AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

4.32/5 (sur 11 notes)

Nationalité : Italie
Né(e) : 1979
Biographie :

Federico Mastrogiovanni est un journaliste italien né à Rome en 1979. Depuis 2009, il vit au Mexique. Il travaille pour plusieurs magazines sud-américains, comme Variopinto, Gatopardo, Esquire Latin America et Opera Mundi.

Source : https://editions-metailie.com/auteur/federico-mastrogiovanni/
Ajouter des informations
Bibliographie de Federico Mastrogiovanni   (1)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (8) Ajouter une citation
[Le poète mexicain Javier Sicilia, cité dans "Ni vivants ni morts"]:
Ce n'est pas possible qu'on assassine un homme comme Nepomuceno. Son fils avait disparu et en plus on l'assassine parce qu'il le recherche. Mais dans quel pays vivons-nous? C'est quoi, cet Etat? Ce pays où nous vivons est devenu de la boue. Nous ne savons plus où finit l'Etat et où commence le crime, et vice-versa.
Commenter  J’apprécie          330
Ce qu’on appelle disparition forcée
Quatre mois avant l’approbation de la réforme énergétique qui privatisa la compagnie Petróleos Mexicanos (Pemex), en août 2013, la violence déchaînée apparemment sans rime ni raison par Felipe Calderón au début de l’année 2007 prit tout son sens. La propagande officielle permit de mettre en évidence que la région recelant d’immenses gisements de gaz de schiste – le nord des États de Chihuahua, Coahuila, Nuevo León et Tamaulipas, le dénommé bassin de Burgos – était celle que les narcotrafiquants avaient martyrisée et en partie dépeuplée, en collaboration ouverte avec les organes de sécurité de l’État.
À la fin de 1993, avant-dernière année du mandat présidentiel de Carlos Salinas, une adolescente de quinze ans qui travaillait dans une usine de sous-traitance de l’ancien Paso del Norte, aujourd’hui Ciudad Juárez, fut brutalement violée, torturée, assassinée et démembrée, et ses restes furent abandonnés dans le désert. Non seulement la police ne la “retrouva” pas, mais elle protégea ses bourreaux.
Pour l’Institut national des statistiques et de géographie, déjà en 1993 et avec d’autres méthodes, une femme était assassinée tous les 12 jours à Ciudad Juárez. En 2009, le rythme s’accéléra à raison de une toutes les 20 heures mais, selon la même source, de 2000 à 2009, le nombre total des femmes assassinées dans l’ensemble du pays s’éleva à 12 636, chiffre qui ne fit qu’augmenter de façon exponentielle de 2009 à 2012.
Les féministes qualifièrent cette variante d’assassinat de
féminicide, après l’avoir défini comme un “crime de haine
commis par un homme contre une femme parce qu’elle est femme”. Pour l’Initiative des femmes prix Nobel – groupe dirigé par Jodie Williams et Rigoberta Menchú et soutenu par l’ONU –, entre 2006 et 2012, c’est-à-dire pendant le mandat de Felipe Calderón, “les féminicides ont augmenté de 40 %”. Aujourd’hui, 6 femmes sont assassinées tous les jours, cependant ce n’est pas dans l’État de Chihuahua que les féminicides sont les plus fréquents, mais dans celui de Mexico, dont les autorités laissent neuf cas sur dix impunis. À l’échelle nationale, on estime, sous toutes réserves, que les femmes assassinées parce que femmes (celles qui ont été tuées pour d’autres raisons n’entrent pas dans ce calcul) sont déjà plus de 40000, mais tous ces meurtres dont les auteurs ont bénéficié, activement ou passivement, de l’appui de policiers, de militaires ou de fonctionnaires, furent, ou plutôt sont, les produits d’une “disparition forcée de personnes”. C’est le sujet central de ce livre magnifique, éclairant et terrible, dont la mission n’est autre que de contribuer à ce que la société civile se mobilise pour obtenir que ce délit soit caractérisé spécifiquement comme un crime distinct de l’enlèvement ou de la privation illégale de liberté, et intégré dans le Code pénal de tous les États du Mexique, et bien sûr dans le Code pénal fédéral. C’est là une rude bataille contre le terrorisme de l’État mexicain, à laquelle nul ne doit se dérober jusqu’à la victoire.

[Extrait du prologue]
Commenter  J’apprécie          61
Les disparitions forcées sont tellement nombreuses que l’existence du phénomène ne surprend plus, sauf par le silence qui l’entoure.
Je ne suis pas mexicain, mais je vis et travaille au Mexique depuis des années. J’ai sillonné ce pays, côtoyé ses habitants, en compagnie des personnes les plus banales et parfois les plus marginales. J’ai beaucoup parlé, et écouté encore plus. Tel est mon travail : écouter, puis raconter des histoires, des récits, des expériences, écrire des chroniques. Je me suis intégré à la vie quotidienne de ce pays en partageant la vie quotidienne de nombreux habitants. Et je me suis rendu compte qu’il était littéralement impossible d’ignorer l’ampleur des disparitions forcées, une pratique déjà si évidente, si banalisée, si massive. C’est un danger tellement proche que tous les Mexicains, ainsi que les touristes et les étrangers qui, comme moi, travaillent dans ce pays, le vivent comme un épouvantable cauchemar, dont beaucoup ne se réveillent pas.
Commenter  J’apprécie          70
L'absence, c'est l'incertitude. Une incertitude continuelle, totale. Une incertitude qui se manifeste pendant les moments de distraction ou une conversation, quand il faut choisir un verbe au présent ou au passé et que l'on sait que l'un ou l'autre est simultanément le temps correct et erroné. "Ce tee-shirt... c'était son préféré. C'est son préféré".
Commenter  J’apprécie          30
L'absence, c'est criminaliser les victimes. C'est semer le doute sur la véritable identité de l'être cher disparu ou assassiné. Outre la souffrance et l'incertitude de ne pas savoir si votre proche , époux, frère, fils mange, dort ou bien est mort, vous devez affronter sa criminalisation. La société vous tourne le dos à cause d'un préjugé absurde: elle pense spontanément que les victimes d'une disparition forcée avaient des problèmes avec la justice. Il est tout à fait banal d'entendre dire ; " qui sait à quoi il était mêlé " ou " Il devait traîner n'importe ou"
Commenter  J’apprécie          20
Federico Mastrogiovanni
L'absence , ce sont des enfants qui doivent grandir vite. .......
L'absence , c'est une mère qui perd un enfant et le dit aux autres :......
L'absence, c'est regarder d'autres enfants et se rappeler le vôtre qui a été enlevé. .......
Les verbes "nous ferons", "nous irons"," nous vivrons" se transforment peu à peu , sans qu'on s'en rende compte, en "on aurait fait" , "on serait allés", sans avoir désormais ni passé, ni présent, ni futur.
Lire Chapitre 8 sur l'Absence, citation extraite de la page 126-
Commenter  J’apprécie          20
"Je m'imaginais, avoue Daniel [nom changé], que le Mexique était un pays merveilleux, différent des Etats-Unis, où nos frères latinos nous traiteraient avec amitié. Malheureusement, l'expérience m'a ouvert les yeux, débarrassé de ma naïveté, m'a fait comprendre que le mal, comme le bien, est partout, et que les monstres sont des personnes ordinaires".
Commenter  J’apprécie          20
Federico Mastrogiovanni
A La Arrocera, les Zetas sont une façade. C'est comme un masque, si tu le mets, tu fais croire à tout le monde que tu fais partie des Zetas et personne ne vient t'embêter, et une famille qui vivait avant de la culture du café se consacre maintenant à l'attaque et à la séquestration de migrants sans défense.

p.59.
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Federico Mastrogiovanni (15)Voir plus

Quiz Voir plus

Quand les enquêteurs parlent...

— Il s’en est fallu d’un cheveu ! Sans son regard rapide, sans ses yeux de lynx, XXX XXXX, en ce moment, ne serait peut-être plus de ce monde ! Quel désastre pour l’humanité ! Sans parler de vous, Hastings ! Qu’auriez-vous fait sans moi dans la vie, mon pauvre ami ? Je vous félicite de m’avoir encore à vos côtés ! Vous-même d’ailleurs, auriez pu être tué. Mais cela, au moins, ce ne serait pas un deuil national ! Héros de Agatha Christie

Arsène Lupin
Hercule Poirot
Rouletabille
Sherlock Holmes

13 questions
167 lecteurs ont répondu
Thèmes : romans policiers et polars , humour , enquêteursCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}