Je me souviens de ma mère. Elle était attentive la plupart du temps. Pourtant toutes ses pensées ne nous appartenaient pas. Elle avait comme des absences ou des présences à un monde inconnu de nous, ses enfants.
De mon côté, j’ai dans l’idée que nous ne valons pas plus que des fourmis, pas de quoi en faire un plat. Mais Elisabeth portait l’humanité tout entière. Le poids est lourd. Elle ne pourrait sauver personne et personne ne pourrait la sauver.
Le 25 mars 1993, Élisabeth Wagner, bientôt majeure, entre dans le cabinet d’une psychiatre renommée. Elle vient y poser un carnet violet, sachant qu'il y aura des retombées.
À son histoire s’ajoutent celles de trois autres femmes dont les vies sont en lien avec la sienne.
Les voix de sa mère, de sa psychiatre et de sa meilleure amie s’entremêlent, de 1958 à 2006, racontant l’après-guerre, les hommes, les lâches, les fourbes, les héros, décrivant des femmes, blessées, fortes, rebelles. Il est question ici d’incidences, de folie, de pouvoir, d’un parcours de vie sans cesse détourné
Perplexe face à ce Koh-Lanta quotidien, je me suis dit qu’on pouvait en écrire des tonnes. C𠆞st décidé : je vais commencer le récit de ma vie.
La vérité, ce reptile gluant, sort toujours amère des bouches grandes ouvertes ; et légèrement acide de celles des enfants.