Fanny Leblond

Se taire est parfois bien mieux que parler. Les mots n'arrivent jamais à dire la complexité d'un sentiment, la fulgurance d'une idée simple, le pire des mots étant sans doute le mot amour. Comment limiter à cinq petites lettres tout ce qu'un coeur peut contenir ? Comment enfermer les désirs, les doutes, l'affection, la joie, les larmes, la folie, la compassion, le plaisir, la douleur... Dans tout amour, il y a une part de douleur.

Demain ne suffit pas est le parcours d'un introverti de 40 ans. A cause d'un traumatisme ancien sa vie est une débacle, mais au fil des pages, il combat ses peurs, ses doutes et élargit ses frontières. Un sujet grave que Fanny Leblond traite avec beaucoup d'humour.
J'ai passé un très bon moment en lisant ce livre.

Choisir un livre était toujours pour Eve un moment délectable. Elle flânait dans les rayons des librairies sans idée précise. Elle en ouvrait un au hasard, attirée par un titre, un mot, une couleur sur la couverture, et lisait quelques lignes, parfois plus. Comme un rituel, elle lisait ensuite le quatrième de couverture. Si elle ne ressentait aucune émotion, si rien ne lui parlait dans ce qu'elle venait de goûter, elle reposait simplement le livre et passait à un autre. Si elle sentait un léger picotement, une curiosité, une envie d'aller plus loin, elle anticipait alors l'intimité qu'elle allait trouver avec l'ouvrage. Comme la naissance du désir, elle avait une relation charnelle avec l'objet. Lire relevait du plaisir intime et elle ne détestait rien de plus que les intrusions inopportunes dans ces moments privilégiés.

Eve laissait son amie prendre le temps d'oser la confidence. Pas facile de se livrer, sans doute même plus difficile lorsqu'on a des attaches affectives. Peur du regard de l'autre, peur de décevoir, peur du jugement, peur de l'incompréhension. Peur d'être moins aimée.
Combien se sont ainsi créés de façades, de personnages parfaits ? Eve, qui furetait sur Internet un peu plus souvent ces derniers temps, était intriguée par les avatars, ces petits personnages, ces images qui donnaient une représentation des internautes, accompagnés des pseudos qui les nommaient. Tout ceci ressemblait à une sorte de grand carnaval, un bal masqué. Chacun était qui il voulait sur Internet et pouvait s'y cacher sans souci.
Quelle valeur, dès lors, apporter aux échanges virtuels ?

La vérité n'est pas toujours confortable, sinon nous n'userions pas aussi facilement du mensonge ...

La sincérité vient du coeur, et tout ce qui touche au coeur est fragile. C'est comme ça que parfois il se brise.

Devenu adulte, comme un rituel, on s'impose une prise de conscience, un retour sur soi, sur les derniers mois plus ou moins bien vécus, sur le temps qui passe, qui s'accélère un peu plus chaque année, chaque minute, chaque seconde. Même les secondes sont plus courtes lorsqu'on est plus vieux.

C'était donc inexorable ! J'étais programmé à la timidité, cela allait de pair avec mes yeux verts et mes cheveux bruns. Et pourtant, si ces derniers me rendaient fier lorsque maman y passait sa main en m'appelant "son petit bonhomme", j'avais honte. J'avais mal à la timidité. J'en avais plus qu'assez de cette étiquette collée sur mon front. J'aurais aimé l'enlever, enfant, mais c'était impossible, les autres me faisaient peur, alors je me cachais derrière. L'étiquette a grandi en même temps que moi, et aujourd'hui, c'est une affiche-panneau 4 par 3, beaucoup trop lourde pour être ôtée.

C'est le moment ou jamais, il est temps de révéler ma personnalité exceptionnelle. Palme d'or du festival de la fin d'année dans la catégorie "fin d'année pourrie", les nominés sont : Grégoire pour "Mon pote, ce héros" et Al-007-fred pour "On ne vit que deux fois !" And the winner is...

La connaissance offre la liberté du choix.