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Critiques de Frédérique Dolphijn (15)
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Nicole Malinconi, le mot ne dit pas tout

Ce petit livre retranscrit un entretien entre Nicole Malinconi (autrice belge) et Frédérique Dolphijn (cinéaste, comédienne, écrivaine belge). le dialogue se noue autour de mots, choisis par F. Dolphijn et piochés au hasard par N. Malinconi (mémoire, écrire, créer, ailleurs,...), à charge pour cette dernière de nous livrer ce qu'ils évoquent pour elle. Cette méthode amène N. Maliconi à parler avec sensibilité et sincérité de son travail d'écriture, du réel qui l'inspire, de l'effort sans cesse renouvelé que représente le fait de s'installer devant une page blanche alors qu'il y aurait 1000 autres choses à faire, de la difficulté et de l'impuissance à exprimer la réalité avec des mots (« le mot ne dit pas tout »), et malgré cela, de son besoin d'écrire : « j'écris parce que le besoin d'écrire est en moi, comme si c'était le lieu où créer est possible ».

La démarche éditoriale est intéressante et permet d'avoir un aperçu de l'univers personnel de l'autrice interrogée. Mais je pense que ce (type de) livre serait plus agréable à écouter qu'à lire, parce qu'il retranscrit tels quels les propos tenus oralement par Nicole Malinconi, avec leurs hésitations, leurs inachèvements, leurs points de suspension, ce qui ne rend pas nécessairement le texte fluide à lire. L'écrit ne dit pas tout de ce que l'on pourrait percevoir à l'écoute...



En partenariat avec les Editions Esperluète (que je remercie pour le marque-page et les affichettes) via une opération Masse critique de Babelio.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Nicole Malinconi, le mot ne dit pas tout

Un petit livre par le format et l’épaisseur, mais plutôt dense par le contenu.

L’auteure Belge, Nicole MALINCONI s’exprime sur certaines questions essentielles du travail d’écriture à partir de mots tirés au sort, dont elle déroule ce qui en fait la saveur pour elle.

J’avais été attirée par le titre « le mot ne dit pas tout » et j’ai donc postulé pour ce livre dans le cadre d’une masse critique. En effet, dans l’écriture que je pratique, je suis toujours à la recherche du mot juste, qui pourrait tout contenir , et force est de constater que c’est une illusion mais que cette recherche peut parfois être féconde.

L’auteure s’exprime sur une quinzaine de mots ou de notion (par exemple regard, mémoire, corps, ailleurs, choix, essentiel, réel) Elle partage une réflexion, des doutes, un ressenti qui peut éclairer le processus d’écriture. C’est à la fois personnel, puisqu’il s’agit d’une auteure singulière au travail, mais également plus général puisque celui qui éprouve la nécessité de l’écriture peut se retrouver dans ses observations.

Un joli livre, peu encombrant , à conserver à portée de main pour le plaisir d'y picorer une pensée sensible et sincère.

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Nicole Malinconi, le mot ne dit pas tout

Avant tout, merci à Babelio pour ce livre reçu dans le cadre de la Masse Critique. Merci surtout aux éditions de l’Esperluette qui m’ont si joliment envoyé ce livre, paré comme un cadeau.



Un livre sur une autrice et son rapport aux mots. Voilà qui était alléchant pour une romaniste aimant lire et taquinant parfois le travail d’écriture.



L’essai se présente sous forme d’un dialogue entre Nicole Malinconi (autrice belge dont je reconnais n’avoir jamais entendu parler malgré mon chauvinisme littéraire) et Frederique Dolphijn. Le principe est simple : piocher un mot (autre, mouvement…) et laisser l’autrice s’exprimer sur le sujet. Ce système de questions/réponses nous engagent dans une écriture très orale, un langage plus parlé qu’écrit ; ce qui, certes, respecte l’idée de dialogue mais n’est pas forcément agréable à lire de mon point de vue.



Nicole Malinconi se livre, expose une expérience très laborieuse de l’écriture. Elle fait référence à d’autres artistes (pianiste, sculpteur, écrivains…), lançant des ponts d’un art à l’autre, d’une pratique à l’autre. Je tiens d’ailleurs à souligner l’effort didactique de l’éditeur qui nous livre, en note de bas de page, une bio concise de chaque personne mentionnée.



En conclusion, je dirais que le principe est sympa, l’édition soignée, mais je n’ai pas accroché plus que ça. Peut être parce que je ne connais pas l’autrice ni son œuvre. Dans le même ordre de témoignages, j’avais nettement préféré le « Vous écrivez ? » de Arrou-Vignod.



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Comme un air de tendresse au bout des doigts

Ce livre là est rempli de tendresse jusqu’au bout des mots. La plume est délicate. Les dessins sont légers. La collaboration entre l’autrice et l’illustratrice semble évidente. Une complémentarité entre les deux univers existe. Les illustrations corporelles sont toutes aussi gracieuses les unes que les autres et apporte une belle dimension dans le rythme des deux histoires racontées en parallèle. En lisant ce livre, j’ose imaginer que l’on ne reste pas indifférent à la sensibilité qui fait écho à notre propre histoire, si par chance, nous avons également une sœur.
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Vinciane Despret, fabriquer des mondes habi..

Quelle belle façon de commence l’année que de lire cette ci ne restions entre Frédérique Dolphijn et Vinciane Despret.

En partant de mots choisi au hasard, Despret déroule le fil de son histoire avec l’écriture. Choix, alliance, fragilité,raconter, habiter, sens, rythme, nommer, autant de mots qui permettent à Despret de raconter tes comment elle en est venue à écrire sur les sujets qui l’animent et les rapports qu’elle entretient avec l’écriture.Le plaisir d’écrire sous contrainte, ses liens avec Isabelle Stengers et Bruno L’atour, l’importance de sa grand mère et sa façon d’accorder de l’importance à l’extérieur plutôt qu’à l’intériorité. c’est un univers peuplé et habite que celui de l’autrice de Habiter en Oiseau ou Au bonheur des morts.

Ce petit livre donne un éclairage intimiste et doux sur l’une des écrivaines les plus originales de ces dernières années.

Un beau premier livre de l’année.
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Au bord du monde

C'est un roman étrange dans lequel les personnages, des couples avec enfants, se croisent et semblent tous souffrir d'un profond mal être que chacun tente de masquer ou de soigner au travers d'illusions.

Et il y a l'enfant, présent tout au long du livre, comme un fantôme, mais le lecteur comprend que c'est lui la clef de voûte de l'histoire.

Ceci est ce que j'en ai ressenti mais la construction et le style du roman mènent à une interprétation libre pour chaque lecteur.

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Au bord du monde

Je ne peux pas, je ne peux pas, je ne peux pas, et j'en suis désolée…

Impossible d'aller au bout de ce roman et ceux qui me connaissent un peu savent à quel point c'est rare.



Le récit éclaté, originalité narrative qui me paraissait particulièrement alléchante, s'attarde sur des broutilles de la vie quotidienne qui ne savent pas retenir mon attention. Et quel dommage ! La puissance de l'incipit et ce cri de nourrisson poussé avec force m'avaient tellement happée que je m'apprêtais à dévorer l'oeuvre que j'avais entre les mains.



Un rendez-vous manqué, une erreur de casting de ma part, que sais-je ? je ne m'explique que difficilement cette situation et, malgré la chaleureuse attention de l'éditeur, malgré le plaisir d'avoir reçu une sélection masse critique, rien n'y fit, impossible d'aller au bout de l'aventure, je suis restée un peu "au bord", sans jamais réussir à entrer dedans.

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Au bord du monde

Voici un roman assez atypique, mettant en scène des fragments d'histoires, celles de couples qui semblent se trouver à un de ces moments charnières de leur vie. Pour chacun, le séjour dans un gîte, "Mon rêve" semble un révélateur. Parallèlement, on suit les propriétaires du lieu, là aussi un couple qui semble ne rien avoir à faire ensemble : un père aimant et sensible avec une mère semblant toute entière construite de haine et de ressentiments. Entre eux, un enfant différent, observateur et dont le monologue intérieur parsème le récit.

La langue se déroule poétiquement, va chercher les failles en chacun, montre des extraits de vie.



J'ai beaucoup aimé lire ce livre, que je retrouvais avec curiosité à chaque fois, me laissant porter par sa poésie et son originalité. En plus, j'étais ravie de découvrir dans la marge des titres de musiques d'artistes que j'adore et que l'on entend peu (Breast Milky des Pink Floyd, Voodoo Chile d'Hendrix, Albert Marcoeur, Brian Eno, Barre Phillips...). Ainsi, j'ai très envie d'aller écouter ceux que je ne connais pas (je n'arrive pas trop à écouter de la musique et lire en même temps).

Peut-être un peu frustrée à la fin, de ne pas en savoir plus, comme le sentiment d'être restée "au bord" de monde là.



Un grand merci à l'opération Masse Critique de Babelio et aux éditions Esperluette pour cette belle découverte.
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Comme un air de tendresse au bout des doigts

C’est un peu difficile de parler de ce roman, il faut être délicat comme l’est l’approche de Frédérique Dolphijn.



Il est question de deux soeurs, Abeille et Cheyenne, déjà originales par leurs prénoms, deux filles qui sortent des sentiers tracés, sans doute à cause de leur enfance. Une enfance qu’elles ont passée ensemble, très proches, complices, unies contre le « crocrodile ». Plus tard, leurs chemins se sont un peu écartés, mais elles semblent toujours avoir ce point commun de la solitude, une solitude habitée malgré tout par l’autre soeur.



Il est question du corps, des sens, de la sensualité, de la sexualité. Abeille apprend le braille à des personnes qui deviennent aveugles, elle guide leurs doigts du bout de ses propres doigts. Cheyenne soigne des grands brûlés, le toucher et la relation sont compliqués par la souffrance. Elle travaille souvent de nuit et rejoint un homme, toujours masqué, qu’elle a contacté sur un site de rencontres.



Frédérique Dolphijn ne dévoile rien de cru, de complet, elle suggère les choses, les événements, pour ne rien déflorer qui ne soit déjà abîmé par la vie. Au fil de ce récit, en alternant les points de vue sur Abeille, sur Cheyenne, en revenant à l’enfance de Petite Abeille et Petite Cheyenne, elle nous fait percevoir à bas bruit ses personnages, les fait évoluer doucement vers une libération intérieure.



Accompagnant ce texte poétique, les silhouettes d’Annabelle Guetatra se posent elles aussi avec délicatesse sur la page blanche, des corps nus, d’enfants ou d’adultes (parois même entre adulte et enfant) dans des postures ou avec des détails (herbes, papillon, cage, arbre…) qui rappellent le récit. Sans trait qui les délimite avec précision, avec leur absence de détails marquants et leurs couleurs douces, ces images s’accordent parfaitement au côté suggestif de l’écriture de Frédérique Dolphijn.



Une lecture à fleur de peau, tout en douleur et en douceur.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Là où l'eau touche l'âme

Je remercie beaucoup les éditions Esperluète de m'avoir envoyé ce roman .

J'ai tout de suite aimé la couverture avec cette illustration . Et après lecture , elle reflète bien le coeur du livre .

C'est un moment de vie d'un groupe de femmes aussi différentes les unes que les autres avec une passion commune , la pêche à la mouche .On est transporté avec elles quand elles sont au bord de la rivière ; on entend presque l'écoulement de l'eau et les oiseaux ...

J'ai beaucoup aimé l'écriture qui ressemble à un moment de cinéma et c'est avec un grand plaisir que je l'ai lu une deuxième fois avec la bande originale qui m'a définitivement conquise .

Merci à vous Frédérique Dolphijn .
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Du jour au ciel

Un jeune garçon, qui n’a pas la parole, nous raconte le lien avec son grand-père, sa complicité avec sa copine, d’une femme qui vient d’arriver au village. Roman court qui parle aussi de religion, de la terre, des fleurs, etc. Le tout agrémenté d’illustrations d’après des gravures de Jan Peter Thobecke. Je n’ai pas été sensibilisé par cette écriture éparpillée.
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Là où l'eau touche l'âme

Grâce. Tremblement de l’instant. Lecture fine et sensible.



Oh que j’ai aimé accompagner sur la pointe des pieds ces « Women Fly Fishing », ces 4 femmes passionnées de pêche à la mouche qui se retrouvent le temps d’un week-end dans une cabane perdue au fond des bois, le long d’une rivière. La rivière. Endroit de toutes les émotions, lieu de recueillement, de plongée en soi-même.

« Le présent s’adoucit.

Chuchotement. Il faut se taire. C’est une des premières choses que l’on apprend à la pêche.

Le temps plane au-dessus des flots. Les soies dessinent des arabesques. Une écriture s’inscrit dans les airs, des hiéroglyphes secrets se racontent.

La rivière les unit dans un instant présent pétri d’attention à l’onde. Elles se sentent héroïnes d’une histoire hors du temps, voguant d’épisode en épisode, connectées à ce qu’elles recherchent la plupart du temps inconsciemment. Le vivant. »



Il y a Georgia, veuve encore en peine.

Il y a Olivia, entièrement tournée autour d’elle-même et se voulant brillante, politique, soi-disant altruiste.

Il y a Fanny, sa sœur, dont l’âme et la langue bégayent.

Il y a Lucie, au physique d’allumette anorexique, en proie au stress permanent, qui cette fois est flanquée de sa fille Pauline, ado de 14 ans révoltée et pleine de vérité, et son amie Emy, la jeune Africaine au 6e sens prophétique.

Et puis Sophie s’en mêle, la policière qui est de garde, justement ce week-end-là. Et puis, et puis, et puis...

Non, je m’arrête. Il faut les découvrir une à une, ces femmes au passé et au présent lourds comme des pierres de rivière, ces pierres tortueuses si traîtres...

Car quand l’amour, tel un hameçon, se fiche dans votre peau, il y a de l’orage dans l’air.

« Le soleil tourne aigre. Les haies hirsutes se taisent. Les arbres tombent dans la lumière du ciel. »

Et puis survient le drame, inévitable, qu’on pressent dès le début, dont l’intuitive Emy est emplie dès son entrée dans la cabane.

« Un coup de poing dans la gorge.

Le cœur devient gravier. »



Emplie de poésie, j’ai ondoyé avec ces femmes tout au long de ma lecture.

J’ai adoré cette écriture au plus près de la nature, de la rivière et de la femme.

J’ai épousé les non-dits.

J’ai frémi devant des paroles explosives.



Il m’a fallu cheminer lentement dans ce roman. M’approprier chaque phrase, chaque mot, chaque relief.

Et je peux vous assurer que j’en suis sortie tout étourdie, comme après un rêve très flou et très présent.



Merci aux éditions belges Esperluète, que je découvre et que j’explorerai à l’avenir sans hésitation, car elles m’ont fait découvrir une auteure sensible, à l’écriture perlée.

« Là où l’eau touche l’âme », là où l’intimité explose pour se fondre dans la nature...



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Là où l'eau touche l'âme

Jeudi, vendredi : Olivia, Sophie, Georgia, Fanny, Lucie vaquent à leurs occupations. L’une s’agite pour sa campagne électorale, l’autre fabrique des cadres dans son atelier, une troisième se bat pour que son mari garde les filles ce week-end.

Elles sont les Women Fly Fishing et vont se retrouver comme d’habitude au chalet de pêche. Elles ne louperaient ce rendez-vous pour rien au monde ! Enfin une pause pour oublier un quotidien pas toujours terrible, des soucis qui vous rongent l’âme, lentement mais sûrement….

Pêcher, ça vide la tête. Elles en ont besoin ! Ah, le grand air ! Et puis, on rit avec les copines…



Enfin toutes réunies ! Ouf ! Elles déballent leurs affaires et s’installent au chalet. Le week-end peut enfin commencer. « Elles entrent dans un autre rythme, un autre temps, un autre espace. Il y a quelque chose de fascinant à les voir se transformer, comme lorsque l’on se prépare pour un bal masqué ou une première d’opéra. »

La rivière gronde, « les herbes hautes, les graminées éparses, les amorces de digitales et d’épilobes frôlent les jambes et le bord de l’été. »

Se taire, s’imaginer « algue au fond de l’océan se laissant traverser par la fluidité de l’eau », oublier qui l’on est, se laisser porter…

Georgia murmure « Vous devez devenir eau, vous devez devenir poisson, vous devez devenir ciel et rivière. »

Silence.

« Le temps plane au-dessus des flots. Il y a de la grâce, il y a de la magie. Les soies dessinent des arabesques. Une écriture s’inscrit dans les airs, des hiéroglyphes racontent. »



Mais l’apaisement ne vient pas.

« Les solitudes rôdent les unes collées aux autres. »



Les non-dits, les violences contenues, les mensonges étouffés, les souffrances tues et refoulées refont surface. Olivia vomit. Fanny détourne le regard. Le bruit de la tronçonneuse « la percute, la déchire », Georgia pense à son fils. Elles pleurent, dissimulent leurs blessures et leur haine…

« La nuit, elles rêvent d’assassinats, de tortures, elles trouent le corps des autres, elles les lacèrent. »



La tension est de plus en plus palpable. « Un coup de tonnerre, proche. »



Comment trouver les mots pour traduire les émotions que j’ai ressenties à la lecture de ce livre ? L’écriture poétique et sensuelle m’a littéralement envoûtée, je me suis sentie intimement liée à ces femmes, dans leurs douleurs intimes, leur solitude profonde au milieu de cette nature à la fois apaisante et hostile. J’ai fait corps avec elles. La tension m’a tenue jusqu’au bout, prisonnière que j’étais du drame imminent, pressenti et redouté.

Un texte vraiment éblouissant, accompagné de références musicales dans les marges pour un plaisir total, absolu…

SUPERBE !


Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Comme un air de tendresse au bout des doigts

Ce livre, c'est une bulle légère, un kaléidoscope d'images délicates évoquées par l'auteure (et joliment mises en couleurs par l'illustratrice Annabelle Guetatra), mettant en scène deux sœurs jumelles - ou tout comme - qui partagent des moments de douceur, de chagrin, de complicité, d'abord dans leur enfance confiée à Grany, la grand-mère réaliste, qui fait ce qu'elle peut pour combler le vide laissé par le décès de la maman, puis aujourd'hui, dans leur vie de femmes.



L'une écrit, en un style aérien et poétique, elle enseigne aussi le braille aux aveugles, du bout des doigts. L'autre, infirmière, apporte douceur et compétence aux grands brûlés de son service, quand elle ne vibre pas sous les caresses d'amants inconnus.

Abeille et Cheyenne, unies, différentes et si semblables !



Ce livre est un festival de sensualité et d'érotisme. Après que les corps se sont fermés pour trop de douleur (s), les sens s'éveillent et s'affinent : les couleurs tournoient, du noir brillant d'un ciré assorti à des chaussures à hauts talons, au rouge vif d'un canapé en velours rubis, récupéré chez les parents ; l'hibiscus éclate de couleur au local des infirmières, le sang s'épanouit en fleur sur la compresse du grand brûlé, une étrange fillette erre dans le couloir, un soulier verni rouge à la main.

Les sens s'affinent, caresses et frôlements, exacerbés quand on devient aveugle comme Claire, ou comme ce magistrat qui perd tout contrôle et commet l'irréparable. Des baisers entre sœurs, derrière le canapé, des baisers entre les parents avant le jour fatal, la moiteur des corps qui s'unissent, à l'infini les corps qui se répondent et vibrent du même plaisir.



Il y a comme une obsession du mot « mot » dans ce livre, occurrences multiples, comme si les mots avaient pour rôle, outre de dire, de réparer, d'expliquer, de ressusciter le passé, in fine d'accepter l’inacceptable. Est-ce pour cette raison qu'Abeille a appelé sa tortue Kailo, qui signifie « sans blessures » (dans « sa » langue d'origine!) ?



Il y a quelque chose de tristement gai dans ce livre, un appel au bonheur malgré tout. Résilience et reconstruction. Donner, se donner, aider, sentir en soi la vie, profondément, malgré tout. Et si nous avions, nous aussi, cachés au fond de nos ourlets, quelques secrets bien gardés qui ne demandent qu'à resurgir pour parvenir à la réparation ?

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Comme un air de tendresse au bout des doigts

Cheyenne et Abeille, quels drôles de prénoms pour ces deux sœurs (jumelles ?) ! D’ailleurs Granny s’est posé la question.



Abeille, professeur de braille, légère, virevoltante, éthérée, bénéficie d’une écriture plus primesautière. Cheyenne, infirmière, ancrée dans la réalité, est écrite en des termes plus solides. Et si tout ceci n’était qu’apparence, illusion ? Et si c’était l’inverse ?



Derrière tous ces mots, toutes ces phrases, il y a une grande tristesse, beaucoup de fragilité. La cassure ? Le décès de leur mère et d’autres fêlures.



Dans ce livre, pas de chronologie, mais des billets comme ceux que les deux sœurs pourraient s’écrire. Beaucoup de retours en arrière, non pas vers leur mère, mais auprès de Granny la Grand-mère. Cheyenne et Abeille sont des femmes entières, emplies de leur monde fait de tendresse, de sensualité, de sexualité.



Au début de ma lecture, j’ai essayé de résister et je ne comprenais plus ce que je lisais. Alors, j’ai décidé de lâcher prise, de voguer au rythme des mots, des phrases et là, je suis entrée dans l’univers de Frédérique Dolphijn. Les dessins d’Annabelle Guetatra, nus aussi impudiques que simples, naïfs, soulignent les paragraphes.



Un livre inclassable, plein de poésie, de mots doux, au rythme langoureux. Les madeleines du passé construisent le chemin qui les mène vers l’amour. Un livre, Objet Poétique, hors des sentiers battus.



Les éditions Esperluète publient des textes et des images, réunissent des écrivains et des plasticiens, produisent des livres et les diffusent... Le monde des éditions Esperluète est très bien défini par cette phrase, trouvée sur la page de présentation de leur site. Une maison d’édition, très attrayante, que je ne connaissais pas.


Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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