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3.9/5 (sur 35 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 16/11/1770
Mort(e) à : Saint-Cloud , le 10/01/1846
Biographie :

Étienne Pivert de Senancour est un écrivain français.

Appartenant à la même génération que Chateaubriand ou Madame de Staël qui ont connu l'Ancien Régime et la Révolution, Étienne Jean-Baptiste Ignace Pivert de Senancour est toutefois moins connu que ses contemporains.

Passionné par Jean-Jacques Rousseau, l'auteur publie en 1799 'Rêveries sur la nature primitive de l'homme'. Avec ce récit qui alterne description de paysages, expression de la mélancolie et désir de changer la société, le jeune écrivain accède à une certaine notoriété.

Mais c'est avec son roman 'Oberman', publié en 1804, qu'il obtient la gloire auprès des Romantiques. Alternant une nouvelle fois description de paysages et expression d'un sentiment d'ennui d'exister, Senancour marquera les lectures de Sainte-Beuve et de George Sand.

De son vivant, l'auteur subsistait grâce à des menus travaux dans l'édition et le journalisme, il collabora notamment à la 'Bibliographie universelle des contemporains'.

Son œuvre se compose d'une pièce de théâtre, des méditations, de quelques romans et essais dont le célèbre traité intitulé 'De l'Amour' dans lequel l'écrivain plaide en faveur du divorce.

Il est vrai que son mariage malheureux alors qu'il était en exil en Suisse l'a marqué profondément. Considéré comme un maître par Nerval, Balzac ou encore Proust qui le lisait sans relâche, Senancour est un auteur qui a marqué les prémices du mouvement littéraire appelé Romantique.
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Source : www.evene.fr/
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Bibliographie de Etienne de Senancour   (26)Voir plus

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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Sur les terres basses, c’est une nécessité que l’homme naturel soit sans cesse altéré, en respirant cette atmosphère sociale si épaisse, si orageuse, si pleine de fermentation, toujours ébranlée par le bruit des arts, le fracas des plaisirs ostensibles, les cris de la haine et les perpétuels gémissements de l’anxiété et des douleurs. Mais là, sur ces monts déserts, où le ciel est immense, où l’air est plus fixe, et les temps moins rapides, et la vie plus permanente ; là, la nature entière exprime éloquemment un ordre plus grand, une harmonie plus visible, un ensemble éternel. Là, l’homme retrouve sa forme altérable, mais indestructible ; il respire l’air sauvage loin des émanations sociales ; son être est à lui comme à l’univers : il vit d’une vie réelle dans l’unité sublime.
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Si je n’ai point la paix du bonheur, il me faut l’activité d’une vie forte. Certes, je ne veux pas me traîner de degrés en degrés, prendre place dans la société, avoir des supérieurs avoués pour tels, afin d’avoir des inférieurs à mépriser. Rien n’est burlesque comme cette hiérarchie des mépris qui descend selon des proportions très-exactement nuancées, et embrasse tout l’État, depuis le prince soumis à Dieu seul, dit-il, jusqu’au plus pauvre décrotteur du faubourg, soumis à la femme qui le loge la nuit sur de la paille usée. Un maître d’hôtel n’ose marcher dans l’appartement de monsieur ; mais, dès qu’il s’est retourné vers la cuisine, le voilà qui règne. Vous prendriez pour le dernier des hommes le marmiton qui tremble sous lui ? Pas du tout : il commande durement à la femme pauvre qui vient emporter les ordures, et qui gagne quelques sous par sa protection. Le valet que l’on charge des commissions est homme de confiance ; il donne lui-même ses commissions au valet dont la figure moins heureuse est laissé aux gros ouvrages ; et le mendiant qui a su se mettre en vogue accable de tout son génie le mendiant qui n’a pas d’ulcère.
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Je me dis : La vie réelle de l’homme est en lui-même, celle qu’il reçoit du dehors n’est qu’accidentelle et subordonnée. Les choses agissent sur lui bien plus encore selon la situation où elles le trouvent que selon leur propre nature. Dans le cours d’une vie entière, perpétuellement modifié par elles, il peut devenir leur ouvrage. Mais dans cette succession toujours mobile, lui seul subsiste quoique altéré, tandis que les objets extérieurs relatifs à lui changent entièrement ; il en résulte que chacune de leurs impressions sur lui dépend bien plus, pour son bonheur ou son malheur, de l’état où elle le trouve que de la sensation qu’elle lui apporte et du changement présent qu’elle fait en lui. Ainsi dans chaque moment particulier de sa vie, ce qui importe surtout à l’homme, c’est d’être ce qu’il doit être. Les dispositions favorables des choses viendront ensuite, c’est une utilité du second ordre pour chacun des moments présents.
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Je suis seul; les forces de mon cœur ne sont point communiquées, elles réagissent dans lui, elles attendent: me voilà dans le monde, errant, solitaire au milieu de la foule qui ne m’est rien; comme l’homme frappé dès longtemps d’une surdité accidentelle, et dont l’œil avide se fixe sur tous ces êtres muets qui passent et s’agitent devant lui. Il voit tout, et tout lui est refusé; il devine les sons qu’il aime, il les cherche, et ne les entend pas; il souffre le silence de toutes choses au milieu du bruit du monde.
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Dieux par la pensée, insectes pour le bonheur, nous sommes ce Jupiter dont le temple est aux Petites-Maisons : il prend pour une cassolette d’encens l’écuelle de bois où fume la soupe qu’on apporte dans sa loge ; il règne sur l’Olympe, jusqu’à l’instant où le plus vil geôlier, lui donnant un soufflet, le rappelle à la vérité, pour qu’il baise la main et mouille de larmes son pain moisi.
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Lettre XVIII
Ma situation est douce, et je mène une triste vie. Je suis ici on ne peut mieux ; libre, tranquille, bien portant, sans affaires, indifférent sur l'avenir dont je n'attends rien, et perdant sans peine le passé dont je n'ai pas joui. Mais il y a dans moi une inquiétude qui ne me quittera pas ; c'est un besoin que je ne connais pas, que je ne conçois pas, qui me commande, qui m'absorbe, qui m'emporte au-delà des êtres périssables... Vous vous trompez, et je m'y étais trompé moi-même : ce n'est pas le besoin d'aimer. Il y a une distance bien grande du vide de mon cœur à l'amour qu'il a tant désiré ; mais il y a l'infini entre ce que je suis, et ce que j'ai besoin d'être. L'amour est immense, il n'est pas infini. Je ne veux point jouir ; je veux espérer, je voudrais savoir ! Il me faut des illusions sans bornes, qui s'éloignent pour me tromper toujours. Que m'importe ce qui peut finir ? L'heure qui arrivera dans soixante années est là tout auprès de moi. Je n'aime point ce qui se prépare, s'approche, arrive, et n'est plus. Je veux un bien, un rêve, une espérance enfin qui soit toujours devant moi, au-delà de moi, plus grande que mon attente elle-même, plus grande que tout ce qui se passe. (…)
Accident éphémère et inutile, je n'existais pas, je n'existerai pas : je trouve avec étonnement mon idée plus vaste que mon être ; et, si je considère que ma vie est ridicule à mes propres yeux, je me perds dans des ténèbres impénétrables.
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Lettre XXI
Il fait de bien beaux jours et je suis dans une paix profonde. Autrefois j'aurais joui davantage dans cette liberté entière, dans cet abandon de toute affaire, de tout projet, dans cette indifférence sur tout ce qui peut arriver.
(…)
Vous qui connaissez mes besoins sans bornes, dites-moi ce que je ferai de la vie, quand j'aurai perdu ces moments d'illusions qui brillaient dans ses ténèbres comme les lueurs orageuses dans une nuit sinistre ? Ils la rendaient plus sombre, je l'avouerai, mais ils montraient qu'elle pouvait changer, et que la lumière subsistait encore.
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1er fragment, 5ème année
L'homme ne saurait désirer et posséder sans interruption, comme il ne peut toujours souffrir. La continuité d'un ordre de sensations heureuses ou de sensations malheureuses, ne peut subsister longtemps dans la privation absolue des sensations contraires. La mutabilité des choses de la vie ne permet pas cette constance dans les affections que nous en recevons ; et quand même il en serait autrement, notre organisation n'est pas susceptible d'invariabilité.
Si l'homme qui croit à sa fortune ne voit point le malheur venir du dehors à sa rencontre, il ne saurait tarder à le découvrir dans lui-même. Si l'infortuné ne reçoit pas de consolations extérieures, il en trouvera bientôt dans son cœur.
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Lettre XLIV
Très inquiets et plus ou moins malheureux, nous attendons sans cesse l'heure suivante, le jour suivant, l'année suivante. Il nous faut à la fin une vie suivante. Nous avons existé sans vivre ; nous vivrons donc un jour : conséquence plus flatteuse que juste. Si elle est une consolation pour le malheureux ; cela même est une raison de plus pour que la vérité m'en soit suspecte. C'est un assez beau rêve qui dure jusqu'à ce qu'on s'endorme pour jamais. Conservons cet espoir : heureux qui l'a ! Mais convenons que la raison qui le rend si universel n'est pas difficile à trouver.
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Lettre XLVIII
Je ne vois rien de certain, si ce n'est peut-être l'inévitable incertitude de ce que les hommes voudraient connaître.
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Lettre LXXI
S'il est une chose dans le spectacle du monde, qui m'arrête quelquefois, et quelquefois m'étonne : c'est cet être qui nous paraît la fin de tant de moyens, et qui semble n'être le moyen d'aucune fin : qui est tout sur la terre, et qui n'est rien pour elle, rien pour lui-même : qui cherche, qui combine, qui s'inquiète, qui réforme, et qui pourtant fait toujours de la même manière des choses nouvelles, et avec un espoir toujours nouveau des choses toujours les mêmes : dont la nature est l'activité, ou plutôt l'inquiétude de l'activité : qui s'agite pour trouver ce qu'il cherche, et s'agite bien plus lorsqu'il n'a rien à chercher : qui, dans ce qu'il a atteint, ne voit qu'un moyen pour atteindre une autre chose ; et lorsqu'il jouit, ne trouve dans ce qu'il avait désiré, qu'une force nouvelle pour s'avancer vers ce qu'il ne désirait pas : qui aime mieux aspirer à ce qu'il craignait, que de ne plus rien attendre : dont le plus grand malheur serait de n'avoir à souffrir de rien : que les obstacles enivrent, que les plaisirs accablent ; qui ne s'attache au repos que quand il l'a perdu : et qui, toujours emporté d'illusions en illusions, n'a pas, ne peut pas avoir autre chose, et ne fait jamais que rêver la vie.
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Lettre LXXVIII
Venir, s'élever, faire grand bruit, s'inquiéter de tout, mesurer l'orbite des comètes ; et, après quelques jours, se coucher là sous l'herbe d'un cimetière : cela me semble assez burlesque pour être vu jusqu'au bout.
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Quel homme aura le droit d'exiger le bonheur sur une terre où presque tous s'épuisent tout entiers seulement à diminuer leurs misères.
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Je ne me révolte pas, je sors.
3
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L'homme est périssable, il se peut. Mais périssons en résistant et si le néant nous est réservé, faisons que ce soit une injustice.
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Etienne de  Senancour
"L'amour est immense, il n'est pas infini."
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Chaque jour, en naissant à une nouvelle vie, souviens-toi que tu as résolu de ne point passer en vain sur cette terre. Le monde s'avance vers son but. Mais toi, tu t'arrêtes, tu rétrogrades, tu restes dans un état de suspension et de langueur. Tes jours écoulés se reproduiront-ils dans un temps meilleur ? La vie se fond toute entière dans ce présent que tu négliges pour le sacrifier à l'avenir : le présent est le temps, l'avenir n'en est que l'apparence.
Vis en toi-même, et cherche ce qui ne périt point. Examine ce que veulent nos passions inconsidérées ; de tant de choses, en est-il une qui suffise à l'homme ? L'intelligence ne trouve qu'en elle-même l'aliment de sa vie : sois juste et fort. Nul ne connaît le jour qui doit suivre : tu ne trouveras point de paix dans les choses ; cherche-la dans ton cœur.
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J’ai passé dans le vide et les ennuis la saison heureuse de la confiance et de l’espoir. Partout comprimé, souffrant, le cœur vide et navré, j’ai atteint, jeune encore, les regrets de la vieillesse.
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