Citations de Eva de Vitray-Meyerovitch (37)
La plus noble tâche de l'homme sera donc de se souvenir de Dieu.
Dieu a dit "Mes cieux et ma terre ne Me contiennent pas, mais Je suis contenu tout entier dans le coeur de mon serviteur fidèle."
Ce qui te paraît un coucher en réalité est une aurore. Bien que la tombe te semble une prison, c'est la libération de l'âme.
Le jeûne et la prière du mois du Ramadan intercède pour l'homme au Jour de la Résurrection, le jeûne disant : Seigneur ! Je l'ai empêché de boire et de manger pendant le jour, et le Coran d'ajouter : Seigneur ! Je l'ai empêché de dormir pendant la nuit ; avant de dire à l'unisson : Seigneur ! Accepte notre intercession pour lui !
Après la mort, il ne reste à l'homme que trois qualités : la pureté du coeur, c'est-à-dire son exemption de toute souillure, sa familiarité avec le dhikr et son amour de Dieu. Ces qualités sont celles qui sauvent et qui aident après la mort.
Si l'examen du Coran ne te donne aucune satisfaction et ne te dévoile rien, c'est parce qu'il refuse que tu lui retires le voile ; il a rusé avec toi, en se montrant comme lait ; il te dit : "Je ne suis pas cette beauté." Le Coran est capable de se montrer sous l'apparence qu'il veut.
Un musulman est ému par le son même du Coran, et l'on dit qu'être ou ne pas être ému par les appels quotidien à la prière et la modulation du Coran constitue, pour chaque musulman, le critère de sa foi.
On prie debout comme un arbre, agenouillé comme un homme, prosterné comme une pierre, récapitulant donc les trois règnes.
Les actions n'ont de valeur que par l'intention.
On demande à un mystique (Abû 'Amar az-Zajjâji) : "Pourquoi pâlis-tu en prononçant le premier takbir de la prière ? "Parce que je crains de commencer la prière qui m'est prescrite par quelque chose qui ne soit pas vraie. Car celui qui dit Allâhu Akbar alors que dans son coeur se trouve quoi que ce soit de plus grand que Dieu, ou qui même, au cours de sa vie, a glorifié quelque chose autre que Dieu, celui-là dément dans son coeur ce que prononce sa langue.
La forme islamique de l'association dans la prière, outre sa valeur cognitive, témoigne donc de l'aspiration à réaliser cette unité essentielle de l'humanité comme fait vécu, en démolissant toutes les barrières qui s'élèvent entre l'homme et l'homme.
La prière, qu'elle soit individuelle ou commune, est donc l'expression du désir ardent que l'homme éprouve en lui de recevoir une réponse dans le terrifiant silence de l'univers.
Muhammed, Sceau des prophètes, a reçu les mêmes recommandations : "Ordonne aux tiens la prière, sois-y toi-même constant." (Coran, XX, 132.).
"... Si Dieu avait voulu, Il aurait fait de vous une communauté unique ; mais, Il voulait vous éprouver en Ses dons. Faites assaut de bonnes actions vers Dieu. En Lui, pour vous tous, est le retour. Il vous informera de ce qu'il en est de vos divergences." (Coran, V, 48).
Dieu a parlé "en divers temps et en divers lieux", comme le dit saint Paul. C'est ce que le Coran affirme constamment : puisque la vérité ne peut être qu'une, toujours et partout, la Révélation, en son essence, ne peut qu'être la même pour tous les peuples, en tous les temps.
Nous savons que Dieu S'est décrit Lui-même comme l'Extérieur et comme l'Intérieur, et qu'il a manifesté le monde à la fois comme intérieur et comme extérieur, afin que nous connaissions l'aspect "intérieur" de Dieu par notre propre intérieur, et "l'extérieur" par notre extérieur.
Le livre sacré de l'Islam déclare que tout être célèbre les louages de Dieu, "l'oiseau en étendant ses ailes, l'arbre en projetant son ombre", mais que nous ne comprenons pas leur langage. La raison d'être de la Création, nous est-il encore rappelé, est l'adoration du Dieu Un.
En premier lieu, le terme "islam" s'applique à la religion fondamentale de l'être humain, c'est-à-dire à sa capacité innée de reconnaître ce qui le relie à Dieu.
Dis-moi ce que tu cherches, je te dirai qui tu es :
Si tu es à la recherche de la demeure de l'âme, tu es une âme ;
Si tu es en quête d'un morceau de pain, tu es du pain.
Si tu peux saisir le secret de cette subtilité, tu comprendras :
Chaque chose que tu recherches, c'est cela que tu es.
Une des constantes de la pensée islamique est l' approche philosophique du temps : le monde n'est pas irréel et illusoire à la façon de la Maya de l'Inde, mais il n'a qu'une réalité secondaire. En fait, tout devient relatif face à un Absolu transcendant. La langue est, elle aussi, fonction d'une certaine notion du temps, puisque tout est relatif sauf l' Absolu. Et tout l'art musulman va découler de cette notion fondamentale, qui est énoncée dans le Coran sous la forme suivante : « Toutes les choses sont périssantes, sauf la Face du Seigneur qui, elle, demeure» (XXVIII, 88).
La démarche de saint Augustin (354-430) dans ses Confessions et celle d'Abraham dans le Coran traduisent assez bien la différence entre l'approche gréco-latine et l'approche musulmane. Saint Augustin s'adresse à une étoile et lui demande : « Es-tu le Seigneur que je cherche ? », mais l'étoile disparaît. Puis il s'adresse à la lune, qui disparaît aussi, et enfin au soleil, qui se couche. Saint Augustin conclut : « Je les ai interrogés, aucun d'eux n'était le Dieu que je cherchais, mais leur réponse était leur harmonie et leur beauté. » Cette harmonie du cosmos constitue a réponse platonicienne où la beauté du monde révèle quelque chose de ce qui se situe au-delà des signes matériels. Il y a à peu près la même histoire dans le Coran : Abraham part d'Our, en Chaldée, où son père, Azar, est fabricant d'idoles. Abraham, archétype de l'âme en quête de l'Absolu, s'en va dans le désert, à la recherche de Dieu. Il voit une étoile, mais elle disparaît, la lune aussi, puis il voit le soleil se coucher. Il comprend alors que ce dont les signes témoignent, c'est avant tout de la permanence qui subsiste au-delà de l'éphémère. Dans la pensée musulmane, la création est comparable à un océan immobile sur lequel il y a des vagues ou à un miroir sur lequel passent des images fugaces et des reflets. Ces reflets ne sont pas inexistants, ils sont bien réels et sont un moyen de salut. (pp. 100-101)