Si les textes qui composent ce recueil peuvent sembler très classiques dans leurs thèmes comme dans leur forme, c'est qu'ils doivent être considérés comme précurseurs du conte d'épouvante moderne.
Comme le fait d'ailleurs remarquer Jean-Baptiste Baronian dans sa présentation, Crawford a ouvert la voie aux auteurs des pulps avec ce volume paru en 1911.
Salué par Lovecraft lui-même qui fut probablement peu ou prou influencé par cet auteur, "Car la vie est dans le sang," rassemble des textes d'une grande qualité, dont on comprend l'impact qui l'a eu sur de futurs auteurs tels que Robert Bloch.
Saluons une fois encore les défuntes Nouvelles éditions Oswald pour avoir offert aux lecteurs francophones un classique méconnu de la littérature fantastique.
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Publié en 1890, voici un roman étonnant et exigeant d'un auteur plus ou moins oublié. De nationalité américaine, Crawford a passé la majeure partie de sa vie en Europe. Cela se ressent dans son style descriptif et riche, fin de siècle, et ses thèmes proches du romantisme. L'intrigue se réduit à son quatuor de personnages qui ne cessent de se croiser, de s'aimer, de se haïr et de se détruire. Les longs dialogues témoignent de cette approche théâtrale. On retiendra surtout deux figures mémorables : la "sorcière" elle-même, Unorna, dont les talents d'hypnotisme et de clairvoyance peuvent servir à de terribles desseins, une femme tourmentée par ses passions, et le nain érudit Keyork Arabian, obsédé par ses recherches ésotériques sur l'immortalité, égoïste revendiqué, prêt à tout pour parvenir à ses fins. Ils forment tous deux un duo maléfique, en symbiose, face au couple moral, Israël Kafka et Strannick. Le vieux Prague et ses venelles moyenâgeuses, ainsi que le quartier juif sont les décors inquiétants du récit, baignant dans une belle atmosphère fantastique. Mais c'est surtout dans des intérieurs feutrés que la tragédie se déroule. Les longueurs et les aspects romantiques empêchent d'y adhérer tout-à-fait, mais certains des ingrédients de ce roman valent assurément le détour.
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Voici un recueil précieux, car il réunit les seules nouvelles fantastiques de son auteur Francis Marion Crawford, le plus européen des écrivains américains. L'ayant découvert dans son long roman "La sorcière de Prague", je le trouve meilleur dans le format court. Tout respire l'élégance chez lui : le style, les atmosphères, les personnages, les intrigues. Si ces récits fantastiques sont assez classiques -- des histoires de fantômes, de vampires, une apparition de la Mort personnifiée, un crâne qui se balade, une poupée maudite, et des funérailles étranges -- les intrigues sont suffisamment tortueuses pour leur donner une belle singularité. Formant un pont générationnel entre Edgard Allan Poe et Lovecraft, Crawford excelle lors d'accélérations, d'instants d'épouvante, comme dans la "couchette supérieure", au sujet d'une cabine hantée à bord d'un transatlantique, texte d'ailleurs remarqué par Lovecraft. Désormais difficile à dénicher, ce recueil mériterait bien une réédition, s'il se trouve un éditeur courageux...
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Excellente écriture. Differnte des recits actuels et où l'auteur manie les mots avec brio.Grande qualité du texte.Jeu diabolique où l'amour tente d'être manipulé en vain. Unorna,sorcière aux dons d'hypnose tentera de voler l'amour d'une autre par ses pouvoirs jusqu'à se rendre compte de la signification du mot. L histoire est aussi celle d'une quête.Celle de la vie éternelle, obsession du mortel ambitieux. A lire en se fondant dans l'ambiance de Prague et l'epoque du récit. Rythme assez lent du récit.
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La nouvelle "Car la vie est dans le sang" est une petite friandise : deux amis passent une soirée d'été sur la terrasse d'une tour dans le sud de l'Italie, c'est un décor pittoresque et romantique. L'un raconte une histoire étrange ayant pour cadre un élément du paysage visible depuis la terrasse. La nouvelle se déroule comme une bonne soirée : on évoque des gens que l'on connaît, celui qui parle et qui sait les décrit à l'autre, on médite sur leur sort, on s'interroge et c'est déjà l'heure d'aller se coucher.
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