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Citations de François-Xavier Luciani (24)


(D'ailleurs), dire que je me vends ne serait pas juste, je me fais payer!
Ce distinguo n'est pas vraiment sans importance, il dénote une volonté de rigueur dans la recherche du terme adéquat mais n'implique nullement un besoin de minimiser ce que je suis. Je suis une pute et me reconnais volontiers comme professionnel des parties culières... Je suis une pute et le regrette! Je regrette le féminin du vocable qui n'a pas son pendant masculin. Même si le mot gigolo vient tout de suite à l'esprit, ce n'est pas le terme adéquat non plus : le gigolo se repère à ses allures boudeuses, ses colifichets, ses pantalons à pinces, voitures de sport et rombières peinturlurées comme partenaires. Il doit la plupart de ses érections à une gestion rigoureuse de sa pharmacie. Mêlant volontiers extraits de plantes rares et molécules artificielles, il gonfle artificiellement un accessoire qu'aucun désir n'anime plus. Baiser ses clientes ne représente-t-il pas, à ses yeux, une corvée charnelle? Ne les baise-t-il pas d'ailleurs au sens le plus péjoratif du terme, le figuré? Il détrousse bien plus qu'il ne retrousse, il triche en stimulant un désir mécanique. Le gigolo est un cabotin, un illusionniste, un prestidigitateur en amour. Il dose la ferveur du serment comme la vigueur du coup de reins. Il se distille au compte-gouttes, au compte chèques, cadeau après cadeau, et les seuls billets doux qui l'émeuvent portent l'effigie chiffrée d'un illustre quelconque. Bref, le gigolo vend son âme et son temps... Lors que je m'efforce de les rentabiliser!
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Le plus étonnant dans la mort des vieux autoritaires, c'est que leur disparition est toujours "soudaine". Plus "soudaine" en tout cas de celle d'un bon gros pépé dont la tendre résignation prépare d'ordinaire les siens à l'inéluctable. N'est-ce pas justement de cet inéluctable que nous privent les vieux pénibles? Ne les suppute-t-on pas immortels à force de souhaiter leurs rapides trépas? Leur âge avancé n'est-il pas un triomphe en soi qui impose à tout un chacun de s'abîmer dans une patience inhibitrice? Inhibition que l'on endure, tête basse, jusqu'à ce que leurs morts subites nous désarçonnent, à notre corps défendant, sur le tard!
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CORTEX
Fataliste

Oui! Au début, c'est magique, tout s'éclaire, puis vient le doute... Les inquiétudes... Les cheveux coupés en quatre... Le petit détail qui nous chiffonne durant toute l'existence... L'insatisfaction permanente... Le désespoir face à l'infini... Le sentiment d'insignifiance... La vanité d'être plutôt que de n'être pas! La tristesse d'être encore en sachant que bientôt tu ne seras plus! Voilà ce qui t'attend. Mais, tu as le choix Thalamus. Tu peux refuser de porter le chapeau de la conscience...
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Romuald de Verzy blanchissait; se recroquevillait aussi, un peu plus, comme une fougère qui s'en retournerait vers le Printemps. Bien que ses temps de repos devinssent de vraies périodes de retraites, il conservait un âge toujours alerte quand il s'agissait de courses et plus encore de grands prix. Le fossile entretenait sa superbe pour la société fermée des propriétaires. A chacun, il présentait son protégé en oubliant ostensiblement les précautions de langage les plus élémentaires... au "Voici mon poulain!" affectueux, il préférait désormais un "Voici mon dauphin!" plus péremptoire. La nuance du comparatif ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd et Alcofrybas Nasier choisit le moment opportun - une plage de lucidité matinale où l'égrotant s'était décidé à mettre un peu d'ordre dans son courrier - pour lui glisser deux mots d'une réalité somme toute incontournable : le vieux débris n'était pas immortel et sa bienveillante protection risquait de se trouver délicate à assumer depuis un au-delà si peu fourni en subsides palpables...
"Quel empressement, Monsieur! A vous entendre, d'aucuns eussent pu penser que vous cherchassiez à m'occire! Fichtre! Je vous sais gentilhomme, mais à découvrir que vous osiez soudain excaver mon avenir à coup de conditionnel, jamais je n'eusse pu le penser! Je reste sous le choc!
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Alors que sa tenue s'affairait inexorablement vers le sol, découvrant le soyeux de sa peau mate, la finesse des attaches de ses membres, l'aguichante dépression des clavicules, l'illégal galbe de ses seins, le trait euphorique de sa taille, la pureté de ligne de ses hanches, la mare ombrée de son nombril, le point d'interrogation de son pubis sombre comme le reflet d'un puits, la rondeur tendue de ses fesses, la grâce de ses longues jambes, la courbure parfaite de ses mollets, la finesse de ses chevilles, la cambrure gracile de ses pieds... mon sexe de dressa vers le ciel comme pour faire le pendant à la gravité qui aspirait sa robe vers la terre.
Je sus que j'avais devant les yeux la plus parfaite des sculptures vivantes qu'il ne m'avait jamais été donné de contempler.
Je bandais, Dieu ce que je bandais!!!
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Quelques instants plus tard nous étions installés sous les platanes, à la terrasse d'un troquet, face à deux bières bien fraîches.
Le soleil d'automne donnait à la population bastiaise un air insouciant et nous-mêmes émettions des rayonnements plutôt guillerets.
A un jet de pierres, d'énormes ferries manoeuvraient leurs masses blanches, jaunes ou bleues en accompagnant leurs tranquilles glissements de barrissements primitifs. Notre Bonaparte national proposait au passant le drapé figé de sa minéralité glorieuse; quant au ciel, il campait sa candeur sur une mer d'huile.
Je fermai les yeux et me rappelai en souriant l'incommensurable privilège que j'avais de vivre sur cette île.
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"Ange-André, venez donc me dire quel mot j'écris là? C'est un mot que vous connaissez.
- Oui, je le connais.
- Venez me montrer comme vous savez lire.
- Vive le roi.
- Quoi? Mais... comment pouvez-vous lire de si loin?
- Je sais que vous avez écrit : "Vive le roi".
- Ah bon! J'en écris un autre."
Ange-André inclina l'oreille droite en direction du petit secrétaire où s'appliquait le vieil aristocrate. Il écouta attentivement les variations des crissements de la plume et dit :
"Républicains assassins!
- Ca alors!... Mais j'y suis, vous devinez mes préoccupations, car ce sont aussi les vôtres, n'est-ce-pas? Ah, noble âme! N'empêche que c'est de la triche. Celui-ci maintenant!
- Je ne le connais pas.
- Plaît-il?
- C'est un mot que je n'ai jamais lu ni entendu.
- Bon sang, mais c'est ma foi vrai : "anacoluthe" : C'est une figure de rhétorique assez amusante qui brille par l'absence et dont il faudra que je vous parle un jour. Mais, n'allons pas trop vite en besogne... Un autre mot, donc... Ah, celui-là, vous le connaissez!"
Le Comte écrivit avec application.
"Oui, c'est mon prénom : Ange-André.
- Ca par exemple! Ca par exemple! Un don, un don du ciel que vous avez là! Serait-ce le signe d'un renouveau de la race? Une subtile clairvoyance, un sixième sens, un pouvoir étrange qui échoirait sur le tard à la noblesse de France? Une forme de vengeance de la génétique sur la République? Dieu ne serait-il donc pas mort avec Louis le seizième?... Finalement, ne seriez-vous pas une sorte de Messie? S'interrogea le bougon en regardant d'un oeil allumé son protégé.
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La scène est dans le noir.
Aucun bruit.
Au fond de la scène, côté cour, on distingue une lumière faiblarde progressant difficilement. Il s'agit du personnage de thalamus habillé d'un justaucorps imitant un lézard dont la longue queue traîne du bas du dos jusqu'au sol. Il porte une lampe intégrée à l'épine dorsale à la hauteur de sa capuche en écaille. La lampe éclaire derrière lui. Le déplacement est délicat sans être chaotique... Thalamus a l'habitude de se déplacer ainsi, c'est sa condition, aucune révolte ne transparaît dans ses exclamations, il continue sa déambulation dans la nuit avec son faisceau de lumière éclairant dans le mauvais sens. Il se dirige côté jardin.
Acte I : Thalamus rencontre Cortex - Scène 1 : Contact
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(...) l'adolescent se mit à caracoler, à hennir en sautant dans la petite pièce puis à s'affaler sur le tapis persan en tapant le sol de joie. Alcofrybas reconnut là cette façon si particulière qu'avait l'enfant de rire; il riait de tout son corps, les bras partaient en l'air, le torse se cabrait et le son qui sortait de la gorge ne pouvait qu'évoquer à l'érudit le cri fossile des Centaures avant que les Lapithes ne les exterminassent.
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Niais à force d'être nié, l'hominidé atteint tout de même un âge d'approximativement dix ans.
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"Qu'est-ce?" maugréa-t-il.
L'unanimité des employés du Comte s'accorde à dire qu'un matin, rentrant d'une mise en jambes équestre en son domaine des Cagneux, Romuald trouva une chose légèrement brunâtre de sang caillé, posé au sommet du tas de crottin ornant le recoin gauche de l'écurie. La magnifique bâtisse en pierre de taille étant réservée à l'usage exclusif d'As de Coeur et d'As de Trèfle (son couple de pur-sangs aux pedigrees dûment facturés), le Comte de Verzy n'identifia pas du premier coup d'oeil la nature réelle de l'incongruité. Or, toujours soucieux des aléas digestifs de son capital quadrupède, la noble âme mit pied à terre avant de chausser monocle et de lâcher un "qu'est-ce?" sifflant devant sa trouvaille.
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(...) Vie, Mort; vastes sujets! A ce propos, sais-tu ce qu'il y a après la mort?
-... Bien sûr... Quelle drôle de question!
- Ah... Je le savais!!! Tu n'échappes pas à la certitude! Tu crois donc en un quelque chose! Tu trouves le moyen d'éviter toi aussi les affres du doute. Comme c'est intéressant! Eh bien, venons-en au fait : dis-moi donc ce qu'il y a, selon toi, après la mort!
- Vous le savez très bien!
- Tiens donc! Je devrais le savoir, dis-tu!
- C'est dans l'ordre des choses qu'un professeur sache ce que doit savoir son élève.
- Il semblerait qu'il soit tout autant dans l'ordre des choses qu'un professeur posât des questions auxquelles son élève s'empressât de répondre sans ambages.
- J'espérais mériter des questions plus subtiles.
- Plus subtiles?
- Oui! Celle-ci est d'un niveau primaire!
- Qualifier la question de l'au-delà de primaire!!? Il en faut de la certitude! Eh bien soit, réponds-y! Qu'y a-t-il après la mort?
- Il y a mortadelle! affirma Ange-André.
- Pardon?
- Mortadelle!
-..."
Il y eut un silence...
Un moment comme suspendu.
Un interstice de brouillard qui voila brutal le champ de conscience du professeur.
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- Je vous prends dorénavant sous mon aile, sous ma garde! Emportons à l'étage cette Médium de vin fou qui prend stupidement le chaud et allons rattraper le temps perdu. J'ai, là-haut, une excellente bibliothèque bourrée de règles grammaticales et syntaxiques tombées en désuétude à force d'intelligibilité démocratique obligatoire. Nous les raviverons afin de chanter plus haut et plus fort encore le miracle de notre résurrection. Je me sens rajeunir. Nous explorerons en tandem les généalogies encore vivaces de notre siècle jusqu'à ce que votre rang vous soit rendu envers et contre les beuglements d'un peuple régicide! Je peste souvent seul, nous pesterons maintenant de concert. Amen!
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Pourtant le professeur regardait son élève avec effroi. Ce jeune homme était un monstre! Son monstre! Il le dépassait en engagement langagier. C'était un inconditionnel de la précision sémantique, du sens premier, de la syntaxe parfaite. Un doux dingue du verbe. Le Frankenstein de sa misanthropie scripturale : son fils spirituel pour tout dire!
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"A quoi l'enfant pouvait-il bien rêver?" était la grande énigme sur laquelle Alcofrybas Nasier échafaudait bien des hypothèses. Rêvait-il de ces chiffres dont il maniait la symbolique avec une dextérité, une élégance, un brio digne de ces cavalcades matinales? Ou alors se métamorphosait-il, à la faveur de la nuit, en un centaure magnifique, un Pégase céleste qui n'aurait attendu que l'innocence d'un orphelin pour se matérialiser enfin?
Oh! Comme l'élève inspirait le professeur.
Ce dernier en devenait poète!
Aux yeux du misanthrope, Ange-André, à n'en pas douter, se révélait d'une beauté profonde; une sublime esthétique de l'âme, ou du caractère, ou de la psychologie, ou de l'individualité... quelque chose qui le rendait sinon singulièrement beau, mais, pour le moins, magnifiquement singulier.
Bref : intéressant!
A plus d'un titre.
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Cela prit quelques années bien sûr, mais, au bout du compte, le râleur impénitent finit par succomber à une évidence qu'il ne pouvait plus se masquer à lui-même : il aimait l'enfant comme s'il avait été le sien!
Une bonne demi-douzaine d'années passèrent; le temps du mûrissement d'un sentiment... Durant toute son existence Alcofrybras Nasier avait manifesté un comportement acerbe, une attitude hautaine, un mépris ostensible à l'égard de ses contemporains. En retour ces derniers lui avaient foutu une paix royale! D'ailleurs personne ne tenta jamais une approche par trop périlleuse de son for intérieur, ce bastion miné où mûrissaient pour elles-mêmes des réflexions sur la Vie en général, n'avait jamais intéressé aucun quidam. Quant à la sienne, sa propre vie - réduite à la portion livresque à force de défiance envers les acteurs d'une réalité dénuée d'imagination - elle se cantonnait à une perpétuelle critique des sentiments éprouvés par autrui.
Sauf que là...
Une partie de lui-même devenait l'objet de ce qu'il nommait la mièvrerie commune : l'affection, la compassion, l'attention bienfaisante, bref, l'amour dans toutes ses acceptions...
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THALAMUS
Qui n'écoutait pas les réponses de Cortex

Je me demande de quoi je dois avoir l'air avec ce truc sur la tête?

CORTEX

Pardon?

THALAMUS
Se coiffant avec des gestes maniérés et prenant le public à témoin

Oui! Je me demande si je plairais à Thalaminette avec ça sur la tête... Ou si elle me trouverait ridicule... Est-ce que ça me va?

CORTEX
A voix couverte, s'adressant au public

Ouais... Quand on est con, on est con!

THALAMUS
Se tournant vers Cortex

Pardon!?

CORTEX
Tourné vers Thalamus

Oui... Je disais... Beau et bon à la fois!

THALAMUS

Ah! Et si ça lui plaît pas, je pourrais rendre le tout!

CORTEX
S'adressant de nouveau au pulic

... Et c'est pour la vie!

THALAMUS

Pardon!?

CORTEX

Je disais, quand on est CONscient, c'est pour la vie... Mais, l'intelligence, la spiritualité, le brillant esprit et le bon mot sont autant de facteurs de séduction indubitables... Toutes les Thalaminettes du coin vont te tomber dans les bras... Crois-moi!
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Pire qu'un "sans papier", l'énergumène était un "sans nom". Comment donc évoquer une entité sans identité aucune ? Dans un monde de nomenclatures, de cadres, de normes et de profils, la simple biologie ne peut être considérée comme une preuve d’existence recevable. Et puis quoi ? Être juste en vie ne suffit ni à être reconnu ni à faire partie de la réalité objective, ça se saurait !
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Mon métier de putain m'a conduit à devenir un tortionnaire... A la solde de sa victime, certes, mais tortionnaire tout de même. Les faits dont il est question ici se sont déroulés au début des années quatre-vingt-dix à Bastia, en Corse. J'avoue qu'écrire alors m'a permis de jouir de mes actes. Ce récit n'est guère qu'une remise en forme de textes rédigés à chaud.
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L'écurie avait aussi bien résisté aux éléments en furie qu'aux gendarmes en mission. Les enfants et les chevaux sortirent dans l'après-midi pour évaluer l'étendue des dégâts dans la forêt. Chacun eut l'impression qu'elle avait été coiffée avec le peigne d'Adam; de gros doigts passés maladroitement dans les arbres en avaient couché une considérable quantité suivant des bandes parallèles. La nature avait été brutalement transfigurée. Le spectacle dantesque faisait mal à voir.
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