j'ai attendu (sous l'amandier) tout un buisson de mûres
branches nouées l'âne est blessé (et mon vieil arbre noir)
des fleurs
en hiver qui se fanent n'entends-tu pas qu'il pleut ce sont
des lambeaux de la pluie (la lampe au bord du lit je ne suis
pas là où vous êtes je ne me souviens pas)
nous avons
des mots pour les rêves (de vieux foyers la fleurs brisée)
nous n'avons que des mots
LIRE LES POÈMES…
104.
Extrait 3
j’écris je pense à toi
[…]
poèmes (disait-il) qui sont toujours un peu la même
chose c’est l’arbre (disait-elle) qui brûle dans le froid
de la froide saison
les jours (disait-il) sont-ils les mêmes de ma vie la
tristesse (infatigable disait-elle) qui n’est pas toi
qui n’est pas mienne (la tristesse de tous)
105.
(vers le calme fleuve des morts)
écrire…
écrire
c’est l’habitude sans toi je pleure sans toi choses
de l’automne
je traverse
pour la dernière fois choses
de l’automne
ici c’est l’automne
l’histoire
de ta vie dans le temps choses
de l’automne
je ne meurs pas
je ne meurs pas
de la maladie d’être seul
je marche
je marche
arbres et moi sommes les mêmes
la solitude n’est d’aucun poids
5
B
l’oiseau
qui va
qui n’a
pas d’impatience
rêves dans les
rêves rien n’est
très différent
siffle oh siffle
tremblent
et cœur qui bat
paupières qui
tremblent
Feroé
À peine jour que déjà nuit.
.
Maison de paille. De paille, répète-t-il. Pourquoi
maison ? Pourquoi de paille ? Pourquoi maison de
paille ces mots précisément ?
Nulle maison de paille dans sa vie.
Pense maison. Pense paille. Ne sais pourquoi ces mots-là.
Maison de paille, de paille, de aille, maison de paille prend feu.
Plus rien après ça que feu de paille, maison de paille prend feu.
(Il dort).
C’ÉTAIT ÇA, SIMPLEMENT ÇA…
extrait 1
c’était ça simplement ça
je m’étais endormie
je n’avais devant moi
que quelques mots de peine
(c’était pour rien écrire toi qui n’avais
nulle joie pour moi c’était pour rien)
la balançoire
(vide)
les chaises du jardin les bancs
feuilles du vent (bouleversées)
entends le téléphone
que plus rien plus personne (dans la maison personne)
…
mon visage
est le même et moi -même qui dans
la véranda
qui reste là qui suis assise
seule
je me sens
seule
et seule
et moi
qui reste là qui suis assise seule
seule
j’efface
j’efface
sur la buée du jour ils disparaissent
de ma main disparaissant je ne sais pourquoi
j’essaie
de me souvenir de ça être et rester l’enfant du désir
infini
l’ombre à la lumière grandit l’air redevient froid
ce n’est qu’un
vertige de soi vertige de sang je n’ai plus jamais peur
ou toujours peut-être je sais qu’il y a
non je ne sais pas
je dors
je dors
mon sommeil difficile
dans la nuit la terre est noire
mon silence (ou ma respiration)
des formes floues
dans leur habit de verre
montrent çà et là
le sang que je leur fais
les planches
vieillissent contre le mur.
(…)