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EAN : 9791092613575
288 pages
Chum Editions (01/03/2018)
3.92/5   6 notes
Résumé :
Le 25 mars 1993, Élisabeth Wagner, bientôt majeure, entre dans le cabinet d'une psychiatre renommée. Elle vient y poser un carnet violet, sachant qu'il y aura des retombées. À son histoire s'ajoutent celles de trois autres femmes dont les vies sont en lien avec la sienne. Les voix de sa mère, de sa psychiatre et de sa meilleure amie s'entremêlent, de 1958 à 2006, racontant l'après-guerre, les hommes, les lâches, les fourbes, les héros, décrivant des femmes, blessées... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Il se trouve que, je le sais depuis des années, les histoires de famille ont tendance à me perdre facilement. Je ne comprend pas grand-chose aux relations familiales, et rien ne me semble plus abscons qu'un arbre généalogique. du coup, du strict point de vue de l'histoire, j'ai rapidement perdu le fil précis… Mais ce n'est en réalité pas très grave, parce que ce n'est pas réellement le sujet de ce livre, ni, surtout, son intérêt premier.

Son premier intérêt, c'est la façon dont il est écrit. L'écriture est plutôt sobre, mais avec des fulgurances qui lui donnent une ampleur remarquable. En quelques mots, vous passez d'un sentiment à un autre, d'une sensation à une autre. Si j'ai finalement opté pour la citation qui figure en haut de cette page, j'ai longtemps hésité avec une autre, qui, justement, illustre cela :

« Je ne pense pas réussir ma seconde. Je ne sais pas pourquoi. À cause peut-être de ce bruissement que j'entends la nuit. Je me bouche les oreilles, mais rien n'y fait. Les oiseaux sentent venir les raz-de-marée. Je suis un oiseau. » (p. 111)

On commence prosaïquement. Elisabeth Wagner, le personnage pivot du livre se préoccupe de sa scolarité. Et puis on entre dans un autre monde, celui du bruit, du bruissement. Et, en deux phrases brèves, on est projeté en pleine poésie. Ah, ce « Je suis un oiseau » ! Avec ces quatre mots, on est emmené ailleurs : nous aussi, nous devenons des oiseaux, qui survolons le monde, dont nous percevons les catastrophes à venir !

Et puis il y a le poids de la transmission. Ce que nous croyons essayer d'éviter à nos enfants et que, finalement, nous leur imposons. Et il y a des signes, ou ce que nous interprétons comme tels : notre besoin de croire qu'il y a un ordre, une raison à ce qui nous arrive, nous amène parfois à considérer que certaines choses étaient déjà en germe ici et là…

Le personnage de Marion Salin est également très riche. Une psychiatre en colère, voilà qui n'est pas courant dans la littérature. Et pourtant, ils sont humains, comme nous tous, et ressentent donc les mêmes émotions. Qu'ils soient souvent capables de les percevoir, de les interpréter, et, du coup, de les maîtriser mieux que nous ne les abstrait pas du risque d'être débordés.

Enfin, je termine par le début. Car le titre du livre est intrigant. Pourquoi cette association du « bruit » et de la « mémoire », deux notions que rien ne relie véritablement ? le bruit, le bruissement, est très présent dans ce livre, et, pourtant, c'est la mémoire, la transmission qui l'emporte. Pourtant, la mémoire, c'est plutôt des faits débarrassés de leur bruit ; le bruit, ce serait plutôt ce qui gêne la mémorisation. Alors, le « et » qui les relie, est-ce un « et » qui relie ou qui oppose ? Je n'ai pas de réponse, seulement mon ressenti…

En fait, ce qui est intéressant avec ce livre, c'est que l'on ne ressort pas exactement le même de sa lecture que l'on était avant. Et est-ce que ce n'est pas cela, le signe ultime d'une lecture qui nous marque ?
Lien : https://ogrimoire.wordpress...
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Boris Cyrulnik, en parlant des traumatismes, indique qu'on retrouve dans les gênes d'un petit primate ceux que sa mère aurait vécu. Bon, il le dit mieux que ça, mais vous voyez l'idée. le roman le bruit et la mémoire parle de cela. On y suit les destins entrecroisés de plusieurs femmes, et comment les souffrances communiquent, se répondent.

La transmission

On voit comment, d'une manière tragique, on transmet ce que l'on souhaite le plus cacher. le silence est plus signifiant que les mots, et en voulant protéger, comme Jocaste et Laïos, on tricote ce fil du destin qu'on ne peut plus fuir.

La vie qui se raconte

A travers 4 points de vue, on réfléchit aussi à ce qu'on dit de soi, à soi, ou aux autres. En effet, Mélanie est biographe, Marion est psychiatre. Ce sont des métiers où elles écoutent, mais quand les mots ne peuvent plus les atteindre (surtout pour Marion), c'est le moment de l'introspection. On assiste à une quête, où l'essentiel n'est pas de découvrir une vérité cachée (car la vérité se cache-t-elle vraiment ?), mais de l'accepter. Pour Elisabeth et Jo Louise, au contraire, c'est en parlant, en se confiant qu'elles remettent les choses à leur juste place et qu'elles comprennent ce qui leur arrive. Ce sont les mots qui les lient les unes ou autres. Mais est-ce suffisant ?

L'impossibilité de tourner la page ?

Parler ne suffit pas, parler ne sauve pas. Que ce soit dans les analepses auprès de Théodore (où l'empathie ne permet pas le pardon), ou pour Elisabeth, où parler est parfois plus une étincelle qu'un seau d'eau, les mots n'aident que si l'Autre écoute. Dans cette psychanalyse collective où chaque voix compte, pourront-elles se sauver ? Car finalement, la menace ne se dissout jamais. Comme un rapace, elle plane au-dessus de ces vies, matérialisée dans la peau d'ennemis. Mais n'est-ce pas un symbole ? Ce prédateur invisible aurait pu être la maladie d'Elisabeth, le déni de Marion, où tout simplement, la difficulté à se reconstruire.

Bref, je ne peux qu'applaudir. Un grand cru, que je vous conseille !
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Quand Elisabeth Wagner, jeune fille pas encore majeure, débarque dans le bureau de Marion Salin, psychiatre, en ce jour de mars 1993, elle y dépose trois « bombes » qui vont transformer la vie du médecin. Les deux carnets et le paquet qu'elle laisse sont des portes ouvertes vers un passé et des secrets familiaux volontairement tus.

Ce roman raconte à quatre voix une histoire et des destins entremêlés. On y retrouve Elisabeth et Marion mais aussi Josette Louise, la mère d'Elisabeth et Mélanie, la meilleure amie d'Elisabeth, celle qui sert de lien entre toutes, témoin et dépositaire des secrets.

J'avoue avoir eu du mal à m'y retrouver et à comprendre le fil narratif durant les 100 premières pages. Les années se mêlent à travers les lectures des journaux intimes de Jo Louise et d'Elisabeth et les récits de Marion et de Mélanie. Les sous-entendus se multiplient mais sans paraître constituer une véritable trame.

Puis, une fois ce cap un peu laborieux passé, les pièces du puzzle commencent à s'assembler et les éléments à prendre leur place pour tisser une histoire assez intense autour des secrets familiaux qui prennent leur source au coeur d'un conflit mondial, d'actes lourds de conséquences, de destins qui se retrouvent inextricablement liés les uns aux autres et de la transmission. de ce qu'on laisse en héritage même, et peut-être surtout, lorsqu'on essaie de protéger ses enfants ou de ne pas leur imposer un poids trop lourd. Les réalités tues ne sont-elles finalement pas plus lourdes que les vérités exprimées ?

C'est un récit riche, autant par le style que par le contenu. Les personnages sont tous intéressants dans leurs forces comme dans leurs faiblesses. Elisabeth est le catalyseur de toutes ces histoires, celle qui déclenche les choses, détruit peut-être mais reconstruit autrement. La plus fragile aussi.

Un très beau florilège de portraits de femmes et une réflexion intéressante sur des parcours de vie et les conséquences des choix sur le destin de chacun.
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Des parcours qui s'entrelacent entre les protagonistes en passant par différentes générations dans le passé et le présent à travers la lecture de carnets de notes retrouvés.
Au début, chacun raconte sa propre histoire sur des périodes différentes et on cherche le lien qui les relie. Car il semble bien que tous soient liés par un ou plusieurs évènements.
Pour certains personnages, c'est plutôt évident, une amitié, une mère et sa fille. Pourtant, il existe quelque chose d'intrigant lorsqu'une psychiatre et un flic, femme et mari, entrent en jeu de par leur métier, dans la vie d'Elisabeth, et sans nécessairement qu'un lien soit fait entre eux, pas dans l'immédiat en tout cas.
On évoque la deuxième guerre mondiale, résistant, juif ou collabo, chacun a joué un rôle. Y aurait-il un lien avec notre histoire ? Un secret bien gardé qui, une fois découvert, est bien trop lourd à cacher.
Les liens se tissent et on commence à comprendre comment on en est arrivé là. Elisabeth va tout faire pour que la vérité se dévoile, cette vérité qui blesse, que l'on préfère parfois ignorer, qui peut détruire. Pourtant elle sent qu'elle doit aller jusqu'au bout, quoi qu'il advienne pour elle ou pour les autres.
Tout finit par se démêler, il y a bien plus qu'un simple secret à révéler pour que chacun trouve des réponses à sa propre histoire. Une seule personne peut-elle faire le jour sur les fantômes du passé au point que tout bascule dans les vies des uns et des autres ?
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25/03/1993. Ce jour-là, Elisabeth Wagner entre dans le cabinet du Docteur Salin et y dépose ce qu'elle appelle ses « bombes ». Trois bombes. Un cahier violet, un cahier noir et un paquet. Des secrets qui ont bouleversé plus d'une vie…

Voici une très belle saga familiale. Enfin, belle… Dure et sombre mais magnifiquement contée. L'intrigue nous est rapportée par quatre voix, à la façon d'un puzzle. On entend Elisabeth Wagner, par qui commence ce roman. Puis Josette Louise Paradis, dite Jo, sa mère, qui est au milieu de tout. Puis Mélanie Benila, la meilleure amie d'Elisabeth, qui fait un peu le lien entre les différents personnages. Puis Marion Salin, la psy d'Elisabeth.

Quel est le lien entre ces quatre femmes? L'une après l'autre, elles livrent une partie du puzzle. Chacune raconte une tranche de sa vie, apportant à chaque fois quelques précision au tableau général. Chacune partage sa vie, ses vérités, ses doutes. Chaque chapitre, mis bout à bout, construit l'histoire liée de ces femmes. Chaque chapitre noue ou dénoue des liens.

Elisabeth vit à fleur de peau. Elle a besoin de réparer. Tout. Et de vérité, aussi. Mais toute vérité est-elle bonne à dire? Elisabteh est-elle surdouée ou la folie l'a-t-elle emportée? Fait-elle la distinction entre raison et réalité? Il lui est difficile de ne réussir à garder le contrôle de toute chose. Il lui est difficile d'accepter un monde dans lequel l'incertitude, le mensonge, l'insécurité règnent. Parce que justement, Elisabeth a beaucoup de certitudes. Reste à savoir quoi en faire.

Car la vérité, si elle peut être salvatrice, peut aussi être sacrément destructrice.

Il peut arriver n'importe quoi, n'importe quand. Est-il possible d'échapper à cette malédiction? Elisabeth a essayé. Mais elle finit par réaliser qu'être née femme la rend vulnérable. Et elle ne peut rien contre cet état de fait.

Je voudrais dire encore beaucoup sur ce roman et ses protagonistes (parler notamment de rédemption, de délation, de reconstruction, de pardon, et bien plus…) mais c'est impossible sans donner des informations cruciales, donc je vais me taire. Juste, je me permets de te conseiller la lecture de ce livre. Moi je me suis complètement plongée dedans et je l'ai dévoré en quelques heures. C'est une lecture qui me restera longtemps je crois.

Un très beau roman, fort et superbement écrit. Merci à Emma Freya, agent littéraire bénévole, et aux Editions Chum de m'avoir fait découvrir cette perle.

Lien : https://lyseelivres.wordpres..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Je me souviens de ma mère. Elle était attentive la plupart du temps. Pourtant toutes ses pensées ne nous appartenaient pas. Elle avait comme des absences ou des présences à un monde inconnu de nous, ses enfants.
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Le 25 mars 1993, Élisabeth Wagner, bientôt majeure, entre dans le cabinet d’une psychiatre renommée. Elle vient y poser un carnet violet, sachant qu'il y aura des retombées.

À son histoire s’ajoutent celles de trois autres femmes dont les vies sont en lien avec la sienne.

Les voix de sa mère, de sa psychiatre et de sa meilleure amie s’entremêlent, de 1958 à 2006, racontant l’après-guerre, les hommes, les lâches, les fourbes, les héros, décrivant des femmes, blessées, fortes, rebelles. Il est question ici d’incidences, de folie, de pouvoir, d’un parcours de vie sans cesse détourné
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De mon côté, j’ai dans l’idée que nous ne valons pas plus que des fourmis, pas de quoi en faire un plat. Mais Elisabeth portait l’humanité tout entière. Le poids est lourd. Elle ne pourrait sauver personne et personne ne pourrait la sauver.
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