéciale pour la reproduction de couverture du type des premiers magazines de comics pour faire le chapitrage. En plus de coller parfaitement à l'époque, ces couvertures sont une illustration de plus du thème de la monstruosité (du côté obscur) qui se trouve en chacun, par perversion ou simple anticonformisme.



Je ne sais pas si je lirai la suite car ce format très compact, les histoires en parallèles ne facilitent pas vraiment la lecture. Mais c'est clairement une curiosité à lire !





Challenge USA 2019
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Moi, ce que j'aime, c'est les monstres

Après avoir entendu des critiques dithyrambiques pendant des années sur ce roman graphique, je me suis enfin décidée à le lire !



L'histoire se déroule à Chicago, à la fin des années 60. Nous allons suivre une enfant de dix ans, Karen, qui adore les monstres. Fascinée par ces derniers, elle se voit même comme un loup garou. Un soir, en rentrant de l'école, Karen apprend la mort de sa voisine, Anka Silverberg, survivante de la Shoah, qui se serait suicidée. Karen va alors enquêter sur cette mort suspecte et s'intéresser à la vie et au passé de cette voisine...



Bien que j'étais un peu effrayée à l'idée de lire cet ouvrage, ce n'était pas à cause des monstres - réels ou fictifs - qui en étaient le sujet, mais plutôt au vu des thématiques abordées et des illustrations peu communes. La lecture de ce roman graphique n'a pas été simple, tant le style de dessin semblait peser sur le texte, lui-même déjà très lourd.



Les thématiques abordées sont difficiles : ce livre traite des traumatismes, de violences, de viols, d'agressions, de tortures et des horreurs commises pendant la Seconde Guerre Mondiale. En parcourant cette histoire, on se rend vite compte que le monstre, ce n'est pas celui qu'on croit... Karen n'est qu'une enfant qui préfère s'imaginer monstre parce que c'est plus facile que d'être une femme. Dans ce récit, les monstres ne sont pas des loups garous, des vampires ou des zombies...



Ce roman graphique est absolument époustouflant ! Derrière cette enfant qui veut être un monstre, se cache en réalité une histoire complexe qui parle de racisme, d'homosexualité, de la Seconde Guerre Mondiale... Les illustrations sont entièrement faites au stylo bille, ce qui donne à cette bande dessinée un style hors du commun. L'autrice est talentueuse et nous a servi une intrigue fascinante avec des illustrations qui le sont tout autant...
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