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Critiques de Fabienne Raphoz (8)
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Parce que l'oiseau

Aussi énigmatique que son titre, ce récit est inclassable. Centré sur l’oiseau, bien sûr, mais ce n’est ni un guide ornithologique, ni un manuel de physiologie, ni un journal de bord, et pourtant un peu tout ça. C’est essentiellement un cri d’amour et de désespoir, amour pour tout ce qui est vivant sur cette planète, et désespoir de constater l’évolution calamiteuse à sa surface.



Fabienne Raphoz, n’est pas ornithologue. Elle est ornithophile, animée d’une passion qui l’a conduite sur tous les terrains de jeux des amoureux de la gente ailée. Le propos est pointu. Je n’ose espérer retenir un seul mot utilisé pour la classification des oiseaux, complexe , mouvant avec les progrès de la compréhension du vivant. Et peu importe. Ce qui restera c’est cette communion avec ce qu’offre la fréquentation des espaces où explose encore la « volonté de puissance » de Nietzsche, l’élan vital qui permet aux animaux , aux plantes de continuer à exister et même parfois à s’adapter , malgré l’adversité. Reconnaître les variations d’un chant d’oiseau, l’attribuer à un oiseau assez proche pour recevoir un nom de baptême personnel et affectueux, guetter la nouveauté derrière l’infime variation du familier.



On ne se voile pas la face : l’anthropocène est une période de destruction massive, dont les racines remontent à quelques siècles à peine , alors que l’ignorance constitue a postériori un alibi. Mais pourtant , malgré la conscience acquise de l’interdépendance du vivant, l’homme poursuit son oeuvre d’autodestruction. La planète s’en fiche, elle nous survivra.



Le texte s’apparente à un journal , induisant, au-delà de la simple analyse des observations, la nécessité de la confidence. C’est parfois peu clair, souvent poétique, toujours assez déroutant.

Une ballade sur fond de chants d’oiseaux, de grillons, de vent dans les arbres , au plus près de la nature.


Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Blanche baleine

 

 

On pourra lire ce recueil " Blanche baleine "

comme une exultation, une sublimation, du

vivant, du visible tels les animaux, les oiseaux,

les plantes, les pierres.



Ce livre est un voyage poétique dans des temps

et des espaces variés.



Ce lyrisme de Baleine blanche se manifeste d’abord

dans le plaisir de " nommer ", ce visible, ce vivant :





* Par des noms simples et familiers :

baleine, bœuf musqué, poisson-ventouse, singe, fouine,

Grand pingouin



" baleine donne à la côte, p.21



" âme de bœuf /musqué

//serait l'antienne/des jours, p.27



" le petit trou a donné/forme figure et sol/au toupaye au tarsier

/au poisson-ventouse/au/singe, p.33



" la fouine établira/les fondations du toit/sa chasse à l'aube

/logique, p.19



" tout le monde/a le cœur qui bat pour des coquelicots

/c'est un Grand pingouin     empaillé, p.34





* Par des noms plus savants, existants ou inventés :

chrysomèle, l'Allobroge, ce Zélote, la lepture, la pachyte



" le nom s'est posé/avant l'oiseau



// la chrysomèle seule/en préposition, p.63



" au nom du pays/la roche dit un tell

/de terre/dessus l'Allobroge, ce Zélote :

// " tu ne te soumettras ", p.47



" ici, pas de colza/mais la berce et ses jaunes/métalliques :

/la lepture tachetée/la pachyte à quatre points, p.52





* Par des formules aphoristiques au sens plus ou moins probable :

" La montagne est un sentiment", p.48,



" Silence murit l'expression", p.78



" chœur de l'aube/en decrescendo d'été

// nouvelle ère ?/sa fournaise de crevette-/pistolet, p.81





* Par des mots de langue étrangère ou inventée :

" Idared/Mutsu/Melrose, p.69





* Par des jeux de mots :

" Ah ! cette seconde/première/où la libellule se pose

/sur le jonc, p.54





* Par des formules philosophiques lyriques relatives au matin, au rêve, au son :

. Matin

" Pas besoin d'être aussi grande

qu'elle pour le voir il suffit d'être

p.41



. Rêve

" Je crois qui je suis

ce que j'ai vu

    ce rêve !



le regard sans adjectif

de la baleine

    gravité en tête

    fut lumière du monde



combien d'ailleurs pour



    cette          clarté

p.20



. Buisson sonore

" dans quel son vivons-nous ?

un écho brouillé

forêt, caverne



comme oiseau





se renjouer "

p.75

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Parce que l'oiseau

Connaissez-vous la collection Biophilia chez José Corti ? On peut y trouver des merveilles et je viens d’y faire une bonne pioche.

Entrons immédiatement dans le vif du sujet

« Au moment précis où je commence ce livre, le 30 juin, 9h38, un Troglodyte mignon est à peu près le seul de sa classe à percer le silence. Son chant, qui alterne les modes majeur et mineur, est rythmé par les gouttes d’une pluie continue dont le timbre varie selon leur densité et le support qui les accueille, feuilles de frêne ou de tilleul, gravier, friche, vitre »

Voilà vous êtes immédiatement dans le monde de Fabienne Raphoz. Originaire de Haute Savoie elle a installé ses pénates dans le Quercy où silencieuse comme toute bonne observatrice elle épie la gente ailée.

Amoureuse des oiseaux et des mots, son livre nous emporte dans le sillages des oies sauvages et des poètes.

Elle fait chaque jour une cueillette de plumes, de couleurs, de chants et de cris, la cueillette faite il s’agit de savoir ce qu’on a vu et entendu, de nommer ce monde en se plongeant dans les guides et autres encyclopédies. Pour Fabienne Raphoz c'est une jubilation totale.

Je l’ai suivi jumelles en main ou presque à la recherche du Rougequeue à front blanc

Ne pensez pas que notre ornithophile reste accrochée à son Quercy, non au fil du temps on pérégrine à la recherche de l’ibis le roi des tombeaux égyptiens derrière Jean-François Champolion, ou le Jabiru du Sénégal une sorte de cigogne.

Chez elle, sur son domaine, c’est le pouillot véloce qui l’intéresse, celui là je l’avais déjà croisé chez Jacques Brosse. Mais elle examine et écoute aussi de près la fauvette, la grive musicienne ou la sittelle torchepot.

Guetter l’Hypolaïs polyglotte lui procure un plaisir indicible, moi c’est ce nom qui m’enchante, j’imagine un oiseau maitrisant plusieurs langues, et l’auteur est absolument ravie nous dit-elle

« d’ajouter un son inconnu à ma petite encyclopédie sonore personnelle. »

Il faut une oreille exercée pour reconnaitre les chants, les cris, les trilles qui annoncent les amours ou le sauve qui peut.

Si on demande à Fabienne Raphoz de se définir ? Elle propose les mots d’un poète

« ouvrir la fenêtre et dire, voyez, un monde existe »



Je ne peux que vous encourager à lire ces « carnets d’été d’une ornithophile » et partez à la rencontre d’une exploratrice d’un genre ailé, et peut être observerez vous une espèce inconnue, le Saint Graal pour tout ornitophile qui se respecte.

Ce livre va prendre place juste à coté des insectes d’Ernest Jungër, des scarabées de Jean Henri Fabre, des libellules d’Alain Cugno et des oiseaux de Jacques Delamain


Lien : http://asautsetagambades.hau..
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La saison des mousses

Pluviôse.

La littérature, ou la poésie, enrichies par la terminologie naturaliste trouvent à se fortifier et à croître dans une relation symbiotique profitable. Encore faut-il être en mesure de porter un autre regard sur la nature et le vivant. Cela ne s’improvise pas et Fabienne Raphoz pratique depuis longtemps cette gymnastique mentale. « La saison des mousses » est une belle manière pour « entrer en nature » et introduire une forme d’écopoétique qui tente de penser et de sentir autrement le rapport au monde non humain. Connaître et ressentir, ici et maintenant, est une autre façon d’être et d’agir pour habiter la Terre avec plus d’intensité. Les courts textes déambulatoires ont été cousus ensemble sans autre lien qu’une manière de faire similaire, le premier texte sur la Pisaure, l’araignée pouponnière, est significatif d’une observation de terrain qui s’étoffe ensuite avec une réflexion élargie, nourrie d’un savoir livresque, poétique et scientifique. D’une écriture riche et parfaitement lisible, l’auteure, d’une grande générosité, laisse découvrir son atelier créatif à travers notamment des références bibliographiques et des citations brèves et chatoyantes qui illuminent ses promenades réfléchies. Le chapitre intitulé « Les étoiles du texte » présente les sources, les commente, les enrichit de poèmes, fait des sauts de côté, ouvre des parenthèses. On y découvre Emmanuel Hocquard et son « Cours de Pise », « Les chasses subtiles » de Jünger, « Les souvenirs entomologiques » de Jean-Henri Fabre, le « Virgile » des insectes, Emily Dickinson, of course, « le merveilleux livre sur les lichens » de Vincent Zonca et bien d’autres auteurs qui dessinent des connivences invisibles. Il est délicat de trouver le point d’équilibre entre l’observation naturaliste et l’épanchement littéraire, d’insuffler de l’intérêt dans une nature qui nous échappe. En évitant tout lyrisme, en considérant avec attention la nature près de chez soi, la poétesse s’inscrit dans un humanisme qui fait corps avec tous les êtres vivants quand un socle commun de sensibilité nous relie.

Pluviôse n’est pas synonyme de sinistrose mais bien au contraire c’est un moment privilégié du calendrier, peut-être révolutionnaire, pour poser un regard neuf sur la jungle des mousses phosphorescentes et sur la captivante beauté du monde.
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Des belles et des bêtes : Anthologie de fianc..

Deux emblèmes : "La Chatte blanche" de Marie-Catherine d'Aulnoy (1650-1705) pour la "métamorphose des fiancées animales", et "La Belle et la bête" de Jeanne Marie de Beaumont (1711-1780) pour la "métamorphose des fiancés animaux" ; et un archétype : "Le conte de Psyché" extrait de l'Âne d'or d'Apulée (125-170).



Les évidences :

- la pertinence des analyses morphologiques des contes, compte tenu de la répétition de la structure générale des contes-types dans l'ensemble de l'aire indo-européenne et sur une étendue chronologique vraiment remarquable ; [Le folkloriste danois J-Ö Swahn recense plus de 1.100 variantes de "La Belle et la bête"...]

- la forte présomption qu'il existe une signification psychanalytique (je dirais jungienne) de chaque élément structural (ex. le nombre 3 pour les fils ou filles de rois dont l'un va être le héros et les deux autres les anti-héros, ou encore les 3 épreuves, les 3 chances, les 3 alliés/ennemis...), ainsi que dans les contenus (ex. la métamorphose par le mariage, qui souvent, se déroule en deux temps: pour l'époux, ensuite pour le reste du monde ; ex. 2: les noces non comme aboutissement mais comme prélude de l'action dramatique - en fait le contraire du happy end "walt-disneyien").



La difficulté :

l'interprétation de ces significations, comme si l'intelligence collective s'était escrimée, tout au long des siècles, à les occulter par des images à la fois familières et ambiguës voire mystificatrices - ce qui correspond totalement à l'explication freudienne de la dialectique d'occultation et de révélation de l'inconscient.

Dans sa riche et élégante postface, Fabienne Raphoz en explore deux familles sémiotiques-métaphoriques : le "tabou du regard" et le "Je t'ai dans la peau". C'est la première famille qui m'interpelle le plus, peut-être parce qu'elle fait écho à quelques-unes de mes réflexions préalables.

La vision, contemplation, révélation liée à l'expérience érotique serait donc problématisée dans toutes ses composantes et niveaux, au demeurant d'une façon autrement plus radicale que par la critique philosophique des apparences depuis Platon. A un premier niveau, presque banal, la noce avec la bête n'est possible que si l'époux-se accepte de surpasser l'apparence animale de l'autre. Mais plusieurs autres niveaux plus fins sont à l’œuvre, relatifs à ce que l'autre, devenu conjoint, a le droit ou non de voir de l'époux - donc au tabou du regard qui, une fois transgressé et/ou révélé, provoque le drame. Idem pour la transgression des tabous sur la peau, notamment la peau animale - qui pourrait être l'animalité tout simplement. Encore plus subtilement, la chute se joue souvent par inversion, lorsque le héros ou héroïne humain est sommé de se faire reconnaitre de son ancien époux-animal en dépit de ses propres apparences, à son tour...

Bref, tout cela devient très vite extrêmement complexe. Je découvre que la lecture des contes est à réserver aux périodes de la plus grande disponibilité intellectuelle !

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L'aile bleue des contes : L'oiseau

Un collectage de la collection "merveilleux" de chez José Corti qui rassemble un grand nombre de contes, légendes et mythes sur les oiseaux, à travers le monde. Sont également incluses dans l'ouvrage plusieurs planches illustrées magnifiques.
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Ce qui reste de nous

Poétesse à l’écriture empreinte de gravité et de drôlerie, Fabienne Raphoz vient de publier “Ce qui reste de nous”, son cinquième recueil. Une épopée ultrasensible où bruissent les sons de la nature dans toute sa diversité.
Lien : https://www.telerama.fr/livr..
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Des belles et des bêtes : Anthologie de fianc..

"À tous ceux qui sont avides de lectures hors des sentiers battus, qui préfèrent la rentrée off à la rentrée in, nous recommandons ce petit livre. Il fera les délices des esprits indépendants car on s’y amuse beaucoup, sans amertume ni animosité. Il rappelle que l’édition est une entreprise artisanale dont la gratuité est essentielle à notre survie."

Extrait de l'article de Cécile Dutheil dans En attendant Nadeau, octobre 2019
Lien : https://www.en-attendant-nad..
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