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Eric Sautou (Autre)
EAN : 9782081504004
160 pages
Flammarion (10/02/2021)
4/5   3 notes
Résumé :
Quelque chose.
De ton souvenir.
N'est déjà plus le même.
Entendre.
Ma voix tu ne l'entendras plus que ne l'as-tu.
écrite.
Et quand je pense à toi il n'y a plus que des mots.
Perdue.
Noyée dans le seul mot qui reste.
Beaupré.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Beaucoup a déjà été écrit pour dire la vieillesse, la solitude, la fin de vie prochaine, et pourtant...
beaupré d'Eric Sautou est un recueil de poésie troublant et particulier dédié à sa mère disparue. Sous une écriture simple et dépouillée, la présence de sa mère emplit et vide tout l'espace du livre. Par le biais de textes très courts (sans ponctuation aucune), l'auteur tente de contenir l'oubli face au temps, de retenir un peu d'une présence face à l'absence. Dans un dialogue à deux, la mère et le fils s'entretiennent de leur solitude, de leur peine...

"le ciel de ton visage
s'assombrit
je ne peux plus rien faire il n'y a plus rien à faire
quand je parle (et je ne vois plus rien) arbres de mon jardin
donnez-moi des nouvelles
assise je t'attends j'attends je lis les pages
sous mon arbre à ma table j'attends je t'attends
quelque chose s'en va
à quoi je réponds que ne disent les mots
tout est mon coeur
de solitude j'attends"

Le ciel, la pluie, les arbres et les fleurs dans le parc, la maison familiale, l'écriture, une table, une chaise, sont comme des reflets glanés au gré du temps pour composer l'instant, pour décrire avec une minutieuse beauté et une touchante pudeur tout l'attachement de deux êtres et tout le poids de leur séparation.

"À vrai dire je voudrais
je ne sais pas je voudrais je ne sais pas
que tu sois là toujours
je ne comprends plus très bien je préférerais je ne sais pas
que tu me dises
ces choses je serai là toujours"

Au fil des pages, le peu s'ouvre à l'essentiel, le silence s'impose à l'interprétation, aux commentaires. Devant nos yeux, lentement, la mère et le fils se rejoignent, se répondent, s'abreuvent de la présence de l'autre. Ils vont ensemble puis seuls, l'un sans l'autre, dans la mémoire de leur vie commune, de leur vie passée.

La vieillesse chez un proche ne fait pas de bruit, elle avance lentement, en silence. Dans ce moment là de la vie, recueillir chez l'autre sa part de lassitude, de détresse, de solitude, de silence aussi ne va pas de soi. Eric Sautou le démontre ici dans un recueil à la gravité et à la poésie vraiment touchantes, édifiantes.
Sombre et si belle à la fois, beaupré est de ces lectures rares qui ne s'oublient pas.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
fleurs étranges…



fleurs étranges fleurs (à son tombeau) est-ce que c’est cela est-ce que
tu disparais
ce que tu me demandes
oh vraiment ce que tu me demandes
mon vieil enfant ce que tu me demandes



toutes ces années toi et moi c’était pour la vie
tu crois
tu je ne serai jamais plus là bientôt
tu crois
que c’est possible
chose
qui s’en va de nos jours c’est encore la pluie c’est à peine s’il pleut
tu étais là c’était pour la vie
ce n’est plus rien je m’y attends



chose facile fleur
nous rappelle ces choses (rose fleur déposée)
rose fleur renaissante (et toutes roses fleurs)
tombeau qui n’a plus rien
rose fleur séparée



quelque chose
de ton souvenir
n’est déjà plus le même



c’est moi l’enfant (l’absent) laisse-moi entrer
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C’ÉTAIT ÇA, SIMPLEMENT ÇA…



extrait 1

c’était ça simplement ça
je m’étais endormie
je n’avais devant moi
que quelques mots de peine
(c’était pour rien écrire toi qui n’avais
nulle joie pour moi c’était pour rien)
la balançoire
(vide)
les chaises du jardin les bancs
feuilles du vent (bouleversées)
entends le téléphone
que plus rien plus personne (dans la maison personne)
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écrire…



écrire
c’est l’habitude sans toi je pleure sans toi choses
de l’automne
je traverse
pour la dernière fois choses
de l’automne
ici c’est l’automne
l’histoire
de ta vie dans le temps choses
de l’automne
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rose fleur…



rose fleur il n’y a plus rien
choses
de la mémoire (Beaupré)



rose fleur la fleur (rose de la douleur)
jours de tant de feuilles (de fleurs)
rose fleur séparée



chose facile fleur
nous rappelle ces choses (rose fleur déposée)
rose fleur renaissante (et toutes roses fleurs)
tombeau qui n’a plus rien rose fleur séparée



des années
de mêmes choses sans toi pousse la porte regarde il n’y a
rose fleur séparée



rose
de mon repos (chose facile)
tombeau qui n’a plus rien
j’entends
par la grâce de la pluie tu n’as plus rien
rose fleur renaissante (et qui n’en finit pas)
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je suis avec toi…



je suis avec toi (qui me ressembles)
avec toi qui me ressembles oh vivre est là depuis
  toujours avec toi
qui me ressembles



est-ce que nous allons vraiment
vraiment alors c’est vraiment ça nous allons vraiment



sommes-nous le nom de rien
des jours où nous sommes
figures de rien (plus rien que des mots)
fleurs entendez-vous
entendez-vous comme nous sommes
fleurs jour et nuit je n’aurai bientôt plus

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