La nuit est bleue des mots infinis
Des escaliers de velours
La nuit est une divinité absolue
Dont les blessures sont éternelles
Et dont les regrets nous font pleurer
Des larmes silencieuses
Quelques années, auparavant, je travaillais dans une société
de marketing direct à Créteil. Employé de bureau, j'étais devenu,
les derniers temps, la tête de Turc de certains de mes collègues,
une victime toute désignée d'un bizutage intempestif. Rien de
méchant, apparemment, pas de violence physique ni sexuelle, ils
me considéraient comme un "ami ", qui fait rire, certes, un pitre
dépressif, mais un "ami". Ils m'aimaient à leur manière et
bizarrement, je les aimais. On passait même de s soirées
ensemble, le week end, souvent. Pourtant, avec amour, ils
m'humiliaient dans leurs jeux sadiques. Ils pouvaient chaparder
ma carte d'identité, momentanément, en y inscrivant "Petite
bite", cacher mon sac à dos dans les buissons du parking de la
b oîte, à l'extérieur, me scotcher dans l'entrepôt, avec du gros
ruban adhésif, qu'on emploie dans les entreprises, pour emballer
des paquets, sur un plateau tournant, qui filme les palettes.
Quand l'amour vous quitte
et que le ciel est bleu
Solitude de certains soirs
chercher les mots
Il faut attendre
la main sur le verre
Désapprendre à aimer
pour mieux aimer plus tard
Ce sera une nuit
Ce sera une nuit
comme une autre
mais ce sera la dernière
les yeux remplis d’étoiles
Ce sera une nuit
comme une autre
mais ce sera la seule l’unique
solde de tout compte
Ce sera une nuit
comme une autre
dans les draps blessés
dans le sang glacé
Ce sera une nuit
comme une autre
plus belle encore
et plus jolie
Ce sera une nuit
comme une autre
comme une dernière
colère une ultime prière
Ce sera une nuit
comme une autre
mais que l'on n'oubliera pas
dans le bruit des pas
Par-delà soi
par les autres qui se souviendront
de vous traçant ainsi la nuit
avec des fils de soie
Je suis dans un trou du temps
Les années je les regarde
Avec la bienveillance du berger
pour son troupeau
On peut penser
qu'il n'y a rien
L'hiver
métaphore de la pensée
L'esprit vide
recroquevillé
Penser à rien
comme tout
Se résumant
à rien
Ni Dieu
ni quoi
Que l'esprit n'anime
pas les êtres
C'est nous réduire
à l'état de choses
Sans une intelligence
extérieure
Mais l'esprit
n'a pas de fin
C'est l'espoir
L’instant choisi
Il y a du soleil
sur le canapé
Un bouquet de fleurs
résume le lieu
Et la nuit viendra
une enveloppe
Des rues désertes
et des villas oubliées
Des visages sans visages
des mains sans mains
On ne sait pas
définir le temps
Si c'est du passé
ou du présent
Si on peut encore parler
d'avenir
Les pas ne sont pas attachés
à leur propriétaire
Ils marchent seuls
dans la nuit
La peau du temps se retourne
La peau du temps se retourne
massée sous les portes
Pierre dans la cohue du lichen
la passion est mouvante
Les formes se complètent
habiles abstractions
Dans le vent les papiers dansent
avec l’outil des mots à la base du nerf
Le pâle éclat du matin se reflète
dans les yeux mornes des passants
Qui vivent dans un hôtel dont
les rêves éclaboussent le sexe du ciel
Accorder du temps à
comme une voix
Ce chant entendu d’une oreille
un souffle
De l’âme entendu par les pores
une respiration